Résumé Le Provencal du 07 février 1977 |
EMON SUR LE FIL !
Une précieuse victoire arrachée à la 90e minute |
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. Fernand Meric et José Arribas ne sont pas cardiaques. La preuve nous en a été administrée hier au stade vélodrome. Sinon, à l'heure où nous tapons cet article, ils seraient, l'un et l'autre, à l'hôpital sous surveillance médicale. Rarement nous avait-il été offert, par les hasards du jeu, une fin de match aussi éprouvante pour les nerfs d'un président et d'un entraîneur. Il restait sept minutes à jouer et l'O.M. s'acheminait vers une courte mais suffisante victoire par 1 à 0. C'est alors que Kéruzore, se souvenant sans doute qu'il avait été baptisé autrefois "le farfadet breton", s'envola sur le côté gauche du terrain. Son centre, de l'extérieur du pied droit en pleine course, l'une de ses merveilleuses spécialités, trouva Lhoste (le No 13 entré depuis peu en remplaçant de Lechantre) et ce fut l'égalisation, au nez et à la barbe de Migeon. On aurait entendu voler un moustique dans le vaste stade aux trois quarts vides. Puis le temps se mit à passer, à passer, de nombreux spectateurs déçus avaient déjà quitté leur place, tandis que l'aiguille de la pendule du stade flirtait avec les 45. Encore un match nul à domicile et un point de plus perdu ! C'est ce que tout le monde se disait quand se produisit le miracle de la dernière seconde. Sur une contre-attaque de l'O.M., Emon, extrêmement discret jusqu'à là, réussit à glisser la balle dans la cage de Laval. On revenait de si loin que l'on avait peine à y croire. VICTOIRE MÉRITÉE TOUT DE MÊME Une victoire qui vaut de l'or, indiscutablement. Pour deux raisons élémentaires : 1) elle vaut un point de plus que le match nul, ce qui, par les temps qui courent, est grandement appréciable ; 2) elle est la première, depuis celle obtenue contre Angers, c'est-à-dire il y a neuf matches. Cela a son importance. Quand une équipe a perdu l'habitude de gagner, rien n'est meilleur pour le moral qu'un premier succès, fût-il arraché par les cheveux. Pour être totalement objectif, on ajoutera qu'il ne fut pas immérité. L'O.M., surtout en deuxième mi-temps, s'était créé beaucoup plus d'occasions de buts que son adversaire. Sans doute les avait-il toutes manquées, par excès de précipitation ou par maladresse (ce qui revient au même) mais enfin il s'était montré plus offensif que Laval. |
La meilleure preuve : le joueur le plus en vue sur le terrain fut le jeune gardien Lamy, que nous ne connaissions pas et qui produisit une excellente impression. UN MATCH DE DEUXIÈME DIVISION Cela écrit, il n'en reste pas moins que l'O.M., une fois de plus, a inquiété ses meilleurs supporters. Venue à Marseille en toute décontraction, équipe de Laval ne fut jamais, pour l'O.M., l'un de ces rivaux farouches essayant de se surpasser pour forcer le destin. Jouant très gentiment un bon football de salon, avec une défense très relâchée et assez peu stricte dans le marquage les joueurs de Laval, s'ils forcèrent la sympathie, nous ont paru former un ensemble très vulnérable, hier après-midi. À la fin de la première mi-temps, nous pensions que l'O.M. allait l'emporter très nettement. Il n'en fut rien, vous le savez déjà, et le match, jugé sur son ensemble, fit penser à une gentille rencontre de deuxième division avec sa part importante d'erreurs et son manque de rigueur. Il faut donc prendre ses deux points comme ils le méritent, avec grand plaisir, mais considérer que l'O.M. est guéri de tous ses maux serait une erreur. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que l'O.M. puisse retrouver sa vraie place. La 8e et 9e, à notre avis. Le danger existe encore. OPÉRATION JEUNESSE On attendait beaucoup à l'O.M. du retour de l'attaque jeunesse. Certes, on ne regrettera pas que l'expérience ait été de nouveau tentée. Flores et Zlataric, en particulier, apportèrent aux offensives de l'O.M. un supplément de dynamisme très appréciable. Mais cela ne va pas encore très loin. D'autant plus qu'Emon ne rappela jamais qu'il fut, il n'y a pas si longtemps, un brillant international. Le milieu de terrain n'est pas complémentaire, on le savait déjà. Dans des conditions très favorables, marquage inexistant et adversaires relativement peu combatifs, il ne tira qu'un minimum des qualités techniques, pourtant très au-dessus de la moyenne, d'Alonso et de Bereta. Le beau jeu est une chose platonique, quand il ne se fait pas dans ce que l'on appelle la surface de vérité. Enfin, ne boudons pas cette victoire. Il faut un recommencement à tous. Maurice FABREGUETTES |
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OUF !... |
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Depuis le 28 novembre, quand Angers s'était incliné Stade-Vélodrome, c'était la période des vaches maigres. Pendant plus de deux mois, cette malheureuse équipe olympienne n'avait pu remporter la moindre victoire. Le long calvaire de janvier avait même laissé craindre le pire. Or, l'O.M. vient enfin d'administrer la preuve qu'il était encore capable de sortir d'un terrain en vainqueur. En l'état actuel des choses, nous avons la faiblesse de croire que toutes les autres considérations passent - et de loin - au second plan. Ce succès était indispensable, nécessaire, vital presque pour ce club dont les plus solides piliers commençaient inévitablement à s'arc-bouter sous le poids de la déconcertante série de contre-performances. Les joueurs, devant le carré de leurs derniers supporters, sont parvenus, comme on le dit populairement, à sauver la baraque. Bien sûr, le feu n'était pas loin quand le toujours fringant "farfadet de la lande" notre vieille connaissance Raymond Keruzore lança de l'extérieur de son pied droit, cette balle que Lhoste convertit en but égalisateur. Bien sûr encore, il fallut attendre la 90e minute et l'assistance de la Bonne Mère, pour voir Emon, le pompier de service, éteindre l'incendie et tout à la fois la colère qui commençait à gronder derrière les grilles de protection. Bien sûr, enfin tout le monde a souffert que ce soit sur la pelouse, sur le banc de touche, dans la tribune d'honneur, ou sur les gradins. Mais enfin l'essentiel est fait, et ce n'est vraiment pas le jour de chercher la petite bête autour des occasions manquées, des quelques maladresses, ou de tous autres à peu près du genre. Non ! On n'a pas retrouvé hier après-midi l'O.M. de Skoblar et de Magnusson, non plus que celui de Paolo Cézar et de Jaizirnho. Mais on a revu un O.M. vainqueur et ce n'est déjà pas si mal. Un O.M. qui a su pour une fois conjurer le mauvais sort et l'adversité. Un O.M., n'hésitons pas à le dire, qui a su éviter une petite catastrophe. Alors, c'est le moment ou jamais de pousser un grand soupir de soulagement. Ouf !... Jean FERRARA |
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José Arribas : "Il reste du travail à faire" |
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Pas de démonstration d'enthousiasme excessif dans les vestiaires marseillais ou à, l'évidence, chacun avait conscience d'avoir échappé in extremis à la catastrophe. Par les temps qui courent, l'O.M. ne peut plus se payer le luxe de perdre un point à domicile et, rétrospectivement, chacun tremblait à l'idée qu'à une poignée de secondes près c'est bien ce qui aurait pu se passer face à Laval. José Arribas, très entouré, analyser le match avec son habituelle objectivité : "Dans un premier temps, disait-il, il faut savoir apprécier les deux points obtenus aujourd'hui. Ils sont précieux. Il est toujours agréable de renouer avec la victoire après une longue série noire. Sommes-nous pour autant sortis du tunnel ? Je n'irai pas jusqu'à le prétendre. Il est évident qu'il nous reste beaucoup de travail à faire à la fois pour améliorer le jeu de l'équipe et pour parvenir à ce que les joueurs retrouvent une sérénité indispensable. Aujourd'hui encore, ils étaient fébriles, trop nerveux, maladroits et... malchanceux, ce qui, bien entendu, n'était pas fait pour arranger les choses. Je suis persuadé qu'en d'autres circonstances, c'est-à-dire si nous avions occupé une meilleure place au classement, ce même match, avec les mêmes hommes, les mêmes occasions et la même physionomie, nous l'aurions gagné avec une large marge de sécurité". C'est également l'avis de François Bracci qui expliquait : "Quand on n'a pas confiance en soi, et actuellement c'est notre cas, on a du mal à réussir les choses le plus facile. Aujourd'hui, nous sommes contraints de nous réjouir d'une courte victoire sur une équipe largement à notre portée alors qu'en d'autres temps, au terme de succès plus probants, nous faisions la fine bouche si la manière n'avait pas été tout à fait ce qu'elle aurait du être. M. Norbert d'Agostino, le nouveau délégué aux finances, était pour sa part satisfait : "Je suis surtout très content pour les entraîneurs et les joueurs. Cette victoire est fin à une longue période noire qui avait débuté à Reims lorsque nous fûmes battus par le minimum, par un but de Bianchi marqué, souvenons-nous-en, à l'ultime minute du match. |
Pour moi, aujourd'hui, il n'est pas question de parler finances ou trésorier. Je préfère et de beaucoup une victoire dans un stade vite qu'une défaite dans un stade plein. De toute façon, les problèmes d'argent finissent toujours par être résolus pour peu qu'on soit sérieux et capables". Mle capitaine Gérard Migeon avait retrouvé sa verve coutumière : "Pour moi, disait-il tout en "chambrant" Norberto Alonso qui se laisse pousser la barbe, cette victoire est une très, très grande satisfaction. Il va falloir maintenant confirmer en prenant le maximum de points chez nous face à nos prochains adversaires Troyes, Sochaux et Reims et en essayant d'obtenir le nul, au moins, à Lille. À Bastia, bien entendu, ce sera plus difficile". Emon, le héros de la dernière seconde confiait : "Tout est une question d'état d'esprit. Quand le coup va bien et qu'on file au but, on se dit celui-là je vais le "mettre dedans". Quand le coup va mal, dans les mêmes conditions, on se dit pourvu que je ne le rate pas. Et dans ce cas, huit fois sur dix, on met le ballon à côté. Enfin ne nous plaignons pas. Aujourd'hui, j'ai réussi le but qui ne fallait pas louper, ne faisant pas la fine bouche". Bereta, qui souffre d'une légère élongation, donnait son opinion : "Une victoire qui devait nous être bénéfique et qui, en tout état de cause, devait nous permettre de préparer notre match de Coupe dans une bonne condition". Quant à Gransart, Florès et Zlataric, ce dernier se félicitant de sa bonne entente avec Alonso, ils étaient d'accord pour déclarer : "Nous avons ce soir deux points de plus, c'est là l'essentiel". C'était sans aucun doute l'avis de Fernand Meric. Nous avons croisé ce dernier, qui ne s'était pas éternisé aux vestiaires, dans les couleurs du stade. "Ouf", s'est-il contenté de murmurer en nous serrant la main. Un "ouf" qui sera aujourd'hui le mot de la fin. André de ROCCA |
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Les Lavallois : "Une grossière erreur d'arbitrage" |
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Évidemment, les dirigeants et les joueurs de Laval étaient furieux après avoir été battus à la dernière seconde, et ils en éprouvaient un vif et légitime ressentiment. L'entraîneur, M. Le Milinaire, déclaré : "Nous avons été victime d'une grossière erreur d'arbitrage. En effet, sur la dernière phase, la touche revenait à notre équipe et non pas à celle de Marseille. À ce moment-là il ne restait plus que 30 secondes à jouer. Nous aurions su garder le ballon et préserver le match nul". L'ancien Marseillais Di Caro s'exclamait de son côté : "Si nous avions réussi à prendre un point à Marseille, nous étions définitivement tirés d'affaire. C'est dommage d'avoir échoué au poteau. En ce qui me concerne, j'ai été privé d'un penalty en première mi-temps, car on m'a réellement ceinturé à l'intérieur de la surface de réparation". Keruzore nous a dit à son tour : "Nous avions un match nul en poche. C'est terrible de repartir battu de cette façon. Néanmoins, je demeure optimiste pour l'avenir, car notre équipe est très volontaire et courageuse". Alain DELCROIX |
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