Résumé Le Provencal du 16 janvier 1956 |
L'O.M. arrache in extremis le "draw" à St Etienne |
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Le temps est couvert, la température fraîche, quand se termine le match de lever de rideau, concrétisant la victoire des amateurs olympiens par 2 buts à 0 sur Fréjus. Alors que le public craint l'abstention de Gunnar Andersson, grippé, le speaker annonce les deux formations. Si, l'O.M. se présente bien de la façon prévue, par contre, l'entraîneur stéphanois Snella a fait permuter Foix et Goujon ; le premier jouant ainsi ailier et le second avant-centre. M. Bois siffle le coup d'envoi et, l'O.M. engageant, Tivoli tente de lancer Rustichelli, sans y parvenir. Plus dangereux et dans ses premières secondes, l'essai de Durand en position d'ailier droit. Aussitôt pourtant, Poncet a deux occasions de se distinguer sur percée de Foix. À la 3me minute, relayé par Constantino, Durand passe et centre sur Andersson qui ne peut d'ailleurs pas reprendre. À la 4me minute, le tandem Rustichelli - Andersson, alerte Abbès : l'O.M. a bien démarré. Le coup de patte de Roger Scotti A la 6me minute, Scotti botte remarquablement un coup franc que le goal visiteur détourne en corner. Sur cette dernière sanction, Tivoli place un splendide heading, imité peu après par Jean-Jacques Marcel. Après un autre coup franc de Scotti (14me minute), le ballon est prestement amené dans le camp forézien, mais sans péril pour Abbès. Le jeu se stabilise et Saint-Étienne fait remarquer son football rapide, et simple, sans pour autant pouvoir franchir le réseau défensif local. Rijvers et Orosco shootant un et l'autre dans les nuages. À la 19e minute, Foix tire à ras de terre et à côté. Bolide de Domingo Sous l'impulsion de Rijvers et de Ferry, l'A.S.S.E. mène plusieurs raids vers les bois de Poncet. Sur l'un d'eux, Domingo place un bolide, à la surprise générale. À côté malheureusement pour les poulains de Snella. Puis, Abbes, se fait encore applaudir devant Durand et Rustichelli. À la 29me minute, Tivoli et Rustichelli tentent leur chance, le premier de trop loin, le second trop mollement. Deux minutes plus tard, Poncet maîtrise un tir d'Orosco déclenché de près. |
À la 29me minute, Rustichelli manque encore l'objectif. Avant la mi-temps, Durand rate la cage de la tête (36me minute). Marcel botte sans précision. Tivoli tire puissamment (41me minute), puis ouvre sur Rustichelli et Foix descend au sprint. Bel effort de Rustichelli Dès la reprise, Rustichelli surgit en bolide devant Abbes et place un tir croisé qui frôle le montant. Tout aussitôt, Constantino shoote au ras de la barre. À la 52me minute, Goujon à son tour, shoote au ras de la barre. Buts de Mekloufi et de Foix A la 53me minute, sur déviation de Foix, Rijvers, servi, transmet à Melkloufi qui file seul vers les buts et bat facilement Poncet. Une minute plus tard, Domingo passe à Rijvers, lequel alerte Foix. Poncet est encore battu, malgré une parade désespérée, à ras de terre. À la 65me minute, Marcel shoote en force : encore à côté. Rustichelli marque Tandis que Saint-Étienne joue sur le rythme qui est le sien, l'O.M. faiblit quelque peu, accusant le contre-coup des deux buts concédés en une minute. Après un splendide coup franc donné par Scotti, à la 70me minute. Une belle action Marcel - Constantino - Marcel - Rustichelli, ce dernier détourne le ballon dans la cage. Peu après, Rustichelli tire encore. Durand égalise L'O.M. se reprend de façon sensible et à la 75me minute, Tivoli inquiète Abbes, puis Marcel centre sans (77') hors du terrain. Successivement, Tivoli adresse un beau corner (78'), Constantino centre... sur Abbes (81') ; Orosco se fait siffler off side alors que la défense marseillaise est prise à contre-pied (82'). Poncet est encore en danger devant Orosco (83') ; Abbes se couche dans les pieds d'Andersson ; Mekloufi tire dehors et obtient un corner (87'). Alors que l'on attend la fin du match, Durand délaissé, récupère une balle à l'aile droite et bat Abbes d'un shoot à ras de terre et croisé. C'est l'égalisation inespérée. Georges LEOST |
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Raymond DURAND était plus ému que son fils |
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Pour une fois l'expression "revenir de loin" a été employé à bon escient par les olympiens, s'entend. Dans les vestiaires marseillais, en effet, les joueurs, qui n'étaient pas encore remis de ce match nul quasi inespéré, ne cessaient de répéter en choeur : "Jamais nous aurions cru pouvoir égaliser, surtout que nous sentions très nettement la fin de la partie approcher à grands pas". Durand, l'auteur du but égalisateur, le "petit Albert" comme l'appellent ses dirigeants, était naturellement le héros du jour. Son international de père, dans un coin du vestiaire, riait nerveusement, histoire sans doute, de cocher les larmes de joie qui pointaient au bord de ses paupières. Car Raymond Durand était beaucoup plus ému que "son petit"... Quoi qu'il en soit, joueurs, dirigeants et entraîneur, arboraient un sourire satisfait d'autant plus satisfait qu'ils avaient craint le pire. Palluch, tout en se rhabillant, passer l'index sur son front, pour bien nous montrer ce que demi-succès, avait été chèrement acquis. Andersson, le cou emmitouflé dans un foulard, nous confirmer son état grippal. "Je me suis aligné avec 38 degrés de fièvre. Évidemment ce n'était pas indiqué pour un tel le match, mais comment faire autrement ? La question posée par Andersson resta naturellement sans réponse. |
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L'opiniâtreté récompensée |
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Il y a quelque temps nous avions vu l'O.M. perdre à Saint-Étienne avec une netteté que nous n'avions pas manquée de souligner. Ce jour-là, nous avions vu plusieurs marseillais et non des moindres, figées, tels des grenadiers en faction à Buckingham, impassibles sous les coups que le onze stéphanois portaient à leurs buts. Par la suite le team local réalisa d'excellentes séries que l'on sait pour ne connaître l'échec qu'à Sedan. Entre-temps, l'âme de l'équipe marseillaise s'étant retrempée dans les eaux bénéfiques de la confiance, nous pensions qu'il serait onze à rendre la monnaie de leur pièce aux contentieux Foréziens. De tout cela, rien si ce n'est que l'équipe marseillaise a pris hier une fameuse leçon de football et, qu'en définitive, ce match nul et à inscrire au chapitre des affaires providentielles. Ceci dit, remercions l'équipe stéphanoise de nous avoir régalé d'un football mécanique, assoupli. Et il ne faut pas croire que sans cette construction de plus en plus géométrique, dirons-nous, le football perd sa valeur d'expression. Au contraire. On peut certes rendre hommage aux deux équipes de nous avoir confectionné cette brillante première mi-temps, mais rendons tout de même aux hommes de Snella le mérite d'avoir était précisément les instigateurs et les conducteurs de ce feu d'artifice. Telle est l'idée générale que nous avons du match. Dans les cas particuliers, constatons que si Saint-Étienne eut le football le mieux compris, le plus limpide, l'O.M., par contre se montra plus dangereux face aux buts. Constatons aussi, avec une certaine satisfaction, qu'à l'inverse des dimanches précédents, les tirs aux buts se multiplièrent chez les avants locaux. Et notons enfin que c'est au moment précis où la ligne médiane, c'est-à-dire Scotti et Marcel, se portèrent en avant, poussèrent leurs attaquants, que l'O.M. disloqua enfin le système défensif des Stéphanois. Et nous avons gardé pour la fin le but égalisateur d'Albert Durand. Ce point exprime toute la force vive de la jeunesse, il récompense l'opiniâtreté. Ce but, Durand l'arracha avec ses dix-neuf ans, avec cette conviction aussi donc sont frappés tous les jeunes admis sur les premières scènes. Mais c'est aussi à cet âge que l'on façonne l'âme et l'esprit. C'est à cette tâche qui se faut s'attacher en ce qui concerne l'avenir de cet ailier boulet dont il faudra doser la charge. Lucien D'APO |
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L'O.M. eut le plus d'occasions dangereuses mais l'A.S.S.E. pratiqua le meilleur football |
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Roger Rolhion eut des inquiétudes avant le match, en ce qui concernait la participation d'Andersson. Finalement il put aligner le quintette qu'il avait choisi. Au sein de celui-ci Tivoli plaça quelques tirs puissants, longs et même précis. Il eut ainsi des passages à vide mais trouva le moyen de se distinguer et de soulever les applaudissements. Durand débuta en trombe, passa par instants inaperçu, puis surgit au moment où personne n'y comptait plus, pour marquer le but égalisateur à l'ultime seconde. Tout compte fait, ce tandem a encore été satisfaisant. Il accomplit ses classes et mérite la confiance qu'on lui accorde depuis Monaco. Si l'O.M. donna de belle promesse en début de match, Durand tenta sa chance dès les premières secondes, l'A.S.S.E. se signala rapidement par la netteté de son football, sa vivacité et sa complicité... jusqu'au moment de conclure. À cet instant, en effet, les poulains de Snella tergiversèrent trop, abusant des passes redoublées. C'est ainsi que les locaux, alerte par trois occasions stéphanoises sur lesquelles James Poncet eut la possibilité de montrer que ses moyens sont réels, purent atteindre la pause en ayant bénéficié d'attaques plus dangereuses pour Abbès que ne le furent les tentatives mettant à l'épreuve son vis-à-vis. |
À la reprise par Rustichelli dont le tir croisé frôla le poteau, les Marseillais manifestèrent encore des intentions nettement offensives. Mais quand Mekloufi puis Foix marquèrent aux minutes 52 et 53 deux buts analogues et acquis dans le plus pur classicisme footballistique, les "blancs" ployèrent. Le but réussi par Rustichelli (69ème minute) libéra quelque peu les spectateurs, mais on n'espérait plus le match nul quand Durand égalisa alors que le temps réglementaire était passé, l'arbitre "récupérant" le temps perdu au cours de la partie en général et par un coup de botte intempestif d'Orosco en particulier. En résumé, l'A.S.S.E. domina sur le plan du football mais l'O.M. eut finalement à son actif le plus d'actions périlleuses, Abbès stoppant des tirs très dangereux. Sans doute aussi les Stéphanois souffrant par ailleurs de l'infériorité de Goujon et d'Orosco par rapport aux autres composants du quintette offensif, eurent-ils le tort de relâcher leur surveillance alors qu'ils menaient par 2 buts à 0. |
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Ferry : "Quel beau joueur ce Jean-Jacques MARCEL !" |
Ferry, la courtoisie faite joueur, était accablé en fin de match, autant par la remontée in extremis de l'O.M. que par sa dureté de la partie elle-même. Allongé sur la table de massage et pendant que le soigneur de l'équipe pensait son genou blessé, il nous fit, d'une manière objective la critique du jeu : "Normalement, nous aurions du gagné. Mais l'O.M., je le reconnais sportivement, nous a malmené au cours des 20 dernières minutes. Certes, l'équipe marseillaise m'a parut légèrement inférieure aux précédentes. Cependant, elle possède en Jean-Jacques Marcel un joueur hors de pair. Son abattage a été magnifique, tellement magnifique que quelquefois je me suis arrêté bien malgré moi pour admirer ses actions". Ferry, outre qu'il est un connaisseur, il ne peut en être autrement d'ailleurs, n'est pas du tout jaloux de son concurrent numéro un en équipe tricolore française. Peu de joueurs en tout cas font preuve d'une telle sincérité. Et ceci est tout à l'honneur de Ferry. |
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SNELLA : Mes joueurs se sont affolés |
Le clan de la petite troupe stéphanoise était hier, après le match, partagé en deux parties égales Le premier, en effet, qui comprenait le président Faurand et les joueurs De Cecco, Foix, Mekloufi, entr'autres, disait de l'autre : "Nous avons perdu un point parce que nous ne nous sommes repliés après avoir marqué deux buts coup sur coup". Et la seconde rétorqua alors par l'intermédiaire du parfait gentleman qui l'entraîneur Jean Snella : "Non, notre équipe ne s'est pas repliée en défense après les deux buts. Elle s'est tout simplement affolée. "Car si nous avions pratiqué un béton réel, je ne crois pas que l'O.M. aurait pu alors nous remonter au score. "Non, mes hommes, je le répète, ont joué à tort et à travers dès que Mekloufi eut clôturé la marque, ce dont les Marseillais ont largement profité, c'est normal." Malgré les explications du coach stéphanois, inutile de dire que les partisans de la thèse "béton" n'étaient pas, mais pas du tout, convaincus. Nous non plus d'ailleurs. |