Résumé Le Provencal du 12 mars 1954 |
L'O.M. obtient le match nul, en 1re mi-temps, contre Strasbourg mais s'incline (2 à 1) pour avoir voulu conserver ce draw (De notre envoyé spécial Jean Peyrache) |
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STRASBOURG (Par téléphone) - Un temps serein, un ciel absolument sans nuage ont présidé à cette rencontre entre l'O.M. et Strasbourg, quatre jours après l'élimination du onze de "Pepie" Humpal, par le même olympique de Marseille, de la Coupe de France. Verdoyant, le stade de la Meinau souriait au printemps. Les supporters alsaciens espéraient, attendaient, étaient sûrs du succès de leur Racing. Mais il n'y avait aucune senteur de haine sur les bords de l'Ill. Pour remplacer Sesia blessé à Lyon, Humpal avait décidé de faire confiance au jeune arrière gauche. Wending, et de faire de l'arrière gauche Deckert un demi gauche et du demi gauche Dreyer un inter-droit. La rentrée de Haan compensait la défection de Sesia, et somme toute, Strasbourg alignait une équipe de valeurs égale à celle du dimanche précédent, tandis que l'O.M. privé de Ben Barek et de Andersson ne pouvait en faire autant. Lorsque l'O.M. déboucha du vestiaire sur la pelouse, une ovation s'éleva dans le stade. Nous ne faisions pas d'erreur, car si Strasbourg suivant à courte distance, l'O.M. était bel et bien en tête et aucun sifflet de vint troubler la présentation. A l'heure exacte (plus 50'') Hertrich donnait le coup d'envoi, et dès la première minute un centre shoot de Goutheraud, qui avait intercepté, trouver Kress à la parade. Mais à la minute suivante, sur coup franc tiré par Deckert, à 30 mètres des buts marseillais, une situation confuse se produisait et Carré tirait de 20 mètres sur l'angle montant droite horizontale. A la quatrième minute, Humpal à son tour, shootait au-dessus. Sur la remise en jeu, Goutheraud s'échappait et se rabattant de l'aile au centre, tirait un ras de terre qui obligé Gress a plongé deux fois pour bloquer. Nouvelle alerte Gress (7me minute), lorsque sur combinaison Gransart, Scotti, Palluch, Rustichelli, il se trouva dans l'obligation de concéder un premier corner. L'O.M. ne faisait pas du tout mauvaise figure. Il obtenait un corner sur mésentente Hauss-Kress. Une mésentente qui eut pu être fatale, si la passe de Hauss à son goal n'était sortie à 1 mètre des filets. 21e minute : premier but strasbourgeois Pourtant, c'est Strasbourg qui avait ouvert la marque. A la 21me minute Krug, le demi-offensif servait Carré sur la gauche et en profondeur. Carré redonnait immédiatement au centre à Hertrich qui, sans veine attente, de vingt mètres, plaçait sous l'horizontale un tir qui laissait Angel décontenancé. 28e minute : égalisation de l'O.M. Nullement abattu, les hommes de Roessler repartaient. Ils obtenaient des corners. A la 28me minute, nous en avions compté quatre contre deux à Strasbourg. Ce quatrième corner allait être bénéfique car Rustichelli qui avait déjà obligé Kaelbel à le lui concéder réceptionnait la balle remise en jeu du coin par Mercurio et prolongée vers lui par Goutheraud pour égaliser. |
L'O.M. continuait à faire vraiment belle contenance dans une ambiance bien moins que favorable. A 38me minute, Rustichelli perçant au centre, perdait la balle en route. Deux minutes plus tard, de trente mètres et sur un centre venu de la gauche Nocentini expédier de justesse au-dessus d'un tir très applaudi. A la mi-temps, Mercurio se trouvait stopper par Krug juste à la limite du règlement. Penalty réclamaient les olympiens. Nous sommes de ceux qui pensent qu'on ne distribue pas les penalties comme des citrons à l'heure du repos. Réflexion à la mi-temps Au repos, l'O.M. pouvait donc estimer à la fois satisfait et lésé, mais, l'opinion continuait de lui être favorable. Belle attaque, nous disait-on parce qu'on avait compris dans les tribunes de la Meinau, que nous n'étions pas tout à fait natif de Strasbourg. Belle attaque, oui, et nous pensions que dans cette attaque amputée de ses deux étoiles, les remplaçants Goutheraud (au style direct) et Rustichelli (auteur du but) avaient été les meilleurs. L'O.M. n'avait plus le droit de ne pas faire confiance à son attaque. Il devait faire comme le nègre : deux fois vaincu Strasbourg pouvaient l'être une troisième. Deuxième mi-temps Sous un rougeoyant soleil vers une grise ligne d'horizon, le jeu reprit. Et l'O.M. jouait le match nul. Kress était plein d'inquiétude Angel, lui était harcelé. Très nettement, Scotti jouait en retrait et Scotti inter replié ne put pourtant empêcher Hertrich d'égaliser à la 58me minute sur une phase confuse qui ne permit même pas à Angel d'y voir clair. Lorsque l'oiseau fut envolé, l'O.M. ferma la cage en ce sens que chacun reprit sa place. N'était-ce point trop tard ? Nous vîmes alors l'arrière droit Krug contre attaquer, tout simplement parce que l'O.M. s'était remis à attaquer. Mais nous vîmes aussi Kress en difficulté sur une combinaison Palluch -Rustichelli. En réalité, l'O.M. ne semblait plus croire en lui. Ce deuxième but n'avait sidéré. La deuxième mi-temps, de deux tons inférieurs à la première fut entrecoupée de coups francs. A la 75me minute, Scotti égalisa, mais au préalable M. Harzig avait sifflé. Les dernières minutes devaient voir rebondir l'intérêt du match. Johansson et Angel (c'est rare) cafouillaient. Angel etait assez heureux pour recueillir un essai de Haan, qui avait heurté un montant. Puis sur un ultime corner Kress faillit être battu. Mais finalement, le sifflet de M. Harzig libérait les 22 joueurs sur un score inversé à celui de Lyon. |
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Satisfaction mitigée à STRASBOURG... |
STRASBOURG - Le R.C. Strasbourg n'était pas prêt heureux de son succès. Humpal reconnaissait : "Mes joueurs ont voulu trop bien faire et ils ont réussi, tout en gagnant à faire moins qu'a Lyon. Je sais que l'O.M. se plaint de l'arbitrage, mais je ne crois pas que nous ayons été avantagés au point de voler notre succès." Carré disait : "Le principal est d'avoir empoché deux points". Quant à Krug il avouait : "J'ai eu un rude travail avec Goutheraud." Chez les Alsaciens la joie était réelle mais l'ombre au tableau résidait dans le fait que le succès était venu tard. ... et mécontentement général à l'O.M. A l'O.M. rien n'allait plus. Lorsque nous questionnâmes Roessler sur le deuxième but il s'écria : "Je n'ai jamais donné une consigne de prudence. On ne m'écoute pas." Goutheraud était formel : "Krug est un drôle de client. Il s'est débarrassé de moi en marges des règles." Et Rustichelli soupirait : "Bien sur, je suis assez content, mais si je n'avais pas écrasé cette balle alors que j'allais au but nous nous pouvions gagner". La discorde régnait sur un point : Angel : "Il ne fallait pas engager la deuxième mi-temps en bétonnant." Scotti : "Comment fallait-il agir puisque la balle était toujours derrière ?" Nous adoptons le point de vue du goal parce que dès que Strasbourg eut repris son avance (qui allait être difficile), Scotti repartait vers l'avant, chose qu'il n'aurait jamais dû cesser de faire. La défaite engendre le mécontentement mais un proverbe ne recommande-t-il pas de s'aider soi-même pour obtenir l'aide du ciel ? J.P. |
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Comment ils ont joué |
STRASBOURG - L'O.M. a perdu le match sur une erreur tactique. Au repos, l'opinion lui était nettement favorable autant plus que Mercurio venait de bénéficier nous l'avons dit, du doute sur une charge de Krig qui frisait l'irrégularité. Individuellement, de Angel à Goutheraud, les onze hommes ne mériteraient que des éloges s'ils avaient opéré en deuxième mi-temps comme en première. Nous avons apprécié la vitalité de Rustichelli et de Goutheraud ; l'allant construit constructif de Mercurio qui méritait aussi son but ; Johansson blessé à l'épaule, eut une tâche difficile avec Hertrich et ne le ménagea guère et la défense tira son épingle du jeu face à une attaque alsacienne qui voulu trop bien faire pour justifier... l'injustice de son élimination en coupe. A Strasbourg, Humpal joua son rôle de meneur avec maestria. Krug, arrière offensif par excellence est d'abord le souci d'éliminer de trop dangereuse Goutheraud par la voie d'une excessive rudesse. Excellent en défense le R.C. Strasbourg n'a pas les moyens offensifs pour faire une grande carrière. L'O.M. de la première mi-temps méritait mieux que le match nul. Celui de la deuxième eut sans doute adopté une autre tactique si le match s'était joué ailleurs qu'à la Meinau. C'est le terrain adverse qui a battu l'O.M. |