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Résumé Le Provencal

du 28 janvier 1957

  

Au STADE DU RAY, foule record, ambiance de corrida et nouvelle salve victorieuse des avants marseillais

L'O.M. OUVRE LE SCORE ET ESTOQUE NICE SUR LA FIN (3-1)

malgré les sévères blessures

de DOMINGO et ANDERSSON

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

Ce match commence toujours par un pèlerinage. Celui que l'effectif record des supporters marseillais entreprend chaque année avec beaucoup de foi et une belle constance.

Pour ces derniers, comme pour leurs idoles, le stade dur Ray est un terrain mascotte.

Car l'O.M. gagne à Nice.

Ce serait bientôt une solide tradition.

Ils étaient donc deux mille environ, deux mille fidèles qui accueillirent à grands cris leur équipe lorsqu'elle pénétra sur l'herbe rare du stade azuréen. Il faisait très beau, et il y avait du monde jusqu'aux dernières travées. Comme hors-d'oeuvre, les premières frictions entre supporters niçois et marseillais. Histoire de se mettre en train. Mais il n'en fallait pas davantage à Jensen, qui fut la première menace de ce match. Il fallait en effet un fauchage on ne peut plus avoué de Gonzales pour que l'inter marseillais perde le contrôle du ballon, alors qu'il avait franchi toute la défense. On notait ensuite deux phases dangereuses pour les Aiglons, toutes serres dehors. Foix glissait alors du centre à l'aile, laissant Ujlaki comme leader d'attaque. Pendant dix minutes l'attaque niçoise, assez bien alimentée, invité Domingo a déployé d'excellentes parades. Une remarquable heading de Muro sur centre de Foix, un shoot très violent du jeune Armand, suivi de deux tentatives Ujlaki, sanctionné cette période de pointe au cours de laquelle la défense marseillaise éprouva sa solidité.

On craignait, en effet, pour la paire Molla - Mesas. Ces premières minutes et la suite du match devaient bien au contraire la relever de tout point remarquable.

Puis Marcel vint jusqu'aux dix-huit mètres déclencher un tir étonnant de puissance. Il s'écrasa sur la palissade.

Les Marseillais étaient maintenant bien en place. Jensen entreprit alors un travail offensif d'une efficacité inquiétante pour les Niçois. Cinq fois, dix fois, il se lança balle au pied dans des courses émaillées de feintes et qui se termine toujours par une passe au cordeau.

Et c'est ainsi qu'à la dix-septième minute, il se trouvait seul et fort bien placé sur un coup franc tiré par Marcel. Jensen, d'un tout petit crochet, trompait la dernière résistance de Gonzales et filant vers le but shootait de près. Une manière de centre shoote, très court que le pétillant Andersson transforma sans rémission en but.

Deux mille petits drapeaux blancs s'agitèrent alors dans le stade. Un moment d'euphorie que nos pèlerins goûtaient d'autant plus qu'il le croyait passager. Leur système cardiaque allait pourtant être soumis à d'autres épreuves.

Andersson bras en croix

L'équipe niçoise commença alors ce que la gent footballistique appelle le "crayonnage", c'est-à-dire la recherche simultanée du ballon et... des chevilles. Ce ne fut pas tout à fait à cette hauteur de son individu que Gunnar Andersson fut atteint lorsqu'il s'écroula, les bras en croix, sous le soleil (27me minute). En transporta le centre avant, raidi, hurlant sur la touche. Son "ange gardien", le demi-centre niçois Gonzales, lui avait placé avec une certaine voracité, ces deux genoux dans les reins. Dès lors, Andersson fit tapisserie dans ce stade. Bien sur, il devait faire marquer le troisième but, mais ce fut surtout parce que la balle lui tomba à point nommé.

Il resta donc aux vestiaires jusqu'à la mi-temps.

Avec des hauts et des bas, en devait atteindre cette mi-temps sans que Nice ait pu manifester de réelles possibilités tout au moins des possibilités permanentes.

Par contre l'O.M. s'affirmait de plus en plus, malgré le très curieux arbitrage de M. Fauquenberghe. Curieux ne serait peut-être pas le mot adéquat.

Néanmoins, Nice égalisa u une minute du repos, sur un très beau tir de Faivre, tir croisé qu'il réussit après une passe d'excellente facture d'Ujlaki.

Domingo stoppe tout

Andersson se présenta de nouveau sur le terrain quelques minutes après la reprise, boiteux et courbé. Nice profita du surnom pour essayer de multiplier les assauts, tous voué à l'échec dès qu'ils se développaient devant le quintette Molla, Mesas, Scotti, Johansson, Marcel.

Inlassablement les cinq hommes renvoyaient vers leurs avants ou Jensen et Curyl avaient brillé jusque là. Par contre le départ de Rustichelli sans être laborieux avait été assez difficile. La réadaptation ne pouvait se faire immédiatement mais au fil des minutes, l'ailier marseillais retrouvait sa rapidité et Bonvin - le meilleur Azuréen - avait commencé à souffrir de ses attaques.

Andersson se réinstallant donc au centre. Immobile ou presque mais obligatoirement marquées par Gonzales.

...puis est blessé

Nice eut bien quelques phases dangereuses à son actif. De la 52me minute à 65me minute les avants tentèrent de forcer le bastion marseillais. Mesas et Molla dans toutes les positions arrachaient la balle. Johansson parachevait leur énorme travail, il ne reste que peu de faille à utiliser.

À la 66me minute, Nice eut ses montants moments d'espoir. Le pilonnage des buts de Domingo commença. Tirs de loin, bien sur, imposée par les trois défenseurs. Mais Nuremberg put s'infiltrer, il vint jusqu'à Domingo qui, en bloquant la balle, recevez le pied de son expéditeur. La balle lâchée sous l'effet de la douleur roula dans les buts. Mais l'arbitre refusa le point, Nuremberg étant manifestement hors-jeu au moment du shoote (67me minute).

Domingo, à terre se tordait de douleur, en même temps qu'il criait sa colère à Nuremberg. L'arbitre arrêta le jeu. Carabins et l'infirmier accoururent. Pansement, hostilité du public, discussion, sifflets

Le jeu reprit après six minutes.

Le temps de voir le même du Rambert chargé Domingo encore une fois en possession du ballon. Contact sévère. Nouvel arrêt du match. Domingo cette fois avait le nez en sang (73me minute).

Nouvelle course des soigneurs vers le blessé... et dans l'arène confusion. Des gradins tombait un véritable vrombissement. On se disputait, on s'accrochait çà et là.

Domingo, plus ou moins bien raccommoder, allait désormais bloquer les balles d'une main.

Mais tout cela avait aiguisé l'appétit des Olympiens. Rustichelli entrait en scène. Un premier tir de l'aile, puis un second, puis un centre impeccable dont profite Jensen qui shoote. Colonna arrête très bien.

Lors dégagement de Martinez, Mercurio replié amorti et montre à l'attaque, il donne à Scotti qui lance Rustichelli, qui redonne à gauche à Curyl. Ce dernier bondit, frappe de toutes ses forces, à huit mètres du but. Colonna se détend touche le cuir du bout des doigts, mais ne peut l'empêcher de venir mourir dans ses filets (78me minute).

C'est l'estocade. Les Niçois accusent le coup. Ils essaient pourtant de forcer le destin... mais le destin à nom Mesas, qui sauve trois fois consécutivement. Il a non aussi Scotti, qui étouffe de tirs dans les pieds de Foix.

Mais Curyl et à l'affût. Il s'échappe avec une meute d'adversaire à ses trousses et réussit à donner à Andersson en position d'ailier gauche. Ce dernier réussit à tromper Gonzales en renvoyant la balle en retrait au centre. Mercure a suivi, dans sa foulée, il croise un tir très pur qui sonne définitivement le glas des aiglons vaincus (82e minute).

C'est la lumière pour les pèlerins venus de Marseille.

L'enthousiasme de ces derniers se déchaîne plus joyeusement encore quand juste avant le coup de sifflet final, Roger Scotti, de la tête arrache à ses filets une balle qui en prenait la direction.

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La victoire de l'O.M., le triomphe

Du courage et de l'homogénéité

(D'un de nos envoyés spéciaux : Georges LEOST)

Nous avons certaines réserves, en présentant ce derby azuréen, en ce qui concerne le comportement de Molla et Mesas qui, malgré leur condition actuelle plus que satisfaisante n'ont pas acquis des lettres de noblesse de Gransart et Palluch.

Nous n'étions pas les seuls à redouter les actions du quintette offensif niçois, lequel, ces temps derniers, s'était illustré.

Sûreté défensive

Or Molla et Mesas, d'entrées donnèrent l'impression qu'ils ne s'en laisseraient pas conter. Au fil des minutes, ils affirmèrent leur supériorité et si Faivre parvint, juste avant la pause, à égaliser pour les siens, les choses en restèrent là.

Malgré les "aventures" de Domingo, en dépit également de leur avantage numérique, les locaux prouvèrent leur incapacité devant la décision et l'esprit d'abnégation d'une défense survoltée, voulons par-dessus tout gagner ce match.

De leur côté, Domingo joua exactement comme il fallait le faire : quelques arrêts donnèrent à ses collaborateurs le moral indispensable.

À la 19me minute, tout de suite après le but réussi par Andersson, l'Arlésien fit comprendre à ses camarades qu'il veillait : il se détendit dans son style impérial des grandes occasions pour maîtriser une balle catapulter sur coup franc par Bonvin, en direction de Ujlaski astucieusement placé.

Ceci était à notre sens, à signaler, les Marseillais ayant finalement vaincu parce que Domingo et ses aides ne perdirent pas la tête malgré les événements relatés par ailleurs.

Si Andersson n'avait pas été blessé

Les Niçois, au terme de la confrontation n'invoquèrent aucun mauvais prétexte pour tenter de "justifier" leur insuccès.

Sans l'avouer, ils admettaient sûrement que la note n'avait rien d'exagéré.

On peut même écrire, sans entrer dans le jeu des suppositions absurdes que si Andersson n'avait pas été mis hors de combat par le trop fougueux Gonzales, les "blancs" eussent quitté le ground du stade du Ray avec un actif sensiblement plus important.

Deux fois, en effet, après son courage retour parmi ses partenaires, avant-centre exilé à l'aile ne put utiliser la balle de la manière qui est ordinairement la sienne.

Après le point marqué par Andersson, Nice prouva et la fragilité de sa défense ainsi que de sa ligne intermédiaire, et la maladresse de son attaque.

Jensen, roi du terrain

Nous avons dit les mérites de Domingo, de Molla et de Mesas.

Les besoins de l'information nous obligent à dissocier à l'ensemble qui valut précisément parce qu'il opéra en équipe.

Nous signalerons donc que Marcel effectua une entrée moins bonne que celles de Scotti, sans pour autant décevoir.

Johansson écoeura Foix, qui se déplaça vers la gauche, Ujlaki jouant ainsi en retrait.

Rustichelli accusa un assez net manque de compétition puis, avec les minutes, prit la cadence pour terminer très fort.

Jensen, solide, clairvoyant, précis, actif, travailla sans relâche.

Andersson marqua "son" but, fut blessé, mais permit à Mercurio de fermer le score...

Mercurio se prodigua à sa façon : inlassablement, et Curyl se heurta, avec des fortunes diverses, à Martinez.

À Nice, hormis Bonvin, Gonzales émergea. Malheureusement il est souvent à l'extrême limite de la régularité.

Ujlaki, toujours aussi "football", se cantonna dans une prudence coupable : Foix se débattit comme un diable dans un bénitier. Mais il était trop seul.

Carniglia a bien besoin de Milazzo.

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Ah ! si Andersson avait été valide

C'est ce qu'ils disent avec ensemble.

Pour Roger Scotti, la présence d'un Andersson en possession de tous ses moyens eut pu valoir à Nice une défaite plus sévère encore. "Les Niçois n'auraient jamais dû marquer leur but, si nous avions été à notre place".

Mais, dans un coin du vestiaire, Domingo laisse éclater sa colère, il à un nez particulièrement coloris. "J'avais le ballon à la main. Nuremberg a quand même joué. C'est irrégulier. Je proteste contre les avants, tous les avants qui chargent le goal".

Molla et radieux : "Nice c'est mon terrain mascotte. Je n'ai jamais été aussi content".

Jean-Jacques Marcel explique : "Quand l'équipe joue bien, quand le ballon court, c'est un plaisir de jouer".

"J'ai senti que je marquais le second but, avoue Curyl, qui ajoute : ce fut le tournant du match"

Rustichelli n'est pas bavard : "Ca ira mieux dans quinze jours. Au début du match, j'ai été un peu surpris. Je manque de préparation. À bientôt !"

"Trop nerveux, les Niçois ! dit Johansson. Ils sont même méchants. Ce n'est pas bien !"

Mesa ne donnera pas sa place... Il se contente de rire comme un enfant qui a reçu le plus beau cadeau : l'estime et l'admiration de tous ses coéquipiers.

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PROPOS DES VESTIAIRES

Luis Carniglia : "Bravo nous a manqué"

À l'issue de la confrontation, les Niçois n'étaient pas très loquaces.

On n'est pas bavard quand on perd...

...Et puis les locaux avaient conscience d'avoir effectué une mauvaise sortie.

L'entraîneur Luis Carniglia, en ramassant les maillots de ses hommes regretta :

Bravo nous a beaucoup manqué. Personne n'a pu organiser le jeu. Ujlaki tenta bien de le faire mais il ne pouvait guère compter que sur Foix. C'était trop peu.

Notre ligne de demis n'a pas été brillante.

Nous ne pouvions pas gagner devant des adversaires auxquelles je rends hommage. Survoltés.

Gonzales nous confia au sujet de son accrochage avec Andersson :

J'ai du me détendre en plein élan pour repousser le ballon. Mon genou a touché le Marseillais. Je le regrette croyais-le bien.

Ujlaski qui faillit devenir l'olympien, était perplexe :

Quelle belle équipe ! Et quel moral ! Pour triompher dans de telles conditions il fallait être fort. Rien ne nous a réussi. Peut-être avons-nous trop cru à la victoire possible après notre égalisation.

Bonvin pestait :

De l'arrière, nous avons essayé de relancer des attaques. La balle revenait toujours. L'O.M. a eu le maximum de réussite. Tant pis pour nous !

  

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