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Résumé Le Provencal

du 17 avril 1977

 

ARRACHE A L'ENERGIE

 Nul inespéré, mais précieux, de l'O.M. à Paris

Ce petit point précieux, inespéré, arraché dans un Parc des Princes aux trois quarts vide, avec beaucoup de chance aussi, il faut bien le dire, doit être dédié à Jules Zvunka.

Il est dû à une équipe qui, connaissant ses limites actuelles, avait choisi délibérément de se laisser franchement dominer pour trouver son salut dans la vaillance, l'esprit de corps, l'abnégation... et, épisodiquement, la contre-attaque.

Le plus beau est que cela a failli réussir à 100 pour cent. À un quart d'heure de la fin, l'O.M. menait encore par 1 à 0, et il fallut un coup de tête de l'ancien olympien Tokoto pour mettre la pendule à l'heure.

Dans ce débat, le football ne fut représenté, en ce qui concerne les Olympiens, que par quelques actions généralement orchestrées par Alonso et par Florès. Tout le reste ne fut que plongeons dans les pieds de l'adversaire, dégagements en touche... Bref, tout ce qui, en football, représente ce que l'on a qualifié déjà de "coeur au ventre".

On ne pourra pas reprocher aujourd'hui aux Olympiens de ne s'être pas battus.

Leur équipe a démontré que son potentiel moral était resté intact.

Bien entendu, on attendait beaucoup mieux d'une équipe représentante d'une grande ville du football comme l'O.M. Mais actuellement, il faut regarder les choses en face. Cet O.M. a surtout besoin de quelques points pour éviter la descente en 2ème Division.

Il faut donc lui accorder beaucoup d'indulgence.

Cela dit, il reste à féliciter tous les joueurs qui ont pratiqué hier soir un football simple de combat, mais avec le meilleur esprit.

Quant à l'équipe parisienne que l'on disait démoralisée, elle aussi, elle a prouvé, tout au long du match, qu'elle avait en puissance d'énormes possibilités. Sans doute n'a-t-elle pas réussi à l'emporter hier soir, mais ce n'est que partie remise.

Cette équipe jeune, très technique, très pleine d'allant, à tout ce qu'il faut pour réussir.

Il reste cependant à apprendre à loger le ballon dans la cage.

Il est tout de même impensable d'avoir autant d'occasions de buts et d'en tirer ainsi petit profit.

C'est certainement ce qu'a du dire l'entraîneur Vasovic à ses joueurs, la rencontre terminée.

UN BUT HISTORIQUE

Bien que le match ait commencé alors que la nuit n'était pas encore tombée, la première mi-temps fut d'une qualité lumineuse. Les intentions de l'O.M., que nous connaissions d'ailleurs déjà, sautaient aux yeux : une défense massive, avec l'aide des quatre joueurs du milieu de terrain, Noguès n'étant qu'un avant-centre virtuel, et même celle des deux attaquants de pointe Zlataric et Florès, lesquels n'hésitèrent pas à se replier profondément quand le besoin s'en faisait sentir.

De ce fait, le jeu se situa presque constamment dans le camp marseillais. Mais comme toujours en pareil cas, la densité des joueurs était si grand devant la cage de Migeon que toutes les tentatives des Parisiens vinrent s'engluer dans ce magma humain.

Inversement, et c'est aussi le côté positif de cette tactique, quand on n'encaisse pas de buts, les rares offensives de l'O.M. purent se dérouler en terrain découvert, ce qui est rendit extrêmement dangereux.

Le premier coup de semonce pour les Parisiens se situa à la 13ème minute. Le grand François Bracci, s'engouffra dans les espaces verts avec toute sa foulée majestueuse et faillit ouvrir le score. Ce n'était que partie remise pour l'O.M. : à la 20ème minute, Alonso, qui venait de donner quelques aperçus de son talent et se faire applaudir par le public, lança très intelligemment Florès ; ce dernier, à la limite du hors-jeu, laissa venir à lui Bensoussan et marqua avec beaucoup de sang-froid.

Un but quasiment historique, puisqu'il est le premier marqué par l'O.M. en déplacement depuis le mois de décembre.

EN 2ème MI-TEMPS ON A EU TRÈS CHAUD

La deuxième mi-temps ressembla étrangement à la première, la domination des Parisiens fut encore plus grande, et les occasions de buts beaucoup plus nombreuses.

En fait, durant cette deuxième et chaude période, on vit surtout le gardien marseillais Migeon qui, très sollicité, multiplia les bonnes interventions, et même les exploits. Car, comme vous pouvez le deviner sans y avoir été, l'O.M. très content de son but d'avance, se replia encore davantage.

On assista donc dans la surface de réparation de l'O.M. à une succession de mêlée et à un festival de dribbles de cet excellent joueur qu'est Dahleb. Que les Parisiens aient attendu la 75ème minute pour égaliser est pur miracle, mais c'est surtout en fin de match que l'on a eu le plus chaud pour l'O.M. Bracci, qui pourtant avait été l'un des meilleurs joueurs de son équipe durant tout le match, fit une passe tellement hasardeuse en plein centre de son camp, qu'elle alla droit dans les pieds de Dahleb. Ce dernier servi Piasecki, et l'on se demande encore comment celui-ci s'y prit pour ne pas marquer le but de la victoire. Il hésita, et au moment de tirer trouva Bracci revenu sur le chemin du ballon. Un vrai miracle, à ne jamais renouveler.

COURAGEUX O.M.

Un seul commentaire pour terminer : l'O.M. a surtout fait preuve d'un grand esprit de corps et de beaucoup de courage. Il est bien certain que cette méthode ne peut être qu'exceptionnelle, et qu'elle décevrait grandement les habitués de notre stade vélodrome si elle devait être appliquée à Marseille.

Les rares moments de bon football de l'O.M. eurent pour origine Alonso, lequel, dans d'excellentes dispositions, fut, après Dahleb bien entendu, le joueur le plus technique du match, au moins en première mi-temps.

On accordera une mention à Florès, lequel dans des conditions très difficiles la plupart du temps, absolument seul à la pointe de l'attaque marseillaise, se comporta avec un réel brio.

Pour le reste, il est difficile de dire quels sont les joueurs qui furent plus responsables que d'autres de ce demi-succès.

Accordons cependant une mention particulière aux jeunes Bouze, qui, même s'il commit quelques fautes de jeunesse, se battit comme un lion et prouva qu'il avait en puissance des qualités qui font un défenseur de première division.

Bracci, exception faite de la grave faute commise en fin de match, fut le meilleur pivot de son équipe. Quant aux autres, on leur donnera la mention collective du courage.

Dans l'équipe parisienne, un joueur creva le grand écran de la pelouse verte du Parc des Princes. Ce fut, bien entendu, Dahleb, et ce ne fut une surprise pour personne. Ce footballeur d'origine algérienne possède incontestablement la grande classe internationale. Mais répétons-le, cette équipe du Paris-Saint-Germain paraît avoir l'avenir pour elle, car des joueurs comme Pilorget, Laposte, Lustier, rentré en seconde mi-temps, le jeune ailier Messaoud et notre vieil ami Tokoto, ont également de la classe à revendre.

Maurice FABREGUETTES

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Markovic : "Pas encore de déclarations"

Nous avions l'intention à la fin de la rencontre de demander ses impressions à Markovic qui doit, on le sait, être l'entraîneur de l'O.M. la saison prochaine, mais l'ami de Skoblar nous signalait tout de suite qu'il ne ferait pas de déclaration. Ses raisons ? C'est M. Martinelli qui nous les a exposé :

"Nous avons des ennuis, dit-il, du côté du Groupement. On nous reproche en effet de vouloir engager des entraîneurs étrangers, et le syndicat des éducateurs du football s'est paraît-il élevé contre ce genre de projet. M. Sadoul lui-même nous a demandé de ne pas trop faire de "bruit" autour de cette affaire".

Néanmoins, nous avons pu nous rendre compte que M. Markovic était un homme tout à fait affable.

"D'une manière officieuse, nous a déclaré, je vous dirai si vous voulez que cette équipe de l'O.M., ce soir, a montré un visage plaisant. Bien que ce ne soit pas mon rôle de la juger pour le moment présent. Si je suis engagé par l'O.M., comme je l'espère, je vous donne rendez-vous au début de la saison prochaine. Mais pour l'instant, je préfère laisser travailler les responsables en place en toute sérénité. Je vous disais donc que l'équipe, avec les moyens dont elle disposait, a tiré très bien son épingle du jeu comme vous le dites en France. D'après ce que j'ai compris, les autres résultats de la soirée ont été favorables à l'O.M. Alors tout va bien, je pense que le club restera en première division. Quant à moi, si nos accords se réalisent, je serais bien entendu heureux de travailler avec tous ces garçons, car je dois vous dire aussi que Marseille est une ville qui me plaît beaucoup".

J. F.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

L'O.M. EST-IL VRAIMENT "L'ÉQUIPE DE PARIS" ?

Il est certain que depuis son retour en première division l'O.M. a toujours été heureux et brillant dans la capitale.

Trois fois il y est allé en finale de la Coupe, et trois fois il a gagné contre Bordeaux, Bastia et Lyon.

Toujours en Coupe, il a triomphé à Paris en demi-finale de Nancy, et en 16e de finale d'Ajaccio.

En championnat, que je sois contre le Red Star, le Paris Football Club ou le Paris-Saint-Germain, il n'a jamais connu la défaite.

On y ajoutera quelques brillantes rencontres amicales contre le Bayern de Munich en particulier. Une rencontre qui se joua devant un Parc des Princes archi-comble malgré la pluie.

Bref, un seul point noir : la défaite contre Paris-Saint-Germain en coupe, en 1975. Celle qui a valu à Jairzinho de se faire suspendre pour un an.

Mais si l'on fait la moyenne, on peut dire qu'à une très forte proportion l'O.M. a toujours été la grande équipe de Paris.

 LA TACTIQUE UTILISÉE CONTRE PARIS-SAINT-GERMAIN DOIT-ELLE ÊTRE MAINTENU ?

Non, bien sûr. Il s'agissait d'une tactique de circonstance destinée à troubler le Paris-Saint-Germain. Elle a été fort utile hier soir, dans la mesure où elle a permis d'accrocher un point très précieux. Mais pour gagner au Stade Vélodrome, il faudra jouer tout autrement, c'est-à-dire offensivement.

Toutefois, dans les circonstances actuelles, l'O.M. est bien obligé de faire ce qu'il peut pour ne pas tomber en deuxième division. On l'excusera donc, en pensant qu'il saura se racheter au nom du football devant ses spectateurs.

 L'O.M. DOIT-IL CONTINUER À FAIRE CONFIANCE À CES JEUNES ?

Tout le monde répondre oui. C'est l'avenir du club ! Hier soir, parmi les jeunes de l'O.M., il y avait comme Bouze et Baconnier qui disputaient presque leur premier match. C'est, en tout cas, la première fois qu'ils jouaient à Paris devant le public de la capitale, contre une équipe de première division. Le moins que l'on puisse dire est que ces deux jeunes gens sont très prometteurs. Bouze, plus particulièrement, qui paraît avoir les dimensions d'un futur joueur de première division.

Quant à Florès, après un certain passage à vide, il a recommencé à faire surface. Le match d'hier soir à prouver qu'on pouvait lui faire confiance pour la saison prochaine. Le grand avant-centre que l'on cherche, un peu partout, c'est peut-être lui. Quant à Martinez et Fernandez, ils se battirent avec énormément de conviction, mais ils n'ont pas encore atteint leur meilleur niveau.

M.F.

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Josip Skoblar : "Pour moi

c'est une victoire morale"

Josip Skoblar, toujours aussi nerveux et tendu dans son rôle de manager comme il était dans celui de joueur, était bien entouré après la rencontre dans les vestiaires marseillais. Des vestiaires, est-il besoin de l'ajouter, qui baignaient pour une fois dans une douce euphorie. Tout le monde était content de ce point inespéré obtenu au Parc des Princes devant l'équipe de Paris-Saint-Germain. Tout ce monde se congratulait à qui mieux-mieux, d'autant que les autres résultats de la soirée étaient favorables à l'O.M.

Mais Skoblar, nous l'avons dit, portait encore sur le visage l'émotion qu'il avait ressentie pendant tout ce match.

Nous lui avons quand même demandé ce qu'il pensait de ce point enlevait à Paris :

"Pour moi, nous dit-il, ce n'est pas un match nul, c'est une victoire morale. Vous savez comme moi dans quelle situation se trouvait le club. Une défaite ce soir n'aurait pas contribué sans aucun doute à ramener le moral au sein de l'équipe. Au contraire, les joueurs se sont empressés de redresser la tête et ils ont été magnifiquement récompensés de leurs efforts. On disait cette équipe à la dérive ; elle a prouvé ce soir qu'elle savait encore réagir. Je pense que ce bon résultat va nous aider à bien terminer la saison, ce qui nous aidera bien entendu à beaucoup mieux préparer la prochaine".

- Est-il trop tôt pour parler de vos projets ?

"Oui, certainement ! Je pense que ce n'est pas le moment de parler de toutes ces choses. Nous y reviendrons en temps utile. Ce qui importait, je l'avais déclaré dès mon retour à Marseille, c'était que l'O.M. sauve sa place en première division. Je crois sincèrement qu'il vient ce soir de réaliser un grand pas".

M. d'Agostino pour sa part ne cachait pas sa joie lorsque nous l'avons interrogé.

"Je suis satisfait à la fois du résultat, nous a-t-il dit, mais aussi de la manière avec laquelle les joueurs se sont comportés sur le terrain. Ce point que nous venons d'obtenir va nous permettre de terminer la saison dans un climat de ne plus grande sérénité. Cela est très important".

M. Martinelli était tout à fait du même avis :

"Oui, nous dit-il à son tour, c'est la première fois que je vois l'O.M. jouer avec un tel coeur en déplacement. Cette excellente performance va bien entendu redonner de l'intérêt aux spectateurs pour le prochain match au stade vélodrome contre Lyon. À propos, je voudrais dire à nos supporters que l'O.M. ce soir leur a fait plaisir. J'espère qu'ils sauront, par leur présence contre Lyon, rendre la pareille à leur chère équipe. Car n'oublions pas que nous avons besoin de nos supporters pour terminer la saison à un rang honorable".

JULES ZVUNKA :

"PEUT-ÊTRE LE DÉBUT DE LA CONVALESCENCE"

Jules Zvunka ne cachait pas, de son côté, que ce résultat était de première importance :

"Il y avait longtemps, disait-il que l'équipe ne montrait pas un tel visage sur un terrain adverse. On avait impression d'avoir affaire à une formation atteinte de je ne sait quel mal. L'O.M., ce soir, a donné l'impression d'en avoir terminé avec sa maladie, alors c'est peut-être le début d'une convalescence."

- Est-ce que vous avez donné des consignes spéciales avant la rencontre ?

"Vous le savez comme moi, cette équipe était faite en majorité de joueurs réservistes. Je ne pouvais pas leur demander de réaliser un exploit devant Paris-Saint-Germain. Il n'empêche que tous ces joueurs ont apporté de bien belles satisfactions. Alors en ce qui concerne les consignes, je leur avait dit surtout de jouer sérieusement, de ne pas s'affoler et de miser si possible sur le contre. La tactique nous a réussi. Paris continue à nous être favorable. C'est décidément, conclut l'entraîneur avec un large sourire, une bien belle ville..."

Du côté des joueurs, nous avons entendu à peu près le même genre de commentaires.

Bouze et Baconnier, qui effectuaient leurs débuts, ont été unanime : "Derrière, il fallait tenir, nous ont-ils dit. Nous avons souffert, c'est sûr, mais finalement nous avons pu arrêter la plupart des offensives parisiennes. C'était, ma foi, le plus important".

Florès, auteur du but, faisait preuve de modestie :

"Oui, j'ai eu la chance de marquer le premier but, mais le résultat, croyez-moi, est dû à l'ensemble de l'équipe".

C'est bien l'impression qui ressort d'ailleurs après cette rencontre : l'esprit de corps de l'O.M. lui a permis enfin d'éclaircir un peu l'horizon.

Jean FERRARA

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Novi : "Ils se sont bien battus !"

Dans le camp parisien, la joie était bien entendu un peu plus tempérée. Le président Daniel Hechter estimait cependant que Paris aurait mérité la victoire.

"Après tous les déboires que nous avons connus ces derniers temps, déclarait le président, je pense que les garçons ont su réagir.

Avec un peu de réussite, ils auraient mérité d'enlever la victoire.

Quant aux Marseillais de l'équipe, Jacky Novi et Tokoto, auteur du but parisien, ils reconnaissaient l'un et l'autre que l'O.M. s'était bien défendu.

Ils ont eu peut-être de la chance, affirmait pour sa part Jacky Novi, mais ils se sont bien battus. Si ce résultat peut leur permettre de sauver leur place en 1re division, tant mieux pour eux.

De notre côté, nous n'avons pas à être mécontents non plus puisque, vous le savez, il nous manquait beaucoup de titulaires pour jouer cette rencontre

J.F.

 

 

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