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Résumé le Provencal

du 19 mars 1978

L'O.M. piégé par le verrou bordelais

Malgré une incroyable domination, les Olympiens doivent

se contenter d'un seul but de BACCONNIER

Décidément, la Coupe n'est pas le championnat !

Si quelqu'un en doutait encore, il a pu en avoir la confirmation hier soir, au Stade Vélodrome, en voyant l'O.M. se faire accrocher par son adversaire bordelais. Adversaire qui, on s'en souvient, avait été taillé en pièces sur ce même terrain, il y a à peine un mois. Ce n'est pas la première fois, d'ailleurs, que pareil phénomène se produit pour le compte de nos deux compétitions nationales. À Marseille, en 1971, les supporters ont encore le souvenir de l'équipe rennaise, battu 5 à 0, en championnat et qui s'était inclinée ensuite par le minimum d'un but lors du match de Coupe qui suivit immédiatement. Cela avait d'ailleurs valu aux Olympiens de laisser le dernier mot quelques jours plus tard à Rennes. Ainsi fallait-il attendre une année de plus pour que le vieux club olympien réussisse enfin son premier doublé. Mais nous ne sommes pas là pour remuer les souvenirs. La Coupe n'est pas le championnat, avant nous dit, et le plus récent exemple ce sont encore les Sochaliens qui nous l'ont donné, en allant obtenir leur qualification inattendue à Saint-Étienne.

Qu'en sera-t-il cette fois pour cette confrontation entre Marseillais et Girondins ? La suite, nous la saurons mercredi prochain au stade vélodrome de Bordeaux. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que les Bordelais, hier soir, s'en sont tirés à bon compte au terme de cette première manche.

UNE INCROYABLE DOMINATION MARSEILLAISE

Incroyable mais vrai ! C'est bien le terme qui convient pour qualifier cette partie vécue hier soir, entre un O.M. qui s'efforçait manifestement de construire son football et un adversaire bordelais surtout préoccupé à défendre l'accès de ses buts. Une tactique donc on se gardera, bien sûr, de vanter les mérites, mais qui, apparemment, n'a pas trop mal réussi aux équipiers de Robert Buigues.

Il faut préciser à ce sujet que la Bonne Mère était hier soir plutôt bordelaise, car c'est bien un véritable miracle si Bergeroo ne s'est incliné qu'une seule fois au cours des 90 minutes.

Les Bordelais étaient manifestement venus à Marseille pour jouer le 0 à 0. Et ce faisant, ils avaient renforcé non seulement leur défense, mais à aucun moment ou presque ils n'ont pris de risques offensifs. À ce jeu, l'O.M. allait multiplier les occasions. Bracci, très en vue hier soir dans son rôle offensif, et pour cause, menait attaque sur attaque sur son aile gauche, Fernandez dont le combat singulier avec Robert Buigues constituait à lui seul un match dans le match, se mettait également en évidence ; Linderoth, enfin, essayait d'organiser le jeu du mieux possible au centre du terrain...

Mais rien n'y faisait. Au dernier moment, il se trouvait toujours un pied ou une tête bordelaise pour écarter le danger. Quant au grand Bergeroo, il faut tout de même lui rendre le mérite de s'être emparé de quelques ballons brûlants. Et si le score était nul quand M. Leloup renvoya tout le monde aux vestiaires à la mi-temps, le gardien des Girondins en portait évidemment une grande part de responsabilité.

UNE VÉRITABLE BATAILLE DE TRANCHÉE

Mais dans le domaine du jeu défensif, nous n'avions, semble-t-il, encore rien vu. De timides qu'ils étaient en première mi-temps les attaquants bordelais se transformèrent carrément en défenseurs pour jouer de la seconde. Tant et si bien que les deux équipes disputèrent cette deuxième période uniquement dans le camp bordelais. Du haut des tribunes, nous avions même l'impression de vivre un véritable gag, en voyant une masse de maillots bleus dressée devant Bergeroo, et, en face, les tuniques blanches de l'O.M. s'évertuant à forcer le barrage. Une domination comme on en a vu rarement et qui devenait même crispante pour les spectateurs. Ce n'était plus du football, c'était une véritable guerre de tranchées au cours de laquelle d'ailleurs M. Leloup prenait la décision d'expulser Eyquem, le stoppeur bordelais, pour des interventions "rugueuses" et répétées sur l'infortuné Boubacar.

On pensait donc qu'il n'y aura pas de justice au terme de cette rencontre, quand soudain Baconnier, qui avait pris la place de Truqui, adressa de 25 bons mètres un tir tendu qui, cette fois, s'engouffrait enfin dans la lucarne. Bergeroo était battu et l'O.M. tenait une courte victoire. Mais il avait fallu attendre 85 minutes exactement pour en arriver là. 85 minutes d'un match pratiquement à sens unique. Une rencontre au cours de laquelle, signalons-le, l'O.M. avait paru en excellente condition, aussi bien physique que moral. Bien sur, le but de Bacconnier peut paraître un peu juste quand on songe qu'il faudra maintenant rendre visite à ses coriaces Girondins. Cependant, la santé affichée hier soir par l'O.M. laisse espérer que l'équipe marseillaise est encore bien capable de rendre à son rival la monnaie de sa pièce. Et même si, comme nous le signalons en début de cet article, le championnat n'est pas la Coupe, les Olympiens ont quand même fait la preuve hier soir qu'ils étaient les plus forts. De quoi attendre la suite, en somme, avec un certain optimisme.

Jean FERRARA

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Ballottage défavorable

"Il nous faudra deux buts d'avance avant le match retour", avait dit Josip Skoblar, vendredi.

"Si nous pouvions en avoir trois, ça ne serait peut-être pas plus mal" avait ajouté Boubacar qui est de la sagesse même.

Le directeur sportif et l'ailier marseillais avaient donc annoncé la couleur.

Il fallait faire feu de tout bois pour distancer l'équipe girondine et pour envisager le match retour avec une certaine sérénité et un optimisme certain.

À la lecture du résultat, chacun aura compris que cet objectif n'a pas été atteint.

1 à 0 c'est peu, c'est même très peu.

Rendons pourtant aux Phocéens si, en fin de compte, Bergeroo n'est allé chercher qu'une fois la balle au fond de ses filets, ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé.

Cent fois, mille fois, les Olympiens avec une belle constance ont remis sur le métier leur ouvrage.

Ils ont tout tenté. Des tirs de loin, des tirs de près, des centres liftés, des balles en cloche, des déviations, des dribbles, bref toute la gamme, du beau et bon football offensive. Et tout ça pour rien, ou presque, si l'on excepte ce tir victorieux de Bacconnier, ce but qui est arrivé au moment ou on l'attendait le moins.

Il faut dire que Bordeaux n'était pas venu pour assurer le spectacle.

"Nous essaierons de limiter les dégâts" avait dit Robert Buigues et les siens. Ils ont fait mieux que ça. Regroupés à onze dans la surface de réparation avant l'expulsion d'Eyquem, puis à 10 par la suite, ils se contentés de défendre aveuglement leurs buts. Et vogue la galère.

Ce n'était peut-être pas très beau. Mais ce fut réaliste.

Ainsi avant le match retour, les données du problème sont simples. Il faudra aux uns, aux Bordelais, marquer deux buts sans en concéder un seul.

Il faudra aux autres, aux Marseillais, essayer de tromper au moins une fois Bergeroo, pour se mettre pratiquement à l'abri.

Autant dire que tout est possible.

Et que, pour les uns comme pour les autres, plus dure sera la chute. N'empêche que les Marseillais ont peut-être hier soir, raté le coche et l'occasion de se mettre définitivement à l'abri.

Pour envisager un avenir sans nuages, l'O.M., dans ce premier tour, aurait dû faire le plein des buts. Il n'a pas réussi dans son entreprise.

Bien sûr, on attend le sursaut olympien.

Mais bien que ballottés, les Bordelais vont se retrouver en ballottage favorable. Pour l'O.M., le deuxième tour s'annonce difficile.

André DE ROCCA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 Pourquoi Eyquem a-t-il été expulsé ?

- Les Bordelais qui étaient venus au stade vélodrome, pour obtenir le match nul par 0 à 0, n'ont pas lésiné sur les moyens à employer pour stopper les attaques marseillaises. À la 64e minute, Eyquem faisait un croc-en-jambe à Boubacar qui filait sur les buts. M. Leloup lui donnait un avertissement. La sanction était peut-être sévère, mais on ne peut pas dire qu'elle était imméritée. Le drame, pour le défenseur bordelais, c'est que dans la minute suivante, et alors que Boubacar, une fois de plus, lui avait faussé compagnie, il renouvela son geste d'antijeu. M. Leloup qui avait sanctionné la faute précédente, par un avertissement, ne pouvait laisser passer celle-là, il n'avait qu'une solution, sortir le carton rouge, c'est ce qu'il fit. On aura d'ailleurs noté que les protestations bordelaises furent bien timides en vérité.

  L'O.M. se qualifiera-t-il ?

Évidemment, si nous connaissions déjà la réponse à cette question, nous ferions un autre métier que celui de journaliste. En fait, il est bien difficile de se faire une opinion. Il faut se contenter d'analyser le résultat. 1 à 0 à Marseille, cela veut dire que pour le match retour, les Bordelais s'ils veulent se qualifier, devront au moins marquer deux buts sans en concéder un. On peut donc considérer qu'en gagnant à domicile par 1 à 0, les Marseillais n'ont réussi qu'à moitié dans leur objectif qui était, on le sait, d'effectuer le déplacement en terre girondine, avec au minimum deux buts d'avance. Ceci dit, rien n'est joué et la soirée de mercredi s'annonce chaude, très chaude même ; il va y avoir de l'ambiance en Gironde dans quatre jours.

  Que penser du match timide de Berdoll ?

Marc Berdoll n'a pas fait, c'est vrai, un grand match, hier soir, contre les Girondins de Bordeaux. En fait, cela s'explique aisément et au moins pour deux raisons :

La première c'est que les Bordelais, dès le coup d'envoi, avaient détaché deux hommes à ses basques qui ne le quittèrent pratiquement jamais d'une semelle. La deuxième c'est que le jeu s'était situé tout au long du match dans la surface de réparation bordelaise. Il y avait beaucoup de monde et peu d'espaces et l'on sait que Berdoll a justement besoin de beaucoup d'espace pour extérioriser ses qualités qui sont la vitesse et la spontanéité. Sans vouloir préjuger de l'avenir, il est possible que pour le match retour, Berdoll soit beaucoup plus à l'aise qu'il ne le fut hier soir.

A. de R.

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Robert BUIGUES :

"Rien n'est joué"

Contrairement à ce que l'on pouvait attendre ce n'était pas l'euphorie dans les vestiaires bordelais. Pourtant une défaite par un tout petit but d'écart aurait pu être considérée par Couecou et ses hommes comme une excellente performance.

En fait, Robert Buigues nous a expliqué pourquoi lui et les siens préféraient encore attendre quelques jours avant de laisser véritablement éclater leur joie : "1 à 0, c'est bien, nous a-t-il dit, mais tout reste encore à faire. Ce soir le match a été très dur, nous pouvons nous estimer satisfaits du score, mais nous ne perdons pas de vue qu'au retour pour nous qualifier il faudra que nous marquions deux buts sans en concéder un seul. À vrai dire, je pense que le match retour pour nous sera aussi difficile sinon plus ce que le fut celui d'hier. N'oublions pas, en effet, que si nous voulons tromper à deux reprises Migeon, nous serons forcés de prendre certains risques offensifs et les Marseillais, qui cette saison nous ont déjà battu trois fois, peuvent très bien nous piéger en jouant le contre, un exercice dans lequel paraît-il ils sont passés maîtres.

Robert Buigues, on le voit, était loin, hier soir de crier victoire. Pour ce qui est de l'expulsion de Eyquem, les avis dans les vestiaires bordelais, étaient partagés.

Quelques uns critiquaient la décision de l'arbitre, d'autres estimaient que la sanction était juste. Ce qui revient à dire que M. Leloup n'a sans doute pas eu tort de sortir le carton rouge.

A. de R.

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SKOBLAR : "On se qualifiera quand même !"

Bizarre, bizarre. Les vestiaires marseillais étaient pour une fois quasiment déserts, comme ils le sont immanquablement les soirs de défaite.

Ceux qui les fréquentent habituellement auraient-ils considéré ce maigre résultat comme un échec ? Les journalistes, en tout cas, ne s'en sont pas plaints et ont pu travailler beaucoup plus facilement.

Voyons donc le point de vue des un et des autres.

SKOBLAR : "BON ESPOIR"

C'était un match difficile. Les Bordelais ont joué tous franchement derrière et nous n'avons pas été payés de nos efforts. J'avais dit que pour aller à Bordeaux l'esprit tranquille il nous fallait gagner ce soir par 2 à 0. C'était vraiment à notre portée, car nous avons passé le match sur le but adverse. Néanmoins, si nous jouons sur notre valeur je suis persuadé que nous pouvons faire quelque chose d'intéressant mercredi, peut-être pas gagné, mais en tout cas nous qualifier. Car les Girondins seront bien obligés d'ouvrir le jeu cette fois. Je sais que leurs attaquants de pointe peuvent être dangereux, mais les nôtres aussi. Le tout sera de conserver son calme et de poser le jeu au maximum".

BRACCI : "LA COUPE C'EST AUTRE CHOSE"

La Coupe c'est vraiment différent. Aucune comparaison avec l'état d'esprit du championnat, ce qui explique que les Bordelais s'en sont beaucoup mieux tirés que lors de leur dernière visite. En ce qui nous concerne, nous avons mal pris le match en main. Si nous avions réussi à faire durant toute la partie un forcing comparable à celui de la dernière demi-heure cela aurait été beaucoup plus facile et sans doute plus payant aussi pour nous. Mais nous avons abordé ce match trop en dedans de nous-mêmes. Nous n'avons pas assez provoqué les fautes de l'adversaire. Maintenant à Bordeaux il faudra, à mon avis, jouer de notre façon mais surtout pas nous masser en défense en essayant de conserver ce petit avantage.

ZVUNKA : "ILS SE MÉFIAIENT"

Ce score fleuve du championnat nous a rendu un mauvais service ce soir. Car les Bordelais se méfiaient visiblement et ils étaient venus ici pour limiter les dégâts. Ils nous aurait fallu marquer un but d'entrée. Mais, même à 1 à 0, ils seraient peut-être restés tout de même derrière. La seule consolation c'est que, au match retour, ils seront forcés de "se découvrir".

BERDOLL : "BRAVO M. LELOUP"

Moi je dirais bravo à l'arbitre. Ce n'est pas tous les jours que les attaquants se trouvent aussi bien protégés. Il y a eu beaucoup de fautes commises contre nous et j'estime normal que lorsqu'on commet des agressions répétées, on en subisse les conséquences. Tout ce que je souhaite, c'est que l'arbitre se montre tout aussi intransigeant mercredi à Bordeaux.

FLORES : "RIEN N'EST PERDU"

C'est un résultat décevant car un ou deux buts de plus en notre faveur n'auraient vraiment pas été immérités. Toutefois rien n'est perdu car ces derniers temps de surtout, nous jouons presque aussi bien à l'extérieur qu'à domicile. Et puis les Bordelais n'ont marqué ici, le moindre petit but que nous obtiendrons mercredi, prendrait de ce fait une valeur double.

FERNANDEZ : "CE SERA DUR"

Moi, je pense qu'un match très difficile nous attend là-bas : les Bordelais vont être déchaînés, et notre avance est bien maigre. C'est pourquoi je regrette d'autant plus toutes les occasions que nous n'avons pas su concrétiser et ce penalty flagrant qui de m'a pas été accordé. J'ai pourtant été victime d'un croc-en-jambe, mais lorsque j'ai demandé à l'arbitre pourquoi il n'avait pas sifflé, il m'a répondu : "Ce serait trop facile..."

Enfin, peut-être n'avait-il pas vu la faute...

"La grande différence, en tout cas, entre le championnat et la Coupe de France, c'est que lors du dernier match les Bordelais avaient commencé à se découvrir, lorsque nous avions remarqué la tâche par la suite. Alors que là, ils sont restés du début à la fin devant leur but.

MARKOVIC : "CONTENT"

"Eh bien, moi je suis content. Trois matches contre Bordeaux, trois victoires et sept buts à un au goal average. Que demander de plus ? J'attends la suite tout simplement. Bordeaux n'est pas une mauvaise équipe puisqu'elle a battu Nantes en Championnat de France. Ce soir ils ont fait un match défensif et la chance n'était pas avec nous. Mais on a gagné quand même. Ça suffit en bonheur pour le moment".

TRÉSOR : "QUAND MÊME UN AVANTAGE"

D'accord nous n'avons qu'un seul but d'avance ? Mais c'est tout de même mieux que d'en avoir un de retard ou d'être à 0 à 0 comme nous l'étions à cinq minutes de la fin. Maintenant la parole est aux Bordelais et c'est à nous de leur répondre. Et compte tenu du nombre d'occasions de buts que nous avons eu hier soir, je crois que nous avons notre mot à dire.

Alain PECHERAL

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TRUQUI claqué

Jean-Pierre Truqui a du quitté le terrain au cours de la première mi-temps en boitant bas. Nous l'avons trouvé aux vestiaires la cuisse recouverte d'un gros emplâtre : "Je me suis claqué tout seul, devait-il nous dire, tout bêtement, en effectuant un démarrage et, bien entendu, je vais devoir rester quelque temps au repos".

Il est probable donc qu'il ne sera pas en mesure de tenir sa place mercredi pour le match retour.

A.P.

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M. Leloup : "La décision qui s'imposait"

"Une expulsion c'est un événement assez rare mais en l'occurrence elle se justifiait parfaitement. Le stoppeur bordelais venait de commettre une faute caractérisée sur Boubacar et de recevoir un carton jaune lorsque il a récidivé dans des conditions rigoureusement similaires deux minutes plus tard. Il n'y avait donc qu'une solution possible dans ce cas et c'était l'expulsion. Pour le reste, ce match qui était un match de Coupe, ne l'oublions pas, s'est joué avec beaucoup d'engagement de part et d'autre, mais de façon assez correcte néanmoins".

A.P.

 

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