Résumé Le Provencal du 29 janvier 1953 |
Seize mille spectateurs hier à midi, au Stade Vélodrome, (3.700.fr de recette) pour assister à une rencontre terne, qui ne colora que dans le dernier quart d'heure. Le STADE bétonna à outrance et paraissait parvenir à ses fins lorsque ANDERSON, le "diable boiteux" marqua pour l'O.M. (compte rendu : Alain DELCROIX) |
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Les Stadistes n'était pas venus à Marseille avec des ambitions démesurées et des les premières minutes de jeu on comprit clairement qu'ils misaient leur chance dans un gentil match nul. Et les hommes de Delfour appliquant de sévères consignes commencèrent à bétonner copieusement dès le premier coup de sifflet de M. Harzig. Vernier et Favre opéraient très repliés et trois hommes demeuraient seuls en pointe. Les Parisiens ayant manifesté clairement leur prudence, qu'ils ne pouvaient faire autrement que de subir la loi de leurs adversaires. Mais ce n'était pas une loi très sévère car les Marseillais se contentant d'une copieuse domination territoriale semblaient se désintéresser au tableau d'affichage ! Ainsi sans s'en rendre compte ils entraient dans le plan de leurs opposants. Certes ils monopolisaient la balle mais les passes étaient mal assurées, tombaient souvent dans les pieds des Parisiens et puis les avants n'avaient pas beaucoup de punch. Colonna, Gaulon gardiens vigilants De plus les quelques rencontres entreprises sérieuses des Phocéens se heurtaient à deux gardiens vigilants Colonna et Gaulon. Le premier doué d'une merveilleuse vista fermait l'angle de tir, se trouvait sur la trajectoire de la balle, il imposa notamment sur un essai dangereux de Lanfranchi à la 4me minute ! Gaulon pour sa part flegmatique et habile "décongestionnait" ses dix-huit mètres, même le jeune Thieffine abattait une besogne inlassable. Il collait véritablement au corps d'Andersson ! |
Une heure s'écoula ainsi et l'on s'acheminait tranquillement vers un nul, lorsqu'il est eu le coup de trompette de Gunnar ! Le diable boiteux C'est le titre d'un roman célèbre du XVIIIe siècle mais c'est aussi le surnom qu'il convient de décerner à Gunnar Andersson. Lorsqu'il fut blessé au talon dans un choc avec Brezniak on crut sincèrement qu'il se contenterait d'un rôle passif jusqu'à la fin mais c'était mal connaître son courage. À la 77me minute en dépit de la douleur qui le harcelait, il triompha de son mal pour crocheter Thieffine et battre Colonna. Cet esprit réveilla l'enthousiasme du public qui s'était assoupi dans une tiède atmosphère ! Il eut le don de décourager les Parisiens et de réveiller les énergies amorphes des Marseillais ! Et il faisait preuve d'un magnifique bon sens ce supporter qui s'écria à ce moment-là : "Même mort ce Gunnar, il marquera encore des buts ! Un jeu étriqué Les assauts olympiens ont manqué d'envergure, ils étaient trop concentrés vers le centre pour déséquilibrer une défense bien groupée décidée à mettre en échec par tous les moyens les tentatives de l'ennemi. L'Olympique a ramené deux points mais il a fourni une prestation qui a déçu ses plus inébranlables partisans ! |
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LE MATCH AU CHRONOMETRE |
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10' avant la fin Andersson trompa Colonna |
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Le stade et l'O.M. ont fait leur apparition à 12h35. Les Parisiens alignèrent : Colonna, Grillon, Drouet ; Brezniak, Thieffine, Gaulon ; Jonsson, Vernier, Vandooren, Favre, Beaucomont. Les Olympiens présentèrent : Ibrir ; Gransart, Salem ; Nocentini, Johansson, Scotti ; Rustichelli, Lanfranchi, Andersson, Mesas, Moreel. À la 22me minute, Lanfranchi dribble les deux arrières Stadistes et décoche un tir puissant que Colonna bloque spectaculairement. Huit minutes s'écoulent et Mesas tente sa chance. À la reprise la pression marseillaise se poursuit. À la 67e minute, Andersson, sur une passe de Scotti, fonce, son bolide s'écrasait sur les filets ; il est fauché par Brezniak et se met à boiter. Rentre une dizaine de minutes plus tard ; c'est alors qu'à la 81me minute, il est lancé par Scotti, il glisse le cuir à Rustichelli ce dernier lui redonne, Andersson crochète Thieffine et de près, bat Colonna. La défaite stadiste est consommée ! |
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CE QU'ILS DISENT |
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SCOTTI : "Trop de balle à l'adversaire !" |
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Les Olympiens, transpirants et sales, n'étaient pas mécontents que le match soit terminé. L'entraîneur Roessler nous confia en arborant - cela se conçoit, une mine soucieuse - : "Il était temps que nous marquions, j'ai eu peur que nous n'y parvenions pas !" Scotti sous la douche, nous déclara : "Aujourd'hui nous n'avons pas bien terminé nos actions et surtout nous avons donné trop de balle adversaire !" Lanfranchi se lamentait : "Je n'ai pas de chance car je pouvais marquer un but". Rustichelli constatait franchement : "Nous avons mal joué". Quant à Nocentini, il pestait : "C'est difficile de jouer contre des bétonneurs pareils !" Au camp stadiste, autre son de cloche évidemment. M. Chambure formulait des regrets : "Ah ! si Johansson avait eu ses deux jambes valides quand il a eu une occasion à la dernière minute !" Delfour disait avec ironie : "Pour une partie de "quilles" ce fut une jolie partie de "quilles". Colonna se désespérait : "On ne peut pas gagner quand on joue la défense à outrance, comme nous lavons fait" et Gaulon acquiescer : "Il ne s'en est manqué d'un rien que nous ramenions un point". |
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Moreel : "J'avais le trac mais je ne suis pas mécontent !" |
Georges Moreel a fait une entrée honorable et après le match une déclara : "J'avais un train que fou. Je ne me suis pas donné à fond, mais je vous avoue que je ne me suis pas trop mécontent !" Jouera-t-il dimanche ? Je n'y tiens pas beaucoup par contre, Roessler le désire. |
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SALEM, ANDERSSON, RUSTICHELLI, LANFRANCHI : "éclairs dans un onze gris" |
Ibrir, n'a pas commis de faute mais les avants stadiums facilitèrent sa tache. Gransart a eu de l'ouvrage avec Beaucomont. Salem était dans un bon jour et ne manqua pas une balle ! Nocentini fut ardent, généreux. Johansson n'eut pas un labeur formidable avec Vandooren. Scotti ne fut pas très actif, joua avec facilité. Rustichelli, départ difficile retrouva sa verve dans la dernière demi-heure. Lanfranchi fit beaucoup de travail mais certaines de ses passes allèrent à adversaire. Andersson peu en relief a pourtant gagné le match. Mesas dépensa beaucoup d'énergie mais ne chercha pas à construire. Moreel fut assez timoré mais on ne pouvait exiger beaucoup de lui après 4 mois d'inaction. Au Stade, Colonna, Thieffine, Gaulon furent les plus en vue. |