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Résumé Le Provencal

du 23 mars 1953

 

Trente cinq mille spectateurs angoissés, nerveux ont vibré au Stade Vélodrome pour le match roi, de la saison.

L'O.M. MET KNOCK DOWN REIMS EN UN QUART D'HEURE

Le team champenois se ressaisit, domine jusqu'à la fin mais ne parvient pas à combler son retard (score final : 2-1)

Le match roi de la saison 1953 a tenu en grande partie toutes ses promesses. Un soleil radieux, un ciel immaculé, avait tenu à apporter leur concours à cette magnifique fête printanière du ballon rond. Comme on pouvait le prévoir, la foule des fervents a obtenu gain de cause et le choc s'est disputé, la pelouse étant envahie par plusieurs milliers de retardataires.

Avons nous assisté à un duel de très haute qualité ? Non, mais il était facile de le prévoir, l'enjeu était trop important pour que les deux formations songent uniquement au spectacle !

De part et d'autre on ne se fit aucun cadeau et jusqu'au coup de sifflet final les deux onze jouèrent virilement.

Un knock down

Il arrive qu'un boxeur soit "cueilli" à froid et ne parvienne pas à se remettre de cette alerte jusqu'à la conclusion du combat. C'est ce qui est advenu au Stade de Reims.

Dans le premier quart d'heure, il a subi un véritable knock down ! Deux buts de retard dans un tel débat constituent en effet un handicap sinon insurmontable, du moins inquiétant.

L'Olympique, avec beaucoup d'à-propos, a démarré en trombe, et a surpris le team champenois qui ne s'attendait pas à une telle débauche d'énergie.

Ces quinze minutes disputées par les Phocéens dans un style terriblement réaliste, leur ont suffi pour jeter la perturbation, le désarroi, dans les rangs de leurs opposants. Nocentini et Dard ont bien mérité du blason blanc pour ses exploits.

Une heure de complète domination

L'équipe de Batteux s'est montrée très courageuse : bien d'autres formations à sa place auraient baissé les bras et se seraient contenté de ne pas subir un score fleuve ; elle, au contraire, a fait front et à essayer laborieusement, patiemment de combler le fossé.

Elle a échoué dans cette tentative, de très peu, mais elle a échoué.

Pourquoi ? Les Rémois ont bénéficié d'une heure complète de domination territoriale ; pendant cette période, ils monopolisèrent la balle ; ils accumulèrent les corners (13 en tout), mais en définitive, se contentèrent d'un seul but et encore obtenu grâce à heading !

Appel, par la puissance de ses tirs, Kopa par son activité de feu follet ; Meano, par sa rapidité de course furent les éléments les plus en relief de l'attaque Rémoise qui, pourtant, manqua de force de pénétration et opéra de manière trop étriquée en faisant preuve d'atermoiements et d'hésitation au moment de conclure une action offensive !

Défense, comme un roc

La défense olympienne à supporter un lourd poids durant toute la partie, mais elle n'a eu aucun instant de faiblesse. Il faut dire que, devant une ligne d'avants mobile, intelligente et sachant tripoter la balle, une surveillance attentive de chaque seconde était nécessaire, indispensable !

La défense marseillaise a tenu comme un roc. Poncet a fait preuve de vista ; Salem, très volontaire a tenu le "bulldozer" Appel ; Johansson, ne s'avoua jamais vaincu, a neutralisé Kopa ; Scotti, jouant les chiens de berger, a colmaté les brèches ; Nocentini a poussé des raids incisifs ; Gransart a souvent stoppé Meano.

Le labeur de sape incessant fourni par ces hommes, a étouffé les avants champenois obstinés à scorer.

La seconde jeunesse de Dard

La défense rémoise a, elle aussi, fournit une remarquable prestation.

Jonquet, admirable de sûreté, de rapidité dans ses mouvements, a tenu en laisse le terrible Andersson.

Le buteur suédois n'est parvenu à lui fausser compagnie qu'une seule fois et a failli marquer et achever la défaite champenoise !

Le plus dangereux avant l'olympien fut sans conteste le toujours bouillant Dard, qui semble avoir retrouvé une seconde jeunesse.

Reims a joué avec autorité ; il s'est révélé meilleur technicien que son opposant, mais l'O.M. a mérité son succès ; il a su tirer le maximum des occasions qui lui furent offertes.

Il a su conquérir, un petit capital qui a empêché l'adversaire de grignoter entièrement.

"Dominer n'est pas gagner" dit un axiome digne de La Palice, mais M. de La Palice avait parfois raison.

Alain DELCROIX

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CE QUI DISENT

M. GERMAIN : "L'ARBITRAGE NOUS

COUTE LE MATCH NUL"

EVIDEMMENT dans le vestiaire marseillais régnait le plus vif optimisme.

Andersson rayonnait en nous disant : "Enfin pour une fois nous avons gagné contre Reims. C'est pas malheureux !"

L'entraîneur Roessler commentait la partie en ces termes : "Ce ne fut pas un beau match ! L'équipe joue mieux d'habitude ! Reims est une belle formation mais son jeu offensif fut trop étriqué !"

Roger Scotti tout en saignant abondamment nous dit : "Ce fut dur ! Reims à une bien belle équipe !"

Jean Lanfranchi reconnaissait objectivement : "Ce fut plus difficile que devant Lille ! Enfin c'est un succès qui compte !

James Poncet pour sa part confiait : "Nous étions trop énervés c'est ce qui a dû nuire à notre rendement !

Chez les Rémois le climat était beaucoup plus tendu.

M. Germain était furieux : "L'arbitrage nous coûte au moins le match nul ! Nous avions droit au moins à un penalty !

M. Canard acquiesçait et ajouter : "Jonquet a été sensationnel en seconde mi-temps !"

Albert Batteux, l'entraîneur, s'écriait : "Mon team a eu le mérite d'essayer de combler son lourd handicap ! Kowalski a été fauché dans la surface de réparation de façon flagrante !"

Quant à Kopa il nous avouait son mécontentement : "L'O.M. a eu incontestablement beaucoup de réussite sur le second but.

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LE MATCH AU CHRONOMETRE

DARD, NOCENTINI et MEANO ont scoré

Les deux équipes se présentent dans les formations annoncées. Une heure avant le coup d'envoi, le stade est déjà comble !

Dès la première seconde, l'olympique attaque avec promptitude. Moreel, Rustichelli, Nocentini tirent à côté de la cage de Paul Sinibaldi

À la 10me minute, Moreel passe la balle à Nocentini qui fait semblant de shooter. Le cuir est repris par Dard qui le loge dans les filets.

Le public applaudit avec enthousiasme.

Trois minutes plus tard, Rustichelli file avec décision vers les bois rémois ; il donne la balle à Dard. Paul Sinibaldi dégage, Nocentini bloque la sphère et d'un tir violent marque de demi-volée dans le coin droit.

O.M. : 2 ; Reims : 0.

On note ensuite un tir d'Andersson dans les nuages et le combat change d'âme.

Une attaque pressante de Meano oblige Johansson a concédé un corner.

Et en trois minutes le team de Batteux à cinq coups de pied de coin à son avantage, mais il n'en profite d'aucun !

Un sixième est obtenu par un shoot dure de Meano sur Poncet.

La cadence a baissé, Reims a la conduite des opérations, mais sans furia.

Une tête de Meano (33me minute), un bolide imprécis d'Appel, un shoot trop haut de Glowaski et la mi-temps survient sans doute nul changement au tableau d'affichage.

À la reprise, on a l'impression que Reims va produire de grands efforts pour tenter de combler son handicap. Mais c'est l'O.M. qui est dangereux par Dard, Nocentini et à la 55me minute Andersson, faussant compagnie à Jonquet, fonce de manière irrésistible. Il tire dans sa foulée, mais son bolide s'écrase sur le montant gauche !

Après ce premier quart d'heure, Reims s'impose à nouveau.

À la 58me minute, Appel s'échappe sur la gauche. Il transmet la balle à Meano qui, d'un superbe heading, marque. Il se trouve à 50 centimètres des bois !

O.M. : 2 ; Reims : 1.

Six minutes passent dans un choc avec Rustichelli, Cicci se blesse. Il rentrera dix minutes plus tard.

À la 65me minute, Meano botte dangereusement ; Poncet dégage en corner Reims accélère pour égaliser. Pierre Sinibaldi obtient un nouveau corner (le onzième). Appel tire deux fois sur le keeper marseillais, et voici que Reims manque légalisation. Kopa file sur la droite ; Poncet sort et plonge. Le Rémois a eu le temps de centrer. Meano a réceptionné, mais mis la balle dehors.

Le même joueur expédiera un tir redoutable qui vaudra à Poncet un excellent plongeon.

Et M. Lequesne siffle la fin de la partie sur le score de 2 à 1 en faveur de l'Olympique.

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Comment ils ont joué

SALEM, JOHANSSON, NOCENTINI,

furent les olympiens les plus complets

Poncet a réussi de brillantes interventions en particulier sur le dernier essai de Meano.

Gransart a été solide devant Meano.

Salem fut le plus en verve des défenseurs. Sa diabolique activité a écoeuré Appel.

Nocentini fut inlassable, surtout dans le domaine offensif.

Johansson moins sur que devant Lille, il a contenu Kopa.

Scotti sans être étincelant a stoppé Glowalski.

Dard eut des percées inquiétantes pour Pi Sinibaldi.

Lanfranchi abattit une rude besogne en défense.

Andersson a combattu mais il avait un garde du corps intraitable.

Rustichelli a essayé de construire mais ce n'est pas un inter.

Moreel n'a pas paru au mieux de sa condition.

Paul Sinibaldi n'a pas été très heureux sur le premier but, Marche déblaya avec énergie.

Zimny fut très hargneux devant Dard.

Cicci ne fut pas transcendant ; Jonquet a réalisé l'une de ses meilleures parties ; Penverne a travaillé ; Appel fut le plus incisif de l'attaque ; Glowalski a été moyen ; Kopa fut ardent et dangereux ; Pierre Sinibaldi fut un peu lent ; enfin Meano a réussi des shots redoutables.

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