Résumé La Marseillaise du 19 mai 1952 |
L'O.M. "METAMORPHOSE" ECRASE BORDEAUX Andersson marque 3 buts GRANSARD et MESAS Furent les meilleurs Olympiens |
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De quels qualificatifs pouvons-nous user pour louer comme il se doit la victoire élogieuse de l'O.M. sur un Bordeaux en course pour le titre de champion de France et finaliste de la Coupe ? Il est difficile de prévoir, en effet, après les dernières productions de l'O.M. sur son terrain, une telle débauche de volonté, de jeu bien ordonné et un résultat aussi probant. Car sur le "jugé" de la partie, on ne peut décemment invoquer un "laisser-aller" de la part des Girondins. Ceux-ci invoqueront sans doute les absences de Swietek, Kargu et Persillon, mais il est incontestable que l'O.M. d'hier avait disposé de Bordeaux, nanti de tous ces éléments. Et l'on en viendra à regretter qu'un tel allant, un tel désir de vaincre alliés à une technique qui ne s'était pas fait jour depuis longtemps, n'aient pas présidé aux luttes antérieures. À quelle cause doit-on ce revirement complet de la manière marseillaise ? Devant Reims, l'O.M. pris de court, ne laissa manoeuvrer par les rapides avants champenois. Monopolisant la balle, Reims faisait "courir". Et l'O.M. s'épuisant devait finalement se laisser "engloutir". Au contraire, devant Bordeaux, mécanique puissante mais lourde, donc lente, l'O.M. prit immédiatement initiative. L'attaque girondine, sevrée de balle ne put "s'émanciper" alors que la défense, peu mobile, éprouvait de sérieuses difficultés à "contrer" les rushes adverses. Scotti en capitaine avisé, qui parut "emprunté" à l'intérieur devant Reims, imprégna un rythme rapide et, dès la 2me minute, après un échange avec Mesas et Alarcon tirait -déjà- au but. GRANSARD JUGULE DE HARDER Autre motif de satisfaction, la rentrée de Gransart. Le jeune arrière allait se révéler un élément dominant dans le débat. Marquant habituellement le "talentueux" De Harder, le "reléguant" à un rôle de comparse, Gransart assura l'arrière défense avec autorité que n'aurait pas désavouée certains chevronnés. Et il se peut qu'il soit à l'origine du penalty "raté" par l'ailier bordelais. ... ET MESAS OUVRE LE SCORE Un autre élément jeune s'est particulièrement mis en évidence. Nous voulions parler de Mesas. Bien que numéro "11", l'impulsif joueur opéra au poste de leader. Il fut un "poison" permanent pour l'immense Garriga, se joua très souvent de lui et se permettant d'ouvrir le score sur un service d'Andersson à la 8me minute. Cet exploit salué par une belle ovation -méritée- allait être suivi par bien d'autres. En effet, s'il ne participa plus à la conclusion, il fut à l'origine de très nombreuses actions qui amenèrent soit des buts, soit des phases particulièrement dangereuses pour Bordeaux. C'est ainsi qu'à la 17me minute, servi dans le trou, il laissa sur place ses opposants et son tir au ras du sol, battait Villenave, mais sortait de peu à côté. DEUX BUTS PAR ALARCON ET ANDERSSON Le tandem "étranger" de l'O.M. allait assurer dès la première mi-temps, le succès de l'O.M. Une minute après la phase ci-dessus, l'O.M. bénéficiait de coup franc. Bien donnée par Lanfranchi, il était réceptionné par Alarcon qui de volée fusillait littéralement Villenave impuissant. Et bien que Bordeaux accéléra, Baillot, Doye, De Harder, alimentés par un Gallice très actif, ne pouvaient se libérer des défenseurs marseillais, demis y compris. ... ET UN "PENALTY" MANQUE PAR DE HARDER Et pourtant Bordeaux avait la possibilité de rétablir une situation qui s'avérait déjà bien compromise. Abder, dans un réflexe malheureux, touchait la balle de la main dans la surface. Penalty ! Tandis que l'arrière central pleurait à chaudes à l'arme sur son geste, les Bordelais laissaient le soin à De Harder de le tirer. Sans doute pour améliorer l'actif du Hollandais, rival direct d'Andersson pour le titre -et la prime- de meilleur buteur. Initiative malheureuse, car la balle allait échouer à côté des filets. |
Le drame était joué, car l'O.M. reparti de plus belle et quinze minutes plus tard, Andersson, servi par Mesas inscrivait son premier but de la partie, le troisième pour l'O.M. Et à la mi-temps survenait sur ce se score, largement méritée. C'est sous les applaudissements unanimes que les joueurs marseillais quittaient la pelouse pour les vestiaires. Que réservait la deuxième partie de jeu ? Certes, l'O.M. avait scoré par trois fois au cours des 45 premières minutes. Il en restait autant et Bordeaux pouvait se reprendre. Quelle que soit la suite, l'O.M. avait retrouvé l'estime de ses supporters. BORDEAUX MODIFIE SA FORMATION À la reprise, ont constaté que Baillot opérait au poste d'avant-centre - place ou il s'illustra lors de la finale de la coupe. Il etait secondé par Garriga à l'intérieur droit, Gallice devenant demi et Lukac arrière central. Ces changements ne modifièrent en rien la physionomie générale de la partie. Après un tir puissant de Doye, mis en corner par Ibrir, l'O.M. reprenait la direction du match. DARD ALERTE ANDERSSON MARQUE Mesas, Lanfranchi, Johansson, Scotti, par un travail soutenu et efficace, alertaient fréquemment -enfin- leurs ailiers. Dard "piquait" quelques sprints, alignait quelques centres jetant le désarroi chez les défenseurs bordelais. Et c'est ainsi qu'à la suite d'une touche (64me minute) il servait Alarcon. Celui-ci astucieusement donnait à Andersson entre deux adversaires médusés et le meilleur buteur de la Division Nationale avec un calme et une autorité stupéfiante plaçait tout dou... tout doucement la ball edans les filets de Villenave. L'O.M. menait par quatre à zéro. SCOTTI A SON TOUR ET ENCORE ANDERSSON Bordeaux malmené de la sorte, vexé, attaquait plus furieusement. Pendant dix minutes, il harcela le bastion défensif marseillais. Mais celui-ci était sans fissures. Il résistait à tous les assauts. Découragés, décontenancés, les Girondins ralentirent leur action, ne se replièrent plus. L'O.M. desserra l'étreinte. Scotti, à nouveau, amorça de fréquentes attaques et sur l'une d'elles (83e minute) après avoir était à son origine, il en assura la conclusion en inscrivant le 5me but de la partie, après un travail splendide d'Andersson. Cinq minutes plus tard, le talentueux suédois clôturé la marque par un 6me but, réussissant le "coup du chapeau". Ce dernier tir victorieux consommant l'écrasement de Bordeaux fut salué d'interminables ovations, ovations plus que méritées car la manière avec laquelle Andersson médusa Meynieu d'abord, Lukac ensuite pour battre Villenave d'un tir aussi précis que puissant, fut "sensationnel". SATISFACTION ET... ESPOIR Il serait difficile de "sortir" plus particulièrement un joueur marseillais. Nous les engloberons tous dans le même concert d'éloges en espérant et souhaitant que dans le cas où ils se trouveraient dans l'obligation de disputer les "barrages", ils opèrent de la même façon. Même Nice face à une "telle équipe" pourrait éprouver une amère déconvenue. Toutefois, après avoir réitéré nos louanges au maître Andersson, nous ne pouvons passer sous silence la brillante tenue des "espoirs" Gransart et Mesas qui ont contribué pour une large part au succès olympien. A. AULAGNIER |
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du 19 mai 1952 |