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Résumé Le Provencal

du 03 janvier 1955

 

L'A.S. SAINT ETIENNE menait par 1 but à 0

quand l'arbitre décida d'arrêter le match (55e minute)

(De notre correspondant spécial : Georges LEOST)

SAINT ETIENNE (par téléphone) - Quand les équipes pénétrèrent sur le terrain, la neige qui tombe depuis midi recouvre le gazon du stade Geoffroy. La température a sûrement découragé plusieurs milliers de spectateurs, mais il s'en trouve pourtant 11.700 pour scander le rythme de la musique diffusée par les haut-parleurs après la traditionnelle présentation des voeux des joueurs de l'A.S.S.E.

Si l'O.M. aligne bien le team annoncé, Saint-Étienne a remanié sa formation, remplaçant Rachid par Goglia et Vernier par Ibanez.

Quand le coup d'envoi et donner, à 14 h 55, on se prend à se demander si la visibilité sera bonne jusqu'au terme de la confrontation.

L'O.M. engage et si Le Gall ouvre largement vers le centre. Johansson doit passer, sur la contre-attaque, en retrait.

Les Olympiens précisent leurs intentions et s'installent dans le camp adverse avec d'autant plus de facilité que Saint-Étienne joue prudemment, sa défense, Wicard en tête, opérant avec détermination.

À la 14me minute, sur attaque de Saint-Étienne, Angel sauve miraculeusement, stoppant le ballon détourné in extremis à quelques mètres de lui.

Ben Barek met de l'ordre

Cette action est suivie d'échanges confus, auxquels Ben Barek met fin en s'emparant du cuir puis en descendant une bonne partie du terrain.

Les locaux pouvaient bénéficier d'une même chance, mais Daudino rata l'intervention. À la 8me minute, Domingo botte sur le mur un coup franc aux 30 mètres. Les Foreziens pourraient prendre l'avantage, mais leur production est brouillonne.

Deux minutes plus tard, Luzy obtient un corner, mais le tire derrière la cage.

À la 12me minute, Luzy crochette Fellahi, ne peut contrôler parfaitement et place la sphère loin des buts. Mais Fellahi se relève en boitant, tandis qu'Abbès et Domingo restent allongés sur la neige.

Le referee stoppe la partie. Celle-ci reprend sur un 6 mètres, Fellahi étant à l'aile, Foix à l'avant-centre et Ferry devenant demi-gauche à la place de Wassmer, placé arrière droit.

La neige tombe en flocons serrés et les glissades sont nombreuses. Mesas en profite pour passer à l'offensive.

Angel chanceux

A la 22me minute, sur tir de Ferry, la balle s'écrasait sur l'angle des buts d'Angel, qui sort tardivement. Les lignes du clamp de jeu sont maintenant invisibles et le public en profite pour réclamer un penalty sur une sortie aux environs des 18 mètres du gardien marseillais.

À la 26me minute, Angel détournait en corner un centre de Foix. Mais le coup de pied de coin ne donne rien.

Sur une phase semblable, la balle ricoche quelques secondes plus tard du poing d'Angel sur la barre, avant de retomber sur la neige et d'être dégagée.

L'A.S.S.E. marque

Domingo et Palluch s'accrochent à 33me minute et glissent, pendant 5 ou 6 mètres, enchevêtrés l'un à l'autre. L'arbitre siffle corner. Foix le shoote. La balle échoue à Goglia, qui transmet à Ferry, lequel place un petit tir qu'Angel ne peut parer.

A.S.S.E : 1 - OM : 0.

Ce but semble fouetter les visiteurs, qui bénéficie d'un corner, que Vandooren donne sans résultat. L'ailier Fellahi, sur un beau tir, oblige Angel à mettre en corner en plongeant, mais Domingo place un bolide au-dessus. Peu après, la balle s'écrase encore sur la barre.

Saint-Étienne a repris sa domination. Devant Andersson, Wicart préfère shooter carrément en corner. Luzy ne parvient pas à ramener le cuir devant la cage forezienne. La neige freine toutes les actions.

Foix botte au-dessus. Vandooren a le but au bout du pied, mais perd la balle.

Andersson exploite mal une splendide passe de Vandooren, et c'est la mi-temps.

Pendant la pause, les officiels font leur apparition sur le carré de neige. Ils vont décider si oui ou non le camp est encore jouable.

Le referee dessine qu'effectivement la rencontre peut se poursuivre. La partie reprend alors que la neige tombe encore plus dru.

À la 49me minute, Le Gall est dangereux à deux reprises, mais il est virilement "contré" par Wicard. Puis, sur un centre de Luzy, Andersson place une tête remarquable, qui échoue de peu à côté du poteau gauche.

Vandooren s'envole tout aussitôt. L'O.M. joue un ton au-dessus et domine Saint-Étienne.

Après un essai de Foix, Daudino shoote derrière le montant d'Angel. Andersson est devenu ailier droit et Luzy avant-centre.

Tout à coup alors que la balle se trouve dans le camp marseillais, M. Zuszec décide de stopper le match, jugeant le terrain impraticable.

Et c'est la fin prématurée de la rencontre.

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Comment ils ont joué

Étant donné l'état de la pelouse du stade Geoffroy Guichard, et l'issue prématurée de la confrontation, il s'avère périlleux d'émettre un jugement. Un match de football se dispute sur 90 minutes, et non sur 55, et il n'est pas rare de voir tel joueur, qui a accompli un bon premier half, baisser de pieds par la suite, et vice versa.

Nous nous contenterons donc de relater ce que tous les spectateurs ont vu.

ANGEL eut certes la chance avec lui. Il accomplit par ailleurs d'excellentes choses. Et puis, un gardien qui réalise une grande partie ne doit-t-il pas avoir la veine de son côté.

GRANSART tint bien le bouillon amateur Baudino et son pendant olympien PALLUCH, fut tout simplement exempt de reproches sérieux.

Dans la ligne des demis, MARCEL pendant 55 minutes, s'affirma comme le Phocéen N1. C'est une référence puisque Jean-Jacques se trouve placé devant Palluch. Le Brignolais défendit vaillamment son camp, assurant la liaison entre les buts d'Angel et l'attaque méridionale, se payant, en outre le luxe de quelques montées offensives.

JOHANSSON et MESAS fournirent leur partie habituelle. C'est significatif ces deux hommes étant parmi les meilleurs, même quand l'O.M. se trouve dans un mauvais jour.

LUZY à l'aile droite, puis au centre, n'a pas eu beaucoup d'occasions de se distinguer dans des conditions plus difficiles encore qu'à l'ordinaire.

BEN BAREK oeuvra utilement. ANDERSSON porta à son actif une belle tête qui échoit de peu, et s'il ne prit pas le dessus sur De CECCO, il aurait eu le temps de le faire en temps normal, ne serait-ce qu'une seule fois.

VANDOOREN travailla inlassablement, ratant un but qui pourrait paraître facile, mais il distribua, ordonna et paya de sa personne.

LE GALL, enfin, eut cinq minutes de toute première qualité ; contre Wicart, il n'était évidemment pas à la noce.

Dans le camp stéphanois FERRY est à placer en tête des meilleurs devant DOMINGOO omniprésent.

WICART surtout et DE CECCO se prodiguèrent efficacement, FOIX et BAUDINO ont cependant opéré de façon plus spasmodique. Mais il est vrai qu'hier encore, et sans doute plus que jamais la défense était plus aisée que l'attaque.

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L'O.M. réussit à limiter les dégâts et les deux équipes

gâchèrent de belles occasions de marquer

SAINT ETIENNE - Il n'est évidemment pas aisé de commencer ce match, qui fut finalement réduit à 55 minutes de jeu.

Si l'O.M. était alors mené par 1 but à 0, but acquis dans les circonstances que nous définissions par ailleurs par Ferry, aidé en l'occurrence par la neige, qui ne permit pas aux défenseurs visiteurs d'intervenir comme ils pouvaient espérer le faire, compte tenu de leur placement sur cette phase précise du jeu, ils avaient eu plusieurs occasions de battre Abbès fort diminué à la suite d'un choc à la 12e minute, choc au cours duquel Fellah et Domingo furent également touchés.

Mais Saint-Étienne également avait gâché plusieurs occasions, la balle frappant les poteaux.

On peut ainsi écrire que cette rencontre Saint-Étienne - O.M. fut le match des occasions perdues.

Voici en effet un exposé qui étaye ce point de vue : ; à la 22me minute sur tir de Ferry, le ballon s'écrase sur le poteau. Angel se détendant alors que la sphère a pris une autre direction.

À la 26me minute, après un premier corner, le cuir ricoche du poing d'Angel sur le poteau et revient en jeu.

Quelques secondes après le but de Ferry, le montant arrête encore une offensive stéphanoise. Un peu plus tard, Vandooren seul devant Abbes, perd la balle ; puis Andersson exploite mal un splendide service du même Vandooren.

À la 50e minute, Andersson place un heading magistral, qui manque l'encadrement de très peu, et Baudino voit son tir se heurter au poteau d'Angel. Pendant 55 minutes, c'est un petit record.

Saint-Étienne, plus vite

Si des les premiers instants de la confrontation les Phocéens affichèrent des velléités offensives, les Stéphanois ne tardèrent pas à préciser leurs ambitions.

L'énoncé des occasions perdues que nous avons ressorties plus haut, montre d'ailleurs que les Foréziens, malgré une supériorité traduite seulement par un unique but d'avance, avaient pris une belle option sur le résultat. Il est certainement difficile de répondre à la question : quel eut été le score, si le match avait continué ? Mais il est évident que dans de telles conditions remonter ce handicap d'un seul point n'aurait pas relevé du domaine des choses toutes faites.

Les dirigeants olympiens le comprirent et firent savoir à la pause que selon eux le terrain n'était pas jouable.

55 longues minutes

Pourquoi l'arbitre n'a pas sifflé la fin de ce simulacre de rencontre de football en même temps que les 45 premières minutes.

Voilà ce que l'on pouvait entendre un peu partout dans les vestiaires et parmi les spectateurs quant à 16h10 M. Zuszek désigna le tunnel aux joueurs.

Si le public manifeste alors, ce fut plutôt pour marquer son mécontentement, sa désapprobation. Cette décision venant un peu tardivement.

Et puis aussi Saint-Étienne avait l'avantage... Les 22 acteurs de cette partie écourtée étaient quant à eux d'accord : le referee aurait dû arrêter le combat qui se déroulait dans des conditions impossibles bien avant la 55e minute.

Sans être sur le terrain et en tenant compte de la température de la matinée (-2 ou - 3 degrés) on pouvait penser en voyant les footballeurs glisser continuellement que, sur ce sol enneigé et gelé, il n'était pas possible de laisser les débats se poursuivre. C'est miracle d'ailleurs qu'aucun accident sérieux ne soit survenu, encore qu'il soit assez difficile de déterminer la part de la neige et de la glace dans les blessures de Felllahi, Domingo, Abbes, Vicart et peut-être Mesas, moins durement touché à l'aine. Et il y a lieu en difficile de se féliciter de l'issue de cette parodie de confrontation.

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L'O.M. vainqueur de l'arbitre

Quant à la mi-temps, sur les instances du Comité directeur de l'O.M. les officiels se rendirent sur le terrain pour juger de l'état de ce dernier, la foule montra son mécontentement tout en reconnaissant que la tâche des vingt deux joueurs n'était pas mince.

La décision tardant à être prise des cris fusèrent des tribunes : "Et alors ?"

Lorsque les Stéphanois puis les Marseillais revinrent sur le ground pourtant les applaudissements fusèrent... Et ils recommencèrent. 10 minutes plus tard, quand le référée regagna les vestiaires.

L'O.M. venait de remporter une victoire sur l'arbitre sans pour autant avoir influencé une décision dont il convient de souligner la logique.

Le public compréhensif l'admit ainsi, comme il admit les 10 minutes de seconde mi-temps, en sachant très bien pourquoi les joueurs étaient revenus.

4 blessés à Saint-Étienne

1 à l'O.M.

Cinq blessés en 55 minutes, c'est beaucoup sans doute mais il y a lieu de s'estimer heureux. L'expérience était plutôt périlleuse.

Abbes, Domingo, Fellahi se blessèrent sur la même action à la 12me minute. Puis Wicart s'abîma le coude droit. Enfin Mesas souffrait hier soir d'une douleur à l'aine, qui ne paraît pas trop sérieuse. Le plus toucher, Abbes quitta le stade en ambulance, une commotion l'obligeant à se soumettre à l'examen à la suite d'un coup de genou reçu à la tête.

Les gendarmes

ont troublé

le calme olympien

Hier matin, à l'hôtel Richard, à Andrezieux, les joueurs olympiens espéraient bien passer dans le calme les dernières heures qui les séparaient du match. Malheureusement, il n'en a rien été puisque, dans le cadre de l'enquête ouverte à la suite de l'accident que nous avions relaté survenu vendredi soir au car transportant les footballeurs marseillais de Saint-Étienne à Andrezieux, ces derniers ont été longuement interrogés par les gendarmes de la brigade de la Fouillouse.

Voilà qui n'est pas précisément fait pour obtenir la décontraction souhaitable avant une importante rencontre.

L'A.S.S.E. avait remanié son attaque

Nous avions appris samedi après-midi que tous les joueurs stéphanois n'avaient pas répondu à la convocation lancée dans le but de leur permettre de passer cette veille de match à Saint Heand. Ainsi est-ce sans surprise que nous avions noté peu de temps avant le match le remplacement de Vernier par Ibanez.

Pour une raison qui n'a rien à voir avec une mesure disciplinaire, cette fois, Goglia avait finalement été préféré à Rachid, n'étant pas, samedi, certains devenir de tenir le poste d'inter droit pour lequel il avait été désigné en principe.

 

 

>>> La rencontre fut rejoué le 20 janvier 1955 <<<<<

 

 

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