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Résumé Le Provencal

du 14 décembre 1977

 

On l'attendait depuis quatre ans et demi...

L'O.M. MAILOT JAUNE !

Les Olympiens auteurs d'une première

mi-temps de rêve s'imposent à Rouen (2-0)

ROUEN - S'il est un résultat bienvenu pour l'O.M., c'est bien de celui d'hier soir qu'il s'agit.

Car ces deux points ramenés du stade Robert-Diochon permettent dans l'immédiat de préserver l'essentiel. Pour le reste, on verra bien par la suite, mais la crise que l'on sentait imminente se trouve repoussée... un peu plus loin, espérons-le, par la prochaine défaite.

Dans un pareil contexte, il est bien évident que l'important pour l'O.M., hier soir, était de ne pas perdre, et qu'un match nul aurait eu les mêmes effets bienfaisants que cette victoire qui présente néanmoins l'avantage de placer les Marseillais seuls en tête du championnat, quand bien même il s'agirait là d'une position éphémère.

Car après la sortie de route lavalloise, il convenait impérativement de redresser la situation du véhicule olympien. C'est chose faite, et plutôt bien faite, ma foi. Et un bonheur n'arrivant jamais seul, voilà qu'après quatre ans et demi d'absence, le maillot jaune revient à Marseille.

Un maillot éphémère, bien sûr, puisque Monaco peut fort bien signer un exploit demain à Laval, et que Nice, surtout, compte un match de retard à domicile contre Nancy.

Mais enfin l'expédition olympienne, si elle n'aura pas pris les allures d'une marche triomphante sur l'autoroute de l'Ouest, ne se sera pas soldée non plus par une immobilisation sur une voie secondaire, comme on pouvait le redouter après la mésaventure mayennaise.

Et ainsi se trouve différée la réapparition de remous que l'on avait cru sans doute apaisés pour un bout de temps.

VICTOIRE TOTALE

Les craintes que l'on pouvait avoir d'enregistré une nouvelle déconvenue, ne furent en fait pas longues à se dissiper. Alors que l'on avait vu trois jours plus tôt onze Lavallois déchaînés mordre à pleins crampons dans le ballon, on ne mit pas longtemps à comprendre que les Rouennais seraient bien loin de faire montre de la même hargne.

Timorés et empruntés, les "Diables rouges" n'étaient de toute évidence que des diablotins. Alors que l'O.M. développait un jeu rapide, clair et brillant, qui faisait l'admiration de Jacky Lemée notre voisin de tribune".

L'avantage pris dès la sixième minute, grâce à l'action conjuguée du trio Boubacar-Fernandez-Berdoll, était donc on ne peut plus logique. Mieux même, on peut dire, sans chauvinisme aucun, que les Normands avaient échappé, en cette première mi-temps, à une véritable bérésina. Alors qu'ils ne s'étaient en effet montrés dangereux qu'en deux ou trois occasions pour Migeon, les Marseillais, eux, s'étaient livrés à un véritable festival offensif, le jeu se déroulant quasi totalement dans le camp rouennais.

Rarement, pour notre part, nous avions vu un O.M. dominer ainsi une rencontre à l'extérieur. Un spectateur non averti, d'ailleurs, n'eut été les murmures du public, aurait pu croire que c'étaient les "blancs" et dans les "rouges" qui jouaient à domicile.

Bref, que l'avance marseillaise n'ait été au repos que d'un seul petit but tenait du miracle.

Le sort défavorable qui avait voulu que les Olympiens se trouvent encore à la merci d'un contre allait pourtant tourner dès le début de seconde période, M. Bacou leur accordant un but, plus ou moins litigieux, qui faisait bondir le public de colère.

On aurait souhaité que l'O.M. traduise d'une façon son écrasante supériorité. Mais celle-ci était tellement évidente, que même les spectateurs normands ne songèrent pas à la contester.

Le match prit dès lors souvent des allures de partie d'entraînement, ou les uns réussissaient tout ce qu'ils entreprenaient (sauf des buts, malgré de nouvelles et très nombreuses occasions) et les autres couraient désespérément après le ballon. Mais ce cavalier seul ne s'étant traduit par rien de concret, les vingt dernières minutes allaient tout à coup devenir pénibles pour les Marseillais.

Les Diables ayant enfin vu rouge se lançaient à corps perdu à l'assaut de la cage de Migeon, qui allait connaître quelques moments difficiles devant Triantafilos, Horlaville et le virevoltant Bourebou.

Mais l'équipe marseillaise, bien que malmenée, se montrait aussi impitoyable en défense qu'elle avait été brillante en attaque. Bref elle remportait une victoire que l'on peut qualifier de totale.

ET MAINTENANT ?

Il va sans dire que l'horizon olympien se trouve par ce résultat à nouveau dégagé. Cette première place, il faut l'espérer du moins, va permettre d'arrondir les angles et d'apaiser les ressentiments.

Dans le cas contraire, ce serait à désespérer. Car si une certaine sérénité ne règne pas au sein d'une équipe qui n'a perdu que deux fois en dix-sept rencontres consécutives et vient d'accéder à la première place, on se demande où on peut la trouver.

Il est vrai que fermer les yeux ne serviraient à rien et qu'on ne peut ignorer les conséquences des dissensions d'une simple défaite a suffi à mettre à nu.

Mais tout de même : un leader ayant des problèmes, il n'y a des décidément qu'à Marseille que l'on peut voir cela.

Alain PECHERAL

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Réaction salutaire

Dans le car qui nous amenait au stade Robert-Diochon, en compagnie de l'équipe olympienne, Markovic nous a fait part de sa confiance avant cette deuxième étape de la tournée dans l'Ouest.

"Je sais pourquoi l'O.M. n'a pas été très bon à Laval, nous disait l'entraîneur. Après la brillante victoire sur Saint-Étienne, les joueurs s'étaient laissé gagner inconsciemment peut-être par une sorte d'euphorie, ce qui amène souvent l'équipe à se déconcentrer.

"La défaite de Laval, je crois, va contribuer à nous réveiller et nous ramener tout à la fois à la réalité. Je pense que vous allez voir ce soir un très bon O.M."

C'était des paroles plutôt encourageantes. Restait à savoir si ce bel optimisme allait se matérialiser sur le terrain. Eh bien, il ne nous a pas fallu longtemps pour nous rendre compte que Markovic avait senti juste. Il est vrai que les Rouennais n'affichaient pas le même mordant que les Lavallois, quelques jours plus tôt.

Mais l'O.M. de son côté, était loin de présenter le visage plutôt timide de cette équipe recroquevillée en défense et qui avait subi la loi à Laval et ceci explique sans doute cela.

L'O.M. s'est donc montré résolument offensif, hier soir. La présence d'Albert Emon tout d'abord amenait l'équipe à jouer pour une des rares fois de la saison avec trois attaquants de pointe. C'est peut-être une raison de ce changement à vue. Il faut dire aussi, cependant, que la formation tout entière a montré hier soir, une manière et un esprit tout différent.

C'était aussi évident pendant la longue période de domination qu'au cours des moments brûlants de la deuxième mi-temps quand il s'agissait de préserver l'avantage.

En un mot, l'O.M. a joué comme il le fallait hier soir et en fin de compte les Olympiens ont été récompensés.

Cette victoire permet à la formation marseillaise de se hisser pour la première fois de la saison en tête du classement.

C'est une position sans doute éphémère mais elle va contribuer certainement à ramener un peu de sérénité au sein du club. On connaît tous les événements qui avaient suivi la défaite de Laval. Le succès obtenu hier soir à Rouen a démontré que l'équipe a su réagir de la plus belle façon.

C'est donc une réaction salutaire. Espérons alors que tous les nuages se dissiperont.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 DANS QUELLES CONDITIONS S'EST DÉROULÉE LA RENCONTRE ?

- Excellente, puisque non seulement la température était très douce, mais qu'il ne pleuvait plus depuis trente-six heures. Ce qui est tout à fait exceptionnel pour la saison en Normandie, nous a-t-on dit.

La pelouse était donc souple, mais loin d'être grasse. Rien à voir avec le bourbier lavallois de samedi.

 LE SECOND BUT MARSEILLAIS ÉTAIT-IL VALABLE ?

-Il va sans dire que, dans ce genre de circonstances, les opinions varient toujours d'un camp à l'autre. Rappelons l'action : sur un centre d'Emon, de la gauche, Amouret, le stoppeur rouennais, en voulant dégager son camp, ne réussit qu'à détourner maladroitement le ballon, lobant ainsi son gardien Gili. Celui-ci, se précipitant, put alors récupérer la balle, qui venait de heurter le montant. Le tout est de savoir si elle était entrée entièrement, comme l'exige le règlement, ou pas. M. Bacou ne se pose pas la question est accorda le but de séance tenante, bien qu'il ait été assez loin de l'action. D'où la colère des joueurs normands.

En ce qui nous concerne, notre opinion n'a pas de valeur puisque nous étions à 80 bons mètres de l'action. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que de la tribune de presse, le ballon ne nous a pas paru franchir intégralement la ligne.

 EST-CE EN JOUANT AVEC TROIS ATTAQUANTS : QUE L'O.M. A FORGÉ SA VICTOIRE ?

- Nous ne le pensons pas, pour la bonne raison que les Marseillais ont opérée, en fait, avec alternativement quatre ou cinq attaquants, dans leur domination fut écrasante en première mi-temps. Il ne faut donc pas voir là les raisons du succès marseillais, mais bien plutôt les chercher dans la détermination farouche qui a animé l'ensemble de la formation olympienne, qui était décidée à se racheter et l'a fait de fort agréable façon.

 L'O.M. A-T-IL GAGNÉ DEVANT UN ADVERSAIRE MÉDIOCRE ?

- Sans doute attendions-nous mieux de cette équipe rouennaise qui, hormis sa défaite à Troyes, demeurait sur une excellente série à domicile. Au niveau de l'engagement et de l'inspiration notamment, les Normands sont apparus assez limités. Cependant, si les hommes de Pavic n'ont pas fait un grand match, c'est peut-être parce que leurs adversaires les prirent littéralement à la gorge, les privant par un pressing continu de tous les ballons. L'équipe rouennaise a, par ailleurs, démontré dans les dernières vingt minutes qu'elle avait des ressources morales. Mais il est évident que cette équipe, du moins sur ce que nous avons vu hier soir, éprouvera certains difficultés pour se maintenir en première division. Ce qui ne doit diminuer en rien, précisons-le, la victoire olympienne.

A.P.

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SKOBLAR - TRESOR : LA TREVE...

Il est bizarre de constater combien il suffit d'un rien, pour que l'O.M. affiche un visage souriant. Comme il suffit d'un rien aussi pour qu'il nous montre la plus triste des désolations. Après Laval, nous avions vu une équipe consternée, ce qui, au demeurant, arrive à tout le monde. Mais le plus grave était toutes ces déclarations largement reprises par la presse française qui avait laissé entrevoir une sorte de malaise dans le club marseillais.

Après le coup de sifflet final, nous avons interrogé M. d'Agostino pour connaître un peu son sentiment :

"Les joueurs ont démontré sur le terrain, nous a dit le président, qu'il n'y avait aucun problème dans notre club. Ils se sont tous battus avec une belle énergie et je crois que leur victoire est tout à fait méritée. Ils étaient, certes, fatigués après leur rencontre de Laval. Malgré cela ils ont affiché une louable détermination et j'estime qu'ils sont tout à fait récompensés de leurs efforts.

- Est-ce que cette victoire va contribuer à aplatir les petits différends de ces derniers jours ?

- Je l'ai dit et je le répète, a poursuivi M. d'Agostino. Pour moi il n'y a pas de problème dans ce club. Marius Trésor a peut-être eu le tort de faire des déclarations aux journalistes, lesquelles dépassaient certainement sa pensée et, qu'en tout état de cause, il aurait dû garder pour son directeur sportif. Je suis partisan du dialogue et dans un club comme le nôtre, quand quelque chose ne tourne pas rond, je pense qu'il est du devoir de tous d'en discuter dans la plus grande sérénité. J'aurais préféré en ce qui me concerne que mon capitaine se contente de donner son opinion à notre directeur sportif, sans ameuter l'opinion publique, auquel cas nous n'aurions jamais eu à enregistrer tout ce que vous connaissez.

- Vous êtes désormais en tête du championnat de France. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

- Vous savez, nous a répondu le président, la compétition est encore loin d'être terminée. Bien sur, je suis satisfait d'occuper cette place mais je suis également persuadé que nous devons continuer nos efforts justement pour assez de la maintenir".

SKOBLAR - TRESOR PAS DE PROBLEME !

A quelque chose près, Josip Skoblar nous a donné la même opinion que son président. Quand nous lui avons demandé si ces deux points obtenus à Rouen allaient contribuer à ramener le calme dans l'équipe marseillaise, le directeur sportif nous a répondu :

"Je n'ai jamais pensé que notre club était en difficulté. Pour moi, il n'est absolument rien arrivé de fâcheux. Ce n'est pas parce que nous avons perdu à Laval que notre club était en péril. Et puis, pour vous dire franchement le fond de ma pensée, ce qui m'intéresse avant tout, c'est le football. Tout le reste est pour moi de la littérature".

Pour discuter football, nous avons demandé à Markovic si l'O.M. avec trois attaquants, était plus efficace qu'avec deux.

"Vous savez, nous a dit l'entraîneur, O.M. n'a pas joué ce soir avec 3 attaquants. Nous avons opéré avec notre manière habituelle, en ce sens que Boubacar a davantage évolué en milieu de terrain. D'ailleurs chacun de nos avants s'est replié à tour de rôle pour porter main forte à la défense...

Car Linderoth et Baulier souffraient tous les deux d'une blessure à la cheville et il fallait absolument parer à toute éventualité".

EMON : "ON A MAL INTERPRÉTÉ LES PAROLES DE MARIUS".

Albert Emon, d'autre part, était au centre des discussions ces derniers jours.

Il affichait hier soir un sourire rayonnant, mais il a tenu tout de même à nous apporter cette précision. :

"Je suis très heureux de cette victoire, nous a-t-il dit, et je le suis également pour notre capitaine..."

Cette dernière appréciation demandait bien sûr une explication. Emon nous l'a volontiers exposée :

"Je crois, a-t-il continué, que les paroles de Marius ont été mal interprétées.

"Notre capitaine n'a pas voulu me faire jouer à toute force dans son attaque. Il pensait simplement qu'avec un avant supplémentaire notre équipe avait plus de chances de s'imposer. Il n'a jamais voulu porter tort, les critiquer qui que ce soit.

"Après notre défaite de Laval, il était au triste dans les vestiaires, et j'en était pour ma part chagriné car il est mon ami.

"Maintenant nous avons gagné, et il ne faut plus penser à tout cela. Ce qui compte dans l'affaire c'est la victoire de l'O.M., le club avant tout..."

Enfin, c'est vers Marius Trésor que nous nous sommes tourné pour nous rendre compte si vraiment tous les petits nuages avaient disparu.

"Nous avions deux déplacements difficiles, nous a-t-il tout d'abord le capitaine. J'estime qu'en ramenant deux points à Marseille notre équipe a fait une excellente opération. À propos de tout ce qu'on a dit et écrit sur mes déclarations, je tiens simplement à rappeler qu'à Laval je pensais que face à une équipe diminuée nous aurions eu intérêt à faire jouer Emon plutôt que Christian Fernandez. C'était une façon de penser qui a bien entendu été déformé. Mais je n'ai jamais voulu porter tort à qui que ce soit".

Voilà donc qui semble démontrer, comme nous le signalions plus haut, que la victoire arrange bien les choses. Espérons que l'O.M. va continuer dans le même enthousiasme.

Jean FERRARA

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Gérard GILI :

"L'O.M. nous a donné une leçon"

L'atmosphère dans le camp rouennais contrastait évidemment avec la joie enregistrée dans le camp marseillais. Mais Gérard Gili, que nous avons consulté le premier, ne cherchait pas le moindre du monde à contester la victoire marseillaise.

"L'O.M. nous a donné ce coir une leçon de réalisme, nous a dit l'ancien olympien. Ils ont joué d'une façon collective et ont effectué une très grande première mi-temps. Par ailleurs, nous avons commis beaucoup de fautes de défense, et nous avons manqué aussi pas mal d'occasions. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de notre défaite. Bien sûr, pour nous, maintenant, il sera difficile de nous en sortir, mais je souhaite à l'O.M. de continuer dans cette voie. D'ailleurs, à mon avis, cette équipe devrait obligatoirement terminer le championnat dans les trois premiers. Enfin, puisque j'en ai l'occasion j'en profite pour saluer tous mes amis marseillais".

L'entraîneur Pavic ne cherchait pas d'excuse lui non plus.

"Rien à dire sur la victoire de l'O.M., nous a-t-il dit. Nos adversaires ont su la construire en première mi-temps, d'une façon remarquable. Bien sûr, nous avons dominé pendant la deuxième mi-temps, mais à ce moment-là, il était trop tard pour remonter notre handicap".

Georges Boulogne, qui était également présent dans les vestiaires, a estimé pour sa part que le résultat était tout à fait logique.

"Nous avons vu ce soir une très bonne équipe marseillaise, nous a dit l'ancien sélectionneur national, et sa victoire est tout à fait justifiée".

C'était également l'avis de Jacky Lemée, qui était venu encourager ses anciens camarades.

"L'équipe m'a paru nettement en progrès, nous a-t-il dit, notamment sur le plan collectif. J'ai découvert ce soir une très bonne formation au sein de laquelle les jeunes joueurs n'ont pas l'air d'avoir de complexes du tout. C'est prometteur pour l'avenir".

J.F.

 

 

 

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