Résumé Le Provencal du 19 décembre 1955 |
A SEDAN, l'O.M. marque, se fait remonter, puis s'incline (2-1) Andersson a encore marqué MESAS et Célestin OLIVER expulsés A la 66me minute d'un match houleux (De notre envoyé spécial : Georges LEOST) |
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SEDAN (par téléphone) - La pluie qui nous avait accueillis à notre passage à Dijon et qu'il s'était encore manifesté à Paris, nous laissait supposer que nous trouverions également Sedan sous la pluie. Il n'en fut pas ainsi et malgré quelques flocons de neige qui tombèrent un peu d'après-midi, c'est sous un ciel sombre, sans plus, que le coup d'envoi fut donné. Des applaudissements avaient salué l'entrée des deux équipes, sans aucune distinction, celle-ci se présentant selon nos prévisions. C'est ainsi que Walter, s'aligna sous le no7 à Sedan, tandis que, à Marseille, la rentrée de Molla, à l'arrière, permettait à Rolhion de former une aile gauche Palluch-Mesas. La pluie ayant généreusement arrosé le terrain, une semaine durant, le sol est gras quand Marseille engage. Aussitôt, Marcel tente de lancer Rustichelli, sans y parvenir. La foule frissonne ; elle est venue là pour assister à un match atomique ; donc, sans plus attendre, elle veut créer elle-même l'ambiance. Cuenca menaçant A la 3e minute, sur descente de Célestin Oliver et loupé magistral de Gransart, Cuenca, seul devant Poncet botte sans précision. Le public hurle sa déception. Trois minutes plus tard, Marcel sert Andersson libre de ses actes et l'avant-centre méridional shoote dans un angle impossible. Rozak, un genou à terre, maîtrise non sans peine la balle adressée non sans astuce. Andersson marque A la 7e minute, bien que serré de près, Rustichelli descend, centre entre deux défenseurs locaux. Rozak intervient vainement et Andersson a le temps de lober le gardien ardennais, mis hors de position. L'O.M. 1 ; Sedan 0 L'O.M. ainsi vient ainsi de marquer alors que personne ne croyait aux buts, les défenseurs de Dugauguez ayant cru annihller Rustichelli en s'opposant à une percée qui avait amené le ballon près de la ligne de corner, au terme d'une course de 40 mètres. Les Phocéens dominent assez nettement, par un football plus précis, plus étudié, l'action de Marcel et celle de Scotti au centre du champ de jeu, s'avère extrêmement payante dans ce domaine. Sedan secoue le joug A la 16e minute, Célestin Oliver alerte encore Poncet, mais sa maladresse fait échouer cette tentative. Puis, c'est au tour de Gransart et de Marcel d'éloigner le danger. Sedan se reprend magnifiquement et, à la 17e minute, Lefebvre oblige le keeper provençale à repousser difficilement du pied. Après un raid de Rustichelli, Célestin Oliver tire au ras de terre de la barre (21e minute). Et la poussée Sedannaise de la fin du premier quart d'heure semble éteinte. Les "Bleus" opèrent surtout par contre-attaque, Camberlain étant replié depuis un bon moment déjà. Johansson sauve A la 25e minute, sur coup franc sifflé contre Mesas, Carpentier lance Célestin Oliver, excellemment placé. Mais Johansson devance l'action du leader d'attaque et repousse la sphère à quelques mètres de Poncet. |
Puis Cuenca, sollicité par Voltaire, envoie un heading en direction du goal marseillais qui bloque. Cuenca égalise A la 41e minute, après deux essais de Cuenca et un de Lefebvre, Cuenca hérite d'une balle relayée par Pascal et Lefebvre. Poncet tente un geste de défense sur le centre qui passe en bolide devant sa cage, mais l'ailier gauche, d'une tête à trajectoire croisée, égalise. L'O.M. 1 ; Sedan 1. Le stade croule sous les encouragements et la mi-temps survient alors que Sedan menace encore Marseille, survolté par sa réussite. Poncet blessé À la 48e minute, après une descente de Carpentier, Poncet est touché en intervenant devant Lefebvre et c'est Sedan qui bénéficie (vainement) d'un corner. Cinq minutes plus tard Constantino tire au-dessus, mais les actions les plus dangereuses restent à l'actif de Sedan. À la 57e minute, Cuenca reprend la balle de la tête et prend Poncet à contre-pied sur sa ligne. Le gardien méridional se détend magnifiquement et détourne en corner alors que la seule que la foule crie déjà : "But !" Puis Walter place au-dessus de la transversale un shoot soudain Seize minutes après la pause Cuenca botte encore au-dessus alors que la balle voyage devant Poncet. À la 64e minute, Cuenca rate de peu sa chance : Poncet paraissait battu, mais Gransart sort littéralement la balle des buts, au grand désespoir de la galerie. Les gendarmes sur le terrain À la 66e minute, Cuenca botte de la gauche et, de près, Lefebvre marque. Mais M. Harzig refuse le point pour hors-jeu. Sedan proteste avec énergie. L'O.M. défend son point de vue. L'arbitre aussi et de groupes se forment devant les buts marseillais. Deux gendarmes pénètrent sur le terrain et, au terme de palabres qui semblent avoir choisi des échanges de coups, Mesas et Célestins Oliver sont expulsés. La fièvre atteint son paroxysme et les locaux, qui dominent toujours, en perdent leur sang-froid sur les actions qu'ils créent. Camberlain marque A la 74e minute, Camberlain shoote des 40 mètres. Scotti rectifie la balle du ballon et Poncet, en plongeant repousse encore. Mas le juge de touche signal que la balle ayant franchi la ligne blanche. L'arbitre le consultait et accorde le point, malgré les dénégations des "Blancs". À la 80e minute, Cuenca gaspillé de fort peu sa chance. Avant la fin, Scotti devient demi-centre et Johansson s'intégra à l'attaque. Lefebvre place un dur tir, bien bloqué par Poncet. Marcel botte splendidement un coup franc. Daniel Carpentier sauve son camp, imité par Fulgenzyi. Et c'est la victoire de Sedan par 2 buts à 1. |
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L'O.M. avait bien débuté |
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SEDAN - On crut bien, au bout d'une demi-heure de jeu, que l'O.M. allait s'imposer nettement aux Sedanais rééditant ainsi sa belle partie de Lille. Dès la 7me minute, Andersson avait marqué son but traditionnel, à la suite d'un mouvement extrêmement classique. L'O.M. dominé son adversaire en pratiquant un football infiniment plus précis, plus calme, mieux inspiré. Et cela lui était d'autant plus possible que Sedan, ayant dépêché vers Rozac l'inter Cuena, amoindrissait ses chances d'inquiéter Poncet. À l'avant, les élèves de Dugauguez opéraient par raids rapides et mal terminés. Cela dura jusqu'au moment où Sedan se réveilla brutalement, trouva enfin son souffle et choisit de défendre sa chance avec une foule égale à celle déployée peu de temps avant au Stade Vélodrome. La défense marseillaise accusa d'autant plus le coup que son attaque attendait vainement des balles très rares. |
À ce jeu viril, Sedan s'imposa son point de vue, mais non sans que l'on enregistre les incidents décrits dans les colonnes voisines. Sedan qui, dès le coup d'envoi avait eu le plus d'occasions de marquer, continua à mettre Poncet en état d'alerte, beaucoup plus souvent que Rozak n'étais mis à l'épreuve par les avants méridionaux. En résumé, on peut dire, sans considérer les moyens très différents employés, que l'O.M. dirigea les opérations au début pour laisser le monopole, après la pause surtout, aux locaux. La confrontation baissa de pied au point de vue intérêt à partir de cet instant et M. Harzig y est pour quelque chose, par la manière dont il tenta de garder en main ce match qui ne dirigea guère, mais suivi plutôt des tribunes". G. LEOST |
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CE QU'ILS DISENT |
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Rencontré avant de monter dans le train qui devait conduire les Olympiens à Reims, M. Arifon, du club des supporters et accompagnateurs de l'équipe avec le président Aillaud nous dit : "L'arbitre a juré sur la tête de ses trois enfants que le but marqué par Camberlain était valable. Nous avons donné par ailleurs la parole à Poncet, principal intéressé. Nous n'y reviendrons donc pas". Johansson en essuyant son torse ruisselant d'eau confessait : "De toute ma carrière je n'ai vu un match joué de cette façon-là". À côté de lui assis et comme accablé, Andersson cherchait confirmation de l'absence du président Nicolas et ajouter : "Comment voulez-vous jouer dans de telles conditions". |
Molla, quant à lui, reconnaissait, résigné : "Et oui ! nous avons bien débuté et puis quand Sedan à jouer à sa manière, on n'a pas eu autant de réussite !" "Le président Aillaud, peu loquace, se contenter de dire, hochant la tête : "C'est du vol, et c'est tout ! Nous devions au moins vous en sortir avec le match nul". Dans les vestiaires voisins, les Ardennais, satisfaits, tiraient la conclusion en ces termes : "Nous avons voulu la victoire et nous l'avons eu. Cela n'a pas été sans peine. Le second but ? L'arbitre l'a reconnu valable". |
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SCOTTI et MARCEL encore... |
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Si ce match débute de plaisante façon il perdit une partie de son intérêt spectaculaire après le cap de la première demi-heure. Mais il faut surtout s'en prendre aux locaux, les visiteurs ayant tout fait dès le départ pour rendre la rencontre attrayante. En dressant le bilan de ce combat, on remarque que Poncet se montra courageux, après le choc qui le blessa à la clavicule. Gransart, après un bon début eut des interventions moins nettes ; par la suite, quand Sedan laissa s'extérioriser sa trop grande énergie. C'est également vrai pour Molla, dont la lucidité et le sang-froid firent pourtant échouer bien des tentatives adverses. Dans la ligne médiane, Scotti et Marcel, ainsi que Johansson accomplirent un labeur acharné et parfois fort complexe dans des conditions difficiles et dans des styles particuliers qu'on leur connaît. Chez les attaquants, Andersson n'eut pratiquement qu'une bonne balle, celle qui, précisément amena le but marseillais. Par la suite le leader d'attaque méridionale disparue de la circulation, il fut rarement sollicité et jamais dans de bonnes conditions. À ses côtés, Rustichelli partit bien pour passer inaperçu en seconde mi-temps. Opérant en retrait, Constantino travailla sans relâche, s'efforçant de bien servir ses camarades du compartiment offensif. Palluch mit tout son coeur dans le travail qu'il entreprit, mais pas assez directement et Mesas avant sa sortie prématurée, s'évertua, lui aussi à construire quelque chose d'effectif. Dans le camp opposé, les joueurs Sedanais eurent un départ difficile. Ils se reprirent quand ils appuyèrent leur actions.. Finalement, Fulgenzy, Camberlain et Cuenes s'avérèrent les meilleurs d'un ensemble volontaire, mal inspiré au début, débitant d'abord un football moins bon que lors du match aller à Marseille et gâchant de nombreuses occasions par maladresses. |
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MESAS : Je n'ai fait que protéger l'arbitre" |
Mesas contrit au coup de sifflet final, nous expliqua - si l'on peut dire - ainsi son expulsion. "Je suis intervenu d'abord pour séparer des joueurs qui allaient en venir aux mains, puis pour protéger l'arbitre. Je ne comprends absolument rien à la sanction qui me frappe" |
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PONCET : "Le but n'est pas valable" |
Interrogé sous la douche, en ce qui concerne la validité du but marqué par Camberlain à la 74me minute, Poncet nous a affirmé : "Il ne pouvait y avoir but. J'étais très bien placé et voyais venir la balle de loin. Je me suis détendu à un mètre de ma ligne et ai détourné le ballon, au prix d'un plongeon horizontal. D'ailleurs l'arbitre n'avait pas branché". |