Résumé Le Provencal du 16 octobre 1976 |
UNE LABORIEUSE VICTORIEUSE
LILLE menace l'O.M. jusqu'au bout (3-2) |
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Les deux équipes manquaient-elles de compétition ou étaient-elles trop entraînées ? On ne le saura jamais. Quoi qu'il en soit, le match auquel nous avons assisté, hier soir, révéla davantage les défauts des deux équipes que leurs qualités. L'O.M. handicapé par la méforme de son milieu de terrain, et plus particulièrement d'Alonso, joua de façon fort décousue et sur un rythme extrêmement lent. Le L.O.S.C. mériterait certainement une place au milieu du tableau si sa défense n'était pas d'une faiblesse alarmante. Ces réserves faites, il reste que l'O.M. a assuré l'essentiel, c'est-à-dire la victoire. Gagner quand on joue mal est toujours une bonne chose dans l'optique de championnat. C'est peut-être paradoxal, mais c'est ainsi. Il est cependant bien certain que si l'O.M. nous avait montré, hier soir, son véritable visage, il ne faudrait pas attendre de grandes performances de lui cette saison. On ajoutera, pour être totalement objectif, que les spectateurs ont tout de même assisté à la réalisation de deux très jolis buts. Le deuxième de l'O.M., marquée par Yazalde sur centre d'Emon et le deuxième de Lille, marqué par l'ex-Nîmois Mezy d'une frappe du gauche magistrale. Quand des spectateurs ont la chance de voir marquer deux très jolis buts dans une seule partie, ils peuvent estimer qu'ils n'ont pas été volés. HECTOR TEL ACHILLE La première mi-temps s'était jouée un rythme de sénateur. Les Dogues tripotaient assez habilement le ballon, comme des petits chats, sans mordre vraiment. L'O.M., lui, paraissait figé par le premier froid de la saison. 1-1 à la 30e minute : un but pour Yazalde, l'autre pour Coste, tous deux consécutifs à des erreurs de défense plus ou moins grossières. Le public commençait à manifester son mécontentement quand, soudain, la balance penche un brutalement du bon côté. Un excellent centre d'Emon de la gauche et une tête plongeante de Yazalde. Enfin un beau but, et le deuxième Hector, qui, hier soir, pendant cette première mi-temps, aurait mérité de se prénommer Achille. Peu après, sur un corner tiré de la droite par Emon, Noguès plus prompt que les défenseurs lillois, logea le ballon dans la cage : 3 à 1 pour l'O.M. à la mi-temps, la cause paraissait déjà entendue. |
L'O.M. SE DÉSUNIT COMPLÈTEMENT En deuxième mi-temps, alors que l'on pouvait croire que l'O.M. allait confirmer son avantage, ce fut le contraire qui se produisit. L'équipe se désunit complètement, laissant aux lillois la maîtrise du ballon et du jeu. Ces derniers ne marquèrent qu'un but par Mezy, mais ils eurent de nombreuses occasions d'égaliser. Bref, les spectateurs se retirèrent fort mécontents. On leur fera toutefois remarquer que l'O.M. est invaincu en championnat depuis maintenant quatre rencontres, et qu'il est en train d'effectuer une louable remonter. Il faut prendre cette équipe comme elle est, et ne point se montrer trop sévère avec elle. LE MILIEU DE TERRAIN ABSENT Il sauta aux yeux, hier soir, que la faiblesse de l'O.M., au moins sur le terrain, se situait au milieu du terrain. Il est vrai qu'Alonso, sur lequel on comptait beaucoup pour remettre de l'ordre dans l'équipe et l'animer, fut assez loin, hier soir, de jouer son rôle. Nous éviterons de le juger sur cette rencontre car, visiblement il n'était pas en jambes. Était-il surentraîné ? Fatigué ou malade ? Nous ne saurions vous le dire. En tout cas, ce n'est certainement pas le véritable Alonso que nous avons vu hier soir. D'autre part Albaladejo, qui venait de faire quelques très bons matches, à jouer hier soir au-dessous de sa valeur. Quant à Noguès, qui ne pouvait tout faire, il se dépensa beaucoup, mais dans un certain désordre. L'Équipe de Lille produisit une bonne impression dans le domaine de l'attaque, ou des joueurs comme Coste et Mezy, plus particulièrement, se mirent en évidence. Karasi, la grande vedette yougoslave, réussit quelques coups spectaculaires, sans justifier cependant son énorme réputation. Mais, répétons-le, l'équipe lilloise pêche complètement par sa défense. À chaque montée de l'O.M., et il n'y a en eut pas tellement hier soir, on peut supposer que l'entraîneur Peyroche devait trembler sur son banc. Il doit bien savoir, pourtant, qu'en football tout le jeu part de l'arrière, et qu'on ne fait rien de bon sans une base solide. Maurice FABREGUETTES |
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Le résultat d'abord... |
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Où sont les O.M. - Lille d'antan ? Et oui, c'est peut-être la question que se sont posée, hier soir, les spectateurs qui n'avaient plus le privilège de la prime jeunesse. Le fait est que les fameux "dogues" lillois n'avaient plus guère plus rien de commun avec cette fameuse équipe dont le mordant, jadis, était l'une des principales qualités. Si vous voulez tout savoir, Lille nous en donnait l'impression de ne pas avoir ses plus belles dents. L'O.M., du moins dit-on, à une fâcheuse tendance à se mettre au diapason. Bon, quand l'adversaire l'est, et beaucoup moins, quand il ne l'est pas. C'est peut-être la raison pour laquelle les Olympiens, sans être franchement mauvais, n'ont pas été excellents non plus. Une façon comme une autre de rappeler que pour bien jouer au football, il faut être deux. Alors, que faut-il retenir de cette rencontre sans grande envergure ? Le manque d'ambiance d'abord des supporters, qui, malgré les cinq buts ont eu rarement l'occasion de se dresser de leurs sièges. C'est un premier point, après lequel on pourrait peut-être ajouter que les spectacles sportifs, malheureusement, ne peuvent pas se régler à l'avance. Les acteurs font leur possible, mais la réplique n'est jamais garantie pour autant. Et puis, viennent les remarques en vrac. Du côté lillois, en premier lieu ; les visiteurs du soir n'avaient pas une défense à la hauteur de leur attaque. Dommage ! Pour eux, bien entendu. Côté olympien, ensuite, les deux buts d'Hector, qui font tout de même quatre avec ceux de Sochaux, ne s'était pas du super Yazalde, mais la performance n'en est pas moins à noter. Pour laisser la balle dans le camp argentin, Alonso fut pour sa part plutôt pâle. Des choses qui arrivent, même aux meilleurs. Noguès, l'homme à tout faire, sait toujours se servir de sa tête devant les buts. Ceci à compenser cela. Cependant, la principale satisfaction est venue d'Albert Emon. C'est lui qui a réussi et ce n'est pas négligeable à relancer la partie au moment où le public sombrait dans la torpeur. Deux bons centres, sanctionnés par autant de buts. Bébert fut à notre sens le joueur le plus en vue de son équipe. Voilà pour le bilan. Mais ou avions-nous la tête : nous avions oublié la victoire, 3 à 2 c'est mince, mais ça vaut deux points. En toute circonstance, même pas très heureuse, le résultat d'abord... Jean FERRARA |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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- Pourquoi une si faible affluence (12.417 spectateurs) ? - Le rafraîchissement de la température n'est certainement pas seul en cause. La venue de Lille, en fait, ne constitue plus le même élément attractif que par le passé. D'ailleurs l'O.M. - L.O.S.C. de ces dernières années, tous remportés par les Marseillais avaient vu des explications assez mornes dans un stade le plus souvent à moitié vide. Le prestige des "dogues" d'antan est loin... On attendait tout de même un peu plus de monde ne serait-ce que parce que l'O.M. invaincu depuis quatre matches et qui vient de prendre sept points sur un maximum possible de 8, a fort bien redressé la barre sur le plan des résultats après un début de saison difficile. - Équipe lilloise a-t-elle montré le visage qu'on lui prêtait ? -Absolument, puisque après un début de match prometteur sur le plan offensif, avec des mouvements très dangereux de Coste et de Karasi, s'effondra littéralement en défense sur les moindres coups de butoir olympiens : non seulement sur les trois buts qu'elle concéda durant les 45 premières minutes, mais en de nombreuses circonstances encore, chaque attaque marseillaise semblant mettre la défense nordiste au supplice. Les années se suivent et se ressemblent décidément pour cette équipe formée de très bons éléments, mais qui concède, saison après saison, un maximum de buts et accumule les contre-performances à l'extérieur. Il est vrai qu'hier Keidkamp, blessé aux adducteurs avait dû renoncer à tenir sa place. Mais les résultats peu brillants obtenus par l'équipe de Peyroche démontre que même avec son libero allemand, sa défense est loin d'être infranchissable. - Et Alonso ? -Si nous étions vraiment méchants, nous dirons de lui qu'il figurait sur la feuille de match. L'Argentin réussit bien quelques petites choses, mais sans jamais avoir une influence décisive sur le cours du jeu. On était bien loin O.M. - Bastia et bien loin aussi de Pelé... Ses partenaires ayant réussi à gagner sans lui, ce n'est pas trop grave dans la mesure où ce genre de contre performance ne se renouvellera pas trop souvent. |
L'Argentin, en tout cas, vaut beaucoup mieux que ce qui nous a montré hier soir. - Que penser de la victoire olympienne ? - Sur le strict plan des chiffres, nous l'avons dit, l'O.M. vient de prendre 7 points en quatre matches avec un nul à Troyes et trois victoires sur Bastia, Sochaux et Lille. Il est difficile de faire mieux, convenons-en. Néanmoins, l'équipe marseillaise n'a pas affiché, tant s'en faut la souveraine aisance dont elle avait fait preuve à Sochaux par exemple, lors de la première mi-temps. Il est vrai que les Lillois, en facilitant involontairement la tâche de leurs adversaires par leurs maladresses défensives ont peut-être amené ceux-ci à tomber dans une certaine facilité. Quoi qu'il en soit, les 12.000 spectateurs présents n'ont guère eu l'occasion de s'enthousiasmer et nombreux sont ceux qui ont quitté le stade assez déçus. Certes en de pareilles circonstances, l'essentiel est de préserver l'avenir en empochant les deux points de la victoire, mais on ne doit pas pour autant trop s'attarder sur ce succès acquis devant un opposant n'ayant rien d'un foudre de guerre : pour parvenir à ses fins ambitieuses, l'O.M. devra dans les prochains matches se montrer nettement plus convaincant. - Et M. Wurtz ? - Nous n'avons pas grand-chose à dire de lui, ce qui pour un arbitre est le meilleur des compliments. Encore que les Lillois auraient pu lui reprocher de s'être montré parfois indulgent envers les Marseillais. Alain PECHERAL |
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ARRIBAS : "Deux points, mais ...!" |
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Dans les vestiaires marseillais, ce n'était pas la joie qui d'ordinaire règne au soir d'une victoire. Joueurs, dirigeants et entraîneur se faisaient quelque peu tirer l'oreille pour livrer leur opinion. Comme toujours, parce qu'il est le premier que l'on rencontre en pénétrant dans les vestiaires c'est Marius Trésor qui a été la proie des journalistes. Le capitaine phocéen expliquait : "Pour des raisons qui nous échappent pour l'heure, nous n'avons pas fait un très grand match. En fait, est-ce à mettre sur le compte de la mini-trêve, mais j'ai eu l'impression que nous manquions de jus. C'est pour cela que nous avons essayé de garder la balle au maximum, je m'étonne que le public marseillais nous ait à ces moments-là sifflés". Le président Meric, lui, s'inquiétait des autres résultats de la soirée : "Nantes et Saint-Étienne en échec, Nice battu, voilà une soirée qui nous est favorable. Certes, ce ne fut pas un très grand spectacle, mais l'important était bien de que nous l'emportions. Par ailleurs, nous avons vu deux beaux buts de Yazalde et un tout aussi beaux de nos adversaires. Il ne faudrait donc pas trop faire la fine bouche". C'est aussi l'avis de Raoul Noguès qui ajouté : "Je crois que la trêve ne nous a guère été favorable. Dans ces conditions le plus important était que nous arrivions à vaincre pour garder le contact avec les équipes de tête au classement". José Arribas, comme toujours très entouré, analysait la rencontre avec objectivité : "Nous avons empoché ce soir deux points, c'est à mon sens la seule chose vraiment positive. Pour le reste, tout n'a pas été parfait loin de s'en faut. Mauvaise organisation, beaucoup de maladresse, un jeu souvent à contresens, en deux mots une assez mauvaise prestation. Peut-être a-t-on sous-estimé les Lillois ? Peut-être est-ce la trêve qui ne nous a pas réussi ?" |
Gérard Migeon expliquait lui le deuxième but lillois : "Je n'ai même pas été surpris. Disons simplement que c'était un tir absolument imparable. Michel Mezy a osé alors qu'il n'était peut-être pas placé au mieux. Il a réussi. C'est le football". Les deux argentins Alonso et Yazalde présentaient des mines différentes. Le second était plus souriant que le premier : "Quatre buts en deux matches, alors que je ne suis pas au mieux de ma forme physique, voilà qui est réconfortant d'autant que j'avais connu une longue période de non-réussite. Lorsque je suis sorti, c'est uniquement parce que j'étais épuisé par le manque de compétition". Quant à Alonso, il se bornait à dire : "C'est difficile de jouer contre une équipe qui n'avait rien à perdre et qui compte dans ses rangs d'excellents éléments". Emon, lui, était le plus bruyant ; le joyeux Albert "se marrait" parce qu'un quotidien avait titré : "L'O.M. au complet pour recevoir Lille". "Tu vois, disait-il à Bracci, mon pauvre François on t'a déjà oublié". Puis revenant à la rencontre, Albert ajoutait : "J'ai le sentiment d'avoir retrouvé le jus... Tout, c'est vrai, ne fut pas parfait, mais incontestablement je suis sur la bonne voie. Peut-être ne me manquait-il plus que la réussite ?" Enfin, la conclusion nous la laisserons à Michel Baulier : "Une petite victoire peut-être, mais deux points c'est important, d'autant plus important que ce succès est le 3ème consécutif. Nous allons maintenant aller à Rennes. Un nul voire une victoire en Bretagne nous permettrait d'attendre la venue de Paris avec sérénité et d'être pourquoi pas, fin octobre dans les trois premiers du championnat". André de ROCCA |
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Peyroche presque satisfait |
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Malgré la défaite, entraîneur Peyroche n'était pas amer et se montrait même optimiste dans ses propos : "Bien que notre défense ait encaissé 3 buts, j'estime qu'elle n'a pas fourni aujourd'hui un mauvais match, car les buts ont été marqués contre nous, sont des buts de gosses. Je veux dire par là qu'ils sont consécutifs à des enfantillages, des erreurs commises par notre défense de façon tout à fait involontaire. Besnard, par exemple, a fourni un match remarquable et il a fait oublier Heidkamp. Il a empêché Alonso de jouer et il a permis à notre milieu de terrain d'avoir la balle et à Karasi et à Mezy de se distinguer. "En définitive, je suis très content de cette prestation. Je pense qu'elle doit nous permettre de mieux envisager l'avenir et je suis persuadé que la chance finira bien par tourner". Alain DELCROIX |