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Résumé Le Provencal

du 24 mars 1977

 

L'HORIZON S'OBSCURCIT !

 BOREL et COSTE signent une logique victoire lilloise (2-0)

LILLE - Un temps froid et brumeux, une poignée de spectateurs transis, une rencontre d'un niveau technique bien modeste, bref c'est un match ayant de vagues relents de Deuxième Division que nous avons vécu hier soir, dans un stade Grimonprez flambant neuf, mais désespérément vide. Triste spectacle, en vérité, mais Lillois et Marseillais n'étaient pas sur le terrain, on le sait, pour faire preuve de panache, mais plutôt pour essayer de s'assurer un maximum de points.

Le score, vous le connaissez... 2 à 0 pour les locaux. Une victoire qui ne sauve pas les uns (les Lillois) mais qui voit l'horizon des autres (les Marseillais) s'obscurcir singulièrement.

UNE PREMIÈRE MI-TEMPS ACCEPTABLE...

En première mi-temps, Bereta et ses camarades avaient fait mieux que se défendre. Sous la conduite de Hervé Florès, omniprésent, c'est eux qui, il faut bien le dire, à la surprise générale, s'étaient assuré la plupart du temps la maîtrise du ballon et surtout s'étaient créé les meilleures occasions de buts.

Ce n'était certes pas un football de rêve, mais sur un rythme relativement lent, il faut le dire, c'était ma foi fort bien fait.

Victor Zvunka et François Bracci venant le plus souvent aider leurs camarades de l'attaque, on pensait donc que l'on atteindrait la mi-temps sur un score vierge, à la fois flatteur pour les locaux et plein de promesses pour les Marseillais.

Hélas, hélas pour les Phocéens s'entend, avec quelque 180 secondes de la fin de cette première période, une combinaison Mezy, Simon, Borel se terminait par un but inattendu de ce dernier. Dès lors, pour l'O.M. la situation devenait inquiétante quant au résultat du match, et préoccupante quant au proche avenir du club. Mais il restait 45 minutes et tout cela était encore possible.

... ET LE NÉANT

On attendait donc avec curiosité, et un peu d'anxiété, cette deuxième mi-temps. Est-ce le but lillois de la 42e minute qui avait sapé le moral des Marseillais ? Difficile à dire. Toujours est-il qu'ils ne retrouvèrent jamais, loin s'en faut, leurs bonnes dispositions des quarante-cinq premières minutes. À la 52e, on craignit même un instant le pire. Fauché par Bracci, Grumeton obtenait un penalty, que Coste heureusement, ne parvenait pas à transformer.

Loin de galvaniser les hommes de Jules Zvunka, comme on aurait pu le croire, cette bévue au centre avant lillois donnait au contraire du tonus à Michel Mezy et ses camarades.

Et à la 70e minute, Zvunka, aux prises avec le capitaine du L.O.S.C. se voyait sanctionné à nouveau d'un penalty, et cette fois Coste ne laissait pas passer l'occasion. 2 à 0, la cause était entendue. La sortie de Baulier remplacé par Bacconier, ne pouvait évidemment pas changer quoi que ce soit au problème.

Nous l'écrivions hier, : si l'O.M. pouvait prétendre prendre un, voir deux points à l'extérieur, c'est bien à Lille que cela aurait pu se produire.

Or les Phocéens rentrent aujourd'hui du Nord, bredouilles. On peut commencer maintenant à se faire un sacré souci. Pour le proche avenir. Et aussi pour celui un peu moins lointain.

Au mois de juin prochain, l'O.M. on peut se faire une raison, ne sera pas loin de la fatidique 18e place, si ce n'est pas lui qui l'occupe...

André de ROCCA

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Tristesse et nostalgie

Les temps changent, le football aussi. Et tout ce qui l'entoure.

Le vieux stade Henri Jooris, par exemple, témoin de tant d'heures chaudes est parti en poussière sous la pioche du progrès et des démolisseurs.

Le complexe de Grimonprez appelait à le remplacer, tirant à l'équerre ses tribunes de béton, à tout ce qu'il faut pour être fonctionnel, ainsi que l'on dit dans le verbiage de la technologie moderne.

C'est une réussite architecturale incontestablement (on n'en dira pas autant de la pelouse déjà pelée) et Lille, à l'heure il va rejoindre la deuxième division, se trouve doté d'un mini Parc des Princes, ce qui n'empêchera pas, évidemment, les nostalgiques de regretter les poutrelles métalliques et le plancher vermoulu, du glorieux ancêtre.

Mais est-ce vraiment le cadre qui l'objet de leur mélancolie ou le spectacle qui leur est proposé ?

Grimonprez était vide ou presque, hier soir, à une demi-heure du coup d'envoi. Trois personnes, quatre peut-être, attendent tristement le coup d'envoi dans la brume, au son déchirant de la trompette de Sidney Bechet...

Ils allaient se trouver un peu plus de 3.000 à la fin ; la nostalgie décidément était partout présente, hier, sur ces gradins pimpants, mais vide aux neuf dixièmes comme sur le terrain, au spectacle de ces deux grands du football, luttant en un combat n'ayant aucune commune mesure avec leurs hauts faits passés.

De la bonne volonté, nous en avons certes, vu de la part et d'autre, mais elle ne suffit pas, c'est évident, à faire du football de haut niveau.

Il y avait déjà dans l'air, hier soir, comme une odeur de deuxième division, bien que ce match, rendu très lent par un terrain collant, n'ait pas été dit déplaisant ni franchement médiocre.

Mais on n'oubliera pas, en jugeant l'O.M. de prendre en compte la faiblesse de son adversaire, déjà condamné et de surcroît décimé par les blessures.

Nombre d'équipes de première division aurait, à notre sens, gagner à Lille hier soir.

L'O.M. n'y est pas parvenu et pourtant il avait bien attaqué ce match, dominant la première mi-temps assez nettement.

Les marseillais commirent la faute irréparable de ne pas transformer deux occasions royales qui s'offrirent à eux durant cette période. En football, cela pardonne rarement. Pourquoi en aurait-il été différent cette fois-ci ?

Enhardis par cette réussite, les Lillois, ainsi qu'on le redoutait à la mi-temps, dominèrent franchement la rencontre, enlevant une victoire qui ne changera rien à leur sort, mais qui aggrave un peu plus encore la position déjà précaire de leur adversaire.

Pauvre O.M., décidément ! !

A.P.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

QUE MANQUAIT-IL À L'O.M. ?

- Beaucoup de choses en vérité. D'abord et surtout des joueurs de classe et de tempérament. Et ce dans tous les compartiments du jeu, sans doute, mais plus particulièrement en attaque et dans l'entrejeu.

En regrettera aussi que les Olympiens se montrent incapables de concrétiser, à l'extérieur surtout, les quelques occasions de buts qu'ils arrivent à se créer.

Il y a une éternité que la ligne offensive marseillaise n'a pas réussi le moindre petit but à l'extérieur.

Enfin, pourquoi ne pas le dire, il leur manque aussi un peu de chance. En effet, le club marseillais, dans les moments difficiles qu'il traverse, était privé des services de Trésor, Emon, Alonso et Noguès. Une paille !

 FAUT-IL CRITIQUER SÉVÈREMENT LES OLYMPIENS ?

Nous n'avons pas, à vrai dire, le coeur à le faire. S'ils étaient bons, cela se saurait et alors nous ne leur pardonnerions pas de s'être incliné hier soir à Lille, devant une formation qui était loin d'être irrésistible.

Mais par les temps qui courent, il faut savoir se contenter de peu.

Hier, les hommes au maillot blanc ont réussi une première mi-temps honorable et une seconde catastrophique.

Ce qui est surprenant, ce n'est pas qu'ils aient mal joué pendant les quarante-cinq dernières minutes, mais sans doute qu'ils aient fait mieux que se défendre pendant les quarante-cinq premières.

 Y A-T-IL DES SOLUTIONS ?

Dans l'immédiat, nous n'en voyons guère. Jules Zvunka fait ce qu'il peut, avec ce qu'il a.

En fait, on voit mal comment améliorer l'ensemble en ce moment. Certes, les rentrées probables à brève échéance de Noguès, Alonso et Emon, et celle un peu plus lointaine de Trésor peuvent améliorer sensiblement le comportement de l'équipe, mais ne nous berçons pas trop d'illusions, il faudra à tous ces joueurs un certain moment pour retrouver le rythme de la compétition.

Et le moins que l'on puisse écrire, c'est aujourd'hui le temps presse.

 COMMENT SE PRÉSENTE L'AVENIR ?

De plus en plus sombre, vous le comprendrez aisément. En fait, ce qui nous inquiète le plus et que nous avons le sentiment que pour s'en sortir l'O.M. ne peut pas compter sur ses propres forces, mais plutôt sur d'éventuelles faiblesses de certains de ses rivaux.

Rennes et Lille (malgré la victoire des Nordistes hier) paraissent d'ores et déjà condamnés. L'O.M. doit faire parti, fait partie déjà des quatre ou cinq équipes qui luttent pour éviter la relégation.

Désormais, au soir des matches, il faudra avoir l'oreille collée au transistor pour savoir ce qu'ont fait Troyes, Angers et Valenciennes.

A. de R.

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M. Norbert d'Agostino :

"Une défaite, hélas, normale"

Pour une fois le vestiaire olympien n'est pas resté fermé très longtemps après la rencontre. Comme si dirigeants et entraîneurs ne savaient plus que dire à leurs joueurs.

La mine renfrognée, M. Agostino, président du comité de gestion, nous accueillait par ces paroles. C'est un résultat absolument logique, hélas. Nous méritions de perdre, les Lillois ont constamment attaqué le ballon beaucoup plus rapidement que nous. Jusqu'aux deux penalties sur lesquels on ne trouve rien à redire.

Les matches en cette fin de championnat deviennent durs pour tout le monde. Et pourtant, nous avions fait entrer des jeunes dans l'équipe précisément pour qu'ils se battent.

Disons que le but recherché est assez loin d'être atteint".

"Que voulez-vous que je vous dise nous lançait pour sa part Jules Zvunka. J'ai vu en ce qui me concerne beaucoup d'insuffisances et d'incompétences. Deux termes qui nous situent bien dans le contexte actuel...

Je n'oublie pas que nos quatre cinq premières minutes ont été assez satisfaisantes et que logiquement et nous qui aurions dû mener à la marque au repos. Mais en revanche la seconde période a été franchement lilloise et cela n'est pas normal. On a beau dire que notre équipe est malade, surtout en absence de grands titulaires, je n'en suis pas moins une fois de plus déçu par ce résultat".

Son frère Victor n'était pas très heureux non plus : "Je ne me pardonne pas d'avoir manqué ce but en première mi-temps, si je l'avais marqué je suis certain que nous aurions gagné. Je me suis trouvé dans des conditions identiques à celles qui m'avaient vu réussir un but il y a 18 mois à Monaco.

Mais à cette époque, l'équipe tournait, et cette occasion qui s'offrait à moi je l'avais transformé. La réussite est toujours comme cela. Ça tient à peu de choses et c'est lorsqu'on en a besoin qu'elle ne vient pas.

Décidément nous n'arrivons pas à nous en sortir !"

"Il faut connaître, commentait Georges Bereta, que cette saison chaque fois que nous avons été menés à la marque, nous avons été incapables de revenir, de poser le jeu en attendant que l'occasion favorable se présente. Je ne crois pas qu'une seule fois nous soyons ainsi parvenus à renverser un résultat. Cette mauvaise habitude aidant, des que l'on concède un but le doute s'installe dans les esprits et cela n'arrange pas les choses".

Marius Trésor, lui, avait suivi la rencontre à nos côtés, depuis la tribune de presse. "C'est la première fois, mis à part le match d'Alès contre La Paillade que je vois jouer l'équipe à l'extérieur nous disait-il en hochant tristement la tête. Le moins que l'on puisse dire et sans vouloir surtout faire de peine à qui que ce soit, et que ce n'est pas très brillant. Il y a beaucoup de lacunes et elles sont vraiment trop criardes".

Michel Albaladejo de son côté n'avait pas été tellement gâté par sa rentrée. "Malheureusement, soupirait-il, les défaites on commence à s'y habituer. Mais au fond, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes, quatre occasions franches se sont offertes à nous et nous n'en avons pas mise une au fond. Nos adversaires, en ont eu une seule durant la première mi-temps et ils l'ont réussie. Il aurait pourtant suffi d'ouvrir le score pour que le match soit différent du tout au tout".

Enfin, Michel Baulier nous donnait les raisons pour lesquelles il avait cédé sa place en deuxième mi-temps à Gérard Bacconnier : "Dès l'échauffement j'ai ressenti une douleur à la cuisse : un étirement ou une élongation, je ne sais pas. Durant tout le début de la partie, c'était supportable, mais vers la fin c'est devenu franchement gênant. Il était donc inutile d'insister".

Alain PECHERAL

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Charles SAMOY : "Mes joueurs m'ont fait plaisir"

Pas de franche hilarité dans le vestiaire lillois puisque ce succès de prestige ne change pas grand-chose au sort d'une équipe déjà à peu près condamnée.

Mais ainsi que nous le disait Michel Mezy, on était heureux "de montrer que L.O.S.C. n'était tout de même pas encore en seconde division et que même s'il y tombait, cela n'aurait pas été sans vendre chèrement sa peau".

L'entraîneur Charles Samoy appréciait lui aussi cette victoire : "Elle n'a peut-être pas grande importance sur le plan des chiffres, mais lorsque l'on a l'habitude de défaites répétées, il est bon de temps en temps de savourer une victoire. Les Marseillais me comprendront sûrement. Je dois dire que lorsque j'ai vu Coste s'apprêter à tirer le deuxième penalty après avoir tiré le premier, je n'étais pas tellement d'accord car le match à ce moment-là pouvait encore basculer. Mai Mézy c'est alors comporté en véritable capitaine et il a pris un risque en ordonnant à notre avant-centre de tenter à nouveau sa chance. Et je n'aurais pas aimé être à la place de celui-ci ! Cette victoire, c'est donc un peu de baume sur notre coeur et c'est aussi la première fois depuis bien longtemps que nous parvenons à nous créer autant d'occasions nettes sur notre terrain. Cela dit, je souhaite sincèrement à l'O.M. de s'en tirer".

A.P.

 

 

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