Résumé Le Provencal

du 23 février 1953

32.000 SPECTATEURS ONT VIBRE, HIER APRS MIDI, A UN SPECTACLE COLORE ET INTERESSANT

Nous avons parlé du match phare pour qualifier le duel O.M. - Lille.

Évidemment, il ne fallait pas être grand clerc pour prédire un triomphal succès à cette opposition.

Il fut réussi dans tous les domaines. Et la phrase du président Constant le résume parfaitement : "Un temps splendide a présidé à une rencontre de choix, disputée avec une correction parfaite et dont le résultat nous comble d'aise !"

Nordistes et Provençaux avaient des motifs également valables pour faire une cour pressante à dame Victoire.

Les premiers désiraient à tout prix assurer leur poste de Dauphins tandis que les seconds voulaient demeurer invincibles au stade vélodrome.

Le rêve de Roessler a pris corps, celui de Cheuva s'est évanoui.

Ce match commença sous le "signe de la guerre totale", c'est-à-dire que les deux formations appuyèrent sur le "champignon" à fond. C'était une lutte de vitesse et de lutte à outrance. Qui le premier s'avérerait fourbu ?

L'O.M. parut affirmer ses prétentions en ouvrant le score dès la fin du premier quart d'heure grâce à Lanfranchi.

Les "Dogues" n'avaient pas encore rentré leurs crocs, mais celui-ci devaient être élimés au fur et à mesure que le match progressé. L'Olympique surtout dans le domaine offensif, a été plus rapide que son adversaire. Ses avants ont couru et ont fait courir la balle !

Le poteau suppléa souvent les keepers. Strappe en fil expérience pour Lille, Rusticchelli, Nocentini pour l'O.M.

Pour en revenir à l'inter nordiste, soulignons qu'il fut isolé, abandonné, livré à ses propres moyens au milieu d'une attaque stérile, craignant de prendre ses responsabilités et perdants des secondes précieuses dans la surface de réparation ennemie.

Les avants phocéens surent exploiter toutes les occasions qui se présentèrent à eux. Ils opérèrent dans un style généreux, ouvert et principalement réaliste.

Ils shootèrent souvent de façon dangereuse et il fallut tout le talent de Ruminski pour que le score ne fut aggravé ; nous pensons notamment à trois reprises sur des tirs de Moreel et d'Andersson !

Le Parisien, à l'aile gauche, a secondé de manière intelligente et brillante le buteur local. Il a joué avec sa tête et a tiré du gauche ! L'O.M. a enfin retrouvé l'ailier qu'il recherchait.

Gunnar Andersson a encore marqué deux buts. C'est une performance devenue banale pour le canonnier scandinave, mais hier, il avait devant lui un garde du corps athlétique, peu commode à manier, le Batave Van der Hart. Pourtant Gunnar a su découvrir les quelques dixièmes de seconde de liberté qui lui étaient nécessaire pour déclencher son bolide ! Nous nous en somme aperçu pour le second but où, dans un espace très réduit, il se débarrassa de deux hommes.

Certes, le travail de la défense olympienne fut facilité par le manque d'autorité de son adversaire, mais il est bon de noter au passage qu'elle fut hermétique, ne s'offrit aucune fantaisie et ce démena avec bonheur pour détruire dans l'oeuf toutes les entreprises flandriennes.

Des corners furent concédés par Salem, très actif, Johansson flegmatique et conscient de sa force, Scotti faisant preuve de flair surent en imposer aux "Dogues".

Et l'un de ceux-ci, Lefevre ne cachant pas son admiration, nous disait après la partie : "C'était une défense terrible, elle ne nous a pas laissé une seule chance !"

La côte de l'O.M., cette saison vient de faire un nouveau bond en avant.

LE MATCH AU CHRONOMETRE

Le match O.M. -Lille débute dans un stade comble et sous un chaud soleil printanier.

Les Marseillais jouent en bleu et dès le début sont en action.

Une jolie combinaison Scotti, Moreel se termine par un tir "nuageux" d'Andersson. À la 12', à la suite d'un coup franc botté par Dubreucq, Ibrir renvoie mal le ballon ; celle-ci est reprise par Strappe donc le shoot s'écrasé sur le poteau droit.

Une minute s'écoule et l'O.M., attaque encore. Scotti glisse le cuir à Andersson, le Suédois le passe à Dard qui échappe à Vuye et centre au cordeau. Lanfranchi reprend magnifiquement et fusille Ruminski à cinq mètres environ !

O.M. : 1 - Lille : 0

A la 19' le score manque d'un cheveu d'être aggravé, le tir de Rustichelli et rencontre le poteau droit !

Van der Hart, sauve ensuite in extremis son camp, sur un assaut d'Andersson.

À la 31' Nocentini botte à son tour sur la balle dans l'angle droit !

Ruminski a eu chaud une fois encore.

Après la mi-temps, Scotti met en corner une balle dangereuse de Lefebvre.

À la 57' minute phase inquiétante pour le L.O.S.C., Dard centre, Moreel reprend et tire, Ruminski renvoie du poing, Andersson surgit et le keeper nordiste met la balle en corner.

2' après, sur une passe de Moreel, Andersson démarre, fausse compagnie à Van der Hart et Sommerlynck, botte dans sa foulée, trompe de près le gardien lillois.

O.M. : 2 - Lille : 0

Les jeux sont faits.

Pourtant à la 69' minute sur un essai violent d'Andersson, Ruminski se met en relief, en renvoyant le cuir avec brio !

On note un tir de Moreel et enfin à la 80e minute un centre de ce joueur est réceptionné par Andersson alors en position d'ailier gauche. Il décoche un boulet de canon à ras de terre de 25 mètres. Ruminski est à nouveau battu et finalement l'O.M. bat Lille par 3 à 0

Tous les Olympiens sont à féliciter

Ibrir n'eut pas beaucoup à faire. Il ne commit qu'une seule faute et dégagea son camp avec puissance.

Gransart domina son vis-à-vis Lefevre.

Salem couvrit beaucoup de terrain et eut des interventions décidées.

Nocentini s'opposa avec succès à Vincent.

Johansson, joua d'une manière facile. Baratte ne fut pas pour lui un opposant très belliqueux.

Scotti "veilla au grain", comme de coutume.

Dard, très volontaire, très ardent, ennuya énormément Vuye.

Lanfranchi, courageux et accrocheur, ratissa nombre de balles ; marqua un joli but.

Andersson, auteur de deux buts, mis à contribution Van der Hart.

Rustichelli fit preuve de beaucoup de bonne volonté mais il ne parut pas très à l'aise à l'inter.

Moreel, fournit une remarquable prestation.

Dans l'ensemble tout les Olympiens sont à féliciter.

A Lille, Strappe et Pazur ressortirent du onze.

L'inter fut infatigable et l'arrière au tackle magnifique, décongestionnant souvent ses dix-huit mètres.

Van der Hart, solide, décdié, ne fut pas surclassé par l eterrible Gunnar ; enfin Ruminski, bien qu'ayant encaissé trois buts, a eu des arrêts splendides qui dénoncent la grande classe.

Ils disent

Visage radieux dans le camp olympien.

MOREEL transpirant nous disait : "Je suis littéralement mort mais par bonheur ça revient petit à petit !

ANDERSSON esquissait : "Je suis fatigué mais heureux !"

JOHANSSON faisait remarquer avec le sourire : "Nous avons tous bien joué et puis c'était facile car on jouait bien au football !"

IBRIR nous disait son côté : "Que raconter ? Nous sommes tellement contents d'avoir gagné de cette façon !"

L'entraîneur ROESSLER admettait sa satisfaction : " Ce fut une rencontre excessivement rapide. Tous mes hommes ont fait preuve de beaucoup de conscience !"

Chez les Lillois ont reconnaissait sportivement la défaite.

Le dirigeant Mazeller avouait : "Ce fut une magnifique partie ! Nous devons nous incliner devant le score, il est normal !"

RUMINSKI, en se rhabillant nous confié : "Ils étaient les plus forts ! Il n'y a rien à redire !"

 DUBREUCQ :

que nous !"

DUBREUCQ se forcait pour sourire : "Ils étaient meilleurs que nous ! Ils en ont fait du travail en défense !"

L'entraîneur CHEUVA très objectivement nous communiquait ses impressions : "Un beau match ! Le malheur pour nous et que notre attaque semble incapable de marquer un seul but. Elle piétine devant les bois adverses. Dans ces conditions il n'est pas question pour nous d'espérer réaliser des performances extraordinaires !"

 1.000 Marseillais

MOREEL à sortie

La sortie des "artistes" est toujours garnie. Il y avait au moins 1.000 marseillais, hier après-midi, pour attendre Moreel.

Quand l'ex-Parisien apparut des bras se tendirent vers lui et nous entendîmes des voix s'exclamer : "Georges tu as été admirable aujourd'hui ! T'en fait pas tu es sur la bonne voie !"

Et Moreel, toujours timide, semble gêné de ces intentions spontanées.

Et nous l'avons vu essuyer furtivement une larme !

 Record de recette

en championnat

On a enregistré hier 32.270 spectateurs payants qui ont laissé une recette de 7.999.720 francs.

Si le record des spectateurs pour un match de championnat à Marseille n'a pas été battu et reste l'apanage du match O.M. - Lille du 13 mars 49 avec 40.264 entrées payantes, le record de recette elle était par contre battue puisqu'il était de 7.198.240 francs recette réalisée lors d'un autre O.M. - Lille, celui du 7 janvier 1951.

On a cependant, fait mieux au Stade Vélodrome mais en Coupe de France pour le 8me de finale Nice - Nîmes du 24 janvier 1952.

Ce jour-là la recette s'était élevée à 9.589.330 francs pour 42.056 entrées payantes.

V.A.