Résumé Le Provencal du 28 septembre 1953 |
Les champions de France, nets vainqueurs (2 à 0) n'ont pas été stoppés à Marseille LES REMOIS ONT MONTRE AUX OLYMPIENS L'ART... ET LA MANIERE DE JOUER AU FOOTBALL |
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Sous un ciel gris et bas, 18.222 spectateurs pour une recette de 5.396.550 francs, le Stade de Reims a battu l'Olympique de Marseille par 2 buts (Penverne, 22me minute, et Gransart, déviation dans ses propres filets à la 42me minute) à zéro. La victoire des champions de France et nette et surtout indiscutable. Les meilleurs l'ont emporté assez facilement. Les Rémois, en effet, ont fait une véritable démonstration du jeu d'équipe. Pratiquant un football à ras de terre, maître dans l'art de se démarquer, ils ont fait courir la balle est... les olympiens, à tel point que parfois ils donnaient l'impression d'opérer arrêtés. Et ce n'était pas la dilettantisme de leur part. Non, cette facilité dans l'action fait intégralement partie de leur répertoire et surtout du placement des acteurs sur le terrain. Reims n'a pas usurpé sa notoriété et on peut comparer le onze de Batteux à une belle mécanique de précision dont les rouages fonctionnent sans à-coups et avec une régularité toute mathématique. Complexe d'infériorité à l'O.M. Devant les Rémois, les Olympiens ont donné l'impression de partir battus. D'ailleurs en première mi-temps, la tactique de Roessler, qui consistait à faire jouer Belver demi défensif est la preuve éclatante de ce que nous avançons. On craignait Reims et il fallait limiter les dégâts. On y est parvenu, certes, mais cela n'ajoute rien à la gloire des attaquants olympiens, à l'exception de Rustichelli, toutefois qui fit un match transcendant. Les autres, Andersson y compris, jouèrent plus la faute de l'adversaire qu'autre chose. Il est temps, grand temps qu'un constructeur vienne mettre un peu d'ordre dans le chaos indescriptible qui règne actuellement dans le quintette des blancs. Un but magnifique de Penverne C'est à la 22e minute du match, nous l'avons dit, que Reims ouvrit le score après un travail intelligent de Kopa qui, mal placé, avait placé le cuir en retrait à Penverne. Sans hésitation le demi aile avait tiré sec et Poncet, malgré une sortie tardive était battu. Jusque-là, pourtant, les olympiens n'avaient pas fait trop mauvaise figure. Rustichelli, plusieurs fois, c'était joué de Marche et Andersson (sa seule action du match) avait décoché un droit sensationnel (9me), malheureusement à côté de la cage de Sinibaldi. Après ce but, Reims prenait nettement la direction des opérations. Kopa, avec une aisance admirable, Glovalski, Penverne, tour à tour, placer des shoots très durs, donc un terrible de Penverne que Poncet déviait en corner. L'O.M. rate égalisation A la 37me minute, Rustichelli passait Marche facilement et glissait la balle à Andersson. Gunnar, à 5 mètres des buts, s'écroulait à la suite d'un choc au visage. Reims avait eu chaud. La riposte rémoise était immédiate. L'O.M. était de nouveau aculé. Pourtant, le second but rémois allait être entaché d'irrégularités. En effet, une faute de Tholon sur Nocentini n'était pas sanctionnée par l'arbitre, l'ailier donnait à Templin qui centraient sur Glovalski. Le tir de l'inter rémois allait être cueilli par Poncet lorsque, Gransart, dans un réflexe malheureux, dévia la balle dans ses propres filets. |
Gransart blessé, ailier droit En seconde mi-temps, Gransart, à nouveau blessé, s'exilait à l'aile droite. Rustichelli passait inter. Mésas redevenait demi et Scotti, arrière. Toujours aussi volontaire, l'O.M. jouait crânement sa chance. Reims ou plutôt sa défense intervenait avec aisance devant les timides essais de l'attaque olympienne. Ceci permettait aux cinq avants champenois de retrouver leur second souffle et de terminer en faisant une véritable démonstration. D'ailleurs, Poncet pouvait s'estimer heureux, car en deux occasions notamment (70me, tir de Glovalski sur la barre, et à la 73me sur un shoot de ce même Glovalski qui trouva miraculeusement le pied de Scotti), il était battu irrémédiablement. Rustichelli, Johansson, Mesas ont été les plus en vue Rustichelli est rentré en grâce hier après-midi auprès du public marseillais. Le petit Nique, en effet, fut le meilleur olympien sur le terrain. Jouant avec une aisance remarquable, il a causé maints soucis à Marche. Encore quelques matches de ce genre et il sera redevenu le grand espoir du football français. Avec lui se signalèrent Johansson et Mésas. Le Suédois, qui avait la redoutable mission de marquer Kopa, ne commit presque pas de faute devant un aussi redoutable dribbleur. Mésas on est saturé de le répéter, fut magnifique de courage. J'avais battu, il s'accroche avec une énergie farouche. Belver, par contre, tout en faisant une bien meilleure seconde mi-temps, ne reproduisit pas ses prestations précédentes. Scotti opéra suivant son habitude avec sobriété. Son passage aux arrières par la suite ne lui permit pas de venir en aide à l'attaque. Poncet, mal placé sur le premier but, se reprit bien. Il peut être crédité d'un match honnête, tout comme Nocentini. Gransart, en raison de sa blessure ne peut être jugé. Dard a été volontaire et peu heureux dans ses tirs. Enfin, Mercurio et Andersson ont été les grandes déceptions de ce match. Si on attendait un Fanfan réalisateur, en fait il ne tenta sa chance qu'une unique fois. Andersson n'était plus l'avant-centre que nous connaissions. Certes son intoxication alimentaire est sans doute à la base de sa médiocre partie. Pourtant, nous sommes à la sixième journée du championnat et on attend toujours le Suédois. Qu'il se méfie, le public peut se lasser de ne rien voir venir... Reims équipe complète A Reims, il est difficile de sortir des noms tant l'équipe forme un tout homogène. Néanmoins, si Marche ne parut pas à son l'aise devant Rustichelli, Zimny par contre, nous semble en progrès. Part ailleurs, Penverne, demi offensif du plus beau style, a fait un travail extraordinaire. Jonquet, par contre, eut tout loisir devant Andersson. Chez les avants, le trio central Glovalski, Kopa, Templin a démontré sa classe. Le petit avant-centre a été le plus en vue des trois, mais qui oserait soutenir que Glovalski et Templin lui ont été inférieur ? MAURICE GOIRAND |
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Gunnar ANDERSON : "J'ai cru que j'allais m'évanouir" Après la rencontre, nous n'avons vu ni pleurs ni entendu de grincements de dents. Chacun admettait le verdict avec certaines variantes, bien entendu ! Albert Batteux, toujours mesurer dans ses propos nous dit : "Nous avons éprouvé certaine inquiétude en seconde mi-temps, mais les avants olympiens manquaient par trop de précision !" Marche transpirait d'abondance quand nous l'avons abordé : "Nous avons "contré" les Marseillais dès le début et ils ont eu peur !" Paul Sinibaldi c'était moins satisfait que son défenseur et nous avoua en toute simplicité :"Nous avons fait un mauvais match !" C'était l'opinion de Raymond Kopa qui ajouté pourtant : "Ce fut très dur, surtout que je souffrais de l'estomac et que Glovaski avait un gros rhume !" Henri Roessler, le coach des "blancs" reconnaissait la supériorité des champenois : "Le résultat est normal ! Devant ça n'aller pas et derrière tout le monde s'est défendu avec acharnement ! " Johansson confié alors : "Je suis mort (sic). Quel boulot !" James Poncet se montrait assez philosophe : "Quand la fortune ne veut pas nous sourire, il n'y a rien à faire !" Gunnar Andersson, assis sur un banc, se lamentait en ces termes : "Je n'ai pas dormi de toute la nuit ! Je n'ai cessé de vomir quand je me suis présenté sur le terrain, je n'avais rien dans le ventre et au bout de quelques minutes, j'ai cru que j'allais m'évanouir !" Les olympiens ont été courageux, mais cette qualité peut-elle suffire devant les champions de France ? Recueilli par Alain DELCROIX |
L'arbitre n'a pas vu juste M. Mourat, l'arbitre du match s'est légèrement trompé dans ses pronostics. Avant le match, en effet, il confiait à tout le monde : "Je n'ai jamais vu gagner Reims, ni perdre l'O.M. Aujourd'hui il en sera de même". Tout arrive cependant, Monsieur Mourat et cette fois vous de pourrez plus dire que vous n'avez pas arbitré un succès de Reims. Mieux même, vous l'avez peut-être involontairement facilité en ne sifflant pas la faute de Tholon sur Nocentini, qui amena le deuxième but rémois. M.G. |
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Le match au chrono |
Penverne et Glovacki Matérialisent la supériorité rémoise Le ciel noir, les nuages menaçants n'ont pas rebuté les armateurs du ballon rond. Et lorsque M. Mourat donne le coup d'envoi, le stade est largement garni. À la 5e minute, Templin expédie un bolide ; Poncet sauve et puis Mercurio et Dard se mettent en relief. Et à la 22e, Belver a une hésitation, Kopa, déplacé sur la droite, centre sur Penverne. Ce mouvement surprend la défense marseillaise et le demi droit rémois ouvre le score. Reims : 1 - O.M. : 0 Reims monopolise le cuir. Penverne tente encore sa chance ; on note un "boulet" d'appel, les blancs sont dominés dans le rayon de la vitesse d'exécution. Glovaski va-t-il augmenter la marque. Gransart l'en empêche d'extrême justesse. À la 35e minute, un atermoiement incompréhensible fait avorter une combinaison Rustichelli - Mercurio. Un choc entre Andersson et marche à lieu quelques instants plus tard. L'avant-centre phocéen a l'air groggy. Templin s'enfuit le long de la touche, échappe aux assauts de Belver et de Nocentini, donne le cuir à Glovaski. Ce dernier, en position d'avant-centre, fusille le keeper olympien (42e minute). Reims : 2 - O.M. : 0 Après l'entracte, Gransart (claquage à la cuisse) est ailier droit, Scotti arrière, Mesas demie. À la reprise, un cafouillage se produit devant la cage de Sinibaldi. Mais Belver tire trop haut (60e minute). Deux minutes plus tard, Andersson gaspille une excellente occasion. Un tir de Glovaski s'écrase peu après sur le montant droit. Sprint entre Sinibaldi et Andersson, Gunnar et vaincu ! (78e minute). Deux minutes avant la fin, Kopa décroche un "pétard" que Poncet repousse bien du poing. A.D. |