Résumé Le Provencal du 14 mai 1956 |
L'O.M. BAT TOULOUSE "A L'ARRACHE" PAR 3 A 2 Les Marseillais mènent par 2 à 0 après un quart d'heure de jeu, sont rejoints sur penalty mais l'emportent, à deux minutes de la fin Deux buts de Rustichelli, un pour Chicha (De notre envoyé spécial : Georges LEOST) |
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TOULOUSE - "Vous verrez ! on aime bien l'O.M., ici, il y aura du monde au stade municipal !" nous disait le chauffeur de taxi toulousain qui nous conduisait vers le stadium. Malgré cette prophétie toute gratuite, la foule des grands jours n'a pas pris place autour du rectangle superbe de la Cité des Violettes quand les équipes pénètrent sur le ground inondé de soleil. Les deux formations ont été remaniées quelque peu. À l'O.M. Scotti et Constantino ont permuté, le premier jour à droite. À Toulouse, Saunier opère sous le maillot portant le n.9 et Bouchouk sous le n.11. Deux buts en deux minutes C'est Toulouse qui engage, et le ballon voyage d'un camp à l'autre, les vingt deux joueurs semblant hésiter à se livrer totalement par prudence. On note pourtant, au cours de ses premières minutes, un corner concédé par Predal, en difficulté devant Dereuddre (2me minute), un essai raté de Chicha sollicité en retrait par Andersson (3me minute), deux vaines tentatives de Rythonen (5me et 6me minute), le second sur erreur de Molla. À la 8me minute, Bouchouk bat Predal, mais M. Bureloux avait sifflet hors-jeu avant le déclenchement de son tir. Le jeu est équilibré et le public attend impatiemment l'action d'éclat qui le fera vibrer. À la 12me minute, Chicha balle au pied, semble indécis. Des 20 mètres, il place pourtant un tir qui prend la direction du haut du cadre toulousain. Roussel plonge, paraît devoir arrêter la balle, n'y parvient pas et c'est le premier but olympien. Deux minutes plus tard, Rustichelli, de son poste d'ailier droit, se monte plus prompt que son garde du corps Kacsmarek, s'empare du ballon, place un double démarrage et se présente seul devant Roussel. L'attire et projette le cuir dans la cage vide. Les Marseillais exultent. Sportivement, le public applaudit. À la 15me minute, pourtant, Bouchouk, si l'on peut dire, est à deux doigts de réduire la marque. Predal ne se laisse pas surprendre par le heading de l'ailier gauche et la foule reste sur sa faim. Toulouse tente de changer de rythme et Bouchouk, à trois reprises, se distingue alors que qu'à la 28me minute les visiteurs amorcent une très belle attaque par Durand, Andersson et Rustichelli. Roussel sauvant du pied en tombant. Rythonen shoote sur le poteau A partir de la 30me minute, les Phocéens doivent accepter la domination de Toulouse. C'est ainsi qu'à la 37me minute Rythonen place un tir terrible qui rencontre le montant de Predal, lequel paraissait battu. |
Puis le but marseillais chauffe encore sur des tentatives de Brahimi (38me minute) Dereuddre (40me et 43me minute) et après une spectaculaire envolée de Predal et un coup franc de Scotti, sur faute de Pleymelding sur Andersson, c'est la mi-temps. Predal applaudi A la reprise, Predal se fait longuement applaudir en interceptant une tentative de la tête de Saunier, alerté par Dereuddre lequel avait été mis en possession du cuir par Pleymelding. À la 50me minute, Saunier attaque, mais Marcel le suit de près et concède un corner tiré sans résultat par Brahimi. Toulouse se déchaîne et Saunier botte dans les nuages, alors que l'on rejoue depuis 9 minutes. Dereuddre marque A la 55me minute, une offensive groupée des locaux donne la balle à Dereuddre. Vif comme l'éclair, l'inter place un bolide sur lequel Predal ne peut rien malgré un plongeon. Quelques secondes plus tard, le goal marseillais a toutes les peines du monde à parer un essai de Saunier. Toulouse, acclamé sent l'égalisation à sa portée et procèdent à coups de boutoir. A la 60me minute, Predal stoppe un bolide de Saunier. Penalty et but de Saunier A la 65me minute, après un tir sur la balle de Bouchouk, l'arbitre accorde sévèrement un penalty à Toulouse sur faute de main de Molla dans la surface de réparation. Facilement, et en coin, Saunier égalise. Si, à la 73me minute, Predal sauve dans les pieds de Bouchouk, l'O.M., qui se réveille, endigue la marée toulousaine. Deux minutes plus tard, Predal préserve ses buts devant Dereuddre. Toulouse est cependant toujours dangereux et à 12 minutes de la fin, Saunier et Rythonen tentent leur chance sans que Predal n'ait à intervenir. À la 81me minute, par Chicha, l'O.M. manque pourtant de reprendre l'avantage. Rustichelli donne la victoire à l'O.M. A la 88me minute, Scotti sert Rustichelli qui dans sa foulée bat Roussel avancé. C'est le succès marseillais que personne n'attendait plus, tant Toulouse avait manifesté jusqu'à la fin des velléités offensives. |
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DEMI-SOMMEIL, APRES UN QUART D'HEURE EBLOUISSANT l'O.M. faillit payer cher cette erreur |
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TOULOUSE - On n'attendait pas d'émotions fortes de ce Toulouse O.M. joué dans le cadre des rencontres disputées en fin de saison par deux formations qui n'ont rien à craindre et plus rien à gagner. Pourtant cette confrontation, si elle n'a pas été de haute tenue au point de vue de la valeur du football pratiqué, a prodigué aux spectateurs présents ces sensations que l'on ne trouve que dans un stade. Dès le début, quand l'O.M. mena à la marque par 2 à 0, on crut bien que c'en était fini, qu'on était condamné à subir le match 75 minutes durant. Les footballeurs marseillais le crurent aussi, sans doute trop rapidement. Au fil des minutes et en voyant que leurs adversaires déployaient de vains efforts sous le signe d'une confusion jamais démentie, les Phocéens relâchèrent leur attention. Ce qui devait arriver survint : 10 minutes après la reprise, Dereuddre amena le score à 2 à 1, puis Saunier rétablit l'équilibre sur penalty à la 65me minute. Comment les Toulousains s'y prirent-ils ? |
Cela fut fort simple. Tout à coup, comme sous l'effet de la baguette magique de quelques fée invisible la défense de Bigot se resserra, redoubla de vigilance, appuya ses actions, lança ses avants par l'intervention de ses demis. Tout en même temps, le quintette offensif à l'image d'un Saunier, étrangement terne jusqu'à la se montra sous un jour tout différent. Toulouse passa ainsi à la surmultipliée, jouant rapidement et en mouvement, devant des adversaires se contentant d'opérer posément et travaillant la balle à l'arrêt. À l'égalisation, les "Blancs" parurent se rendre compte de leur erreur et se reprirent. On espérait cependant pas dans le camp marseillais, un succès quand Scotti eut un coup de patte qui fit que Rustichelli ne pouvait rater le but. Le dernier celui de la victoire. Voilà comment l'O.M. parvint à ce 3 à 2 fort honorable malgré le relâchement dont nous avons parlé. |
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Jean ROBIN "je suis content de vous" |
Euphorie, évidemment, dans les vestiaires marseillais. Jean Robin, le premier rentré, accueilli ses joueurs en ces termes : "je suis content de vous. C'est bien les gars. Vous avez été courageux". Puis se tournant vers nous, le coach marseillais souligna : "ils ont eu 20 premières minutes sensationnelles. Leur redressement in extremis me comble". Tandis que Giraud pansait les bobos des un et des autres, Predal nous dit : "J'avais confiance..." Et Scotti nous déclara : "Il a même failli arrêter le penalty". Gransart remarquait : "On a gagné à la régulière. Pas question de chercher des histoires". M. Haon glissa en passant : "Mercurio s'est bien défendu au poste de demi. Voilà encore une satisfaction". M. Bicais enfin, raconter le penalty accordé par M. Bureloup, pour main de Molla. Jules Bigot peu bavard nous confia : "Nous sommes bien revenus à 2 à 2. Et puis nous avons perdu bêtement le bénéfice de cet effort. Predal a bien joué et il avait la chance avec lui". |
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PREDAL, roi du terrain |
TOULOUSE - Si on nous demandait de donner le nom du meilleur joueur sur le terrain à l'issue de la victoire olympienne, nous n'hésiterions pas une seconde et répondrions : Predal. Le goal marseillais ne commit en effet, aucune erreur et s'il fut bien près de parer le penalty de Saunier il tint tête à l'ouragan toulousain quand les élèves de Bigot s'avisèrent que malgré leur retard, ils n'avaient peut-être encore une chance de partager les points. Devant lui, Gransart se dépensa dans un style habituel. Molla eut un départ laborieux puis tint bien sa place. Mercurio permuta avec Constantino et après des hésitations fit ce que l'on attendait de lui. Marcel n'eut pas le même rendement au poste de demi-aile mais ce n'est pas une surprise. Scotti fut Scotti. Rustichelli se comporta brillamment marquant deux buts. Chicha réalisa de belles choses. Andersson parut fatigue. Constantino confirma son renouveau et Durand travailla dans des conditions souvent difficiles. Chez les Toulousains : Dereudre surtout et Rytkonen oeuvrèrent beaucoup. Saunier eut des éclairs et Bouchouk se montra sur l'ensemble de la partie attaquant le plus dangereux. |
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SCOTTI L'ASTUCIEUX |
Alors que la fin du match approchait et que le tableau d'affichage traduisait par 2 à 2 le résultat Scotti demanda à son capitaine Marcel combien de temps il est resté à jouer. Le Brignolais lui répondit : "exactement deux minutes." "Juste le temps de marquer un but" lui rétorqua son interlocuteur. Et de s'empresser de transmettre à Rustichelli une balle en or que ce dernier transformait en but. |