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Résumé Le Provencal

du 04 octobre 1954

 

PLUS DE 30.000 SPECTATEUR ONT SALUE UN ELOQUENT SUCCES DE LEUR EQUIPE

SANS LA BLESSURE DE VANDOOREN

SURVENUE ARES 45 MINUTES DE JEU

L'O.M. EUT BATTU PLUS NETTEMENT BORDEAUX (3-1)

C'est par un temps splendide et alors qu'un certain sens souffle sur le stade, vent qui contrariera les dégagements des goals que la populaire vedette de l'écran Philippe Lemaire, venu en spectateur avec Armand Mestral, donne le coup d'envoi de ce Marseille - Bordeaux.

31.352 spectateurs qui ont payé, apportant au guichet 7.899.700 francs, se demande quel sera le visage de l'O.M. après la défaite de Lyon et le draw de Nîmes. Comme pour répondre à cette question Johansson porte à son actif un premier dégagement effectué avec autant de décision que de netteté. Puis Rustichelli confirme cette première impression favorable aux locaux en approchant dangereusement Bernard. Mais l'ailier pousse trop loin son action et échoue. Visiblement, les Phocéens "en veulent".

Si Andersson tire dans les pieds de Janszewski, Ben Barek construit inlassablement. À la sixième minute, le Marocain adresse la balle à Andersson. Bernard tente vainement l'interception, Rustichelli rate sa chance et la balle revient à l'avant-centre suédois qui, malgré Janszewski et Garriga marque dans la cage vide.

O.M. : 1 - Bordeaux : 0

C'est du délire. L'euphorie n'est pas encore éteinte que Kargu essaie de tromper Angel, mais en pure perte ; "Pépito" n'est pas celui qui commet des fautes quand l'équipe "tourne".

Au contraire, les Marseillais constituent par leur style alerte le bon football qu'ils pratiquent en s'efforçant de maintenir au sol un "cuir" que les Bordelais plus athlétiques s'évertuent de jouer en l'air.

C'est ainsi qu'à la douzième minute Bernard est mise dans l'obligation de plonger dans les pieds de Le Gall et Andersson venus des 18 mètres à la suite d'une belle ouverture en profondeur de Vandooren.

Les occasions de battre le portier girondin, délaissé par des arrières qui ne se hâtent que lentement, se multiplient : une combinaison Ben Barek - Le Gall - Ben Barek aboutit à Andersson, un Andersson qui "joue" cours, donne des balles, dribble, tente des "heading". Gunnar botte au-dessus. Bordeaux qui devrait changer de vitesse pour s'opposer au bal marseillais, ne peut se reprendre. Ces attaques sont étouffées, et c'est au contraire, l'O.M. qui affirme sa volonté de ne pas rester là.

À la 29e minute, Le Gall centre, Andersson, mal placé, s'efface judicieusement et la balle arrive à Vandooren qui, en retrait, l'attend. Un tir admirable de précision et Roger voit le ballon secouer les filets.

O.M. : 2 - Bordeaux : 0

Le cavalier seul des Provençaux se poursuit et les spectateurs songent au "carton". Dans de telles conditions, c'est du "cousue main"...

Ainsi quant à la quarantième minute, Vandooren ouvre superbement, on songe que c'est peut-être le troisième point qui se dessine. Ben Barek rafle le "cuir", dribble à trois ou quatre reprises et adresse vers les buts une balle apparemment anodine Bernard s'élance, la sphère ricoche sur le gazon. But !

O.M. : 3 - Bordeaux : 0

On s'achemine vers un désastre des joueurs de la Gironde et, bien entendu, le stade croule.

À la quarante-troisième minute Aucour, involontairement nous dira-t-il, touche Vandooren. Celui-ci quitte le terrain et y reviendra après la pause mais il ne sera qu'un figurant bien pâle à l'aile droite.

En seconde mi-temps l'O.M. perd d'excellentes occasions. Bernard plonge encore dans les pieds de Rustichelli qui peu après, manque une reprise de la tête. Le Gall seul tire derrière les filets, et c'est la 88e minute.

Pressé par Abdesselem, Palluch, face à ses buts, tente de dégager. Le Bordelais et désaxé. M. Mourat, intraitable, indique le penalty. Kargu le botte imparablement.

O.M. : 3 - Bordeaux : 1

Weziesko et Le Gall échouent près des buts, et c'est la fin sur une victoire facile et qui eut pu être beaucoup plus nette.

Georges LEOST

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Du très bon football

en première mi-temps

Ce n'est pas sans inquiétude que l'on attendait la venue des Bordelais au Stade Vélodrome. Et ce sentiment animé surtout ceux des Marseillais qui assistèrent à la défaite essuyée au stade Gerland puis, au nul péniblement arraché au stade Jean-Bouin...

C'est assez logique, malgré les rentrées de Johansson, Ben Barek et Rustichelli.

Un départ facile

Alors qu'on se demande quelle serait l'issue de cette confrontation jouée contre une équipe solide, l'O.M. s'organisa dès le coup d'envoi. Opérant rapidement, avec vivacité, construisant un football plaisant, ponctué d'action de valeur certaine, les Olympiens prirent la direction des débats attaquant la balle avant l'adversaire, la maintenance sur le gazon le plus possible.

Le but marqué à la 6e minute par Andersson été la conclusion méritée d'une supériorité totale, acquise sur le plan du football pur, de la condition physique, de l'inspiration.

Le second. De Vandooren concrétisa, le renouveler des locaux. Robert inscrivant son premier but marqué depuis qu'il porte le maillot blanc.

Quant au troisième, de Ben Barek, il fit accuser à l'ascendant des Marseillais sur les Bordelais une marge nette est parfaitement justifiée.

L'O.M., véritablement dans un jour faste, put impunément se passer des services de Vandooren blessé, qui s'exila à l'aile droite après le premier half.

Du grand Ben Barek

Et on eut nettement l'impression que le référée accorda penalty... parce que l'on se trouvait à 2 minutes de la fin. Car tout de même, l'action de Palluch sur Abdesselem n'était pas si brutalement répréhensible.

Score net, mais qui eut pu être aggravé par Rustichelli (heading manqué), Le Gall avant et après le penalty.

Et la supériorité de l'O.M. ressort surtout du fait que même à dix, les Olympiens ont tenu la dragée haute aux Girondins contrôlant les opérations, jouant simplement avec coeur et foi, se dépensant largement heureusement, et non sans intelligence.

Il est vrai que hormis Angel, intraitable malgré le coup de pied de "réparation" de Kargu, Johansson fit une rentrée en tous points remarquables. Gransart se porta à son passif qu'une "toile", Palluch se hissa au rang de ses camarades de la défense.

Marcel, de son côté, se montra en très nets progrès et Scotti fut... Scotti.

En attaque, Ben Barek, numéro 1 de l'équipe, travailla avec acharnement. Andersson et Le Gall aussi. Vandooren, très précieux avant sa blessure s'illustra largement. Quant à Rustichelli le malheur l'accable.

C'était suffisant pour battre Bordeaux qui valut surtout par Garriga, Aucour et Abdesselem.

Georges LEOST

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Mention bien à Ben Barek, Johansson

Andersson et Vandooren

Les Olympiens comme on pouvait le prévoir se sont rachetés. À Lyon, a Nîmes, ils avaient des semelles de plomb et accumulaient comme à plaisir les maladresses.

Hier sur la pelouse du stade vélodrome, ils nous ont offert un spectacle beaucoup plus réconfortant. Rapides, décidés, ils ont attaqué franchement la balle et ont shooté avec précision. Aucun élément n'a démérité mais on peut attribuer une mention spéciale à Ben Barek, Andersson et Johansson. Le premier dégagé, désinvolte, s'offrit le luxe de prendre toute la défense à contre-pied et de marquer un but splendide au terme d'une course solitaire. Le citoyen de Montolivet disputa les balles, domina Garriga et signa grâce à sa promptitude le premier point.

Enfin l'international scandinave effectua une rentrée sobre, mais efficace. Il mit de l'ordre dans les dix-huit et "contra" le marocain Abdesselem.

Angel n'a pas démérité et sortit entre parenthèse avec décision devant Wozniesko en position de tir.

Gransart n'eut pas de difficultés à marquer l'espoir bordelais que nous venons de citer. Palluch fit attention au véloce Novotarski et ne lui octroya pas une énorme liberté.

J.J. Marcel eut un rôle défensive à tenir, il tint honorablement. Scotti avait Driss comme adversaire direct. L'opposition tourna à son avantage.

Rustichelli par manque de sang-froid, de pondération a raté des occasions uniques, mais il fut entreprenant, Vandooren joua une première mi-temps très satisfaisante et ses ouvertures furent appréciées, ainsi que son but. Enfin le Gall ne fut pas toujours à son aise devant Janczewski, néanmoins il fut combatif.

À Bordeaux, Abdesselem se mit en relief avec son tripotage de balle ; Aucourt fut très active ; Garriga éclaircit plus d'une situation périlleuse ; Janczewski Grimonpon sauvèrent chacun un but tout fait !

Alain DELCROIX

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PALLUCH : "Le penalty

n'existait pas !"

Tout le monde arborait un large sourire dans le camp marseillais. L'Olympique venait en effet de retrouver le chemin de la victoire, M. Roger Rolhion résuma ses impressions par ces mots : "Ah ! Si Rustichelli avait eu davantage de réussite quel score !"

Angel faisait remarquer : "Nous avons dû jouer à dix, avec un peu de finish Rusti pouvait nous permettre de réussir un carton !"

Andersson parla de Garriga : "Il est lourd mais très correct !"

Johansson se sentait beaucoup mieux : "Plus de douleur ! Je pense que la condition revient ! "

Vandooren souffrait visiblement : "Après le coup d'Aucourt dans les côtes, impossible de courir..."

Enfin Palluch nous donna sa version du penalty : "J'ai disputé simplement la balle ! Je pense que l'arbitre a voulu accorder une compensation pour la première mi-temps !"

Chez les Bordelais, visages tendus.

L'entraîneur Gérard nous dit très calmement : "Je ne parlerai pas de l'arbitrage, cela vaut mieux ! mais Abdesselem ne peut plus toucher une balle sans être pénalisé !"

Bernard, le jeune goal, était mécontent : "Nous aurions pu encaisser davantage de buts mais sur le premier, Andersson était manifestement hors-jeu !"

Aubert était plein d'admiration pour Larbi : "Quel grand bonhomme il est encore !

Enfin Abdesselem exhalait sa rancœur : je suis la bête damnée des arbitres et pourtant je m'efforce d'être sans reproche...

A.G.

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Philippe LEMAIRE

"BEN BAREK est toujours formidable !"

Le coup d'envoi du match O.M. - Bordeaux fut donné par l'élégant jeune premier Philippe Lemaire, qui est actuellement la vedette aux studios de Ste-Marthe de "Tournant dangereux", en compagnie de Viviane Romance.

C'est un amateur de ballon rond éclairé qui nous a confié sa satisfaction en ces termes :

"Ce fut un spectacle de qualité, mais j'ai surtout admiré Ben Barek ! Il est toujours formidable".

Armand Mestral, l'excellent chanteur l'accompagnait et partageait son opinion.

"J'ai "tâté" au football pendant mon enfance et chaque fois que je le peux, je vais assister à un match ! L'Olympique a nettement mérité sa victoire..."

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BEN BAREK

"L'ENCHANTEUR"

L'O.M. c'est donc débarrassé hier après-midi, aussi nettement que possible, d'un onze girondins bien en dessous de ses productions habituelles. Le football de ces derniers, tissé à la manière d'une dentelle de nos grands-mères, n'a pas trouvé grâce devant le jeu direct des Marseillais.

Que cette victoire acquise dans le style olympien le plus pur, rassure donc ceux qui a Nîmes ont pensé, un moment, que les hommes de Rolhion avaient perdu toute technique et tout esprit tactique sur l'herbe gardoise. Les faits sont les faits, on ne saurait les contredire.

Présentement, le team au maillot blanc, inspiré par le football académique de J.J. Marcel et Johansson, assuré par la solidité de Gransart, Scotti et Palluch, piqué par la virtuosité de Ben Barek et l'allant de Gunnar Andersson, connaît une période faste, un état de forme rassurant. Son succès sur Bordeaux est la conséquence logique de sa préparation et de ses moyens actuels.

Ceci dit ne cachons pas notre premier désir qui été de consacrer ce "papier" à Larbi Ben Barek véritable démon du football qui pour le plaisir des yeux, vous confond et vous fait regretter qu'il soit plus près de la fin de sa carrière que de ses débuts.

Seitz et Crut, deux anciens de l'O.M. en parlaient à la mi-temps "C'est la grande classe" disaient-ils. C'est peut-être mieux que ça. Quand le génie du jeu se promène au-dessus des stades, c'est le plus naturellement du monde qu'il semble venir s'accoupler à Larbi. Son exhibition, hier, fut surprenante de facilité ; Ben Barek continue à étonner par ce talent qu'il disperse à, ses coéquipiers et aux foules qu'il nourrit de satisfaction.

Ben Barek aura réussi au bout de sa carrière à faire croire aux gens qui refroidissent leur fessier sur les gradins de pierre, que le football est à la portée de tous, ventrus ou pas.

Ben Barek, c'est toujours l'Enchanteur qui ravit les jeunes et émerveille ceux qui ne le sont plus.

C'est toujours malgré ses quarante-ans, le plus bel ambassadeur que le football nord-africain nous est offert... et aussi l'un des meilleurs inters français.

Lucien APO

 

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