Résumé Le Provencal du 12 janvier 1953 |
L'O.M. régulièrement battu à Rennes par 3 buts à 1 Les Marseillais dominés copieusement en première mi-temps se reprirent trop tard après un match de qualité médiocre (De notre envoyé spécial à Rennes : Alain DELCROIX) |
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Le match O.M. - Rennes fut sans doute, favorisé par un temps agréable pour la saison et par un terrain relativement souple. On s'attendait à une empoignade farouche étant donné que les deux adversaires en présence, battus lors de leur dernier match en championnat, avaient besoin d'un succès pour améliorer un classement, somme toute moyen. Les dirigeants et les supporters rennais n'affichaient pas, avant la rencontre, un profond optimisme et l'un d'eux devait même nous confier sur un ton chargé d'amertume : "Si Marseille ne gagne pas cette rencontre il n'en gagnera plus jamais cette saison à l'extérieur". Les augures se présentaient donc très favorablement pour les Olympiens mais dès les premières minutes de jeu, nous avons compris qu'il en serait autrement. Brouillons mais entêtés, les Bretons avaient à coeur de se racheter du lamentable désastre subi paroles, la semaine dernière à Bordeaux où ils furent écrasés rappelons-le, sur le score fleuve de 7 à 0. Mais ils affrontèrent ce match avec une fois exceptionnelle. Certes, ils ne pratiquèrent pas un grand football, leurs envolées n'étaient pas artistiques et manquaient certainement de classicisme mais, accrocheurs et entêtés, ils s'avéraient plus rapides que les Marseillais dans la conquête de la balle, et réussissaient à obtenir une domination territoriale presque constante au cours de la première mi-temps. Par bonheur pour les Marseillais, même les avants les plus dangereux de la ligne d'attaque rennaise, c'est-à-dire Le Gall et Poulain, se montraient brouillons et manquaient réellement de précision dans leurs tirs ; et nous aurions pu assister à cette situation paradoxale, c'est-à-dire voir l'Olympique de Marseille à égalité à la mi-temps, après avoir subi la loi de l'adversaire. Un tir décisif A la 17me minute de la partie, nous avons assisté, sans aucun doute, à l'instant critique et décisif pour les Phocéens. |
Un shot magnifiques d'Andersson s'écrasa sur le montant droit des poteaux de Pinat et si Rustichelli avait pu reprendre la balle avec davantage de force, le gardien de but rennais aurait été sans doute battu et la face du match pouvait en être changée. La réussite : pour les Rennais La défense marseillaise commit maintes fautes en première mi-temps et les "toiles" et les mauvais dégagements foisonnèrent. Les défenseurs ne faisaient pas preuve de suffisamment d'énergie, de vivacité dans leurs interventions et leurs tacs laissaient à désirer. Il faut dire également à leur décharge que la réussite fut du côté des Bretons. En 10 minutes, les joueurs d'Artigas, jusqu'alors très imprécis dans leurs essais aux buts marquèrent à deux reprises. Le premier but de ce doublé est dû à une chanceuse reprise de Poulain qui dévia la balle grâce à sa cuisse. L'O.M. imposa sa technique trop tard Après le 3me but, alors qu'on pouvait craindre un effondrement de la part des Olympiens, on assista au contraire un raidissement de ces derniers qui modifiant leur équipe en plaçant Scotti dans l'attaque et Mesas replié en défense, réussirent à combiner maintes offensives dangereuses. Pendant la dernière demi-heure l'O.M. imposa une technique moins primaire que celle de son adversaire. Gardant la balle à terre, Nocentini et Scotti réalisèrent quelques rushs incisifs qui ne furent malheureusement récompensés que par un seul but. Ce réveil était trop tardif et la défense rennaise concentrée sur ses bois, était sûre de ne pas concéder le match nul. L'Olympique de Marseille a joué à Rennes, l'un de ses plus mauvais matches, à l'extérieur de la saison. |
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LE MATCH AU CHRONOMETRE |
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Rennes ouvre le score et l'O.M. le clôture |
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RENNES (De notre envoyé spécial) - Le match Marseille - Rennes a débuté sous un ciel bas et gris, sous une température plutôt tempérée. 8.000 spectateurs seulement garnissaient gradins du Parc des Sports. M. Devillers arbitrait la partie. À Rennes, il y avait un changement ; le jeune Abautret, blessé contre Metz, n'effectuait pas sa rentrée et c'est Mansat qui le remplaçait. Dès le début, Rennes prenaient la direction des opérations et, à la 3me minute, un tir plongeant de Lemaitre obligeait Poncet à dégager au poing. A la 11me minute, Nikitis se servait Le Gall en profondeur. Celui-ci shootait mes Poncet plongeait et arrêtait. À la 17me minute, Nocentini ouvrait sur Andersson qui feintait Eguidazu. Il effectuait un shot tendu, lequel heurtait le montant droit de la cage. La balle revenait en jeu, Rustichelli la reprenait, shootait, mais Pinat, avec un brio extraordinaire, plongeait et sauvait une situation réellement désespérée. À la 21me minute, Le Gall s'échappait de manière dangereuse. Il tirait dans sa foulée mais manquait pourtant la cage. Trois minutes plus tard, Mansat obligeait Poncet à détourner en corner ; puis, quelques instants s'écoulaient et Poulain shootait avec vigueur. Poncet sortait, plongeait, repoussait le cuir et tombait. La cage était vide. Le Gall tiré mais heureusement pour les Marseillais, la balle sortait derrière la ligne blanche. |
La mi-temps allait être sifflet sur le score de 0 à 0 lorsqu'à la 45me minute, Maiseau en position d'ailier gauche, adressait un joli centre. Poulain réceptionnait et expédiait la balle dans les filets. C'était le premier but rennais. Poncet, masquait, n'avait pas esquissé un geste. À la reprise, Lanfranchi ratait d'un rien l'égalisation. Pinat plongé sur son shot et le stoppait. À la 50me minute, Vialleron, à 25 mètres des bois marseillais, shootait avec rigueur. Poulain déviait la balle dans sa course et prenait ainsi Poncet à contre-pied. C'était le deuxième but rennais. Cinq minutes s'écoulaient et Poncet était en danger sur un corner donné par Le Gall. Il le dégageait au poing. Mansat récupérait la sphère et d'un bolide dans le coin gauche battait le gardien marseillais. Rennes menait maintenant par 3 buts à 0. Six minutes passaient et l'Olympique réagissait enfin. Lanfranchi partait, servait l'aile droite, Andersson recevait la balle dans sa foulée et, de 25 mètres réussissait un but splendide de demi-volée. En noter jusqu'à la fin, deux essais de Mercurio (82me) et Andersson (84me) mais le score demeurait inchangé |
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Comment ils ont joué |
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LES OLYMPIENS peu brillants dans l'ensemble |
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RENNES -les Olympiens furent peu brillants dans l'ensemble mais Scotti, Nocentini et Mesas ressortirent. Poncet, dans les bois, a encaissé trois buts. Il a eu également de jolis arrêts et il semble qu'il ne pouvait arrêter aucun des buts. Gransart n'eut pas, au début, des interventions décidées comme à l'ordinaire, mais il se reprit en deuxième mi-temps et finit très fort. Salem fit un match courageux. Il avait devant lui un ailier très entreprenant. Nocentini, surtout en deuxième mi-temps s'efforça de clarifier le jeu et poussa plusieurs offensives redoutables. Johansson dégagea pas mal en touche mais ces actions manquèrent parfois de netteté. Scotti comme Nocentini s'est mis en évidence. Sans forcer outre mesure, il eut la constance d'essayer de conserver la balle à terre. Rustichelli fut assez effacé devant le rude Lemaître qui ne lui fit aucun cadeau. |
Lanfranchi s'efforça de travailler mais sans beaucoup de réussite. Andersson ne prit pas l'avantage sur l'Espagnol Eguiklazu, mais il marqua un but de toute beauté. Mercurio, après un départ pénible, fit une deuxième mi-temps plus acceptable. Mesas fit preuve de beaucoup d'activité mais garda quelquefois trop la balle. À Rennes, Pinat eut d'excellente parade ; Nuevo fit un match moyen ; Lemaître très robuste et solide fut l'un des meilleurs Rennais. Egidazu, malgré sa lenteur fut l'un des défenseurs bretons les mieux inspirés. Mansat réussit un joli but. Le reste fut quelconque. Nikitis faiblit nettement en deuxième mi-temps. Le goal rapide et toujours en action fut très redoutable pour la défense marseillaise. Villanova pas un rendement très suivi. Poulain fut efficace et réalisa deux beaux buts. Le Dreb fut moyen et Maiseau fatigué, parut très effacé. |
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JOIE CHEZ LES BRETONS |
Dans le camp rennais, régnait la joie la plus complète et l'entraîneur Artigas répétait à ses joueurs : "Bravo, les gars, vous en avez mis un coup. C'est magnifique !" Mansat qui avait effectué sa rentrée pour ce match, était heureux de son but : "Je suis vraiment fatigué mais le point que j'ai réussi me comble de bonheur ". Nicolitch qui était resté sur la touche, victime de la loi des "deux étrangers" nous disait : "Le redressement de mes camarades est splendide, je crois qu'ils ont bien mérité la victoire. Poulain rayonnait d'optimisme : "Je n'aurais jamais cru réaliser deux buts aujourd'hui mais, quand la chance est avec vous !" Enfin, l'un des dirigeants bretons, M. Simon, nous confiait : "Le résultat est à mon avis normal. Nous devions gagner au moins par un but d'écart !" |
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Roessler :" Je n'ai rien à dire |
Dans le camp marseillais, les visages, évidemment, étaient tristes. L'entraîneur Roessler semblait ruminer de sombres pensées et nous déclara : "Je vous assure que je n'ai rien à dire". Mesas, très prolixe, disait pour sa part : "Le troisième but que nous avons pris nous a coupé les jambes". Dard acquiesçait : " Je crois que le tir de Gunnar rentre, nous aurions pu mieux nous défendre !" Nocentini s'exclamait : "Les Bretons ont eu réellement de la chance". Salem essayait de remonter le moral quelque peu défaillant de ses camarades : "Il ne faut pas désespérer, les amis. Ca sera certainement mieux plus tard". |