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Résumé Le Provencal

du 13 décembre 1954

 

L'O.M. largement battu (4-0) à SOCHAUX malgré un bon début

Après le repos (1-0) les DOUBISTES marquèrent sur penalty

puis consolidèrent un succès acquis assez facilement

(reportage de notre correspondant particulier : Louis GAIFFE)

SOCHAUX (par téléphone) - Sochaux - Marseille attirera toujours une foule des meilleurs au stade Bonal. Aujourd'hui, malgré l'appel de la première neige qui est sensible, malgré un match de Coupe de France à Valentigney, près de 10.000 spectateurs sont présents pour applaudir Marseillais et Sochaliens. Ceux-ci entament le jeu sur un terrain très souple mais totalement dépourvu de flaques d'eau qui avait fait craindre, à un moment donné, au cours de la semaine, la remise du match. Le début de la partie n'est pas très rapide mais elle témoigne cependant que de part et d'autre, on voudrait obtenir l'appui d'un but d'avance.

Les Marseillais sont les premiers dangereux par Nielsen, sans conséquence toutefois. Les ripostes de Sochaux ne tardent pas et, devant les buts d'Angel, une situation critique se dessine. Un shoot sochalien sur le poteau la souligne bientôt.

Puis Angel et Johansson, à deux reprises, sauvent leur camp en péril. Les Marseillais renversent le jeu, lancent Nielsen qui échoue sur Bruat.

Ce début de partie se caractérise par une neutralisation des attaques par les défenses. C'est ainsi que Muro se trouve au début sévèrement marqué par Marcel tandis que Ben Barek trouve toujours le courageux Barret dans son champ d'action. De même sur les ailes, Faivre et Salem se neutralisent à plusieurs reprises et l'on se demande si dans ces conditions, les attaques pourront se montrer à hauteur de la situation.

Du beau spectacle

Une très bonne attaque de Marseille, déclenchée par Ben Barek, échoue encore sur Mazimann, mais le jeu est plaisant. L'O.M., autant que Sochaux, l'élargit sur les ailes, de sorte que le spectacle est véritablement au goût du public.

Sur un centre venu de l'aile droite, on note une excellente reprise de la tête de Le Gall, mais la balle passe au-dessus des buts.

Le jeu, qui s'est animé, revient un moment sur les buts de Sochaux où Remetter doit sortir et dégager assez loin.

Sur la contre attaque qui s'ensuit, Angel qui paraissait battu, plonge cependant et Faivre qui lui reprend le ballon, l'envoie à son tour au-dessus de la barre.

Les Marseillais sentant la menace, réagissent vigoureusement par un jeu vif et large ou Ben Barek semble ce vouer, en retrait à un rôle d'organisateur.

La défense de Sochaux se tire de deux situations difficiles, mais lance assez fréquemment sa ligne d'avants. Celle-ci se montre, petit à petit, plus agressive et plus entreprenant que celle des visiteurs.

C'est ainsi qu'à deux reprises des shoots de Muro et de Labalette passant à côté des buts.

Sochaux cependant, domine légèrement malgré une excellente réaction déclenchée par Marcel sur Le Gall, ce qui motive un arrêt superbe de Remetter.

Sochaux revient sur les buts de Marseille et Gardien, qui semble sur le point de marquer, se trouve fauché. Le public proteste mais l'arbitre ne siffle rien. Par contre, l'attaque de l'O.M. repart aussitôt et oblige Remetter à effectuer une parade aérienne dans laquelle il concède un premier corner. L'O.M. paraît maintenant déchaîné.

Faivre marque

Remetter, encore menacé, justifie à deux reprises toute sa classe et Sochaux se tire d'affaires sans autre bobo. Son attaque se dessine à nouveau dans un mouvement large et rapide et Gardien, qui accule les défenseurs marseillais à proximité de leurs buts, parvient malgré eux à centrer à l'autre bout de la cage.

Angel est alors pris à contre-pied et Faivre, qui s'est rabattu à toute allure, marque à bout portant. Sochaux mène donc des lors après 32 minutes de jeu par 1 but à 0.

C'est d'ailleurs un reflet mérité de l'ensemble de la partie jusqu'à ce moment-là.

Mais l'O.M. ne baisse pas les bras, au contraire. Remetter est à nouveau sollicité et les deux équipes vont se mener la vie dure pendant quelques minutes. L'une et l'autre passent à travers l'émail de la chance.

Nielsen manque légalisation

C'est tout d'abord Marseille dans les poteaux de buts reçoivent un shoot violent de Faivre, puis ce sont les Sochaliens, Remetter doit sortir au devant d'une attaque de l'O.M., se lance dans les jambes de Nielsen qui évite le gardien de but national, le crochette sur sa gauche et se trouve ainsi seul devant les buts vides. On croit à légalisation lorsque Mazimann, à l'exemple de Mattler autrefois, arrive en trombe et balaie la balle, sauvant ainsi légalisation et assurant probablement un tournant décisif du match.

Marcel, qui livre un duel acharné à son ancien coéquipier Muro, émaille le spectacle avec lui, semble triompher de l'Argentin et prépare une contre-attaque lorsque Bruat arrive sur lui et le fauche sans pitié, mais correctement.

Le coup franc qui s'ensuit malgré tout ne donne rien et, à la mi-temps, Sochaux garde l'avantage par 1 but à 0.

Dès le début de la reprise, les deux équipes reprennent au petit trot. Marcel et Muro semblent se tenir moins près l'un de l'autre et l'Argentin paraît en tirer profit. Mais ces cependant sur un coup franc tiré par Ben Barek que toute l'attaque marseillaise devient subitement plus pressante. Elle échoue encore une fois sur le jeune Mazimann qui confirme tout le bien que l'on pouvait penser de lui.

Angel, peu après, bloque un tir de Muro et, petit à petit, l'O.M. paraît subir l'emprise d'une domination sochalienne car le jeu de l'équipe locale est devenu le plus large et le plus direct quoi que, dans l'ensemble, la qualité du spectacle n'atteigne plus le niveau obtenu en première mi-temps.

L'O.M. passe un mauvais moment d'abord sur une percée de Gardien, puis sur un shoot violent (du même joueur) qui, expédié, à ras de terre, s'écrase à nouveau sur le pied du poteau de but.

Angel n'est pas quitte pour autant. Muro revient à la charge, expédie un shoot que le portier marseillais a beaucoup de peine à maîtriser.

Le jeu devient nerveux, voir même houleux par moment, car les deux côtés en se rend compte que le résultat n'est pas encore acquis.

Penalty !

Deux accrochages se produisent entre marseillais et Sochaliens mais ils n'ont rien de très anormaux dans un match aussi tendu que celui-ci. Un arbitrage plus sévère et plus clairvoyant pourrait sans doute éviter ces accrochages. L'un de ceux-ci, entre Salzborn et Mesas se produisit dans le camp marseillais ou un coup franc maintient le jeu pendant quelques instants. C'est à ce moment que Faivre poursuivant son effort, perce par le centre, semble arriver en bonne position, lorsque Johansson le bouscule et le fait tomber.

Le public proteste : l'arbitre siffle. C'est un penalty que les Marseillais trouvent véritablement sévère et injustifié. Faivre expédie le ballon dans le but malgré une parade désespérée d'Angel. Sochaux mène donc par 2 buts à 0. Il y a 70 minutes de jeu.

Les vingt dernières minutes vont montrer une équipe sochalienne bien décidée à exploiter l'occasion de remporter un nouveau succès.

Toutefois par son aile gauche, après avoir accusé le coup sur le penalty, l'équipe marseillaise revient à la charge, obtient un coup franc à proximité des buts de Sochaux où Remetter ne tarde pas à être encore inquiétée par Ben Barek, ramenant le jeu sur lui.

C'est dire que les Marseillais maintenant, n'entendent pas en rester là.

Gardien bat Angel

Mais une contre-attaque de Sochaux va changer définitivement la face des choses. Loin en avant, Faivre est indiscutablement en position de hors-jeu à l'aile gauche. Cependant, après un échange de balle avec Salzborn et Gardien, celui-ci ouvre vers son ailier gauche qui se trouve alors remis en jeu par l'interception involontaire et manquée d'un joueur marseillais sur lequel la balle a ricoché. Pour comble de malheur c'est Marcel ! Son ancien camarade d'équipe n'en profite pas moins pour s'avancer alors seul devant Angel qu'il bat d'un troisième but imparable à la 77e minute du match.

Dès lors, celui-ci a perdu de son attrait quant à l'enjeu puisque la victoire de Sochaux ne semble plus pouvoir se remettre en doute.

Néanmoins les Marseillais après un arrêt d'Angel sur un tir de Salzborn, reviennent inquiéter Remetter qui doit effectuer l'arrêt le plus difficile qu'il aura eu à faire au cours de cette partie.

Cet essai pique au vif l'amour-propre des Sochaliens. En tout cas, sur le dégagement de Remetter, ils repartent à l'attaque et Gardien, à travers un rideau de joueurs, surprend Angel en expédiant un violent shoote dans le coin opposé de celui-ci ou le gardien se trouvait.

Angel ne peut capter le ballon et Labalette, qui pourtant tirait la jambe depuis plus d'une demi-heure, arrive à point voulu pour reprendre et marquer à bout portant le quatrième but à la dernière minute du match.

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Comment ils ont joué

Sochaux a profité

De sa réussite pour s'imposer

Dans cette partie on aura certainement eu l'impression que Sochaux a largement mérité son succès, non seulement par une domination plus fréquente au point de vue territorial, mais surtout par une action de jeu beaucoup plus direct et terminé par des shoots plus nombreux.

Si les Marseillais peuvent invoquer la sévérité du score, il faut convenir que ce n'est pas sans raison. En première mi-temps, alors que le match donnait le meilleur de son spectacle, l'O.M. avec un peu de réussite aurait fort bien exploité une ou deux situations critiques qui, ainsi, aurait peut-être changé la face des choses.

De plus, du côté marseillais, on se plaignit amèrement de la décision de l'arbitre accordant un penalty après une heure dix de jeu, penalty à l'occasion duquel Sochaux a obtenu son deuxième but, mais qui cependant sanctionnait une faute qui, si elle est indiscutable dans un sens, l'est également dans l'autre.

Par contre, il faut aussi souligner que si Sochaux a eu une réussite évidente en certaines occasions, ce fut peut-être en vertu d'une loi naturelle de compensation car, à trois autres reprises des actions fort bien menées et très logiquement achevées par des shoots violents à ras de terre, avaient surpris la défense marseillaise. Or, ces shoots ont sans discussion manqué de réussite, puisque trois d'entre eux ont heurté le pied des poteaux de but. Il ne s'est donc agi, à ce moment-là, que d'une question d'un ou deux centimètres au plus pour que la domination sochalienne puisse se concrétiser sur ces phases de jeu, au lieu de le faire, par exemple sur celle du penalty ou sur le troisième but lorsque Faivre fut remis en jeu par ricochet de la balle sur Marcel.

Ces explications d'ordre un peu techniques sont donc non point pour accabler les Marseillais, mais pour expliquer véritablement qu'ils avaient aujourd'hui devant eux une équipe de Sochaux renouvelant incontestablement la bonne impression qu'elle avait déjà fournie contre Reims ou contre les Monégasques.

L'O.M. n'a donc pas démérité. Au contraire, ses représentants ont joué un match correct, cherchant maintes fois à fournir un football agréable par de larges ouvertures sur les ailes, et ce nouveau duel Sochaux - O.M. ne l'aura cédé en rien aux bonnes traditions que les deux clubs on instituées depuis bientôt 25 ans.

Individuellement, les meilleurs joueurs furent, cela se conçoit du côté des vainqueurs. Parmi les trois hommes semblent surtout s'être mis en évidence. Ce sont le demi centre Bruat ; le demi gauche Joseph Tellechea, ainsi que l'Argentin Muro, qui organisa maintes attaques sochaliennes en livrant à son camarade et ami Jean-Jacques Marcel un duel souvent spectaculaire.

On citera également dans le camp sochalien l'ailier gauche Faivre qui confirme nettement les progrès qu'il a accomplis non seulement dans l'équipe de France militaire, mais également dans son club depuis quelques mois.

En défense les Sochaliens n'ont pas laissé grand travail à Remetter, et le peu que celui-ci eut à accomplir, le fut de façon impeccable.

Enfin, Johansson sera sans doute de cet avis, l'avant-centre de Sochaux Salzborn, retrouvant toute l'activité et sa meilleure forme d'il y a deux ans, aura été lui aussi un des éléments déterminants de la défaite marseillaise.

Du côté olympien, nul n'est à accabler si nul n'est à féliciter en particulier. Cependant, en défense ou la tâche fut rendue difficile en plusieurs occasions, Salem, Johansson et Palluch ont eu à supporter un travail constant devant une ligne d'attaque déchaînée.

Marcel, très bon en première mi-temps, a peut-être laissé un peu de champ libre à Muro après le repos sans que, pour autant, son aisance de jeu habituel ne soit démentie.

En attaque, Le Gall et Vandooren (par son activité) ont été les plus en vue. Quant à l'absence d'Andersson, peut-être a-t-elle grandement influé, mais encore faut-il tenir compte de la grande forme de l'adversaire qu'il aurait eu devant lui, Nielsen l'a éprouvée, Andersson l'aurait également éprouvé.

Louis GAIFFE

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Les Marseillais ne conteste pas

les mérites de leurs vainqueurs

SOCHAUX - La rivalité marseillaise et sochalienne aidant, les phases du beau jeu que les deux équipes se sont livrées n'ont pas manqué de motiver des opinions souvent catégoriques, mais pas toujours concordantes.

Du côté marseillais, pourtant, il n'y a aucune contestation du mérite des Sochaliens.

Jean-Jacques MARCEL : "Pas de doute, Sochaux à jouer plus vite et plus large que nous. Le résultat en lui-même ne se discute pas, mais l'équipe a eu véritablement de la réussite en plusieurs occasions".

SALEM, interrogé sur le duel difficile qu'il eut à livrer à Faivre, auteur de trois buts sochaliens, ne manqua pas de souligner les qualités du jeune ailier gauche de Sochaux : "J'ai trouvé Faivre en progrès certains. S'il court peut-être un peu moins vite que l'année dernière, par contre sa clairvoyance du jeu nous aura joué un mauvais tour".

Du côté des spectateurs qui ont accompagné l'équipe marseillaise, c'est également un son de cloche à peu près semblable que l'on entend, et c'est surtout à M. MARCEL père, maire de Brignoles, que nous tenions à demander ses impressions ; lui qui était l'an dernier encore un fidèle supporter de Sochaux : "Je reconnais que Sochaux a largement mérité sa victoire. Mais notre équipe a manqué de réussite à deux reprises, en première mi-temps. Qui peut dire, si nos avants avaient obtenu les buts alors à leur portée, quelle aurait été la suite du match ?'"

Rolhion : "Ce match fut animé"

Mais M. MARCEL, ainsi que l'entraîneur marseillais ROLHION reconnaissent que le match a été animé et intéressant, joué d'une façon correcte, sans pour autant approuver les décisions de l'arbitre. Celui-ci, malgré la victoire de Sochaux, n'a pas l'air d'avoir mieux satisfait les Sochaliens.

À la mi-temps déjà, M. DORMOIS, entraîneur de Sochaux, ne cachait pas son opinion en faisant allusion à une phase de jeu, dans laquelle GARDIEN a été plus ou moins malmené : "Je ne sais pas ce qu'il faut voir pour obtenir un penalty chez moi ! ".

M. TURIN, président du F.C. Sochaux, était évidemment satisfait, cela se comprend :

"Ce qui me fait surtout plaisir, c'est de voir que le redressement de cette équipe n'a pas été d'un feu de paille. Il se confirme. C'est une équipe jouant avec enthousiasme, que nous venons de voir gagner. Elle a qui fournit du bon football. Que voulez-vous que je demande de mieux ?"

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Mattler : "Sochaux a largement mérité sa victoire"

C'est à Etienne MATTLER, ancien capitaine de l'équipe de France et de l'équipe de Sochaux d'avant guerre, et recordman des sélections internationales, qu'il était bon de demander son avis.

- Pas de doute, Sochaux a largement mérité sa victoire. Son jeu a été plus large et plus direct ; la ligne d'avants a shooté beaucoup plus souvent ; il est donc normal qu'une victoire récompense un tel comportement.

 

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