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Résumé Le Provencal

du 28 novembre 1955

  

Domine et mal inspiré, l'O.M., peine

pour battre SOCHAUX (1-0)

Andersson, seul capable d'inquiéter REMETTER

Le bat finalement et assure la victoire

Une bonne galerie a pris place autour de la pelouse du Stade Vél, quand M. Le Men appelle les joueurs.

Le haut-parleur a annoncé que Gaby Dormois avec finalement préféré faire confiance à Decker, Muro souffrant toujours des reins et qu'à l'O.M., l'aile gauche est constituée par Mercurio et Chicha, ce dernier portant le maillot frappé du N 11.

Le vent est nul, un brouillard humide tombe sur les épaules des spectateurs dont un certain nombre a tenu à assister au moins à la fin de la rencontre de coupe Gambardella, opposant les juniors de l'O.M. à ceux du C.O. Berrois.

Remetter alerté

Après une descente, non exploitée de Rustichelli, la balle quittant les limites du champ de jeu, Scotti, à la 4me minute, botte un coup franc.

Andersson, d'un petit coup de patte détourne la sphère et prend Remetter à contre-pied. Malheureusement pour les locaux, le cuir sort encore sous les clameurs désappointées du public.

À la 6me minute, Gunnar surgit encore de l'aile gauche, tire, mais le portier international bloque la balle... sous son pied droit.

Sochaux réagit par J. Tellechea, le demi visiteur donnant un coup de pied de réparation que Poncet annihile d'ailleurs sans mal.

Cinq minutes plus tard, cependant, servi par Scotti, Andersson centre encore devant la cage vide, mais aucun joueur à la tunique blanche n'est la pour reprendre.

J. Tellechea maladroit

Sur corner admirablement adressé par Decker (14me minute), J. Tellechea reprend, mais nettement en dehors du cadre, puis successivement, devant Andersson et Chicha, Remetter doit sauver son camp sérieusement menacé.

À la 17me minute, Labalette démarqué tente sa chance, mais le ballon rate de peu l'objectif.

Andersson : trop mou

Peu après, Andersson, bien placé, frappe trop mollement pour inquiéter un gardien de la classe de Remetter, puis Decker voit son tir rater la cage de Poncet.

À la 22e minute, Remetter se distingue en sortant au devant de Chicha laissé sans surveillance.

La tête de Bruat

A la 24e minute, Labalette de l'aile, centre. Poncet sort sans intervenir. La balle parvient à Brulat dont le heading rate encore l'encadrement alors qu'Heistroffer, claqué passe à l'aile droite, Bruat devient ainsi arrière central.

Cinq minutes plus tard, Salzborn vise la cage d'un heading. Le keeper marseillais se détend judicieusement et détourne en corner ; corner que Labalette shoote sans résultat.

Remetter encore là !

Après un corner donné vainement par Constantino, Remetter se fait applaudir très justement en détournant du poing un shoot d'Andersson.

Le public s'impatiente renvoyant que l'O.M. ne parvient pas à s'imposer et manifeste son mécontentement.

Avant la pause, Constantino tire au-dessus et Remetter intervient devant Scotti

Andersson malchanceux

Dès la reprise, Gardien déboule, mais Poncet reste maître du ballon. Puis, Andersson le shoote à côté, d'assez près, et violemment.

À la 56e minute, Marcel donne l'exemple et après avoir été relayé par Constantino tente sa chance, : le ballon rase le poteau, accompagné par Remetter.

A la 60e minute, sur faute de Mazimann, Scotti botte remarquablement, mais Remetter stoppe avec élégance.

Le jeu s'anime et la foule soutient les blancs...

C'est ainsi qu'Andersson est arrêté d'extrême justesse, puis Marcel échoue une nouvelle fois sur corner de Rustichelli.

Bolide de Chicha

Un très spectaculaire travail préparatoire de Rustichelli met Chicha en position de la balle, au centre. Le Marocain place à côté un bolide qui avait laissé Remetter sans réaction efficace.

On note encore tour à tour, une montée offensive de Gransart, un centre de Gardien, que le poteau renvoie, un tir "téléphoné" de Constantino, un shoot imprécis de Mercurio et un autre des d'Heistroffer.

Coup franc de Decker

A la 71me minute, Decker manque d'un rien à sa cible, sur coup franc, la balle franchissant le mur pour friser le montant des buts de Poncet.

À la 74me minute, Labalette se présente devant Poncet et lui donne littéralement le ballon dans les mains.

Le rythme de la rencontre baisse, les deux équipes semblent se contenter du match nul.

À la 76me minute, Constantino reprend en retourné un coup de pied de coin tiré par Rustichelli, mais sans résultat positif.

Andersson marque

A la 82me minute, la balle qui voyage devant les bois de Remetter, arrive à Mercurio. L'inter gauche transmet à Andersson dont le shoot ne peut-être parer par le gardien sochalien : la balle secoue les filets.

Alors que le match touche à sa fin, Sochaux fait le forcing mais l'O.M. défend son avantage avec l'énergie du désespoir.

Andersson tire un corner, Chicha shoote à ras de terre. Mais plus rien ne passe et M. Le Men met un terme aux débats sur une victoire marseillaise tirée par les cheveux.

Georges LEOST

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Le but miracle d'ANDERSSON n'est pas tout !

Ce n'est pas sans un soupir de soulagement, ni sans libérer un enthousiasme trop longtemps contenu, que les vingt mille spectateurs du stade ont accueilli le but de Gunnar Andersson. Notre homme préparait depuis longtemps - depuis quatre-vingt-deux minutes exactement ce boulet qu'il plaça lui-même semble dans l'obusier. Il était seul ou à peu près, il faut bien le dire, à construire quelque chose de rationnel, équilibré. Sa manière directe, sa nervosité parfois excessive, pour lui avait eu l'avantage d'attirer tous les regards de Remetter. Sochaux sentait bien que tout le danger se situait sur l'avant-centre marseillais qui nous revenait avec toute son efficacité. Voilà pourquoi on l'entoura, avec tant de générosité, de cette surveillance étroite et ponctuelle.

Qui, nous retrouvions Andersson. Il y a quelques semaines, nous mettions l'accent sur les déceptions qu'il collectionnait. Nous lui demandions même de nous rendre les joies que procuraient ses buts, ses exploits si particuliers. Et ce diable de Gunnar ému par nos critiques nous avait dit : "Je tiendrai mes promesses, je vous donnerai l'occasion de me réinstaller au premier rang du communiqué". Ce que nous savions d'ailleurs.

Ainsi Andersson a-t-il réussi, hier, un but vainqueurs d'une incroyable qualité, une solide performance réalisable par, lui seul, mais qui doit se toutefois ne rien détruire de l'idée générale que nous avons eue de ce match. À savoir que ce "but-miracle" ne saurait estomper la faiblesse d'ensemble d'une ligne d'attaque aussi empruntée que maladroite. Andersson a sauvé son équipe d'un match nul. Il faut en convenir, et constater une fois encore le peu de goût offensif et le comportement primaire de ceux qui, en fait, ont pour charger de ravitailler le bombardier que l'heureux destin à placer au centre de leur ligne.

Comment, dans les conditions présentes, demander davantage aux éléments intermédiaires et arrières, sans cesse occuper à renvoyer une balle que leurs avants ne savent pas conserver.

Ainsi Jean-Jacques Marcel dut il observer une position peu en rapport avec ses habitudes... et les désirs du public.

L'O.M. a gagné hier deux points, ce qui est très bien. Mais sans avoir mieux joué que son adversaire, ce qui l'est moins. Il est vrai que la marque eût pu être plus conséquence sans les extraordinaires parades d'un extraordinaire Remetter. Celui-là obligerait les amateurs de statistiques à remuer la poussière des temps qui lui trouver un confrère comparable.

Il n'aurait presque laissé aucun regret un supporter olympien bon teint, s'il avait réussi à conserver le draw de son équipe.

Dans sa production est de celles que l'on désigne sous le titre d'exception.

Lucien D'APO

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La blessure d'Heistroffer donna à SOCHAUX

Davantage d'assise dans ses lignes arrières

L'O.M. n'a pas remporté, hier après-midi, au Stade Vélodrome, le succès probant que le public réclamait après la série de performances contradictoires réussies par les Marseillais.

Et si les représentants du club de la place Félix Baret, ont finalement glané deux nouveaux points, cela n'a pas été facile.

Les responsables avaient entouré de mystère, jusqu'au dernier moment la composition de son aile gauche.

Disant tout net, que cette expérience s'est soldée par un fiasco tel que les locaux peuvent s'estimer heureux de s'en tirer à si bon compte.

Si la défense accomplit ce qu'on peut appeler une "sortie habituelle", la ligne des demis boita quelque peu, Scotti étant manifestement dans un de ses plus mauvais jours.

En attaque, Andersson fut pratiquement le seul à constituer un réel danger pour Remetter.

Cela prit une importance d'autant plus grande que Sochaux, dès le coup d'envoi, domina son adversaire, par son football pur, sa rapidité de course et d'exécution, son inspiration et son placement sur le terrain.

Le passage - après 25 minutes de jeu - d'Heistroffer (blessé) à l'aile et celui de Bruat, au poste arrière-central, donna à la défense de Gaby Dormois, une assise qu'elle n'avait pas au coup d'envoi.

Malgré ce handicap - en attaque - Sochaux poursuivit sa domination.

Pourtant sans l'exceptionnel Remetter, l'O.M. pouvait marquer avant la pause.

C'est peut-être là un paradoxe du football, mais la place du goal fait partie des atouts d'une équipe.

L'O.M. a finalement gagné, mais péniblement et surtout sans rien prouver.

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Johansson et Andersson

Meilleurs joueurs de l'O.M.

Cette confrontation O.M. - Sochaux ne sera pas inscrite dans le livre d'or des Marseillais. Les porteurs du maillot blanc, malgré leur succès, mais trop mal joué pour cela.

Dans les buts, Poncet fut Poncet, c'est-à-dire qu'il allia les bonnes choses aux moins bonnes. Mais il garda, cette fois sa cage vierge, parfois d'ailleurs avec la complicité de la chance : sur le tir de Gardien que la barre détourna, par exemple.

Gransart se mesurera à Gardien, sans doute le moins dangereux attaquant adverse. Il lui imposa sa loi, dans l'ensemble, tout comme Molla s'acquitta de la tache de la manière qu'on lui connaît maintenant : avec calme et lucidité.

Chez les demis, Marcel, une nouvelle fois, du mettre un frein à son tempérament offensif et il ne se paya qu'un raide dans les lignes sochaliennes. Il travailla sans relâche.

Son pendant, Roger Scotti, ne fut jamais à son affaire et appuya parfois avec excès ses interventions. Il était de plus hier, pris de vitesse et mal inspiré.

Au centre, Johansson joua dans un style impérial et se montra le meilleur olympien.

Rustichelli nous rappela le Rustichelli de l'an dernier, n'ayant que de très rares éclairs. Constantino se dépensa de son mieux, mais trop lentement, Andersson inquiéta Remetter avec constance. Enfin Mercurio et surtout Chicha peinèrent du début jusqu'à la fin.

Dans le camp opposé Remetter fit sensation, bien aidé par Brulat et les remarquables frères Tellechea.

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"GUNNAR, il faut que tu marques !"

Palluch et Mesas, les deux absents du match O.M. - Sochaux étaient aussi heureux sinon plus que leurs coéquipiers de cette victoire in extremis obtenu sur Sochaux.

Le puissant arrière olympien d'ailleurs, ne cessait de répéter :

"Nous ne sommes plus qu'à quatre points de Nice. Voilà un classement inattendu... pour certains, mais pas pour moi".

Quant à Mesas, il nous disait :

"Je préfère être sur le terrain que sur le banc. J'ai trop souffert aujourd'hui et jamais plus je n'assisterai d'aussi près au match de mes camarades".

Johansson radieux, on le conçoit, avait, paraît-il prédit le but Andersson à la mi-temps. Mais laissons-lui la parole :

"Au repos je me suis approché de Gunnar et je lui ai glissé dans l'oreille : ''il faut que tu marques un but, mais le plus tard possible, car sans cela nous nous risquons de nous faire remonter".

Le plus fort, c'est que Andersson a tenu parole...

Dorénavant le longiligne suédois usera de sa force de persuasion auprès de celui qui reste le meilleur buteur olympien.

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REMETTER sévère à l'égard de SCOTTI

Dès qu'il eut retiré son sweater et ses gants dans les vestiaires le célèbre international, d'une voix sans colère, mais ferme, déclara :

"Je suis outré (sic) de l'exhibition de Scotti !"

Devant les visages interrogateurs qui se tournèrent alors vers lui après ce préambule, Remetter poursuivit :

"Il a, en effet, blessé volontairement Labalette et Bruat. De plus, à plusieurs reprises il m'a retenu par le maillot, ceci pour me faire lâcher la balle. Les procédés ne sont pas dignes d'un joueur. À mon avis SCOTTI N'A PLUS RIEN À FAIRE SUR UN TERRAIN DE FOOTBALL".

Nous laissons bien entendu l'entière responsabilité et ces paroles à son auteur. Néanmoins, peut-être ont-elles été prononcées sur un mouvement d'humeur.

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(Photo : collection Jean Yves Dupré)

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