Résumé Le Provencal du 15 décembre 1952 |
L'O.M., RETROUVE SA FURIA ET BAT NETTEMENT ROUBAIX (4-2) Mais le onze olympien a fait preuve d'un incompréhensible relâchement alors qu'il pouvait écraser les nordistes |
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OM - C.O.R.T. se présentait, à l'origine, comme duel acharné, indécis, et si les locaux avaient la faveur logique du pronostic, on s'attendait à une défense désespérée du C.O.R.T., dont on pouvait redouter un emploi abusif du béton. Mais il est vrai que le sport, surtout un match de football, échappe à toutes les règles. Un O.M. plus vigoureux Dimanche dernier, à Nîmes, les olympiens donnaient l'impression d'avoir été changés en statues de sel, ils étaient pétrifiés, maladroits, mal inspirés. Hier, changement intégral ! Dès les premières minutes, nous avons compris que l'Olympique avait retrouvé toute sa vigueur, toute sa furia. Les défenseurs dégagèrent avec davantage de précision, les attaquants ouvraient avec plus de perçant ! La réussite d'Andersson L'attaque roubaisienne ne paraissait pas très dangereuse et il est certain qu'elle n'avait pas l'air de croire à sa chance, Simonyi jouer en retrait, l'aile droite était terne et en définitive, un seul homme semblait inspiré quelques sujets de crainte aux défenseurs marseillais : le Luxembourgeois Letsch, qui suivait toutes les balles ! Par contre, la ligne offensive des blancs, bien emmenés par deux hommes ne fut pas long à s'imposer. Andersson, avec qui dame fortune ne sourit plus, à retrouver le chemin de la réussite. Le Suédois, par exemple, s'est avéré un maître de l'opportunisme, en récupérant deux balles que Da Rui, avec maestria, avait repoussé - malheureusement pour lui - dans ses pieds ! Rustichelli, s'il ne fut pas à son aise devant le madré Campo a redoré son blason aux dépens de Colliot. Il a mystifié à plusieurs reprises son volontaire opposant. Son stratagème, qui amena le second but, et un modèle du genre. |
Quinze minutes infernales Plus rapides sur la balle, dotés d'un meilleur tackle, plus entreprenants, opérant d'une façon jeune, dynamique, hardie, les Olympiens ont étouffé les Nordistes au commencement du second half. À ce moment-là, pendant 25 minutes, il n'y eut plus qu'une formation sur le terrain ; le C.O.R.T. subissait la loi implacable son adversaire, et Da Rui vécu dix minutes infernales. Et s'il n'encaissa que deux buts pendant ce laps de temps, il le dut à son audace, son expérience, son aplomb. À la 53me minute, il dégagea au poing sur un bolide Andersson ; 2 minutes plus tard, il concéda un corner sur un essai de Dard et à la 67me minute, sorti de sa cage, il eut la chance que le même joueur olympien manque l'encadrement des bois ! Incompréhensible relâchement Les hommes de Scotti menant par 4 à 0, pouvait envisager l'écrasement de leur adversaire. Le C.O.R.T. était à genoux encore un coup et il était achevé. C'est alors que se produisit un incompréhensible relâchement dans les rangs phocéens. Les Marseillais crurent trop tôt que les boys de Da Rui était dépourvu de tout ressort. Ils commencèrent à s'amuser, à faire des fioritures. Cette trop grande confiance, cette assurance bien humaine coûta deux buts à l'O.M., car il avait oublié qu'un sursaut, du à l'amour-propre bafoué, peut causer de désastreuse surprise ! L'Olympique a remporté un net succès que personne ne peut mettre en doute, mais l'a terni quelque peu par sa fin de partie ! Alain DELCROIX |
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LE MATCH AU CHRONOMETRE |
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Les olympiens avaient quatre buts d'avance à la 62e minute |
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Fiche technique : terrain légèrement glissant ; ciel couvert, arbitrage acceptable de M. Le Men ; recette : 3.800.000 franc ; spectateurs 14.600. Équipe O.M. : Poncet ; Gransart, Nocentini ; Mesas, Johansson, Scotti ; Rustichelli, Lanfranchi, Andersson, Mercurio, Dard. Roubaix : Da Rui ; Gianessi, Collot, Fructuoso, Delepaut ; Boury, Tison, Bohee, Simonyi, Meresse, Lestch. Le jeu, au début, n'est pas d'une qualité exceptionnelle, les deux équipes s'observent ; à la 15ème minute Rustichelli fonce seul, balle au pied ; Da Rui plonge et s'empare du cuir. À la 18ème minute, Scotti lance Andersson qui dévie sur Rustichelli ; celui-ci redonne la sphère ; le Suédois shoote de plein fouet ; Dard lui renvoi du pied gauche, Andersson reprend et score. O.M. : 1 - C.O.R.T. : 0. À la 36ème minute, Rustichelli feinte Collot ; Darui ferme l'angle de tir mais l'ailier astucieusement, donne la balle en retrait à Andersson, qui de deux mètres tire et laisse pantois le keeper nordiste. O.M. : 2 - C.O.R.T. : 0. À la reprise, Gianessi s'exile à l'aile gauche, tandis que Meresse le remplace à l'arrière droit. |
L'O.M. est maître de la situation et domine largement et pendant un quart d'heure déborde l'ennemi. À la 58ème minute, une magnifique combinaison Scotti, Andersson, Rustichelli, terminé par une passe redoublée des deux avants phocéens, est ponctuée d'un troisième but. Rustichelli fusillant Da Rui de dix mètres. O.M. : 3 - C.O.R.T. : 0. Quatre minutes s'écoulent et Scotti sert Mercurio en position d'intérieur droit ; celui-ci s'avance jusqu'à la ligne blanche et centre au cordeau sur Andersson qui tire ; Da Rui repousse le cuir, mais le Suédois reprend encore et marque. O.M. : 4 - C.O.R.T. : 0 L'Olympique dessert son étreint et à la 70ème minute, Boury après avoir dribblé Mesas, trompe Poncet. O.M. : 4 - C.O.R.T. : 1. Enfin, à la 80ème minute, Simonyi, d'un tir plongeant, bat le goal de l'O.M. O.M. : 4 - C.O.R.T. : 2 |
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Comment ils ont joué |
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NOCENTINI (ardeur), SCOTTI (organisation) ANDERSSON (réussite), RUSTICHELLI (autorité) |
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À l'O.M. en défense Nocentini, toujours bien placé non seulement brida Tison, mais encore eut des interventions pleines d'à-propos. Avec sa faculté coutumière Scotti fut le plus incontesté mi-centre du terrain il fut à l'origine des offensives marquantes de son équipe. En attaque comme nous l'avons déjà dit deux joueurs émergent. Andersson qui obtient un magnifique hat-trick et Rustichelli dont la science footbalistique s'affiche un peu plus chaque dimanche. Mercurio accomplit un labeur obscur, mais dont les avants de pointe bénéficièrent. Da Rui a sauvé, sans doute, Roubaix d'un désastre, toujours sur la trajectoire de la balle, il se défendit comme un lion ; d'autres, à sa place auraient baissé les bras. Delepaut fut obstiné, ardent et s'efforça de dégager son camp en péril. Fructuoso eut une action offensive redoutable ; Letsch dans l'attaque fut le plus en vue Gianessi après un excellent début à l'arrière s'avéra un ailier par du tout empoté ! |
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Dans les vestiaires |
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DARUI : "Le public marseillais ne comprend pas la plaisanterie" |
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Après la partie Julien Darui n'était pas de bonne humeur et il nous a déclaré : "Le public marseillais ne comprend pas la plaisanterie ! Le keeper a été sifflé lorsqu'il est parti la balle au pied jusqu'au milieu du terrain, il n'y avait personne devant moi alors j'ai foncé !" Letsch avoua : "L'O.M. n'était pas facile à manoeuvrer aujourd'hui !" Le vice-président Souris devait nous dire de son côté : "Marseille a une équipe qui fera parler d'elle ! Quant à nous nous avons été malchanceux". Frutoso acquiescé : "Andersson est un drôle de veinard ! Il a repris des balles impossibles". À l'Olympique on a accueilli la victoire avec plaisir mais sans démonstration délirante de joie. Roessler : "Nous avons manqué une belle occasion d'améliorer notre goal average !" Poncet : "Nous avons eu le tort de laisser courir à la fin!" Dard : "Je n'ai pas eu de chance avec mes tirs aux buts. J'aurais bien du marqué une fois". Lanfranchi : "Avec un peu plus de réussite nous pouvions réussir un carton !" Mercurio : "Le C.O.R.T. méritait d'en prendre trois de plus !" |