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Résumé Le Provencal

du 24 décembre 1956

  

L'O.M. au jeu plus efficace, bat le R.C. STRASBOURG (3-1)

BREZNIAK ouvre la marque

puis ANDERSON signe deux but

et SCOTTI réussit "son" penalty

Malgré un temps exceptionnellement froid, les Marseillais sont nombreux autour du rectangle d'herbe du boulevard Michelet quand M. Lequesne, l'arbitre de la rencontre, appelle les représentants des équipes de l'O.M. et du R.C. Strasbourg.

Les vingt-deux joueurs pénètrent sur le terrain sous les applaudissements, d'une foule qui a assisté aux vains efforts des amateurs olympiens devant ceux de Sommières, et, de part et d'autre, on échange des cadeaux, les Alsaciens ayant amené "d'un pays ou l'essence est libre" précise le speaker, un jerrican du précieux carburant pour chaque Marseillais.

Le vent qui souffle par rafales mais impitoyablement, rappelle que, malgré le soleil, nous sommes en hiver.

Strasbourg ouvre la marque

C'est l'O.M. qui engagent et, sur une ouverture de Scotti, Barthelmebs intercepte la balle que convoité Durand.

Voilà un départ prometteur que vient illustrer, dans ses premières minutes, une belle combinaison Andersson - Curyl.

Mais Strasbourg, qui a bien besoin de vaincre, ne l'entend pas de cette oreille.

C'est d'abord Brezniak qui tente sa chance, puis, à la 6me minute, l'ex-Phocéen Luzy, de sa position d'ailier droit, sert Stojaspal démarqué. L'Autrichien sollicite Brezniak qui, trompant tout le monde, laisse Domingo pantoise et ouvre le score :

STRASBOURG : 1 - O.M. : 0.

Cet exploit ne coupe nullement les jambes des Méridionaux et on note, après un centre de Durand, une action d'Andersson qui mystifie Breziak (omniprésent) pour transmettre le ballon à Curyl, dans le heading rate l'objectif.

Curyl blessé

Après une seconde "tête" - également sans résultat - de Curyl, ce dernier, à la 22me minute s'ouvre l'arcade sourcilière. Il sort du champ de jeu, se fait soigner et regagne courageusement son poste.

Trois minutes plus tard, l'O.M. qui joue avec assurance manque d'un rien l'égalisation : sur une ouverture de Scotti, le front de Marcel catapulta la balle... au ras du montant strasbourgeois.

Avec opiniâtreté, les "blancs" multiplient leurs efforts et à la 26me minute, Barthelmebs est heureux d'arrêter le "cuir" dirigé vers lui par le capitaine méditerranéen presser par Andersson.

Andersson égalise

Successivement, Curyl, Skiba et Luzy se montrent dangereux, la balle voyageant d'une partie du terrain à l'autre, la défense des visiteurs affichant une puissance efficace face à des avants opérant plus directement que leurs vis-à-vis.

À la 35me minute, après deux tirs d'Andersson, un de Curyl et un autre d'Hertrich, Scotti donne un coup franc sanctionnant une faute commise contre Durand.

Marcel, de la tête, sert Andersson qui (Hauss hésitant) bat Barthelmebs, lequel, surpris se détend trop tard.

O.M. : 1 -STRASBOURG : 1.

La mi-temps survient sur ce score malgré un bel effort de Luzy et Skiba (39me minute) contrebalancé d'ailleurs par deux tentatives marseillaises qui obligent le keeper alsacien à faire montre de tous ses talents.

À Andersson le but décisif

Dès la reprise, Stojaspal tire derrière les filets : Strasbourg se contenterait du draw mais sent que celui-ci va lui échapper.

La balle et le plus souvent devant Barthelmebs, bien que Skiba (47me minute) et Hertrich (52me minute) essaient (vainement) de donner l'avantage aux leurs.

À la 56me minute, le verdict est brutalement rendu : l'O.M. gagnera.

Scotti donne, sur la tête de Marcel, un coup franc que Barthelmebs repousse. Malheureusement pour lui, Andersson et là, en embuscade. Et malgré un retour désespéré de Borkowski, la balle pénètre dans les filets des bleus.

O.M. : 2 -STRASBOURG : 1.

Comme pour confirmer la sentence, M. Lequesne, à la minute de 67, désigne d'un index impératif le point de penalty : Durand vient d'être fauché par Schweltzer.

Scotti s'approche, prend son élan, brosse la balle : elle franchit la fatidique ligne blanche.

O.M. : 3 -STRASBOURG : 1.

Si, à la 73me minute, Domingo maîtrise un ballon qui lui a adressé non sans astuce Brezniak, dans les instants qui suivent, Schweitzer dégage miraculeusement une balle que Gunnar Andersson avait réussi à subtiliser à Barthelmebs et qui roulait vers le fond de la cage alsacienne.

À 78me minute, Andersson frappe comme un sourd, en demi-volée : Barthelmebs stoppe en deux temps.

Il sortira ensuite pour mettre un terme à une conjugaison Scotti Marcel, puis pour faire échec à Andersson.

On notera encore, avant la fin, un bolide puis une splendide ouverture - que Durand blessé, ne peut utiliser - de Curyl, et un coup franc de Stojaspal détourne en corner tirer par Brezniak par Domingo.

L'O.M. glane ainsi deux nouveaux points à l'occasion d'un match arbitré souvent à contresens (dangereusement) par M. Lequesne, et au cours duquel les Strasbourgeois eurent tendance à essayer de compenser leurs insuffisances par des interventions trop... athlétiques.

Georges LEOST

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Une confirmation : ANDERSSON

De belles promesses : "Stan" CURYL

Cette victoire que l'olympique de Marseille a acquise hier après-midi devant une galerie pourtant peu enclin à venir prendre place autour du rectangle du Stade Vel, une galerie comprenant des personnalités - dont M. Francis Leenhard, député des Bouches-du-Rhône, rapporteur général du budget - venu là sur leur lancée de la "Coupe de Noël", était attendue.

On ne peut donc pas parler de surprise. Mais si l'O.M. a affiché les qualités que l'on a décelé en lui ces temps derniers et si le R.C. Strasbourg a affirmé des faiblesses connues, on trouve, à l'issue de cette explication dont nous avons par ailleurs signalé la rudesse engendrée par la l'incohérence de l'arbitrage de M. Lequesne, des satisfactions à inscrire dans la page réservée aux locaux.

Ces satisfactions étaient assez aisément prévisibles, mais les "blancs" ont tellement habitué leurs plus chauds partisans au régime de la douche écossaise que les spectateurs ont pris note, avec plaisir, de la confirmation du renouveau des Phocéens.

Sans doute, l'opposition des Alsaciens fut-elle frappée du sceau de la faiblesse offensive, mais celle-ci ne saurait expliquer l'activité et l'efficacité d'un Andersson complètement retrouvé, ayant, avec quelques kilos supplémentaires, repris goût à la lutte.

Gunnar fut, incontestablement, le N.1 d'un onze marseillais si solide qu'il put se permettre, avec un Gransart encore sous le coup d'une angine, avec un Mesas qui a quelque peu "oublié" le rythme de la compétition, de garder la tête froide malgré un but de handicap.

La blessure dont souffrit Curyl, après le cap des vingt premières minutes, ne facilita ni l'attache du néo-Provençal, ni celle d'un quintette offensif qui eut à déplorer deux autres blessés : Durand et Mercurio.

Le petit "Stan", cependant, traduisit sa marche vers la forme par quelques actions qui classent un homme et autorisent le plus bel espoir pour un avenir qui paraît maintenant très prochain.

Dans cette formation, Molla émergea encore, ainsi que Johansson dont la besogne n'était pas une sinécure devant le remuant Skiba.

Marcel joua avec prudence et Scotti sans son bonheur habituel.

Mais cela ne porta pas à conséquence devant un ensemble valant surtout par les dons de son goal. Barthelmebs, le travail (trop latéral), de Stojaspal et celui plus soutenu de l'étonnant petit Brezniak et la tâche ingrate de Skiba, seul et unique "fonceur" placé devant une défense qui, en bloc, en vaut bien d'autres encore qu'elle impose ses arguments avec une hargne frisant trop souvent l'irrégularité.

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DANS LES VESTIAIRES

Les vestiaires olympiens, après le match contre Strasbourg, ressemblaient plus à une... infirmerie qu'à des vestiaires.

En effet, Mercurio se trouvait sur la table de massage en train de recevoir les soins de Manu Giraud, tandis que le petit Durand attendait patiemment son tour de passer entre les mains au masseur olympien.

Dans un autre coin, Curyl l'arcade droite recouverte de sparadrap, conversait avec le docteur Luciani.

Ce dernier, après avoir examiné la blessure du petit ailier, nous disait :

"Je l'amène à la clinique pour lui faire quelques points de suture. Enfin, je pense qu'il pourra jouer mardi contre Nancy".

Le pronostic du médecin était donc juste, puisque dans la soirée, on apprenait que Stan Curyl opérerait demain contre les Lorrains.

Mais cette malchance n'avait nullement abattu les joueurs marseillais.

Tous, effectivement, savourait cette nouvelle victoire. Ils savouraient d'autant mieux qu'ils venaient d'apprendre que Lens avait été battu et Saint-Étienne accroché.

Robin, lors de la réception de ces deux bonnes nouvelles, s'empressa de nous déclarer :

"Si nous battons Nancy, nous serons dans le "coup" pour la seconde partie du championnat".

Puis, revenant sur le match, il ajouta :

"L'arbitrage a été très mauvais aussi bien pour nous que pour Strasbourg. Ceci dit, je dois reconnaître que nous avons eu beaucoup plus d'occasions que Strasbourg. De ce fait, nous méritions de gagner".

Domingo, détendu suivant son habitude, nous avouait :

"Le match est devenu facile dès que nous eûmes égalisé. Par la suite, nous aurions pu vaincre beaucoup plus largement".

Enfin, ne soyons pas trop gourmands...

Gransart, de son côté, qui avait joué tout le match, le cou "recouvert de coton", il relevait d'une angine était satisfait de sa rentrée.

Pour lui, un joueur avait été d'une dureté incroyable : Bruat.

"Il ne faisait pas bon, nous dit-il de laisser traîner la jambe devant lui".

Ce jugement d'ailleurs été approuvé par tous ses co-équipiers et ceci laisse donc croire qu'il est... juste.

Quant à Andersson, mi-figue mi-raisin, il laissa tomber : "Je suis en petite forme. Dans quelque temps ce sera mieux.

Décidément, Andersson dresse le plus humoriste des Olympiens.

Skiba : "L'O.M. a une

belle équipe"

Dans les vestiaires voisins, on tempêtait contre l'arbitre, M. Lequesne.

L'entraîneur Avellaneda, de sa voix chantante, nous déclara d'un ton assez désabusé :

"Le match a été beau dans l'ensemble. Cependant je pense que l'arbitre nous a joué deus bien vilains tours en accordant d'abord un coup franc contre notre équipe (sur une action correcte) qui amena le second but marseillais et ensuite un penalty injustifié.

"Je proteste énergiquement contre ses deux décisions, décisions qui nous ont privés d'un match nul".

Skiba, enfin, tout en reconnaissant le bien-fondé des paroles de son coach, ajouta, très loyalement :

"Marseille a une belle équipe plus complète que la nôtre. Voilà aussi pourquoi nous avons perdu aujourd'hui".

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STOJASPAL :

"L'O.M. pense davantage au football"

Alors qu'il sortait ruisselant de la douche fumante et réconfortante, l'Autrichien Ernest Stojaspal nous confia :

"Trois à un. C'est peut-être un résultat un peu brutal, car je crois que nous aurions pu mieux faire. La victoire des Marseillais est cependant à mon sens logique. Et je l'explique cette façon : l'O.M. "pense" davantage son football. Son jeu est infiniment plus étudié que le nôtre, moins laissé à inspiration des uns et des autres. D'une manière moins générale, j'estime que Roger Scotti et Jean-Jacques Marcel constituent la clé de voûte de l'équipe managée par Jean Robin".

Voilà une nouvelle fois un joueur réputé pour l'intelligence de son jeu, la pureté de son style, la subtilité de ses actions, qui rend hommage au tandem - maîtres du team de la place Félix Baret.

Expert en la matière l'Autrichien est assurément l'Alsacien le plus qualifié pour apprécier le comportement de ce duo.

Et qu'il a fait une cette remarque c'est sans doute en pensant qu'il pourrait être le Scotti de Strasbourg.

S'il avait à ses côtés un J.J. Marcel.

 

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