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Résumé Le Provencal

du 15 mars 1978

COUP D'ARRET POUR L'O.M.

Les Olympiens tenaient le match nul

quand Baulier a marqué contre son camp (2-1)

STRASBOURG - L'O.M. sera-t-il, oui ou non, champion de France ? C'est la question qui venait à l'esprit à la fin de ce match disputé, hier soir, à La Meinau.

Une question, bien sûr, à laquelle nous ne saurions répondre de façon catégorique. Mais un fait est certain : si l'équipe marseillaise ne parvient pas à couper le fil en premier au terme de la présente saison, c'est bel et bien à Strasbourg, hier soir, qu'elle aura laissé échapper le titre.

Et, pourtant, cette formation olympienne a été loin de démériter devant un public strasbourgeois parmi lequel les plus chauds supporters ont reconnu, à la fin de la rencontre, qu'ils venaient d'assister au plus beau match de la saison. C'est dire si l'O.M. a justifié à la fois sa réputation, tout en confirmant devant les Strasbourgeois l'excellente impression faite samedi dernier au stade vélodrome en battant Lyon sans rémission.

DEUX BUTS BÊTES

Alors que s'est-il passé pour que les hommes de Gilbert Gress prennent finalement le dessus sur ceux de Josip Skoblar ?

Tout d'abord, il faut le préciser, O.M. s'installa dans cette rencontre avec pratiquement le handicap d'un but.

On jouait, en effet, la sixième minute à peine quand Marius Trésor, croyant être doublé par l'un de ses camarades, laissa malencontreusement échapper le ballon cers l'arrière, ce dont profita Piasecki pour adresser ce même ballon vers Gemmrich, qui revenait à toutes jambes. Le tir dans la foulée de l'ailier strasbourgeois ne laissait aucune chance à Migeon.

C'était le but bête par excellence, d'autant que Piasecki semble-t-il, s'était aidé de la main avant de donner la balle à son camarade international. Mais, enfin, les Marseillais eurent beau signaler le fait à l'arbitre, M. Bacou indiqua le centre du terrain, et l'O.M., nous l'avons dit, était mené 1 à 0 alors que la partie venait à peine de s'engager.

C'est là, justement, que l'O.M. allait faire la preuve qu'il n'était bien une machine de championnat, digne de figurer parmi les équipes de têtes du football français. Alors que beaucoup d'autres formations auraient pu se montrer accablées par ce coup du sort l'O.M., lui, reparti de plus belle et un centre de Linderoth, venu de la gauche, était relayé par Flores pour Victor Zvunka, dont la reprise de volée se terminer au fond de la cage strasbourgeoise.

1 à 1, donc, alors que le dernier premier quart d'heure n'était pas encore atteint. La rencontre entre deux très bonnes équipes de Division Nationale tenait dans seulement ses promesses. Mais l'O.M. quant à lui, avait en poche un point des plus précieux qui lui permettait d'envisager l'avenir avec optimisme.

D'autant qu'avec le but marqué par les Nantais à Monaco, les Olympiens, à cet instant précis étaient redevenus les leaders de Première Division.

Hélas les événements allaient quelque peu se précipiter par la suite et pas dans le sens qu'on était en droit de l'espérer. Alors que les Strasbourgeois semblaient se contenter eux aussi de ce bon résultat nul, Baulier concédait un corner qui allait être fatal à son équipe, et dans des conditions là encore, qui ne manqueront pas de laisser pas mal de regrets aux joueurs et aux dirigeants marseillais.

Suite à ce corner Marx récupérait le ballon et alors que son tir lointain, précisons-le, se dirigeait tout droit dans les mains de Migeon, un défenseur olympien, Michel Baulier en l'occurrence, dévia le tir au passage, au nez et à la barbe du gardien marseillais. Le premier tir de Gemmrich, nous l'avons dit, pouvait être qualifié de stupide mais celui-là était ni plus ni moins qu'un véritable coup de poignard.

À peine restait-il vingtaine de minutes à jouer pour que l'O.M. puisse espérer refaire son retard. Mais les Olympiens visiblement cette fois avaient accusé le coup. À tel point même que dans les toutes dernières minutes de la rencontre, alors que l'arbitre faisait disputer les arrêts de jeu, Boubacar et Victor Zvunka et même Berdoll, eurent tour à tour le but de l'égalisation au bout du pied, mais certainement démoralisés, et de plus les nerfs tendus à l'extrême, ils ne purent, ni les uns ni les autres, mettre la balle hors de portée de Dropsy.

Dommage ! L'O.M., hier soir, ne méritait pas de connaître la défaite, aussi courte soit-elle. C'est d'autant plus regrettable nous le signalons plus haut que la victoire nantaise sur Monaco avait permis à une équipe olympienne obtenant simplement le match nul de se reporter en tête de Division Nationale. Rien n'est perdu, certes, mais ce faux pas et ce point concédé, il faut bien le reconnaître, un peu contre le cours du jeu, n'en constituent pas moins un petit coup d'arrêt pour la formation olympienne.

À elle de démontrer par la suite qu'elle a toujours l'envergure d'un champion.

Jean FERRARA

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SAVOIR OSER

En Alsace, on aime les saucisses, la choucroute et le football. Ceux qui en doutaient encore ont, sans doute, été définitivement convaincus, hier soir, ou pour la deuxième fois de la saison, le stade de La Meinau affichait complet ou presque.

Il faut préciser que l'affiche était alléchante qui opposé l'équipe locale étonnante de vitalité et l'Olympique de Marseille considéré, désormais aux quatre coins de l'hexagone, comme un candidat sérieux au titre de champion de France.

Ils étaient donc prêts de 25.000 pour assister à la fête. Ce public n'allait pas d'ailleurs tarder à manifester sa joie puisque le match n'était commencé que depuis cinq minutes quand Gemmrich, le blond international, un tir fulgurant ouvrait la marque.

Il en fallait plus pour décourager l'équipe marseillaise. Les Olympiens, cette saison, sont des gens curieux.

Lorsqu'ils ont l'avantage, ils ont la mauvaise habitude de s'endormir sur leurs lauriers.

Menés au score, par contre, ils font toujours preuve d'une belle vitalité et d'une étonnante santé morale. Et c'est ainsi que moins d'un quart d'heure après le but de Gemmrich, le tableau d'affichage indiquait 1 à 1. Victor Zvunka, tout à fait remarquable hier soir, ayant en quelque sorte remis les pendules à l'heure après une fantastique reprise de volée qui laissa Dropsy pantois.

Le coût allait bien.

Mais il faut le dire et le répéter, lorsque le coup va bien, l'O.M. a tendance à faire des ronds de jambes.

Les Marseillais avaient donc le match en main, ils avaient la victoire et, qui sait, le titre de champion à leur portée. Il leur aurait, sans doute, suffit d'oser, ils n'osèrent pas.

La suite on la connaît.

Le tir foireux de Marx, un mauvais réflexe de Baulier.

Et le rêve passe.

Certes, le dernier quatre d'heure fut tout à l'avantage des joueurs au maillot blanc. Certes ce fut miracle si, dans les deux dernières minutes de jeu, Dropsy ne fut pas contraint par trois fois d'aller chercher la balle au fond de ses filets, mais le score était de 2 à 1 et de 2 à 1 il resta.

Tout, bien sûr, n'est pas encore perdu pour Skoblar et les siens, d'autant que par les temps qui courent, Nantes ne semble pas mieux.

Monaco non plus.

Saint-Étienne et Nice encore moins.

Alors ? Alors le suspense demeure mais si d'aventure à l'arrivée le 2 mai prochain, il manque deux points aux Phocéens pour avoir droit de monter sur la plus haute marche du podium, il faudra qu'ils se souviennent de cette défaite à La Meinau.

Et battent consciencieusement leur coulpe

André de ROCCA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

L'O.M. A-T-IL PERDU LE TITRE HIER SOIR ?

- Même si l'équipe marseillaise avait réussi à battre Strasbourg ou simplement à réaliser le match nul sur le stade de La Meinau, il n'aurait pas fallu en déduire pour autant que les Olympiens avaient désormais en poche le titre de champion de France. Nous n'affirmerons rien de définitif, donc, après cette défaite concédée dans des conditions que l'on sait. Monaco, lui aussi, a été battu à Nantes. Tant et si bien que les deux équipes sudistes restent quant à elles sur leurs positions. Il va de soi que la cote des Nantais, les champions de France sortants, remonte en flèche, mais on jouait hier soir la 31e journée de championnat (la 30e pour Nantes). Il reste donc encore pas mal de rencontre d'ici au terme de l'épreuve. Autrement dit, il passera encore beaucoup d'eau sous les ponts de ce championnat, et même si l'O.M. comme Monaco d'ailleurs ont marqué un petit coup d'arrêt, les jeux ne sont pas faits pour autant.

 L'O.M. A-T-IL JUSTIFIÉ SA RÉPUTATION EN ALSACE ?

- Nous répondrons incontestablement par l'affirmatif à cette deuxième question. Le public de La Meinau a été unanime hier soir pour reconnaître la valeur de l'équipe olympienne. Même si les Strasbourgeois ont encouragé leurs favoris, ils ne se sont pas privés d'applaudir quelques mouvements déclenchés par les Marseillais. C'est-à-dire que l'O.M. a été non seulement à la hauteur de sa réputation mais a contribué aussi à faire dans le cours de ce match, un excellent spectacle.

 QUELLES ÉTAIENT LES CONDITIONS DE JEU ?

- Il faisait un temps splendide, nous l'avons déjà dit, sur l'Alsace depuis quelques jours. Malheureusement, quelques heures avant le coup d'envoi, un vent plutôt violent s'était levé au-dessus de La Meinau et du même coup, la température s'était abaissée de façon très sensible. Mais à aucun moment il nous a semblé que le climat ambiant ait contrarié l'une comme l'autre équipe, qui ont fait, nous l'avons dit, un très bon match de première division. De l'avis même des spectateurs, c'était la meilleure rencontre de la saison dans la vieille arène alsacienne, c'est tout dire...

 QUELLE APPRÉCIATION PORTÉE SUR M. BACOU ?

- Le directeur de jeu, selon nous, amené cette rencontre sinon à la satisfaction générale, puisque les Strasbourgeois lui ont souvent reproché ses coups de sifflet, mais du moins d'une façon parfaitement honnête. À aucun moment, il n'a essayé d'avantager l'un des deux adversaires. Peut-être le seul reproche que nous pourrions lui faire, c'est de ne pas avoir vu la main de Piasecki sur le premier but strasbourgeois. Mais là, il faut bien l'admettre, il n'avait pas été secondé comme il le fallait par ses juges de touche. Il n'en reste pas moins que M. Bacou n'a influé en rien sur le résultat.

 J.F.

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GERARD MIGEON : "Deux buts bêtes"

Dans les vestiaires marseillais, comme on s'en doute, c'était un silence quasi religieux. Le premier à rompre le silence fut Josip Skoblar.

"Je pense, dit-il, que nous n'avons pas eu de chance. Nous avons encaissé deux buts stupides, le premier après une faute préalable de Piasecki de la main, le second que nous avons manqué marquer nous-mêmes.

"Je pense que nous avions le match nul à notre portée. C'est vraiment bête de perdre dans ces conditions".

C'était également l'avis du président d'Agostino, qui enchaînait : "Mauvaise soirée pour nous. Peut-être a-t-on eu tort de vouloir se contenter du match nul. De toute façon, ce qui est fait est fait, il n'y a pas plus à y revenir. Il nous faut maintenant penser à Bordeaux et à la Coupe de France, et j'espère qu'il y aura samedi, au stade vélodrome, autant de monde qu'il en avait aujourd'hui au stade de La Meinau".

Gérard Migeon qui, en fin de compte, n'avait pas eu trop de travail au cours de la partie, expliquait les deux buts qu'il avait concédés :

"Pour deux buts bêtes, ce sont deux buts bêtes, disait-il. Sur le premier, il y avait une incontestable faute de main de Piasecki qui a pu donner en toute tranquillité la balle à Gemmrich. D'ailleurs, le juge de touche avait signalé cette faute et lorsque à la mi-temps nous l'avons interrogé il a dit - c'est un comble - que c'était pour signaler une main de Victor ! Sur le deuxième, je m'apprêtais à cueillir la balle facilement, quand Baulier a eu le mauvais réflexe que vous savait. Enfin...";

Un qui était dans une colère noire, c'était Markovic : "Ne parlons pas des erreurs de l'arbitre, devait il nous dire. Ce qui m'a le plus déçu, dans ce match, c'est que Strasbourg a présenté un sale visage. L'équipe a abusé de toutes les ficelles ; elle a cherché à gagner un maximum de temps, expédiant le ballon n'importe ou pour gagner de précieuse seconde, et les joueurs ont multiplié les agressions sur les nôtres. C'est vraiment lamentable. De toute façon les équipes que j'ai rencontrées depuis le début du championnat, celle de Strasbourg a été celle qui m'a laissé la plus mauvaise impression.

Pour ce qui est de mes joueurs, je n'ai pas grand-chose à leur reprocher. Deux ou trois d'entre eux n'ont pas joué, c'est vrai, au maximum de leur responsabilité, mais j'estime cependant que l'ensemble a fait un bon match et que nous pouvions au moins repartir d'Alsace avec dans nos valises le point du nul.

Victor Zvunka était ravi d'avoir marqué un but, mais peiné que son équipe se soit finalement inclinée : "J'ai marqué un but et j'ai failli en marquer deux autres. Je dois vous dire que j'aurais préféré ne pas marquer et que nous remportions finalement ce match. Nous avons perdu ce soir une belle occasion. Il nous reste maintenant à gagner soit à Nantes, soit à Nice, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas de tout repos."

François Bracci, faisait contre mauvaise fortune bon coeur, essayait d'analyser la situation : "Ils sont rentrés tout de suite dans le vif du sujet et ont essayé de me mettre K.O., et ils y sont parvenus dès la 5e minute. Nous sommes revenus au score, et à ce moment-là nous avons tenté de calmer le jeu en les faisant venir pour essayer de les prendre en piège du contre, qui est notre spécialité. Malheureusement, il y a eu ce but stupide de Michel contre son camp et voilà le résultat..."Baulier, d'ailleurs, était le plus marri de l'aventure qui venait de lui arriver : lorsque j'ai vu Marx tirer, je ne savais pas qu'il avait centré ou tiré aux bois, au carrément raté sa reprise. Cependant j'ai vu arriver le ballon sur moi, et au dernier moment j'ai avancé le pied ; la balle m'a frôlé le bout du soulier et a pris Migeon à contre pied. Décidément ce n'est pas de chance...".

Marius trésor était peu volubile : "Deux buts bêtes, une victoire à notre portée et en fin de compte une défaite. Que voulez-vous que je vous dise de plus ?"

Jeannot Fernandez était celui qui, visiblement, semblait le plus marqué par la défaite : "Vous vous rendez compte, disait-il. Nous jouons ce soir un match capital qui était cent fois à notre portée. Je n'ai pas l'habitude de critiquer les arbitres, mais, en cette soirée alsacienne, celui qui nous a dirigés marchait vraiment à côté de ses pompes. Nous avons perdu deux points importants, ces deux points là, désormais, il va falloir qu'on aille les chercher à Nice ou Nantes".

Nous laisserons la conclusion a Henri Biancheri qui était venu en voisin de Landelheim : " 1 à 1, l'O.M. avait le match en main. Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas accéléré à ce moment-là. S'ils l'avaient fait, ils auraient incontestablement balayé cette équipe de Strasbourg. On l'a vu dans les dix dernières minutes où, littéralement affolés, les hommes de Gress.

André de ROCCA

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Gilbert GRESS :

"L'O.M. m'a agréablement surpris"

Dans les vestiaires strasbourgeois, bien entendu, on était ravi de ce succès qui relançaient l'équipe, lui permettant d'envisager toujours une place qualificative à la coupe de l'UEFA.

C'est l'entraîneur Gilbert Gress, notre vieille connaissance, qui devait nous résumer le match en nous donnant son analyse.

"Je crois, nous disait-il, que nous l'avons emporté car nous avons su tenir du point de vue engagement physique pendant quatre-vingt-dix minutes. Ainsi, si j'estime que physiquement nous étions égaux, voir supérieure aux Marseillais, je dois reconnaître par contre, que techniquement, l'O.M. était meilleur que nous. Je ne dis pas cela pour lancer des fleurs à qui que ce soit, ni pour rehausser notre victoire, mais en toute franchise, je dois reconnaître que l'O.M. m'a agréablement surpris en général et Victor Zvunka en particulier. Il a fait une partie remarquable d'intelligence et nous a posé des problèmes que nous avons été incapables de résoudre. Cette équipe, croyez-moi, est susceptible de dire son mot pour la conquête du titre.

Voilà une opinion qui réconforte quelque peu les joueurs olympiens, leurs dirigeants et leur entraîneur.

 A. de R.

 

 

 

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