Résumé Le Provencal du 10 septembre 1953 |
LILLE FAIT CAVALIER SEUL UN QUART D'HEURE... PUIS SCOTTI POUSSE L'O.M. A L'ATTAQUE UN MATCH NUL (11) LOGIQUE SANCTIONNE DE DEBAT PASSIONNE |
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C'est sans doute la première fois qu'un O.M. - Lille s'est déroulé devant un public aussi restreint. En effet 15.429 spectateurs seulement pour une recette de trois millions 933 100 francs ont assisté à la confrontation entre Marseillais et Lillois. Au terme de ce débat un match nul équitable (1 à 1) vient récompenser les louables et généreux effort et onze porteurs du maillot blanc. Nous disons bien les louables efforts car en technique pure, les olympiens furent largement dominés par leur adversaire, au jeu plus direct. Heureusement pour eux que la ligne d'attaque des "dogues" ne se montra vraiment dangereuse que pendant le premier quart d'heure au cours duquel les olympiens coururent vainement après une balle insaisissable. D'ailleurs Ruminsky pendant ce laps de temps n'eut à intervenir qu'une seule fois. Lille ouvre le score Il ne s'était pas encore écoulé trois minutes depuis le coup d'envoi lorsque Johansson commet une grossière faute en laissant filer Strappe. L'international ouvrait immédiatement sur Desrousseau qui de demi-volée lançait Lefevre dans le trou. Le rapide ailier se rabattit vers le centre et d'un tir éclair battait impitoyablement Poncet. Ce but semblait démoraliser les olympiens. Lille maître du terrain dominait largement, à telle enseigne qu'il obtenait presque coup sur coup cinq coups de pied en coin. Poncet était à l'ouvrage. Il se tirait parfaitement de quelques situations critiques (5e, 10e et 18e minutes, sur des tirs de Vincent, Strappe et Lefebvre) Mesas et Salem accomplissaient du beau travail. Mimi prenait le meilleur sur Desrousseau et pouvait se flatter d'être à la base de la première défaillance lilloise. Gransart blessé A la 26e minute, Gransart en voulant dégager en touche, ce tordait la cheville et sortait pour se faire soigner. Cet handicap loin de désorganiser l'O.M., lui donnait un moral encore plus grand. Scotti montrait le bout de son nez et... sa classe, en ce dédoublant fort intelligemment avec Belver. Devenu inter de fait, Roger organisait l'attaque olympienne. La faiblesse de Rustichelli Malheureusement, Rustichelli dans un mauvais jour, ne parvenait pas à passer le redoutable Lemaître. Nique, mal inspiré, les réflexes émoussés, perdait presque toutes ses balles. Andersson égalise... Malgré le bon retour des Marseillais, Lille menait toujours au score. On s'acheminait vers la mi-temps, lorsque Rustichelli sur service de Scotti filait sur la droite, échappant enfin à Lemaitre, se rabattait et donnait à Andersson. Le Suédois, sans bloquer la balle, tirait sur la droite de Ruminski, qui n'avait plus qu'à aller la ramasser au fond des filets. |
Après le repos, l'action prépondérante du tandem Scotti - Belver, continuait à se manifester. Lille et surtout sa défense était mise à contribution. La grande classe du rideau défensif nordiste, aidé par Van Der Hart impeccable, ne se laissait pas prendre en défaut. Pourtant, Salem renvoyait sur dard. Sans attendre, George repassait à Mercurio, Fanfan, au lieu de s'approcher, shootait de volée mais le cuir passait au-dessus alors que Ruminski semblait devoir être battu. Les avants lillois tentaient bien de reprendre l'ascendant. Deux fois de suite Salem sauvait sur la ligne (55e et 70e minutes), tandis que le tir d'Andersson (65e minute) se perdait dans les nuages. Dans le dernier quart d'heure Scotti se désunissait quelque peu (on doit l'excuser) mais les Lillois, malgré un dernier sursaut ne parvenait pas à tromper la vigilance du trio olympien. Scotti, Mesas, Salem et Andersson meilleurs olympiens Grande partie nous l'avons dit de Scotti. Roger encore une fois a été le cerveau du onze. Son action intelligente, ses services sur ses partenaires ont permis en grande partie à l'O.M. de se retrouver après à son mauvais début. Mesas et Salem, peuvent être mis sur un pied d'égalité. Le premier, pour avoir pris le meilleur sur Desrousseau, le second pour son abattage et son coup d'oeil lors de quelques situations pénibles. Andersson, également, lutta courageusement. Il eut le mérite de battre une fois Ruminsky et de ne pas se décourager devant un Van Der Hart bien au point. Belver opéra un ton en dessous de ces quatre hommes. Néanmoins son courage lui permit de sortir une bonne partie. On peut lui reprocher ses légères hésitations lorsqu'il s'agit d'ouvrir. Poncet transcendant en première mi-temps, l'achat de balle par la suite ce qui aurait pu coûter cher. Gransart, courageux malgré sa blessure et Johansson, qui flotta terriblement en début de match, ne reproduisirent pas leur exhibition précédente. Mercurio toujours aussi actif, a le tort de porter la balle. Lui aussi hésite et cherche le partenaire au moment décisif. Enfin la grande désillusion provient des ailiers Rustichelli, bien qu'il soit à l'origine du but et ait failli en faire marquer un second n'est plus ce qu'il était précédemment. Il a certainement besoin de repos. Quant à Dard, en voulant marquer "son but" à toute force, il sembla ignorer le reste de l'attaque marseillaise. A sa décharge il avait devant lui Pazur le meilleur lillois (et de loin). M. GOIRAND |
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ROESSSLER : "On joue encore trop étriqué Dans les vestiaires olympiens, la plupart des joueurs étaient sur les genoux. Mesas si généreux dans ses efforts nous disait : "Je n'en puis plus. J'ai mis tout ce que j'avais dans le "ventre" mais je suis heureux malgré tout". Roessler, soulagé par le résultat final, n'en critiquait par moins le jeu de son équipe : "On ne peut pas leur reprocher d'avoir joué sans conviction et même d'avoir pratiqué un bon football... par instants. Néanmoins, on n'opère pas assez largement, le jeu est trop étriqué et les shoots ne partent pas. Sur l'ensemble de la partie, le nul et équitable, d'antan plus qu'il avait les "jetons" avant d'entrer sur le terrain. Sommerlink : "pas d'histoire, l'O.M. a une équipe" Les Lillois, somme toute, s'estimaient heureux de ramener un point de Marseille. Pazur, un des tout meilleurs avec Lefevre et Vincent, pourtant mettait l'accent sur le mauvais match fourni par l'attaque : "Dans l'ensemble, l'équipe Lilloise n'a pas bien joué et n'a pas renouvelé le match de dimanche dernier contre Nice. Nos avants surtout ont flanché..." Van Der Hart était du même avis. Sommerlink, tout en reconnaissant le bien-fondé de ces critiques, ajoutait : "Que l'on vienne pas nous raconter des sornettes. L'équipe marseillaise vaut la nôtre. Si sa technique n'est pas aussi sure, il n'en reste pas moins que les 11 Marseillais nous valaient ". |