OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 31 décembre 1956

  

ANDERSSON, CURYL ET MERCURIO BLESSES, AU COURS DE LA PREMIERE DEMI-HEURE

L'O.M. domine en 2e mi-temps, mais ne peut remonter le handicap

d'un but et s'incline à MONACO (0-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice GOIRAND)

MONACO (Par téléphone) - Parti de Marseille sous une petite pluie fine, on espérait cependant retrouver dans le minuscule et féerique État du prince Rainier, le légendaire soleil méridional.

Hélas, il faut croire que le plus pur joyau de la Provence a trop fêté Noël, car, contre toute attente, il n'avait pas daigné présider au classique derby Monaco - O.M.

C'est donc sous un ciel gris et triste, et sous un crachin digne du Nord, que Monégasques et Marseillais se sont affrontés, balle au pied, dans le cadre magnifique du stade Louis II, devant 3.921 spectateurs (recette : un million 480.000 francs).

Ouvrons une parenthèse pour signaler que de nombreux supporters du club phocéen en, plus de 1.500 croyons-nous, avaient effectué le court déplacement Marseille - Monaco, enfin d'encourager leurs favoris.

Ils ne faillirent pas à leur tâche, pas plus que les olympiens d'ailleurs, bien qu'ils aient été battus après une longue série d'excellentes performances, par le minimum de 1 but à 0.

Ce but fut l'oeuvre de Ben Tifour, qui reprit de 35 mètres environ, une balle que son partenaire Sucre avait laissé passer, pour la loger dans les filets de Predal, d'un shoot tendu et précis.

Les joueurs marseillais ne purent jamais remonter ce léger handicap, malgré un méritoire forcing, au cours des dernières 45 minutes.

Il est vrai que Curyl et Andersson avaient été blessés (15e et 21e minutes) et que Mercurio neuf minutes plus tard, était également touché. Ceci dit, revenons à la partie.

Lorsque M. Mourrat appelle les deux équipes, celles-ci se présentent sur le terrain dans les formations annoncées. La pelouse grasse et glissante. La balle devient vite lourde.

L'O.M. engagent par Andersson.

Néanmoins, Monaco et plus vite en action. Ses avants, vifs et mobiles, créent aussitôt de dangereuses occasions.

C'est ainsi qu'à la 5e minute, la défense olympienne s'affole et concède coup sur coup trois corners. Sur le dernier coup de pied de réparation, Predal fait une sortie hasardeuse et Marcel supplée à la défaillance de son goal.

Jusqu'à la 22e minute, les gars de la Principauté vont dominer autant que faire se peut leurs adversaires repliés en défense.

Marcel faisant fonction de second arrière central.

Tour à tour, Ben Tifour et Keller tirent au but, mais d'une façon trop imprécise (7e et 8e minutes), pour inquiéter Predal.

À la 14e minute, Molla dégage in extremis un centre shoot de ce même Ben Tifour.

L'ailier gauche monégasque est d'autant plus dangereux que Gransart le marque de trop loin.

ANDERSSON, CURYL

et MERCURIO blessés

Dans un choc avec Bellot, de loin le plus actif des Monégasques, Andersson est touché à la jambe droite (21e minute). Auparavant, Curyl avait été également blessé involontairement par Kaelbel (15e minute). Tous deux boitant bas, et hésitent, en le conçoit, à se livrer franchement.

Marcel accomplit un labeur considérable, tout comme Jensen dont les débuts sont très remarqués.

Le néo-olympien shoote puissamment dans la cage d'Alberto. La balle passe toutefois de peu à côté (16e minute).

À 35e minute, c'est au tour de Mercurio de tomber. Lorsqu'il se relève après son télescopage avec Valorizek, il fait des signes à son entraîneur, et l'on sent qu'il est nettement blessé.

Avec trois écopés dans sa ligne d'avants, l'O.M. a du mal à desserrer l'étreinte monégasque.

Jensen, encore lui, ouvre impeccablement sur Andersson. Zitouni intervient et dégage au nez et à la barbe du buteur phocéen (31e minute).

A BEN TIFOUR

l'unique but du match

Monaco continue à acculer l'O.M. dans une stricte défense. Valorizek du milieu de terrain ouvre sur Sucre. Comme nous le disions au début de cet article, ce dernier s'efface et laisse filer la balle vers Ben Tifour.

Complètement démarqué, le petit ailier nord-africain reprend de volée, et bat Roland Predal, malgré un ultime plongeon (36e minute).

Monaco donc mène à la marque et l'on atteint la mi-temps sur le score de 1 à 0.

MARCEL intérieur

Dès la reprise, l'équipe olympienne est modifiée. Effectivement, Mercurio joue demi-gauche et Marcel intérieur. Ce changement va permettre aux Marseillais de se comporter beaucoup plus honorablement.

Sur l'impulsion de Marseille omniprésent et de Jensen, les olympiens alertent à leur tour Alberto.

L'ex-portier lyonnais doit intervenir sur un shoot très dur de Mercurio (49e minute), sur un essai de Jensen (50e).

Il exécute à cette occasion deux superbes arrêts. Cela ne décourage nullement les Marseillais qui poursuivent leurs efforts, car les Monégasques sont à la recherche de leur second souffle.

Avant de le retrouver, ils passent un bien mauvais quart d'heure, mais fort heureusement pour eux, Alberto se montre d'une sûreté incroyable.

Monaco à présent, ne joue plus que la contre-attaque, et l'une d'elle (66e minute) est bien près d'aboutir par Keller. Predal cependant, exécute une magnifique parade sur le bolide de l'avant-centre.

JENSEN rate l'égalisation

On sent nettement que les olympiens veulent à tout prix arracher le match nul. Marcel, décidément retrouve, et à la base de la plupart des montées offensives de son équipe.

À la 73e minute, Jensen, en position d'inter gauche, démarre. Il brûle la défense monégasque, shoote dans sa foulée. La balle fuse, tel un bolide. Alberto se détend, et alors qu'elle allait entrer dans ses filets, la détourne du poing en corner au prix d'un bel effort.

L'O.M. vient de raté d'un rien l'égalisation, et qui sait, peut-être le match nul ?

Cette fois, Monaco a senti vraiment le danger. Il réagit violemment. Keller tente sa chance. Predal et à la parade (76e minute).

Encore quelques actions menaçantes de Ben Tifour, et un shoot éclair de Mimi mesas, et l'arbitre siffle la fin de ce match ardemment disputé et gagné par l'équipe ayant pratiqué dans l'ensemble le meilleur football.

---------------------------

L'absence de SCOTTI

a lourdement pesé dans le débat

MONACO - Imbattu depuis le 18 novembre dernier, l'O.M. a donc finalement succombé de peu, hier après-midi, devant l'excellente formation de l'A.S. de Monaco.

Après cette défaite, bon nombre de supporters marseillais, qui s'étaient déplacés dans la principauté pour assister à ce match véritablement passionnant, tant il fut acharné et indécis, se sont demandés qu'elle aurait été le résultat final si leurs favoris avaient joué la première mi-temps comme la seconde ?

Cette question restera bien entendue, sans réponse. Pour notre part, cependant, nous croyons que la prudence tactique employée par Jean Robin et ses hommes leur a permis d'atteindre le repos avec un minimum de retard.

Ils pouvaient donc envisager l'égalisation après la pause, car les Monégasques, ne l'oublions pas, s'étaient largement dépensés au cours du premier half. Tellement dépensés, d'ailleurs, qu'ils abordèrent la seconde moitié du jeu avec les jambes lourdes.

À l'inverse, les Olympiens valides (nous écrivons bien valides puisque trois d'entre eux et non des moindres, étaient blessés : Andersson, Curyl et Mercurio, les deux premiers dans le quart d'heure initial le second à la 30me minute) finirent plus forts qu'ils n'avaient débuté.

Mais -car il y a mais - l'attaque olympienne manquait au stade Louis II de son véritable organisateur. Nous avons nommé Roger Scotti.

L'international présent, il est vrai, sur que ses partenaires pourraient mettre beaucoup plus à contribution le portier Alberto et sans doute le battre.

En effet Scotti, sur cette pelouse grasse aurait certainement orienté le jeu sur les ailes, et partant, les occasions d'aboutirent se seraient faites de plus en plus nombreuses.

Jensen et Marcel, certes firent leur possible, l'impossible même pour remplacer Roger. Mais il faut bien l'avouer, s'ils sont de très grands joueurs, ils ne possèdent pas cette manière de "penser" le jeu.

Scotti donc, a beaucoup manqué à cette équipe marseillaise.

Néanmoins, celle-ci a joué une partie courageuse et également malchanceuse.

Car, avec un Andersson en possession de tous ses moyens, elle aurait pu égaliser au minimum.

L'O.M. a perdu une bataille, ce n'est pas grave, étant donné les nombreuses excuses qu'il peut raisonnablement faire valoir.

     ---------------------------

JENSEN a effectué des débuts prometteurs

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

MONACO (Par téléphone) - Ces dernières semaines nous avons eu l'occasion de voir le "onze" olympien fournir une prestation plus brillante qu'au Stade Louis II, notamment à Toulouse.

Érick Jensen pour ses débuts dans le team olympien, a eu un rendement des plus prometteurs et qui laisse bien augurer de son comportement futur clairvoyant, excellent technicien, inlassable travailleur, il a mis à son actif plusieurs shoots de valeur.

Jean-Jacques Marcel a également fourni une remarquable partie.

En première mi-temps, opérant comme arrières volants il déblaya ses 18 mètres avec une tranquillité royale et, à la reprise, passant dans l'attaque, il poussa plusieurs assauts de belle facture qui faillirent avoir une fin bruyante.

Johansson toujours en mouvement anticipant même avec bonheur pris un réel ascendant sur Keller qui a de la fougue et un méchant coup de pied.

Mesas, le bouillant, le généreux, fut souvent sifflet à tort mais il accomplit une besogne réellement effarante.

Durant fut volontaire et courageux. Il tenta de percer ou de donner de bonnes balles mais il ne fut pas souvent servi dans des conditions appréciables.

Predal ému au début, c'est par la suite honorablement repris.

Gransart a laissé une trop grande liberté d'action à Ben Tifour qui en profita.

Molla, après un départ difficile, se reprit avec infiniment de réalisme après la reprise.

Mercurio, devenu demi-aile à la suite de la tactique utilisée par les Marseillais en dépit de sa blessure, couvrit un terrain énorme et ce avec une certaine facilité.

Curyl ne fut pas lui-même, cela pour deux raisons : il ne fut pas très sollicité et fut également douloureusement heurté.

À l'A.S. Monaco, Ben Tifour fut incontestablement l'avant le plus en vue par ses déboulés et ses tirs soudains. Sucre fournit un véritable labeur de chien de berger.

Valorizek et Stopyra furent plutôt effacés alors que Keller montrait de la hargne en diverses circonstances.

Zitouni fut le meilleur défenseur des Azuréens. Bien placée subtil et souple, il n'a pas commis la moindre erreur.

Bellot surtout en première mi-temps s'avéra accrocheur et combatif en diable.

Ludo fut honnête sans plus ; Kaelbel, libéré de toute surveillance, put exécuter des pointes redoutables et fut aussi un back intraitable.

Thomas n'est pas ressorti de l'ensemble et Alberto a montré son talent en trois occasions inquiétantes pour lui.

 ---------------------------

JOHANSSON : "Nous n'avons pas joué assez large !"

MONACO - Dans le camp marseillais, nous avons vu des visages sévères. Il faut dire que depuis longtemps les blancs n'avaient plus connu le goût amer de la défaite.

L'entraîneur Jean Robin sut cacher sa déception pour nous dire :

- Le match nul n'a pas tenu à grand-chose et quand Jensen a passé la balle à Andersson Alberto aurait du être battu !

M. Alfred admettait difficilement cet insuccès :

- Nous méritions amplement le nul et je crois que sans nos blessés nous pouvions l'emporter.

M. Zaraya soulignait pour sa part :

- L'équipe a opéré avec coeur et n'a vraiment pas démérité.

Johansson exposa son opinion en ces termes :

- Les Monégasques ont fourni un meilleur jeu que nous et je pense que nous n'avons pas joué assez large.

Mercurio nous montrant sa cheville touchée s'exclamait :

-Je n'ai vraiment pas de chance mais à présent, il vaut mieux que je m'arrête de jouer pour un moment.

Jean-Jacques Marcel disait de son côté :

- Prendre un point n'aurait pas constitué un esclandre et nous n'avons pas vraiment été servis par le sort.

L'entraîneur monégasque Tony Marek etait évidemment satisfait du résultat et ajoutait :

- Si Marseille avait tenté sa chance dès le commencement au lieu de bétonner, il aurait été beaucoup plus dangereux. La preuve en est que lorsque Marcel est monté à l'attaque nous avons eu chaud.

Zitouni nous dit simplement : "Bien que touché Andersson a été souvent redoutable."

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.