Résumé Le Provencal du 11 septembre 1976 |
NAUFRAGE COLLECTIF
Les Marseillais débordés n'ont pu que limiter les dégâts (d'un de nos envoyés spéciaux Jean FERRARA) |
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LAVAL - 2 à 1 ! Le score final, obtenu hier soir à Laval, pourrait laisser sous-entendre que l'O.M., après tout, n'a pas tellement démérité. Mais pour rendre une vue des débats aussi objectives que possible, nous devons nous empresser d'ajouter que ce score là et infiniment flatteur pour l'équipe olympienne. Une équipe, nous l'avons longuement redouté, qui frisa la catastrophe devant un rival au combien entreprenant. Ne nous fions donc pas trop au résultat pour affirmer que tout va pour le mieux dans la troupe de José Arribas. Nous n'avons jamais retrouvé, pour notre compte, les espérances entrevues l'autre soir contre Metz. Ainsi va le football, direz-vous. Il n'empêche que l'entraîneur olympien a encore pas mal de pain sur la planche. UN VÉRITABLE K. O. La première mi-temps s'était déroulée d'une façon telle que les quelques supporters marseillais présents autour du stade Le Basser, ont dû vivre, passez-nous l'expression, trois quarts d'heure épouvantables. En cinq minutes, pas une de plus, nous avions compris, pour notre part, que l'O.M. n'était pas, mais pas du tout, dans la course. Les premières accélérations lavalloises suffirent - hélas ! - pour confirmer nos craintes. L'origine de l'effondrement olympien, avouons-le, venait de ce sacré milieu de terrain lavallois à l'activité débordante, c'est le cas de le dire. Les ficelles, comme par hasard, étaient tirées par un certain Keruzore, une vieille connaissance, qui, en deux temps trois mouvements, allait mettre son ancienne équipe littéralement k.o. "Keru" comme on l'appelait chez nous, se signalait tout d'abord par une longue ouverture dans les pieds de Vergnes. Une astucieuse talonnade de l'avant-centre pour Smerecki accouru à toutes jambes. Et un tir de ce dernier déclenché de 25 bons mètres en diagonale. Un tir terrible que Migeon vit s'enfoncer dans sa cage à la vitesse d'un boulet de canon. Nous en étions alors à la 8e minute, et le moins que nous puissions ajouter est que l'affaire se présentait mal pour les Olympiens. Le deuxième but des joueurs de la Mayenne fut si limpide dans sa construction et dans sa réalisation, qu'il passa comme une lettre à la poste. Centre de l'extérieur de Keruzore (encore lui) et tête de Vergnes. Ce qui faisait 2-0 à la fin du premier quart d'heure. Nous passerons sur la suite des opérations jusqu'à la mi-temps. Disons simplement que l'O.M. avait été débordé, c'est le mot par un adversaire que l'on se plaisait de qualifier de "gentil". Vous le voyez, ce n'est guère encourageant avant le rendez-vous européen des vainqueurs de la Coupe de France. |
RÉVEIL TROP TARDIF La deuxième mi-temps ne fit rien, à part peut-être dans les dernières minutes, pour apporter un quelconque réconfortant le camp marseillais. Le plus navrant, sans doute, fut d'enregistrer un naufrage collectif. Jamais l'O.M., même sur le plan individuel ne put se desserrer de la pression imposée homme à homme par adversaire. L'équipe olympienne, en deux mots, fut dominée sur tous les plans, de la vivacité, de l'engagement, de la promptitude, comme se plaît à le dire Arribas. Tant et si bien que la victoire de Laval, aussi mince soit-elle, ne peut souffrir d'aucune contestation. Bien entendu, on est en droit de se demander comment cette équipe, plutôt prometteuse contre Metz, a pu sombrer corps et biens face à Laval quelques jours plus tard ? Il faut préciser alors que les jeunes attaquants Florès, entre autres, n'ont jamais été en mesure de renouveler leurs promesses du Stade-Vélodrome. L'exploit réussi par Emon, à quelques minutes de la fin, ne change rien au problème. C'était ni plus ni moins qu'un coup isolé, un éclair dans la grisaille. Pratiquement sans attaque d'un bout à l'autre de la rencontre, l'O.M. ne pouvait guère inquiéter une défense lavalloise par ailleurs excellente. Et puis, nous l'avons dit, au milieu du terrain, Keruzore, Camara, et Smerecki ont été les maîtres du jeu pendant la majeure partie des débats. C'est un argument qui a certainement pesé lourd dans la balance. L'O.M., d'ailleurs prête d'autant plus le flanc à la critique qu'il a su démontrer, dans les dernières minutes, qu'il pouvait être beaucoup mieux que ce qu'il nous avait montré jusque-là. Seulement, voilà, il était bien tard et Laval avait déjà sa victoire en poche. Dans de telles circonstances, il ne sert pas à grand-chose d'avoir limité les dégâts. C'est la manière surtout qu'il faudra retenir de cette rencontre, et la vérité nous oblige à dire que cette manière ne fut pas du tout convaincante. Espérons, pour finir, que la leçon reçue hier soir portera ses fruits à Southampton. Le match de Laval, en tout cas, n'est pas fait pour ramener l'optimisme. En l'état actuel, nous ne voyons pas comment conclure d'une autre façon. |
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Pas cher payé ! (d'un de nos envoyés spéciaux Alain PECHERAL) |
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Le Stade Levallois réussira-t-il dans son entreprise ? On le souhaite bien sincèrement à ce club qui respire la sympathie. À Laval, tout est petit, les moyens, le stade, les ambitions, même s'il se limite à la seule continuation de ce beau rêve qui a prit naissance à la fin de la saison dernière. Vingt ans après, c'est presque l'aventure sedanaise qui se répète, mais le temps des footballeurs ouvriers appartient à un passé à jamais révolu. Les joueurs depuis longtemps ne ce nourrissent plus de bons sentiments et une équipe de Division I coûte cher, très cher même. Ce n'est pas l'original président Bisson qui nous démentira, lui qui à près de 80 ans dit en quelque sorte l'apprentissage de cette tâche délicate en voulant débuter par un coup d'éclat, a affecté le plus gros effort de recrutement de toute la Division I. Quoi qu'il en soit, à défaut de moyens énormes, les Lavallois ne manquent pas d'enthousiasme, les spectateurs, comme les joueurs. Les premiers découvrirent un à un, avec ravissement, leurs visiteurs dont ils devaient jusqu'ici se contenter de lire les performances dans la presse, eux qui naguère encore n'avaient à suivre que le défunt C.F.A. Les seconds qui sont pour la plupart des laissés-pour-compte comme Keruzore, Vergnes, Di Caro, Priesto, Lemée (ces deux derniers ne jouant pas hier soir) ont quelque chose à prouver. Et ils le font de fort jolie façon, vous pouvez le croire, faisant montre d'arguments techniques, n'ayant rien à envier à ceux de leurs rivaux. Nous avons vu, hier soir, un rayonnant Trio dans l'entre-jeu serré, formé par Keruzore, Smerecki, Camara. Nous avions vu aussi des tirs instantanés, les appels de balles incessants, un football bouillon et alerte. Il a été le fait exclusif des hommes à maillot orange. Les autres, ce qui étaient en blanc furent inexistants, des trois attaquants de pointe confinée dans le plus strict anonymat, au milieu, submergés par des adversaires virevoltants en passant par les défenseurs- les moins sujets à la critique néanmoins - qui sous les assauts redoublés cédèrent plus d'une fois la panique. Tout ce que l'on peut dire d'eux, c'est qu'ils ont été vaillants, terme dénué d'ailleurs d'un côté péjoratif. En tout cas, après 6 journées, Laval compte autant de points que l'O.M. Qui l'eut cru, n'est-ce pas ? Sur ce que nous avons vu hier soir en tout cas, cela n'a rien d'étonnant. Car la mésaventure olympienne n'est vraiment pas cher payée. |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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- AVANT SOUTHAMPTON QUE DIRE SUR LES POSSIBILITÉS OLYMPIENNES ? - C'est évidemment la question qui viendra aujourd'hui à l'esprit de tous les supporters marseillais. Nous donnons notre opinion longuement par ailleurs. Mais il faut ajouter ici que l'O.M. n'a rien fait hier soir pour assurer son entourage sur ses chances de qualification en coupe d'Europe. Vous nous direz : match ne ressemble jamais à un autre. Mais il faudra vraiment que les progrès d'ici le 15 septembre soient fulgurants pour que les Marseillais puissent espérer un meilleur résultat devant les vainqueurs de la Coupe d'Angleterre. Arribas tirera certainement les enseignements de cette pénible partie. Espérons qu'il saura trouver alors les remèdes adéquats. - L'ATTAQUE OLYMPIENNE SI BRILLANTE CONTRE METZ A-T-ELLE RENOUVELÉ SA PERFORMANCE ? - Il faut, hélas, répondre par la négative. Vous savez qu'Albert Emon est parvenu, en fin de rencontre, à réduire le score. Mais Albert n'a jamais eu les mouvements décisifs hier soir qui pouvaient inquiéter la défense de Laval. Certes, il a signé un exploit, et c'est sans doute la seule action à mettre à son actif. Quant à Florès, intraitablement pris en charge par Bertin, il fut encore très effacé au centre de l'attaque marseillaise. Mais il faut reconnaître cependant que les deux conditions pour lui étaient très défavorables. Zlataric, entré en fin de partie n'eut pas le temps, bien sûr, étaler ses possibilités, si ce n'est par un tir violent qui fut applaudi par les spectateurs du stade Le Basser. Mais, répétons-le, tout cela était insuffisant pour dire que l'O.M. va se présenter en Grande-Bretagne avec des arguments offensifs, à moins que beaucoup de choses ne changent d'ici là. - QUE DIRE SUR L'ARBITRAGE DE M. VERBECKE ? - À notre sens, le directeur de jeu s'est acquitté fort honorablement de sa tâche. Le fait est à signaler car en général, on le sait, les équipes visiteuses ne sont guère avantagées. Si l'O.M. a perdu hier soir, il ne doit en rien s'en prendre à l'arbitre. Ce qui suffira à donner une bonne note à M. Verbecke. - "L'ENVIRONNEMENT" DE LAVAL EST-IL DIGNE DE LA PREMIÈRE DIVISION ? - Sur cette dernière question nous répondrons, en revanche, par l'affirmative. Non seulement, le public est venu fort nombreux, hier soir au stade Le Basser, mais de plus il n'a jamais cessé d'encourager son équipe favorite. Dans un comportement comme le nôtre c'est un argument important. Le Stade Lavallois à donc tout ce qu'il faut, joueur y compris, pour réussir une belle carrière parmi l'élite du football français. |
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Le président MERIC : "Nous avons été mangés" |
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Entre mardi et vendredi quel contraste ! Sur le terrain, bien sûr, mais aussi, par corollaire, dans les vestiaires. Douchés, rasés et rhabillés en un quart d'heure, les Olympiens, avant de prendre en vitesse l'avion qui devait les ramener dans la nuit à Marseille, arboraient des mines déconfites, laissant tomber çà et là, à mi-voix et à contrecoeur, quelques réflexions désabusées. Le président Meric, on s'en doute, était lui aussi particulièrement déçu et courroucé. "C'est à peine croyable, répétait-il, nous n'arrivons pas à faire deux bons matches consécutivement. "Ce soir, nous n'avons joué que les dix dernières minutes, nous contentant le reste du temps de regarder passer nos adversaires. "On s'est littéralement fait manger. Jusqu'à présent, nous avions perdu à l'extérieur, mais en présentant tout de même un visage un peu plus séduisant. Il y a vraiment de quoi y perdre son latin". José Arribas tentait de trouvait un enseignement dans cette partie désastreuse. "Sans doute ne sommes-nous pas encore suffisamment sûrs derrière et au milieu. "Nous ne sommes jamais parvenus à prendre le match en main et à le tenir. Même la défense qui est habituellement notre point fort, n'a pas dominé son sujet aujourd'hui, et individuellement les Lavallois nous ont été supérieurs dans ce domaine aussi. |
"En tout cas, nos adversaires ont livré un match extraordinaire. En première mi-temps surtout. Ils nous ont débordés avec des buts magnifiques qui nous ont assommé en même temps qu'ils leurs donnaient confiance. "J'estime que le deuxième but de Vergnes était peut-être entaché d'une faute, mais honnêtement je dois reconnaître que cela ne change rien à l'affaire ? Quant aux joueurs, rendus muets par la déconvenue, voici ce que nous avons pu obtenir de certains d'eux. TRÉSOR : "Derrière nous n'avions même pas le temps de récupérer. Le ballon revenait sans cesse dans la surface de réparation. Je ne comprends pas, nous n'arrivons à faire des matches pleins à Marseille, et à l'extérieur cela fait trois fois que l'on met au-dessus des buts. Pourvu que cela ne recommence pas comme l'an dernier ! En tout cas, ce n'est vraiment guère encourageant à cinq jours de la Coupe d'Europe !" BAULIER : "J'ai terminé le match, mais mon genou recommence à me faire souffrir. Du match proprement dit, je pense qu'en première mi-temps nous avons eu une occasion qui aurait du faire mouche et qui aurait pu changer quelque chose". FLORÈS : "Je suis terriblement déçu. Je crois que si on s'était un peu plus serré les coudes, on aurait pu limiter les dégâts. Mais on ne sait pas assez battus" |
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Ange Di Caro : "Nous avons su imposer notre rythme" |
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Grande joie dans le campa Lavallois. L'entraîneur, le Milinaire, chaudement félicité par tous, pour l'excellent match de ses poulains, estimait que la victoire de ceux-ci était indiscutable : "Je crois que nous avons été supérieurs dans tous les compartiments du jeu, disait-il, et qu'avec un peu plus de précision ou de réussite, dans les tirs, je reconnais avoir eu un peu peur durant les dernières minutes, après qu'Emon eut réduit la marque. Mais les quatre-vingts autres minutes ont été pour moi quasiment à sens unique". Ange Di Caro, l'ex-Marseillais, arborait un visage rayonnant. "Quelle soirée ! s'exclamait-il, et quel club ! Esprit amateur qui l'anime se retrouve sur le terrain. Vous avez vu comme nous avons su imposer notre rythme. J'ai joué à certains moments avec l'impression que nous étions irrésistibles. En tout cas, je suis très heureux, car je tiens un rôle à mi-chemin entre celui d'ailier et de milieux, ce qui me permet de bouger beaucoup. Et Keruzore ! Il a été étincelant ce soir. Et bien, je peux vous dire que d'habitude il est encore meilleur". Celui-ci précisément qui devait venir plus tard réconforter ses anciens coéquipiers, estimait lui aussi que la victoire de son équipe était parfaitement méritée. "En première mi-temps, surtout, nous avons imposé notre manière, et les Marseillais n'ont jamais pu suivre" A.P. |