Résumé Le Provencal du 01 février 1954 |
Match acharné et indécis entre l'O.M. et Monaco Les Olympiens mènent le jeu en première mi-temps puis se laissent manoeuvrer par leurs adversaires pour terminer sur un match nul mérité (1-1) (de notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND) |
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MONACO (par téléphone) - Après une confrontation acharnée et indécise jusqu'au coup de sifflet final, A.S. de Monaco et l'O.M. ont fait match nul : 1 but à 1 (Skiba : 4e minute ; Palluch : 16e), devant 5.191 spectateurs pour une recette de 1.783.950 Fr. Ce ne fut sans doute pas une très grande partie au point de vue technique, car le terrain détrempé par la pluie diluvienne de la nuit de samedi à dimanche, ressemblait plus à une patinoire qu'à un rectangle de jeu. La balle lourde et glissante, ne permettait pas la confection d'un football scientifique. D'ailleurs, l'enjeu était trop grand des deux côtés pour que l'on s'attardât à de telles bagatelles. Non, la rencontre au contraire, fut abordée comme une véritable partie de coupe, c'est-à-dire sans fioritures, et virilement. L'O.M., dans l'ensemble, a dominé son adversaire en technique pure, en première mi-temps surtout, et aurait pu atteindre la pause avec un but d'avance si l'arbitre, M. Garreau, avait sanctionné par un penalty mérité, la double faute de Gianessi et de Pironi sur Andersson. En effet, à la 25e minute, Gunnar, qui venait de réceptionner une ouverture magnifique Ben Barek, passait s'en coup férir son garde du corps Gianessi. Mais, au moment où il s'apprêtait à battre Pons, l'arrière central bien revenu, et Pironi, le couchaient à terre. Le sifflet de M. Garreaud restait muet, au grand dam des Olympiens et des nombreux Marseillais qui ceinturaient le stade Louis II. L'O.M. venait de perdre une occasion unique de mener au score à la mi-temps. Par la suite, Monaco accumula les Marseillais sur leurs buts et ceux-ci en défendirent l'accès comme de véritables lions. Pendant trente bonnes minutes, l'équipe de Dupal eut plusieurs fois le but au bout du pied, soit de Skiba, beau joueur, mais irascible et méchant sans raison (on le dira par ailleurs) ou de Brinek. Ce dernier, surtout, faillit bien réduire les espoirs des olympiens à néant d'un magnifique retourné qui alla s'écraser sur l'horizontale, alors qu'Angel était bel et bien battu. Mais cette malchance monégasque compensait en partie l'erreur d'arbitrage de M. Garreau. Vers la fin, Andersson, sur un service impeccable de Ben Barek, pouvait très bien faire la décision. Malheureusement, le Suédois, au lieu de reprendre en demi-volée, voulut bloquer sa balle pour tirer à ras de terre. Cette fraction de seconde perdue permit à Gianessi de revenir et de renvoyer en corner. Néanmoins, sur l'ensemble du match, il eut été injuste que Monaco perdre sur ce coup de dés. Skiba ouvre le score Il faisait très froid et le ciel était couvert lorsque les deux équipes se présentent sur le terrain. Immédiatement on constate que Salem ne joue pas à l'O.M. Il est remplacé par Rossi. Scotti et Palluch, par contre sont présents. A Monaco, comme prévu, Vandooren opère demi droit. Ben Barek et tout de suite en action. Il tente sa chance d'un peu trop loin pour surprendre Pons. Monaco répond par Vandooren. L'ex-Nordiste donne a Brinek. Johansson en voulant intercepter, glisse et tombe. Brinek passe immédiatement la balle à Skiba qui lobe Angel de l'intérieur du pied. Il y a quatre minutes que l'on joue et Monaco mène : 1 à 0. Egalisation par Paluch Le jeu se stabilise milieu du terrain pendant quelques instants. Puis Rustichelli descend le long de la touche. Son centre, dangereux, est dévié en corner. Sans résultat d'ailleurs pour l'O.M. A la 15e minute, un nouveau corner en faveur de l'O.M. Sur le renvoi de Pons, Rustichelli donne à Paluch. L'ailier gauche, en position d'avant-centre s'avance et, à 10 mètres, place un tir en coin, qui met les deux équipes à égalité. Monaco accuse le coup et l'O.M. domine franchement. |
Vers la 25e minute ben Barek lance Andersson dans le trou. L'avant-centre crochette Gianessi et file vers Pons. Arrivé à quelques mètres de ce dernier, et alors qu'il allait tirer, Gianessi lui fait un croc tendis que Pironi complète l'action de son camarade en le couchant à terre d'une charge dans le dos. M. Garreau fait semblant de n'avoir rien vu et laisse le jeu se poursuivre. Un geste inadmissible de Skiba Sur un renvoi en touche Johansson passe la ligne et va chercher la balle pour faire la remise en jeu. Sans rime ni raison Skiba lui décroche un coup de pied dans le mollet. Johansson s'affalent aussitôt. Cette fois l'arbitre donne un avertissement aux monégasques. Le jeu se poursuit sans Johnson pendant deux minutes puis l'arrière central revient sur le terrain. Vandooren, qui fait une remarquable partie, pousse à l'attaque. L'un de ses tirs trouve sur la trajectoire... le nez de Ben Barek. Larbi complètement sonné par le cuir, tombe à terre, se relève et paraît K.O. debout. L'O.M. poursuit ses actions. Un retourné de Mercurio (37e) est raté de peu par Paluch, tandis qu'en réplique Vandooren place un shoot très sec qu'Angel détourne difficilement en corner. Et l'on atteint la mi-temps sur le score nul : 1 à 1. La demi-heure monégasque A peine la reprise des hostilités est-elle donnée que l'O.M. ou plutôt Johansson, doit concéder un corner un Skiba (49e). La pression monégasque se poursuit maintenant. L'O.M. se replie en défense et n'opère plus qu'avec deux avants : : Andersson et Rustichelli. Vandooren anime son équipe et il est à l'origine de tous les mouvements offensifs. A la 60e minute, le demi droit met la balle sur le pied de Brinek, mais le tir de l'Autrichien passe au-dessus. Deux minutes après, Henia échappe à Gransart et fait un centre shoote. Angel cueille la balle difficilement du bout des doigts. La défense olympienne, Angel en tête, fait face au danger. Rossi, impeccable, et Gransart intraitable, font feu des quatre fers. A la 66e minute, Ludo, servi par Brinek, prend Angel à contre-pied. Mais la balle passe devant la cage vide. Palluch rate un but L'O.M. procède par contre-attaque. A la 72e minute, Paluch s'infiltre dans la défense de Monaco et shoote. Pons renvoi faiblement du pied. Ben Barek qui a suivi, reprend, mais Pedini remet la balle en jeu de la tête. Rossi se démène comme un diable dans un bénitier. Skiba place une balle qui prend la direction des filets de l'O.M. Soudain, Rossi se détend et, d'une tête magnifique évite le but. Monaco ne baisse pas les bras pour autant et Brinek, dernier possesseur du cuir, c'est un retourner sensationnel qui va s'écraser sur le montant horizontal des buts d'Angel (82e). Cette fois Monaco accuse le coup et, comme nous le disions plus haut, la balle de match échoit à Andersson, sans résultat concret pour l'O.M. d'ailleurs, et c'est la fin de cette rencontre, aux renversements successifs et passionnants, mais au résultat nul trait équitable. |
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Comment ils ont joué |
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Scotti, Johansson, Gransart, Rossi et Angel parmi les meilleurs |
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L'équipe olympienne, disons-le tout de suite n'a pas reproduit hier après-midi à Monaco la belle exhibition de la semaine dernière. L'attaque en particulier, moins réaliste que précédemment n'a réussi qu'un seul et unique but par Palluch L'état du terrain, en premier lieu, est le grand responsable de la partie moyenne du quintette offensif des blancs. Le sol, en effet, ne permettait pas de grands mouvements offensifs, car il était recouvert en partie de flaques d'eau qui freinaient la balle dans sa course. Les glissades, de ce fait ont été nombreuses et rendirent pénibles les départs vers les buts adverses. Cette précision apportée, il est difficile avouons-le, de citer des noms chez les olympiens. Tous au demeurant travaillèrent avec énergie pour essayer de faire la décision d'abord et pour préserver leur but ensuite. Ben Barek, tout en restant l'ordonnateur des "blancs" n'a pas été autant en évidence que contre Le Havre. Le terrain lourd, on le sait, ne lui convient guère. De plus, son k.o. sur le tir de Vandooren, le handicapa tout au long du match. Néanmoins quelques-unes de ses feintes ou de ses ouvertures firent l'admiration du difficile public monégasque. Andersson a eu moins de réussite également. Gianessi et le grand responsable de son manque de punch. L'international, en effet, se montra intraitable et Gunnar ne le passa que deux ou trois fois en tout. Mercurio se confina dans un rôle presque exclusivement défensif. Lui aussi, en raison de son faible poids, n'a pas été à l'aise sur la patinoire du stade Louis II. Et des ailiers Palluch et Rustichelli n'ont pas fait un grand match. Palluch eut le mérite égaliser, mais en quelques occasions il nous a paru un peu trop lent. Quant à Rustichelli, il n'a guère été utilisé, surtout en seconde mi-temps. |
Scotti n 1 Mais c'est à la défense que revient encore l'honneur de la journée. Scotti, à notre avis, a été l'un des tout meilleurs olympiens. Ses décisions, son sang-froid ont fait merveille sur les nombreuses offensives monégasques. Après lui, Angel a été, une fois de plus, excellent. Son remarquable coup d'oeil et son placement ont encore sauvé quelques situations dangereuses. Johansson, Gransart et Rossi peuvent être placés sur un pied l'égalité. Johansson avait à faire au terrible Skiba. Il s'en tira honorablement, moins bien que d'habitude, peut-être, mais peut-on lui en tenir rigueur ? Gransart, décontracté, a fait une grande partie et a mis dans sa poche Henia. Tout comme Rossi, d'ailleurs, qui s'est amusé de Ludo. Rossi, et nous tenons à lui rendre hommage, a fait une première mi-temps sensationnelle et une bonne seconde mi-temps. Gaby, qui n'avait plus opéré depuis le 13 décembre, a donc fait une entrée remarquable. Le fait méritait d'être signalé. Mesas, enfin, à couvert beaucoup de terrain. Cependant, il n'a pas été aussi brillant qu'à l'accoutumée. Vandooren, Gianessi, Skiba Saunier et Brinek à Monaco Chez les Monégasques, Vandooren a été parfait : aussi intelligent en attaque qu'en défense. Il a été le meilleur des 22 joueurs. Giannessi également en bridant Andersson, a montré qu'il était un grand demi centre. Dommage que son croche-pied sur ce joueur ait entaché sa partie. Brinek, Saunier et Skiba dans des styles différents, furent les meilleurs de l'attaque qui pécha beaucoup par ailleurs par ses ailiers M.G. |
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GIANESSI : "Je reconnais ma faute " Chez les Monégasques, aucun regret, Gianessi, tout en se rhabillant, nous parler du penalty : - Je reconnais bien volontiers ma faute, ainsi que celle de Pironi. Je m'en excuse auprès d'Andersson. Cependant, à mon avis, si l'arbitre ne l'a pas accordé, c'est qu'il s'est rendu compte que le but de Palluch était hors-jeu. Une compensation, en somme... Lazare Gianessi est très sport, certes, mais ne va-t-il pas un peu loin dans sa conclusion ? |
Le point de vue d'un confrère niçois Dans la tribune de presse, notre confrère Allègre, de "Nice-Matin" eut cette répartie remarquable après l'erreur de M. Garaud sur le fauchage d'Andersson à l'intérieur de la surface de réparation : - Je me demande maintenant ce que peut bien signifier le mot "penalty", car j'avais plus ce Monsieur n'en accordera de sa vie ! |