Résumé Le Provencal du 22 mars 1954 |
L'O.M. pareil à une tornade, remporte dans un style de Coupe une victoire méritée sur l'O.G.N.C. NICE (4 à 2) Les Azuréens avaient raté un penalty dans la première demi-heure. (De notre envoyé spécial : Alain DELCROIX) |
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Nice - Avant le début de cette rencontre, on ne donnait pas cher des chances marseillaises. En effet, le duel sudiste se présentait sous de mauvais auspices pour l'équipe phocéenne. Il manquait à celle-ci trois hommes de valeur : Salem, Johansson et Andersson. En principe, c'était un handicap insurmontable. A ces absences il fallait ajouter que le onze de Roessler n'a pas pour habitude d'être transcendant en déplacement et particulièrement à Nice, il a rarement obtenu des résultats brillants. Et sans faire preuve de pessimisme outrancier on ne pouvait, à la grande rigueur, qu'espérer un score honorable pour les blancs et, en mettant les choses au mieux, un match nul. Mais la logique et le sport ne font pas souvent bon ménage. Nous en avons eu la preuve éclatante au stade Léo Lagrange. L'Olympique de Marseille a gagné par quatre à deux et a nettement mérité ce succès qui n'est pas dû, il faut insister sur ce point, à une quelconque complaisance du sort. Nice piétine Les Aiglons avaient pris un départ en trombe avec l'intention évidente de s'offrir un avantage coquet à la marque. Et pendant trente minutes, ils bénéficièrent d'une indiscutable domination territoriale. Mahjoub, Fontaine, Cuissard, Belaid partaient à la conquête des 18 mètres marseillais. Mais leurs tirs étaient ou trop lointains ou mal assurés et les défenseurs phocéens ne s'en laissaient pas conter et attaquer franchement la balle et dégageaient leur camp avec faiblesse. A la 22e minute, nous vécûmes l'un des tournants du match. M. Devillers siffla un penalty extrêmement sévère contre l'olympique. Le match, en principe, semblait joué. Comme les Phocéens, décidés jusqu'alors pourraient-il remonter ce but que n'allaient pas manquer de réussir Nice ? Mais Cuissard, mal inspiré, ne parvint pas à loger la sphère dans les cages d'Angel, qui s'écrasa contre le montant gauche des poteaux. Le destin avait parlé en faveur de l'Olympique et les éléments de celui-ci n'allaient pas l'oublier par la suite. La défense niçoise fut faible. La défense niçoise fut faible et elle paya les conséquences de son marquage fantaisiste. On put le constater quand Scotti, ouvrit le score en faveur de Marseille et quand Mercurio amena le second but en feintant Martinez et Cuissard décontenancés par la rapidité de son action. De plus les demis ailes azuréens furent une tendance trop marquée à pousser à l'attaque. Roger Scotti et Ben Barek furent incontestablement les organisateurs du succès marseillais. Ils conduisirent les débats à leur guise, le premier remplaça Andersson pour l'efficacité. N'est-il pas parvenu à réaliser le "hat strick" ? Quant au second, opérant comme un stratège, il conserva la balle au pied et eut des éclairs de génie qui confondirent leurs adversaires, Nuremberg et Fontaine, leurs vis-à-vis furent bien pâles et de jouèrent qu'un rôle très effacé. |
Une volonté de fer Les Marseillais ont remporté cette victoire parce qu'ils ont fait preuve d'une volonté de fer. Ils ont disputé cette rencontre comme un match de Coupe. Jamais découragés, servis par la chance, les Provençaux se sont montrés non seulement plus combatifs que les Azuréens, mais encore ils ont attaqué plus franchement la balle et leur ligne offensive s'est montrée plus opportuniste, plus dangereuse que sa rivale. Scotti et Ben Barek organisateurs du succès Les Niçois menés par 2 buts d'écart à la mi-temps, n'ont jamais donné l'impression de pouvoir remonter ce retard. Leur défense ne fut pas assez hermétique et leur ligne d'attaque se montra trop homogène et plus décousues et sans ampleur. Le résultat de Marseille prouve qu'à l'extérieur on peut vaincre à condition qu'il y mette le prix dans le domaine du courage, de la volonté et du dynamisme. Si l'on doit admettre que les Niçois bénéficièrent d'une certaine domination territoriale soulignons qu'ils furent d'une insigne imprécision et surtout que les olympiens surent mieux qu'eux profiter des occasions qui leur furent offertes. Si Belaid donna de remarquable balle à Ujlaki, combien de montées niçoise furent gâchées par les avants locaux. Par contre les Marseillais ont profité du maximum des fautes ennemies. La preuve la plus magistrale qui nous a été administrée l'a été par les deux buts obtenus de la tête par Scotti à la suite d'un excellent corner donné par Mercurio. Espoir pour la coupe Marseille pour une fois nous a surpris agréablement en déplacement. N'oublions pas qu'il a obtenu à Nice la première victoire à l'extérieur depuis le commencement de la saison. Il paraissait, hier, sinon invincible, du moins peu perméable à un team niçois assez inconsistant qui nous a semblé nettement en perte de vitesse. L'équipe de Roessler a-t-elle répété son match de dimanche prochain ? On en à l'impression après l'avoir vu se battre avec une détermination farouche indiscutable. L'olympique revenant à ses plus belles traditions et sur la bonne voie. Il ne lui reste plus qu'à confirmer devant Rouen, le succès très encourageant remporté face à Nice en championnat. |
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A la mi-temps, l'O.M. menait déjà par 2 buts à 0 |
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Nice - Les chocs Marseille-Nice, véritables derbies méditerranéens, sont toujours suivis par un public extrêmement nombreux. Le duel d'hier après midi n'a pas failli à la tradition et c'est devant une foule de 16.000 personnes environ qu'a débuté ce match des "frères ennemis". Les équipes se présentent dans les formations suivantes : MARSEILLE : Angel ; Gransart, Palluch ; Nocentini, Rossi, Mesas ; Rustichelli, Ben Barek, Guidoni, Scotti, Mercurio. Nice : Hairabedian ; Martinez, Gonzales ; Cuisssard, Poitevin, Mahjoub ; Ujlaki, Nuremberg, Belaid, Fontaine, Brandahozino. Lorsque l'équipe marseillaise apparaît sur le terrain les réactions sont diverses ; coups de sifflet, applaudissement se mêlent pour former une cacophonie indescriptible. Évidemment, l'entrée des "Aiglons" est plus appréciée. Cuissard gagne le toss pour Nice et choisit le côté droit du terrain. À la 6me minute, Brandahozino se montre dangereux échappa Mesas, tire en force. Mais la balle manque la cage. Gransart dégage avec volonté sur une percée de Belaid puis Mahjoub monte à l'assaut, mais tire, lui aussi, à côté. Alors 11me minute, Fontaine tente, lui aussi sa chance, puis c'est Brandahozino qui tire dans sa foulée (12me minute). Une jolie tête de Guidoni est stoppée par Hairabedian. Ensuite, Gransart arrête irrégulièrement Brandahozino. C'est le coup franc à la limite. Palluch dégage ; puis Rossi sauve devant Brandahozino (16me minute). Penalty A la 22me minute, l'arbitre M. Devillers, siffle penalty trop sévère à l'encontre de Mesas, qui a arrêté de la main la balle. C'est Cuissard qui shoote, sur le montant gauche de la cage. La balle revient en jeu, Brandahozino s'en empare et de dire. Angel dégage au point. Marseille a eu chaud. Mais Nice ne se décourage pas. Ben Barek s'élance et contre-attaque passe à Guidoni qui rate une splendide occasion à la 29me minute. Deux minutes plus tard, la "Perle Noire" en position d'inter gauche, shoote de 20 mètres. Hairabedian et à la parade. Scotti tir à son tour. Le gardien niçois repousse. Ben Barek reprend mais manque la cage (33me minute). |
L'O.M. marque... Suit un corner pour Marseille Mercurio le tire très intelligemment. Et Scotti reprend la balle de la tête, au milieu d'un paquet de joueurs et loge le cuir dans le coin droit (34me minute). Marseille 1 ; Nice 0 A la 41e minute, Fontaine lance Brandahozino, qui part seul vers la cage marseillaise. Angel avec décision, lui plonge dans les pieds et envoie la balle en corner. ... et continue. Quelques secondes avant la mi-temps, Mercurio fonce, échappe à deux défenseurs niçois : Martinez et Cuissard, centre sur Guidoni qui loupe la reprise, mais ben Barek magnifique de sang-froid reprend et shoote. Marseille 2 ; Nice 0. A la reprise Nice domine. Fontaine et Belaid, tour à tour, tentent leur chance. Puis Gransart est obligé de concéder un corner devant une attaque redoutable de Brandahozino. Mais ce corner ne donne aucun résultat. Brandahozino obtient un nouveau corner sur une percée personnelle, mais cet effort a été vain. Nice : un but A la 65me minute, Belaid passe Rossi, donne à Ujlaki, qui shoote dans la foulée et marque. Marseille 2 ; Nice 1 encore Scotti... Guidoni, bien placé, expédie un ras de terre que Hairabedian envoie en corner. C'est Mercurio qui le donne d'une façon magnifique. Et Scotti, toujours démarqué, le reprend de la tête et envoie dans la cage adverse (70me minute) Marseille 3 ; Nice 1. Sur une contre-attaque niçoise Belaid donne la sphère a Ujlaki qui tire un nouveau bolide qu'Angel ne peut stopper (77me minute). Marseille 3 ; Nice 2 A la 78e minute, l'arbitre, M. Devillers, accorde un coup franc à la limite en faveur de Guidoni. Ben Barek le donne splendidement en retrait à Scotti, qui shoote à ras de terre et trompe Hairabedian. Marseille 4 ; Nice 2. A la 81me minute, Guidoni manque une belle occasion puis Belaid en fait autant six minutes plus tard et la fin est sifflée pour la victoire de Marseille par 4 à 2. A.D. |
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BEN BAREK "Le Dieu du sport nous a récompensés" |
GRANSART, ROSSI, SCOTII, BEN BAREK, furent les meilleurs d'un onze marseillais qui se surpasse |
NICE (Par téléphone ) Évidemment, il régnait dans le camp olympien, après la victoire remportée sur Nice, une joie légitime et générale. Et voici ce que nous ont déclaré les dirigeants et les acteurs de ce succès inattendu : M. BICAIS "Voila deux points qui comptent et qui risque de nous éloigner définitivement du barrage !" M. MARIA : "Nous avions confiance, nous l'avions dit à nos joueurs. Il est prouvé que malgré les remplaçants, on peut vaincre" BEN ABREK : "Le Dieu du sport nous a récompensé aujourd'hui car, vraiment, le penalty qui avait été accordé à Nice était trop sévère." SCOTTI : "Je n'ai jamais marqué trois buts de ma vie dans un match ; du moins je le suppose. C'est vraiment un beau jour !" PALLUCH : "Il y a que les deux points qui comptent mais vraiment, nous avons du nous fatiguer". ROSSI : "Jusqu'à présent j'avais fait ma rentrée dans des circonstances difficiles. Je suis heureux d'avoir participé à la première victoire marseillaise en déplacement. RUSTICHELLI : "Je ne comptais pas gagner à Nice !" ANGEL : "Aujourd'hui, je ne dirais pas que nous étions imbattables mais vraiment nous étions obligés de réaliser une belle performance." L'entraîneur ROESSLER : "Nous avons ramassé deux points ; c'est déjà joli ! Il faut continuer et penser à la coupe !" SALEM : " Les compagnons ont joué remarquablement et ils ont amplement mérité leur victoire. Dans le camp niçois évidemment les visages étaient tendus, et lors ne souriait guère. Mais on essayait de trouver les raisons de cet insuccès. M. CHARLES : "Nice est une équipe jeune qui a joué dans un style vieux. Notre défaite est méritée." M. PAVESI : "Je vous assure que je n'ai pas reconnu notre formation." M. COTTA : "Les Niçois ont vraiment mal joué ; on se demande ce qu'il est advenu de cette équipe qui, en novembre dernier, pouvait espérer remporter le championnat." L'entraîneur BERRY : "Le penalty que nous avons raté à influencer défavorablement notre équipe. BELAID : "Marseille possède un champion : Ben Barek ; je paierai cher pour jouer à ses côtés !" GONZALES : "Les Marseillais ont profité de leurs rares occasions." POITEVIN : "Il faut avouer que les Marseillais s'accrochent davantage que nous." CUISSARD : "Evidemment on peut dire que c'était la loi du football. Nous n'avons pas été très brillants et Marseille a été plus heureux que nous. MAHJOUB : "Marseille a eu le maximum de réussite. Il méritait son succès mais nous nous aurions pu faire mieux." HAIRABEDIAN : "nous n'avons pas shooté : c'est un fait. Mais les Marseillais ont eu beaucoup de réussite !" |
NICE. -Angel n'eut pas beaucoup de travail à accomplir, mais il montra plus d'autorité dans ses interventions et notamment en plongeant dans les pieds de l'avant niçois qui s'avançait seul vers les bois. Gransart fut battu en vitesse par le dangereux Brandahosino. Mais il ne lui laissa pas un moment de liberté est fini par l'écoeuré. Palluch, arrière d'occasion, déblaya avec bonheur son camp et il ne fut pas inquiété par la réputation d'Ujlaki. Nocentini fut plus valeureux en deuxième mi-temps qu'en première. Il stoppa souvent Fontaine, qui fut loin d'être éblouissant. Rossi contint Belaid, il fut excellent dans le domaine défensif. Il brisa plusieurs assauts adverses. Mesas, toujours courageux, se dépensa sans compter. Il relégua Nuremberg a un rôle passif. Il abattit une besogne énorme. Rustichelli fut plus combatif qu'à l'ordinaire en déplacement. Il luttait avec Gonzales et prit quelques fois le meilleur sur lui. Ben Barek ne fut pas ménagé par ses adversaires, mais ne se découragea jamais. Il ne perdit son sang-froid en aucune occasion et marqua un but qui fut un modèle de clarté et de rapidité dans l'intervention. Guidoni eut un début plutôt effacé, ensuite, il essaya de tenter sa chance ; il fut un peu maladroit ; il eut toutefois le mérite de se battre. Poitevin s'en aperçut et fut obligé de le marquer de près. Scotti, auteur d'un "hat trick" s'avéra le champion de l'opportunisme et de l'efficacité. Mercurio donna quelques bonnes balles. Il fut parfois lent mais eut le mérites également de tirer de remarquables corners. À Nice : Hairabedian ne fut pas toujours bien placé sur les shootes marseillais qui le bâtirent. Martinez fut plutôt insuffisant ; il fut responsable en partie du second but. Gonzales n'eût qu'une tenue moyenne. On pouvait s'attendre à mieux de sa part. Cuissard fut très dangereux pendant le premier half puis il baissa son rythme. Poitevin fut obligé, par l'ardeur de Guidoni, de réduire son rôle à la défensive mais il fut très ardent. Mahjoub fut redoutable par ses montées dans la première demi-heure, mais malheureusement, il ne termina pas ses occasions. Ujlaki, toujours dilettante et fantaisiste, de ce racheta qu'en deuxième mi-temps ou de réussi les deux buts niçois. Nuremberg fut ardent, mais son action ne fut pas toujours assez soutenue. Belaid fut dominé par Rossi et rata des occasions magnifiques. Fontaine ne se montra pas à la hauteur de sa réputation et ses tirs furent dépourvus de précision. A.D. |