Résumé Le Provencal

du 12 avril 1953

(Le match commenté par Alain DELCROIX)

AVANT la rencontre on pouvait manifester quelques vives appréhensions sur le comportement du team olympien.

Il avait affronté une équipe en plein redressement et qui venait de réaliser une brillante prestation contre les candidats au titre : Bordeaux ; de plus, il était privé de ses deux inters titulaires Mercurio (en Afrique du Nord) et Lanfranchi (malade des intestins) et son arrière droit souffrant d'une talonnade ne pouvait disposer de tous ses moyens.

Décidément la logique est éternellement bafouée en football, ce duel qui s'annonçait sévère, équilibré, dramatique peut-être, à tourner à la démonstration, au cavalier seul des locaux !

Ce fut un véritable match de "pères tranquilles". Les Marseillais n'ont jamais appuyé sur le champignon pour faire de leur succès confortable une déroute parisienne. Quant aux hommes de la capitale, qui furent très décevants, ils pratiquèrent souvent avec dilettantismes pour ne pas dire la lymphatique.

Après la rencontre, le directeur sportif des Pingouins, M. Marcel Galey, nous confié dans les vestiaires avec une parfaite objectivité ses impressions qui résument fort bien les raisons de la défaite des siens : "Sur chacun des buts marseillais, ma défense a commis des fautes, quant à l'attaque elle a été trop lente dans la construction de ces offensives ce qui a toujours permis à la défense marseillaise de se regrouper devant ses bois !"

En première mi-temps, les Parisiens qui à l'image d'Amalfi ne tripotaient pas trop mal la balle, parvinrent à s'assurer une domination territoriale assez importante, les avants de Listello s'efforcèrent d'égalisé, mais James Poncet, bien placé et ayant le coup d'oeil, les découragea, surtout en deux occasions : lorsque Mahjoub tira avec vivacité à la 23me minute et quand huit minutes plus tard Cisowski expédia un boulet redoutable !

Nous avons retrouvé dimanche au Stade Vélodrome un Georges Dard rajeuni de 10 ans. Le bouillon ailier, dynamique, véloce, a semé la panique dans le camp des Parisiens par ses échappées pleines de décision et d'opportunisme.

Ces deux buts furent des modèles de réalisme et de clarté !

Ses opposants furent désarmés par sa fougue et sa soudaineté dans l'action.

L'Olympique a donné une leçon de jeu simple, direct, à son adversaire et en seconde mi-temps, opérant par des contre-attaques larges, incisives, il sut se ménager de larges espaces vides dans lesquelles ses avants pouvaient s'engouffrer, sans arrière-pensée. Et pourtant les poulains de Roessler ont raté des occasions !

Sans se montrer plus royaliste que le roi on peut prétendre que le score aurait pu être aggravé.

Quand Dard s'éclipsa tout seul à la 53me minute et quand Rustichelli dérouta Gabet et s'approcha de la cage de Pivois ou le jeune gardien complètement abandonné attendait le tir foudroyant !

Dominique, à la 58me et à 602me faillit aggraver la marque !

L'attaque parisienne était totalement dépourvue de punch. Et nous nous sommes demandés comment elle avait pu passer trois buts aux girondins !

Certes elle possède un incomparable artiste Yeso Amalfi qui n'a pas son pareil pour jongler avec la sphère et lancer un camarade, mais cette ligne a eu tort de jouer à son rythme et surtout d'attaquer dans un mouchoir. Elle s'est obstinée à vouloir percer par le centre alors que le rideau défensif était des plus épais !

L'Olympique a conquis, sans avoir à forcer son talent outre mesure deux points qui sonnent agréablement dans son escarcelle !

LE MATCH AU CHRONOMETRE

(deux buts), ont trompé PIVOIS

Les deux équipes se présentent dans les formations annoncées.

L'absence de transports n'a pas empêché une foule importante assister cette rencontre.

Le rythme est rapide et intéressant ; Bruey ouvre le score... mais il était hors-jeu !

A la 12e minute, un long tir de Gransart sur la transversale donne chaud aux Parisiens.

Deux minutes s'écoulent et Mesas adresse un excellent centre à Andersson, celui-ci file vers les bois des visiteurs. Pivois, sort, ne peut l'arrêter, et l'avant-centre scandinave tire et la balle passe entre les pieds de Lamy placé sur la ligne de but.

Mahjoub shoote à une distance très rapprochée, Poncet se détend et renvoie.

Andersson donne ensuite le cuir à Rustichelli qui botte sur le montant droit.

Amalfi tente sa chance (40e) et c'est la mi-temps.

À la reprise, Rustichelli manque une jolie occasion d'augmenter l'avoir phocéen.

À la 50e minute, le même joueur lance dans le trou Georges Dard qui, dans un style puissant et décidé "sème" Krupski, et de volée trompe Pivois.

O.M. : 2 Racing : 0

L'Olympique vit sur son avantage ; Mahjoub essaie à deux reprises sans succès.

Rustichelli qui n'est pas surveillé par Gabet s'en paie à coeur joie, mais il n'est pas servi par la chance.

Amalfi s'énerve (69e) et réussit une brèche, mais le résultat n'est qu'un corner !

Andersson dispute le cuir au beau Yeso, il l'emporte et fait une passe en arrière à Scotti. Celui-ci transmet à Dard qui démarre vigoureusement. Krupski est décontenancé. C'est un tir puissant qui laisse pantois le jeune Pivois. L'O.M. mène par trois à zéro ! Il y a 70 minutes que l'on joue ! La cause est entendue, le team parisien n'a plus aucune espérance.

L'intérêt faiblit, à la 75e minute, Mahjoub reçoit la balle à un demi-mètre des bois olympiens, mais Poncet stoppe son tir au prix d'une superbe détente.

Quelques instants plus tard sur cafouillage, Bellot réalise un dangereux heading, mais qui se perd en dehors de la cage.

L'Olympique reprend le dessus, Gransart quitte la zone des dix-huit mètres, monte et shoote, Pivois est à la parade.

Finalement l'O.M. bat le Racing par trois à zéro !

Comment ils ont joué

DETERMINANTS DE LA VICTOIRE

James Poncet, détendu, sûr de lui, a capté de nombreuses balles difficiles.

Gransart a fourni un match courageux devant le rapide Mahjoub

Salem n'a pas laissé une occasion à Bellot ; il a eu des dégagements très réussis.

Nocentini fut très utile et remplit une tâche obscure mais efficace.

Johansson s'est accroché aux basques de Cisowski et ne lui a pas octroyé une seconde de liberté.

Scotti a livré un duel incessant à Amalfi. Il a joué avec beaucoup de sérieux.

Dard a réussi deux buts et s'est révélé le danger numéro 1 pour Pivois.

Rustichelli a réalisé des raids très redoutables et il a eu un rendement soutenu jusqu'à la fin.

Andersson a trompé une fois Lamy et a obligé le policeman des "bleu et blanc" à ne s'occuper que de lui.

Mesas a été combatif malgré sa blessure. On attendait mieux de Moreel qui a pourtant cherché la fissure ensemble.

Pivois a eut de bons arrêts ; il n'a pas bougé sur le troisième but.

Arnaudeau, réservé en défense, fit une fois de partie fin de partie excellente... En attaque, Krupski a paru assez lourd.

Sosa et un fin technicien mais il atermoie lui aussi.

Lamy, sobre et clairvoyant, à empêcher Gunnar de causer... une catastrophe.

Gabet ne fut pas particulièrement étincelant.

Bellot semblé encore "tendre", Amalfi exécuta "son numéro" ; le plus dangereux des avants, Sikorsky, a déçu. On le croyait plus pénétrant. Bruey fut actif... Mais ça n'est pas un véritable inter. Enfin Mahjoub rapide, manqua un peu de vigueur dans ses interventions.

A.D.

DARD

"Ce fut un match facile"

Jean Robin après la rencontre vint féliciter son d'ami Georges Dard : "Mes compliments !" Lui lance-t-il avec une feinte d'emphase.

Georges se mit à sourire : "Ce fut un match facile !" répliqua-t-il et ajouta : "J'étais dans un bon jour mais je suis très heureux de mes deux buts ! Je crois qu'à l'heure actuelle ma condition est bonne. Il ne me reste plus qu'à continuer mais je n'ai pas la prétention de rejoindre Andersson au classement des butteurs".

ROESSLER :

"Je ne suis pas content"

Roessler n'aime pas manier le paradoxe et c'est pourtant du ton le plus sérieux qui nous a déclaré : "Nous avons gagné mais je ne suis pas content ! Il aurait pu faire un carton ! Vous croyez que les autres se gênent quand l'occasion se présente !"