Résumé Le Provencal du 27 décembre 1954 |
L'O.M. ouvre le score grace à un but imparable de Le Gall (79e Minutes) mais ne peut empêcher ROUBAIX d'égaliser in extremis par Bahl (De notre correspondant général : Augustin CHARLET) |
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ROUBAIX (C.P.) - Bien que mal classés, les Roubaisiens ont conservé leurs supporters en ce sens que, pour la rencontre de ce dimanche, on était venu en rangs serrés avec l'espoir que les porteurs de la lanterne rouge auraient terrassé les Marseillais. Hélas ! ils n'ont pas réussi et même, onze minutes avant la fin, tous leurs exploits étaient anéantis. En effet, l'ailier gauche marseillais Le Gall avait réussi un but impossible, but qui avait soulevé l'admiration de Ben Barek, qui nous disait après la partie : "Personne n'aurait arrêté cette balle, car personne ne l'attendait, et le gardien roubaisien, qui fit une grande partie, n'est aucunement responsable de ce point". Mais n'anticipons pas. Marseille ayant gagné le toss, Roubaix engage par Bahl, qui glisse la balle à Boury. Ce dernier ne voit pas que Baratte s'est très bien démarqué et de ce fait, l'occasion qui était belle, et perdue. Sur le renvoi, Mesas s'en va seul vers Desrumeaux, aucun Roubaisiens ne le marquant. Il approche, mais un hors-jeu de Rustichelli stoppe cette descente. La balle revient vers Angel qui doit parer une tête de son ancien équipier Baratte. Le jeu est très vite et direct, à tel point qu'à chaque instant le gardien de l'un ou de l'autre camp est alerté. Sur un tir très dur de Le Gall, Desrumeaux arrête d'extrême justesse, puis renvoie. Mais la balle est contrôlée par Vandooren qui met à côté. Corner pour Marseille, mais négative quant au résultat. Cependant les Marseillais s'installent quelques instants dans les 18 mètres nordistes et la défense du C.O.R.T. a à s'employer. Roubaix descend par Rousseau qui transmet à Baratte. Le centre au cordeau de ce joueur n'est pas repris. À la minute suivante, Baratte centre encore aussi bien, mais personne n'est en bonne position. Les Méridionaux sont maintenant dominés. Corner pour le C.O.R.T. sur lequel Angel doit faire un bon désespéré pour capter la balle sur la tête de Zeglio avait dirigée vers ses bois. Marseille se reprend par Vandooren qui, voyant Andersson démarqué, lui transmet sans succès, le centre-avant ayant raté la réception. Nouvelle descente de Vandooren. Cette fois-ci avec la complicité de Rustichelli, sans plus d'avantage, l'ailier-droit olympien ne parvenant pas à centrer dans de bonnes conditions. C'est autour des Nordistes de se montrer dangereux par une magnifique descente de Lechantre, dont l'envoi de belle précision et gâchée par Bahl, qui veut shooter en force, alors qu'il n'avait qu'à placer sa balle. Pour n'être pas en reste avec le centre adverse, Andersson rate une occasion unique, mais lui pour n'avoir pas shooté assez fort, ce qui permet à l'arrière roubaisien Colliot d'arriver tel un bolide et de dégager sur la ligne, à la 15e minute. Le jeu s'équilibre, surtout au milieu du terrain, les défenseurs des deux formations se renvoyant à tous coups près de la ligne médiane. Coup franc pour Roubaix, bien renvoyé par Angel, dont le dégagement trouve Luzy qui part en tandem avec Rustichelli. Mais le shoot final n'inquiète pas Desrumeaux. Nouveau coup franc pour le C.O.R.T., mais Angel le stoppe très bien. Les Marseillais, meilleurs techniciens - tout le monde le voit - n'arrive cependant pas à imposer leur jeu. Au contraire les Nordistes dominent, mais avec une telle imprécision que personne dans la galerie n'a l'espoir de voir la balle pénétrer dans la cage du gardien. Au contraire, les supporters cortistes ont chaud dès qu'un Vandooren, un Andersson ou un Marcel (ce dernier montant fréquemment à l'attaque), se rapproche de la zone de Desrumeaux. On sent que les 22 jouent sur les nerfs, mais pas pour le même motif. Les uns pour atteindre le premier échelon, les autres pour ne pas rester sur le dernier. |
Encore une belle occasion pour Andersson. Une autre pour Luzy, les deux mal reprises. De l'autre côté, Baratte fait de même, malgré un service impeccable de Lechantre, et Bahl limite immédiatement. C'est à désespérer de voir des balles entrées. Les Méridionaux, qui se rendent compte qu'il faut empêcher que les défenseurs nordistes se massent devant leurs bois, se laissent dominer tant soit peu, ce qui a pour effet d'aérer la surface, et Rustichelli d'en profiter pour passer quelques sprints le long de la touche. L'un de héros furent le point d'aboutir. Néanmoins dans un sursaut Desrumeaux écarte le danger. Roubaix bénéficie de deux coups francs successifs, lesquels n'apportent rien de plus que le plaisir de les tirer. Enfin, voilà Boury qui contente ses supporters. Se débarrassant de trois adversaires, il arrive à proximité d'Angel... pour finalement tirer dans les nuages ! Avec Lechantre, c'est plus dangereux. Effectivement, il faut à Angel un réflexe exercé pour détourner la balle qui se dirigeait dans le coin gauche de sa cage. Corner pour les Méridionaux, bien tiré, qui n'est pas repris. Peu après l'arbitre siffle la pause. Les nordistes repartent avec un cran accru. On sent qu'ils ont été stimulés aux vestiaires, d'autant que leur défense, pour laquelle on avait des craintes tient bon. Corner pour Marseille, tiré trop loin par Rustichelli. Coup franc pour Roubaix que Boury n'exploite pas avec chance. Corner pour Roubaix, envoyez aussi trop loin par Zeglio et coup franc pour Marseille, repris par Mesas et que Desrumeaux stoppe en voltige. On se rend compte, en lisant ces lignes ci-dessus, de la parfaite égalité des deux forces en présence. Notant maintenant une belle offensive de Baratte, mal terminé par Zeglio et un beau tir de Boury qui frise la barre. Angel est à présent le plus alerter des deux gardiens. Heureusement, il a devant lui Johansson, qui remet de l'ordre dans sa formation. Zeglio, en excellente position mais à côté, tandis que Andersson tire bien, mais trouve Desrumeaux à la parade. Enfin, voilà un bel essai, qui est l'oeuvre de Baratte. Malheureusement, la balle sort d'un rien, alors qu'on la croyait dans les bois. Marcel et Luzy viennent à leur tour dans la zone roubaisienne sans plus de succès cependant. Le Gall essaie aussi vainement. Enfin Andersson va marquer. Non car Desrumeaux, dans un plongeon désespéré, réussit à renvoyer la balle. C'est maintenant Baratte qui loupe, puis une balle belle combinaison Le Gall Mesas Vandooren échoue de très peu. Peu après, Vandooren tente sa chance de loin, sans succès. Beau tir de Luzy, bien stoppé par Desrumeaux. Nous voici au point crucial de la partie. Le Gall réceptionne une passe de Mesas, file le long de la touche et centre. À la stupeur générale, la balle pénètre directement dans la cage. Nous en sommes à la 79e minute. Stupeur dans le camp roubaisien ! Les Cortistes s'élancent maintenant à corps perdu dans la bataille. Palluch fait une main juste à la limite de la ligne de réparation. La galerie crie "Penalty". Heureusement l'arbitre conserve la tête froide et fait tirer un coup franc. Baratte met au-dessus. Voilà l'égalisation, elle vient par Bahl qui shoote en force après avoir reçu la balle de Boury. La fin sera encore égale ; en effet, Luzy rate un point facile et Bahl limite peu avant le coup de sifflet final. |
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Comment ils ont joué |
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Tout le monde est content ! |
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Dans les vestiaires marseillais, il n'y avait aucune amertume et l'entraîneur que nous avons vu s'est déclaré satisfait du résultat. "Le but de Le Gall", nous disait-il, fut un chef-d'oeuvre du genre, jamais je n'aurais cru qu'une telle balle puisse pénétrer directement dans la cage. Dès ce moment, je croyais bien entendu, que nous enlèverions le match, d'autant plus qu'il ne restait qu'une dizaine de minutes à jouer. Le sort ne l'a pas voulu, sachons nous contenter du nul qui est équitable pour les deux équipes. Ben Barek, que nous vîmes aussi, est du même avis : "Ce fut une rencontre disputée virilement par deux équipes qui voulaient gagner, mais aucun geste répréhensible n'est à porter au compte de l'un ou de l'autre et somme toute le résultat est logique. Du côté roubaisien, on aurait bien voulu la victoire, mais là aussi on accepte le partage des points avec philosophie, bien que le point perdu et une autre importance. A.C. |
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Les avants marseillais ont piétiné parce qu'ils ont trop dribblé ! |
Ce ne fut pas du grand football. On sentait, dès le départ que les 22 joueurs attachaient trop d'importance à la partie, les deux points devant peser lourdement dans la balance pas du même côté évidemment, mais aussi précieusement pour des raisons différentes. Si Roubaix aborda la rencontre avec un esprit offensif décuplé, il faut dire que son adversaire ne semblait pas en posséder un de la même densité. Au contraire, du côté méridional, on paraissait timoré. On se demandait même si le souvenir des précédents passages au stade Amédée Prouvost ne paralysait pas les joueurs marseillais. En effet si la confection du jeu était signée d'un bon Marseille, l'exécution ne suivait pas au même diapason. De plus, alors qu'il eut fallu marquer de très près chaque Nordiste, on les laissait évoluer presqu'à leur aise ce qui, en plusieurs occasions, aurait pu coûter cher si la précision n'avait pas été la qualité maîtresse des attaquants du C.O.R.T. Dans la première partie du jeu, on croyait fermement que l'O.M. cachait ses atouts pour ne les abattre qu'au bon moment. En effet, les Cortistes libres de leurs mouvements étaient alors les maîtres du terrain et au fur et à mesure que le temps passé, on se rendit compte que Marseille, bien qu'essayant la contre-attaque dès qu'elle était possible ne voulait pas trop se livrer et courir un risque. C'est ainsi que les 90 minutes furent une égalité parfaite si l'on tient compte d'une domination territoriale plus pressante chez les Roubaisiens et d'une technique plus apparente chez les Phocéens. Évidemment, dans l'un comme dans l'autre cas on peut invoquer la malchance, les balles ayant été écartées d'extrême justesse par les gardiens. Mais quand il faut invoquer la malchance, on est bien près d'accorder une prime à ceux qui manquent de précision. Ce n'est pas le cas pour un Andersson diront d'aucuns. C'est vrai, mais pour ce qui concerne le match de Roubaix, on est bien forcé de dire que le grand avant-centre n'a pas de montrer ses surprenantes qualités. Que dire des joueurs ? Par monts et merveilles ! Ils furent honnêtes sans plus d'un côté comme de l'autre et aucun ne se mit particulièrement en vedette pour qu'il soit permis de le mettre en exergue. Angel dans l'ensemble fut bon (peut-être aurait-il pu éviter le but) laissons-lui le bénéfice du doute. La paire Palluch - Gransart balaya sans rémission peut trop rudement au gré des spectateurs d'Amédée Prouvost ; mais ça c'est une autre affaire, les professionnels n'étant pas sur un terrain pour faire du sentiment. Le trio Mesas Johansson Marcel tint sa place convenablement avec de fréquentes montées offensives des deux demis-ailes. Quant aux avants, on les vit tout à proximité des bois de Desrumeaux, mais aussi tous voulant faire un dribble de trop au moment où la balle pouvait partir soit à l'homme démarqué soit en bonne direction des buts. Du coup du côté roubaisien, il faut avant tout parler au cran. On en "voulait" au C.O.R.T., malheureusement on ne sut pas en avant terminé de belles ébauches d'une ligne de demis active en diable et dont l'un de ces éléments le jeune Rousseau est à qualifier d'une bonne partie. Maintenant il faut citer la magnifique défense du goal remplaçant Desrumeaux qui n'a rien à se reprocher au contraire. Il arrêta et détourna des balles très difficiles et le C.O.R.T. lui doit beaucoup. A.G. |