Résumé Le Provencal du 30 avril 1956 |
L'ATTAQUE OLYMPIENNE SE RETROUVE A METZ CHICHA, ANDERSSON et RUSTICHELLI Marquent 3 buts aux lorrains (3-2) (D'un de nos envoyés spéciaux : Jean PEYRACHE) |
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METZ - Le ciel est chargé de lourds nuages noirs, lorsque le Football-Club de Metz et l'Olympique de Marseille s'apprêtent à fouler la verte pelouse du stade de l'île Saint-Symphorien. Elle est en bon état et le vent et si léger dans le sens longitudinal qu'on peut le considérer comme à peu près nul. L'O.M. présente une aile gauche inédite avec Larbi Chicha inter et Albert Durand ailier. C'était prévu, car Scotti et Mercurio n'ont pas accompagné en Lorraine leurs coéquipiers. À Metz, autre prévision confirmait : Rigoulot garde les buts aux lieu et place de Corazza, blessé, mais on considère le remplaçant égal au titulaire. Départ en trombe de Metz... Dès le coup d'envoi donné par Andersson, Metz intercepte et trois minutes ne se sont pas écoulées que Predal a déjà pas paré un essai de Hess, un autre de Zenier et à repousser en plongeant un troisième tir, plus puissant de Bokon. ... mais but de l'O.M. C'est pourtant l'O.M. qui va ouvrir la marque à la quatrième minute, par l'intermédiaire de Chicha qui, lancé par Durand, évite Rigoulot sorti à sa rencontre, et shoote à ras de terre. Burdat accourt, mais sa tentative est vaine, et ne peut que détourner la balle dans ses filets. O.M. : 1 - Metz : 0. Un moment, Metz accuse le coup, mais cela ne dure pas et (9ème minute), sur travail préparatoire et centre de Zenier, Bokon loupe la reprise à cinq mètres de Predal. L'O.M. repart par l'entremise de Rustichelli, donc le centre, repoussé une première fois par la défense messine, est repris des 30 mètres par Mesas qui place un très dur shoot impeccablement bloqué par Rigoulot. Chicha en verve Au quart d'heure, Chicha a été la vedette du onze marseillais. Le voilà maintenant qui, en position d'inter droit, lance Constantino, provisoirement ailier droit. Un centre court à ras de terre, et Andersson à la réception oblige d'un coup de pied "vicieux" Rigoulot à mettre en corner. Nouveau corner sur shoot de Marcel, qui crée une situation confuse devant Rigoulot. Domination olympienne Les excellentes dispositions de Chicha, celles nettement meilleures de Constantino par rapport à ses précédentes sorties, habituelle verve offensive de Marcel et celle plus surprenante de Mesas font que l'O.M. domine et, coup sur coup, Rustichelli oblige par deux fois Rigoulot à plonger. A Andersson, le n.2 À ce jeu, les "blancs" voient leur confiance accroître. Un incident Palluch-Acosta vaut à l'arrière un coup franc sans dommage puis Andersson va inscrire un second but. Nous sommes à la 29me minute et Marcel sert Rustichelli, qui sème Dosdat et centre court sur Andersson. À bout portant l'avant-centre ne laisse aucune chance à Rigoulot. |
O.M. 2 - Metz : 0. C'est inimaginable, et pour pourtant, c'est vrai. Trois minutes plus tard, Rigoulot est encore à la parade sur un tir de Rustichelli ; puis sollicité par Chicha, Andersson prend de vitesse Fuchs demi-centre de Metz, et son shoot sort de quelques centimètres. C'est la mi-temps, et l'O.M. possède une marge de sécurité qui devrait lui permettre de voir venir. Metz, aussi rapidement... Pour vaincre l'équipe de Jacques Favre a donc l'impérieux devoir de marquer trois buts. Or, sauf contre Sochaux (3 à 1), et quand Saint-Étienne (5 à 2), cela ne lui est jamais arrivé. Pourtant, le Football-Club de Metz croit en son étoile et repart aussi rapidement à la 46e minute qu'il était parti à la première. Désarroi olympien et but... de Johansson. L'ardeur lorraine désunie quelque peu la défense marseillaise et à la 53me minute, Stelbel file sur la gauche, et décoche un centre shoot à ras de terre. Predal plonge et repousse sur Johansson qui, bousculé dans le dos par Bokon bat son propre portier. O.M. : 2 - Metz : 1. L'O.M. flotte à son tour, et Rigoulot voit le jeu de loin. Pour un shoot à côté que lui adresse Marcel à la 62me minute, Predal a eu cinq fois à intervenir en dehors du but concédé. Il ne l'a jamais fait sur de véritables shoots, car les porteurs du maillot grenat semblent répugner à cet exercice, mais le gardien du lazaret doit intervenir parce que Metz occupe nettement le terrain marseillais. But refusé à Chicha Les réactions olympiennes sont tout de même empreintes de conviction et à la 67me minute, sur service de Marcel, Chicha bat pour la troisième fois Rigoulot après une brève course, mais il était hors-jeu. C'est du moins l'avis de l'arbitre. Cette action entrecoupe la pression, car immédiatement après sur corner donner par Hess, Burda reprend à bout portant, et Predal est assez heureux de se trouver à la parade. Le coup de grâce par Rustichelli. À la 79me minute, Rustichelli va porter le coup de grâce aux Messins. Placé en embuscade à 50 mètres de Rigoulot, il reçoit une balle dégagée par la défense olympienne, lutte de vitesse avec Dosdat, le sème, et avant que Burda intervienne à son tour, il inscrit le troisième but d'un très joli tir à la limite des 18 mètres. Est-ce la fin ? La domination messine est encore vive, mais à la 90me minute, sur un long dégagement de Dosdat, Acosta, qui a suivi, donne à la défaite de ses couleurs une allure honorable en inscrivant de près un second but surprise. |
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LE CHOEUR DES OLYMPIENS "Dommage ce deuxième but !" |
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Metz - À l'O.M. on était évidemment heureux de la victoire, mais si Predal disais : "Je n'ai pas entendu les appels 'A toi' qui m'étaient adressé", l'entraîneur Jean Robin regrettait, résumant ainsi opinion unanime : "Dommage ce deuxième but à la 90me minute ! nous pouvions et devions gagner plein de nettement. L'O.M. a fourni de loin le meilleur jeu". Pour Johansson, c'était aussi le regret, celui du but marqué par lui-même contre son camp, mais il oubliait vite cet incident pour nous dire : "Vous avez vu l'attaque, si elle a marché..." Chicha affirmait : "Je n'étais pas hors-jeu sur le but qui m'a été refusé". Andersson toujours réaliste enregistrait avec satisfaction les deux points acquis à l'extérieur et souhaitait malicieusement : "Si nous pouvions en faire autant après demain à Nîmes". |
Les Messins étaient évidemment moins loquaces. Avec Imbernon, nous avons parlé en doutez-vous ? De Port-de-Bouc, mais "exilé" nous a tout de même avoué : "L'O.M. a été supérieur. Peut-être lui avons-nous facilité la tâche..." Enfin le président Bertory toujours loquace, nous fit remarquer : "Que voulez-vous ? Nous méritions un but dans le premier quart d'heure, et nous étions au contraire mené par 1 à 0 ! Il y a vraiment de quoi vous faire perdre contenance. Si Metz avait toujours joué comme aujourd'hui, la deuxième division serait proche par contre l'O.M. toujours dans les mêmes dispositions pourrait sans doutes affirmer qu'il est digne du titre national" ! Oui mais monsieur Bertory, l'O.M. n'est pas toujours dans ces mêmes excellentes dispositions ! |
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L'O.M., s'est comporté avec autorité RUSTICHELLI, CHICHA et JOHANSSON furent ses animateurs (brillants) (D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX) |
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METZ (par téléphone) - On pouvait croire que cette rencontre se présentait comme un duel du Père Tranquille pour la bonne raison que les deux formations en présence n'avaient plus rien à espérer ni à craindre du championnat. Mais cette constatation était plus apparente que réelle. En effet, les lorrains désiraient accomplir une performance contre les méridionaux pour deux motifs : 1. Il n'avait que six points d'avance sur le 16e du classement et un nouveau succès pouvait leur permettre d'éclaircir définitivement l'horizon et de rejoindre les Marseillais. 2. Depuis le 18 mars dernier, les Messins étaient invaincus et avaient enregistré trois victoires : Toulouse, Nancy et Sochaux et un match nul : Nîmes. Ils avaient donc l'intention de poursuivre sur leur brillante lancée. De son côté l'Olympique avait besoin de ne pas négliger le choc pour tenter de redorer un blason souvent mise à mal par les résultats en dents de scie et c'est pourquoi en définitive, les deux formations ont apporté beaucoup de sérieux et d'ardeur à la lutte. En première mi-temps, les Marseillais en surpris agréablement en imposant leur loi après cinq minutes de flottement. Ils s'avérèrent supérieurs dans la conquête de la balle et en bien meilleure condition physique que l'adversaire. Les Lorrains résistèrent farouchement tant qu'ils n'eurent qu'un but de retard, mais ils s'effritèrent lorsque Andersson obtient le second point Métamorphose de l'attaque marseillaise. Et c'est ainsi que nous avons vu les attaques marseillaises quasiment métamorphosées, opérant avec aisance, facilité, les mouvements étaient harmonieux, bien synchronisés et provoquaient même la panique dans le camp messin. Et l'avantage qu'ils avaient mis dans leur escarcelle à la mi-temps, était largement mérité. Et Metz, découragé à ce moment-là, ne semblait pas capable d'effacer ce handicap. Pourtant à la reprise les poulains de Jacques Favre donnaient l'impression de vouloir tenter de combler le fossé, mais évidemment les Phocéens faisaient bonne garde, ce qui n'empêcha pas Johansson bousculé, de loger le cuir dans la cage. Et l hommes à la Croix de Lorraine, poursuivant leur forcing, inquiétaient le onze marseillais soudainement fatigué. |
L'Olympique était obligé de gagner du temps afin de conserver son maigre avantage et le troisième but de Rustichelli lui permis de respirer. De Johansson à Rustichelli En définitive, le score de 3 à 2 non seulement est normal, mais démontre que l'Olympique de Marseille, même avec ses moyens limités, peut tenir un rôle intéressant quand il joue avec conviction, application et sérieux. Predal a stoppé deux attaques in extremis au commencement de la partie et dans l'ensemble, il se comporta honorablement, malgré quelques lâchés de balles. Gransart n'était pas dans un jour faste et eut de nombreuses difficultés à contenir l'ailier Steibel. Palluch n'eut pas la partie aisée devant Hess et fut obligé d'opérer avec une certaine fermeté. Marcel réussit quelques percées dangereuses et demeura vigilant en défense. Johansson ratissa quantité de balle et brisa les assauts terribles. Mesas fut satisfaisant. Rustichelli était réellement hier, en grande forme et son but fut un modèle d'opportunité et de vivacité. Constantino, toujours excellent tripoteur de balles travailla avec zèle. Andersson s'avéra réaliste en réalisant le deuxième but marseillais mais il avait devant lui un policeman, en diable qui ne lui laissa pas beaucoup de liberté. Chicha fourni une première mi-temps très remarquable par sa combativité et sa vitesse d'action. Enfin Durand fut plutôt effacé devant un Burda extrêmement solide. Mais il est à noter qu'il ne fut pas très souvent servi. Rigoulot fut moyen sans plus. Burda fourni un labeur inlassable. Fuchs se révéla accrocher et clairvoyant. En attaque seul Steibel fut inquiétant par ses percées tandis que Hess ne s'avouait jamais vaincu. |