Résumé Le Provencal du 14 mars 1955 |
L'attaque marseillaise était trop lente pour battre Duffuler Seuls J.J. MARCEL et SCOTTI ont été satisfaisants Brillante partie de la défense, de Poncet en particulier (De notre correspondant particulier : Jean CHANTRY) |
|||||||||||||
LENS (C.P.) - Marseille avait une chance de premier ordre. Lens, incomplet, atteint au moral à la suite de son élimination de la Coupe de France, n'avait pas la confiance de son public. Les Olympiens n'ont pas su saisir leur chance. Pourtant, à trois reprises, le sort leur fut favorable : à la 5e minute, lorsque Marcel, bénéficiant d'une chute de Polak, se présenta seul devant les buts après avoir dribblé Hassouna, puis 18e minute, lorsque Salem déboula de très loin dans un vaste espace libre Scotti fit une transversale et Salem, à son tour, se trouva seul devant Duffuler. Enfin à la 21e minute, sur ouverture de Marcel, Luzy arriva lui aussi seul sur la droite des buts. Dans les trois cas, le goal lensois, qui, cette saison vaut, par ses arrêts sensationnels, au moins 15 points à son équipe, parvient, au prix de plongeons audacieux, à détruire ces actions presque impeccables. C'est à peu près tout ce que l'on peut porter au crédit de cette division offensive marseillaise, qui fut une grosse déception. "C'est une attaque de "grand-père" constatait caustiquement un spectateur. Un tel jugement est dur, sévère, mais non injuste, car à maintes reprises, les Marseillais eurent la possibilité de lancer de fulgurantes envolées. Personne ne se trouva au point nommé pour piquer le sprint qui aurait pu être victorieux. Passe encore pour Luzy qui fut blessé dans sur un choc avec Polak à la 26e minute, les autres ?... Andersson donnait l'impression d'errer comme une âme en peine à l'aile gauche. Reste Marcel, Scotti et Ben Barek. Ce sont trois grands footballeurs précis, talentueux, maîtres techniciens leurs attaques sont classiques, académiques, agréables à l'oeil, mais elles se traduisent par une lenteur d'exécution de premier ordre. Et les Lensois jeunes, dynamiques, rapides dans l'attaque du ballon, eurent chaque fois le temps de se regrouper en défense, de réparer les erreurs de marquage (et Dieu sait qu'il y en a eu chez les mineurs), et de dresser un rideau quasi inexpugnable. Marseille (et c'est une tradition brutale avec le style de jadis), joue nettement arrêtée. Dans le football, mieux vaut parfois un coureur à pied qu'un brillant soliste. Il est certes regrettable d'écrire de telles choses mais un joueur vite manque dans cette attaque phocéenne. |
D'autre part, la tactique employée par les Marseillais nous a étonnés. Tassé en défense, l'O.M. avait interdit à ses demi-ailes de dépasser le centre du terrain, le but recherché était de procéder par contre-attaque rapide qui, les Lensois dominant territorialement, aurait dû se développer dans un vaste espace libre. Mais lorsqu'on n'a pas de joueurs rapides, d'hommes à débouler fulgurants, comme ce fut le cas jadis pour Georges dard, n'est ce pas une hérésie de miser la contre-attaque ? Nous voulons bien admettre que la blessure de Luzy fut un handicap sérieux car ce joueur pouvait être le sprinter qui aurait bénéficié des savantes ouvertures des Scotti, Ben Barek ou Marcel. Mais, on avouera que l'O.M., avec un seul finisseur de son attaque, était bien mal loti pour affronter une défense aussi solide que celle des artésiens. Dans les trois occasions de marquer qui s'offrirent à Marseille, on constate que deux, celle de Marcel et celle de Salem, sont dues à des circonstances fortuites qui ne cadraient nullement avec les directives données. Seule celle de Luzy était l'application parfaite de la tactique de la contre-attaque. Donc, si l'on considère le côté offensif, cette tactique a fait chou blanc. Dans le domaine défensif en revanche elle fut magnifiquement appliquée et nous pensons bien qu'au fond, les Marseillais visaient le match nul. Ils luttèrent vaillamment, concédant 10 corners et faillirent bien gagner un point. D'ailleurs, le but marqué par Courtin à la 77e minute fut précédé d'une opposition donc Poncet porte les marques douloureuses, mais qui échappa à l'arbitre M. Caillaux. En règle générale, Andersson excepté, tous les Marseillais se battirent avec vaillance, ils firent leur tache avec une magnifique conscience professionnelle et aucun reproche, aucune critique ne pourrait leur être faite sur ce plan. Seule la conception de leur football et à revoir, car les avants de l'O.M., tel que nous les avons vus à Lens, jouent trop bien et surtout trop lentement pour imposer leur loi en division nationale. |
--------------
Le match au chrono |
|||
PONCET A SAUVE L'O.M. D'UNE DEFAITE BEAUCOUP PLUS GRAVE |
|||
Marseille a modifié son équipe à la dernière minute. Poncet ; Gransart, Palluch ; Molla, Johansson, Salem ; Luzy, Marcel, Scotti, Ben Barek, Andersson. 2me minute : Scotti ouvre sur Marcel à l'aile droite, mais l'international shoote au-dessus. 4me minute : Sur centre de Louis Aurednik fait un crâne et Poncet doit mettre en corner. 5me minute : Erreur de Pollak qui tombe et lance la balle à Marcel qui file vers le but, dribble Hassouna et arrive aux 18 m, mais le gardien lensois Duffuler a quitté son but, plonge dans les jambes du Marseillais et sauve son camp. 15me minute : Aurednik très fin dribbleur met la défense marseillaise hors de position et shoote. Poncet fait un excellent plongeon et arrête la balle. 17me minute : Corner pour Marseille mal tiré par Luzy. 18me minute : Sur contre attaque marseillaise, Salem part dans un espace libre est servi en pointe par Scotti et arrive seul aux 18 m. Duffuler pour la seconde fois quitte sa cage et parvient à arrêter la balle. 21me minute : Percée de Marseille, qui termine par une passe en profondeur à Luzy. Duffuler plonge et parvient à repousser la balle. Ben Barek reprend et alors que le gardien n'est pas revenu dans son but, met la balle de peu à côté. 25me minute : Sur ouverture de Scotti, Luzy fonce mais est heurté par le demi centre lensois Pollak. Dans le choc Luzy reçoit un coup sur le mollet gauche et boîte. Il lui sera pratiquement impossible de jouer normalement jusqu'à la fin de la rencontre. 40me minute : Scotti fait un tackle et s'empare de la balle aux 18 mètres ouvre sur son ailier droit Marcel qui envoie un excellent shot croisé au ras de terre, la balle frôle le poteau gauche et sort. 46me minute : Tir splendide de Courtin à mi-hauteur ; Poncet fait un magnifique plongeon et arrête la balle. |
47me minute : Bon tir d'Andersson. Ce sera le seul de ce match. 58me minute : Sur un retour inattendu de Théo, Courtin démarre, mais Poncet est plus rapide que lui plonge et détruit l'action lensoise. 60me minute : Bonne passe de Courtin à Habitzl qui tire dans la foulée et envoie de 10 mètres, un bolide terrible : Poncet dégage splendidement par une manchette sensationnelle bien qu'ayant été pris à contre-pied ; on peut dire qu'à cet instant, Poncet a miraculeusement évité le but. 62me minute : L'ailier gauche lensois Marresch à la réception d'une attaque déclenchée par la droite marque un but que M. Caillaux annule pour hors-jeu du Nordiste. 76me minute : Bon tir à mi-hauteur de Marresch au ras du poteau. Poncet doit plonger et mettre en corner : c'est le 10me corner contre Marseille. Dans la mêlée qui s'ensuit Courtin trouve une ouverture, met le pied en avant et envoie la balle au fond de la cage tandis que Poncet blessé n'a pu s'opposer à cette action. 78me minute : Sur loupé de Louis devant son but, Duffuler doit plonger dans les jambes de Ben Barek arriver trop tard. 81me minute : La défense marseillaise trop lente et prise de vitesse par Lensois Marresch qui de la tête envoie la balle dans le coin droit de la cage. Poncet dans une détente magnifique va chercher le ballon. 85me minute : Courtin gène Palluch, lui prend la balle et shootant à ras de terre marque le second but qui est annulé pour la faute préalable. 87me minute : Courtin se présente seul devant Poncet qui prend des risques et plonge au devant du Lensois sauvant ainsi le but, pendant ce temps de l'autre côté du terrain quatre Lensois et quatre Marseillais se regardent en chien de faïence prêts à se battre à cause de l'incorrection de Louis envers Palluch. |