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Résumé Le Provencal

du 03 janvier 1954

 

L'INFLUENCE DU "SORCIER NOIR" N'A PAS PROVOQUE LE MIRACLE

L'O.M. malgré BEN BAREK, n'a pu battre

Les invincibles NIMOIS

Plus complet, le ONZE GARDOIS mérita sa victoire (2 buts à 1)

NIMES - On avait prévu, certes que le Derby provençal obtiendrait un gros succès, non seulement en raison de l'intérêt propre de cette importante rencontre de championnat, mais surtout par suite de la rentrée en France de Larbi Ben Barek.

On ne s'attendait cependant pas à une telle ambiance et il est certain que la "perle noire" a bien rempli son rôle en permettant de dépasser toutes les prévisions en matière d'affluence.

Les records (recette et nombre de spectateurs) ont d'ailleurs été battus. Ils l'auraient été de très loin si la capacité du stade de la rue Jean Bouin avait été plus grande et surtout s'il avait été possible le faire payer les innombrables spectateurs qui parvint à rentrer sans bourse délier.

Le service d'ordre d'abordé

Dès 14 heures, en effet, le service d'ordre était enfoncé et tel un vaisseau en détresse, le stade craquait de toutes parts.

On pouvait craindre le pire et 15 minutes avant l'heure prévue, pour le coup d'envoi en se demander à juste titre comment cela se finirait.

Il faut croire en la sagesse du public puisqu'à l'arrivée des équipes sur le terrain les spectateurs s'assirent en deçà des lignes de touche comme des enfants bien dociles.

En fin de compte tout devait se passer le mieux du monde et sous le soleil étincelant qui présidait au débat, comme il se doit pour un derby provençal, la rencontre allait se dérouler dans des conditions de régularité qu'on n'espérait pas une heure plus tôt.

Un brillant début

Il n'y eut pas, en effet, le moindre "round d'observation" et dès le coup d'envoi les deux équipes se lancèrent à fond dans la bataille.

Vingt minutes durant le ballon voyagea d'un camp à l'autre sans qu'aucune des deux équipes puissent prendre le pas sur l'autre.

Constantino lançait ses avants de pointe, mais à l'instant d'après c'était au tour de Ben Barek d'expédier une ouverture parfaite en direction d'Andersson, de Palluch ou de Rustichelli.

Le public vibrait intensément car le spectacle en valait la peine.

Un but idiot

Le but chauffait, mais on attendait un beau but, digne de l'excellent départ que venait de prendre les deux équipes.

Comme cela arrive souvent dans ses cas là, on eut un but idiot : sur une action de Ben Barek, Laffont voulu passait le ballon a Dakowski, mais alors que celui-ci était sorti, il le loba. La balle, comme si elle avait du remord, sembla hésiter avant d'aller mourir dans les filets nîmois (21me minute).

Nîmes récompensé

Déçu les "Crocodiles" l'étaient profondément et ils accusèrent le coup durant quelques minutes pour repartir de plus belle par la suite.

Ce fut miracle si, à la 25me minute, la balle n'alla pas dans les filets marseillais sur un tir croisé de Constantino sur lequel Angel avec été pris à contre-pied.

Nîmes menait le jeu et à la 31me minute, Carrier obtint une égalisation méritée après un premier tir de Schwager renvoyé par Angel.

L'ailier gauche Nîmois était en verve et à la 34me minute il termina un magnifique déboulé par un tir violent sur lequel (malheureusement pour Nîmes) le ballon alla s'écraser sur la transversale.

Ce n'était toutefois que partie remise pour les "Crocodiles" car à la 40me minute, sur une magnifique combinaison Andrada-Carrier, l'arrière central marseillais Johansson concéda un corner in extremis.

Tiré de la droite par Schwager ce corner permit à Andrade d'obtenir le second but nîmois.

Quelques minutes plus tard, les deux équipes rentrèrent aux vestiaires pour prendre un repos qu'ils avaient bien gagné.

Nîmes menait par 2 à 1.

Net avantage au nîmois après le repos

Si la première mi-temps avait été, somme toute, assez égale, la seconde devait voir les Nîmois prendre un très net ascendant sur leur adversaire. Marseille se bornant à procéder par contre-attaque dont certaines furent d'ailleurs assez dangereuses mais que la défense des "Crocodiles" étouffa avec une belle autorité.

En définitive ce fut miracle si Nîmes n'augmenta pas son avantage d'un notre but et Angel connut des moments difficiles.

Un résultat logique

Ce derby que l'on peut considérer comme le meilleur match joué à Nîmes depuis le début de la saison, a tenu tout ce qu'il promettait et même peut-être davantage.

A ce titre en se doit donc de féliciter les deux équipes pour l'excellent esprit qu'elles manifestèrent et pour la très bonne qualité du spectacle qu'elles ont donné aux 18.000 spectateurs.

Par ailleurs, le résultat de cette rencontre ne peut donner lieu à aucune équivoque et c'est bien la meilleure équipe du jour qui a obtenu la victoire.

Nîmes, en effet, mena le jeu le plus souvent et s'affirma plus homogène et plus complet que l'O.M.

Jacques PONS

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JOHANSSON héros (malheureux) du match, MESAS

et BEN BAREK ont dominé leurs partenaires

S'ils se référaient aux résultats secs du match Nîmes - O.M. d'hier après-midi, les Marseillais qui n'ont pu se rendre dans la cité gardoise, pourraient estimer satisfaisante la défaite extrême justesse de leurs favoris eu égard à l'invincibilité légendaire des "Crocodiles."

Mais voilà, cette fois, à l'inverse de rencontres précédentes ou l'O.M. n'eut pas la chance pour lui, hier après-midi ce sont les Nîmois qui peuvent invoquer les Dieux du Stade.

En effet, les trois buts du match (de 2 Nîmes et un de l'O.M.) sont l'oeuvre des Nîmois puisque le but des marseillais a été réussi par le propre demi des "Crocodiles" : Lafont.

Ainsi, malgré la préférence de Ben Barek, Andersson et Palluch, nous avons retrouvé à Nîmes une attaque olympienne exactement semblable à ses devancières, c'est-à-dire aussi stérile.

Manque de liaison entre les demis et l'attaque

La raison primordiale de sa défaite réside à notre avis dans le manque de coordination entre la ligne médiane des blancs et l'attaque.

En effet tout au long du match, Scotti a été méconnaissable, la plupart des passes de Roger allant à l'adversaire.

Par ailleurs au lieu de jouer balle à terre, les Marseillais à qui mieux mieux s'évertuaient à opérer en hauteur. Résultat : sur dix balles les Nîmois s'en octroyèrent en moyenne huit de la tête.

Enfin Andersson n'a pas touché trois balles au cours des 90 minutes de la partie. On savait que le Suédois répugnait à opérer devant Golinsky. Néanmoins jamais depuis qu'il joue à l'O.M. Andersson n'avait fait plus mauvais match. La seule fois où il avait régulièrement passé le demi centre adverse, ce dernier dans un réflexe de dernière heure stoppa la balle de la main.

Palluch a fait des débuts timides. Il a de sérieuses excuses à faire valoir étant donné le nombre restreint des séances auxquelles il a participé avec ses nouveaux camarades. Nous attendons de le revoir pour le juger plus équitablement.

Goutheraud et Rustichelli ont été bien pâles. Le second surtout ne fit pratiquement rien devant le rude Campo. Il est encore un peu tendre devant un tel adversaire.

Ben Barek, mention bien

La perle noire était attendue avec curiosité. Disons que sans faire un match sensationnel, Larbi a montré en quelques occasions qu'il est resté un grand monsieur.

Johansson et Mesas

Mais c'est encore à Johansson que revient le n.1 des vingt deux joueurs. Le grand suédois, en effet, a encore "épaté" tout le monde arçon match formidable. Rouvière, pourtant très bien hier après-midi, n'a jamais pu se trouver en position de tir à cause de la supériorité de Johansson. De plus, il ne se contente pas de briser le jeu. Plusieurs fois, secouant l'apathie de ses partenaires, il se porta en attaque et l'un de ses tirs faillit d'ailleurs réussir, Johansson, un très grand bonhomme...

Le jeune demi gauche Mésas dans un style moins brillant peut-être, mais tout aussi efficace, assorti une belle partie. Dynamique, plein de fougue (trop même) il neutralisa Andrada et ses dribbles déconcertants.

Après ces deux hommes et Ben Barek, Angel doit être crédité d'un bon match, encore que sur le premier but, il lâcha la balle qui alla échoir dans les pieds de... Carrier.

Les deux arrières Salem se montra supérieur à son camarade Gransart, sans qu'il soit pour cela exempt de critique. Quant au blond défenseur marseillais, ça méforme flagrante reste pour tout le monde un véritable mystère.

Maurice GOIRAND

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L'équipe nîmoise

a donné satisfaction

La formation gardoise s'est brillamment rachetée de ces derniers matchs qui avaient été assez décevants. Sa défense a été elle-même, c'est-à-dire excellente, homogène et autoritaire.

Les demis ailes Lafont et Barlaguet ont joué un grand match.

Enfin, l'attaque à confirmer le renouveau amorcé à Roubaix en se montrant alerte, incisives et réaliste.

Dakowski eut assez peu à faire et le but (idiot) qui encaissa ne peut lui être amputé.

Fornetti fut l'arrière sûr et expérimenté que l'on connaît, tandis que Campo qui musela complètement Rustichelli à prouver que sa mauvaise performance de Roubaix n'était qu'un accident.

Golinski a fait une très bonne rentrée et il a prit systématiquement le dessus sur Andersson.

Schwager a prouvé qu'il pouvait être un très bon ailier droit et Salem n'eut pas la partie belle avec lui.

Constantino fut actif, clairvoyant, élégant et bien inspiré.

Rouvière qui avait comme adversaire direct le meilleur marseillais, lui mena la vie dure et s'il ne fut que rarement en position de tir, il joua avec brio son rôle de chef de l'attaque constructeur de jeu.

Andrade a joué le match qu'on aimerait lui voir faire régulièrement car il ne serait plus jamais discuté dans ce cas.

Carrier, enfin, fut remarquable et opéra avec la même fougue et aussi la même réussite qu'à la fin de la saison dernière. Qu'il continue car il est cette fois sur la bonne voie.

 

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