OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 18 février 1957

  

Devant une équipe marseillaise trop statique, les Bretons, décidés

mais incomplets, pouvaient, jusqu'à la dernière minute, prétendre à la victoire

O.M. et RENNES à égalité : 1 à 1

Le but des "blancs" a été marqué par

Marius VESCOVALI dont les débuts furent prometteur

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

RENNES (par téléphone) - La solidarité n'est pas un vain mot en Bretagne. Quand la tourmente souffle, l'union ensemble chose sacrée. Il en est des sportifs du Pays d'Armor comme de ses glorieux marins. Ils se regroupent pour mieux lutter.

Aujourd'hui, à l'heure où le Stade Rennais se débat à travers l'orage du championnat à l'heure où, pour lui, il ne s'agit ni plus ni moins, que d'une solution de vie ou de mort, toutes les forces rassemblées dans ce Parc des Sports, que borde la Vilaine, sale et haute.

Une défaite et le spectre de la relégation viendra s'installer au beau milieu du Stade dès le coup de sifflet final. Une victoire, et l'espoir pourra venir succéder aux périodes difficiles.

Les Olympiens, de leur côté, aborde le match avec la quiétude des gens qui ne risquent rien.

Le ciel n'est plus ce qu'il était dans la matinée, c'est-à-dire pur et lavé de nuages. Il est maintenant telle que Pierre Loti l'a dépeint.

Première rafale

Sous les encouragements hurlés des dix mille spectateurs, le onze breton attaque le premier par Imbernon d'abord, par Mahl ensuite.

Domingo a du mal à capter une balle luisante, qui roule difficilement sur ce terrain imbibé d'eau.

Vescovali, qui sera l'attraction marseillaise, et tout de suite renseigné sur les traditions du championnat professionnel. Il écope de deux interventions appuyées de l'arrière Cueff. Elles sont cependant, insuffisantes, pour impressionner le jeune Corse, plein de bonne volonté.

L'attaque bretonne continue à développer ses actions. Les premières mesures de la rencontre la mettent donc en évidence, sans qu'elle présente, toutefois, un réel danger. Un corner pour l'O.M. met fin à cette période d'observation. Deux ouvertures de Jensen sur Andersson rétablissent l'équilibre. Puis, de nouveau un tir très près de Mahl, lancé par Imbernon, trouve Domingo à la parade.

Le même Domingo arrache une balle sur la tête de Mahl. Sur le renvoi, Jensen lance Andersson, qui redonne à Jensen. Ce dernier centre et, au moment ou la balle arrive devant les buts, Vescovali surgit et ne réussit qu'imparfaitement une reprise qui pouvait faire but.

Pinat, le keeper rennais, sauve de justesse (10me minute). Le jeune olympien, toutes griffes dehors, paraît particulièrement décidé. Il "griffe" littéralement son arrière et centre impeccablement. Mais il n'y a que des Rennais à la réception.

On notera ensuite un audacieux plongeon de Domingo sur une attaque de Cuissard. Puis Marcel sauvera en mettant en corner sur une action concertée de Meano et Dombeck.

Mesas, à son tour fait éruption. Le rythme de ses avants ne semble pas le convenir, et il vient, très menaçant, dans le camp rennais, alerter tout le monde, comme s'il voulait dire : "Voilà ce qu'il faut faire".

Jean-Jacques Marcel en fait autant. Pendant que Curyl et Andersson, donnent l'impression d'être figés dans la boue, Marcel lance ses avants inlassablement.

Le match, enfin, change de ton. La cavalerie olympienne se déploie. Marcel s'avance. C'est une très belle attaque, construite dans un style très pur.

Vescovali hérite de l'ouverture. Pressé par son ange gardien, il réussit d'un même coup de pied, à contrôler et à centrer sur Andersson. La balle adressée avec une rigoureuse précision, arrive sur le pied gauche de l'avant-centre marseillais qui, de volée, expédie un tir terrible... sur Pinat qui s'empare providentiellement du ballon et dégage.

La contre-attaque de Dombeck, qui surprend tout le monde se termine à côté du but.

Ouf !

Rennes est toujours encouragé mais son jeu, si rapide soit-il, ne paie pas.

Le premier but de Vescovali

Cependant, Vescovali est toujours à l'affût. Il trépigne d'impatience. Il veut une balle, il les voudrait toutes. Jensen lui en adresse une splendide, une longue ouverture en avant, sur laquelle le jeune Corse se rabat avec une remarquable décision.

Cueff, son arrière, qui ne le lâche pas d'une semelle, se trouve débordé un dixième de seconde durant devant l'impétuosité de son adversaire. Un dixième de seconde, c'est plus qu'il n'en faut. Il trempe définitivement Cueff en reprenant la balle derrière lui, et, cela de l'intérieur du pied gauche, à quelques mètres du but. Par la même occasion Pinat se trouve lui aussi pris à contre-pied et la balle pénètre entre le goal et l'arrière, dans le coin droit du camp rennais.

C'est le premier but du nouveau pensionnaire. Ce but qui lui vaut les embrassades reconnaissantes de ses aînés.

Nous en sommes la 27ème minute de jeu.

O.M. 1 - Rennes 0.

---------------------------

Jusqu'à la mi-temps, les choses en resteront là. Malgré une très belle reprise de volée de Cuissard, Domingo bloque et c'est une série d'offensive rennaise, qui se terminent toutes sur des shoots de Dombeck.

Imbernon voit lui aussi un de ses headings miraculeusement repoussé par Domingo.

Côté marseillais, Gunnar Andersson après avoir bousculé et franchi tout le monde, échoue dans le dernier coup de pied.

La mi-temps va être sifflet.

Marcel dans un rush impressionnant, réussit, avec le concours de Scotti, un curieux slalom, la balle au pied à travers toute la défense rennaise. Il arrive à 25 mètres des buts pour déclencher un tir extrêmement tendu.

On s'est dressé dans les tribunes d'où échappent des cris rauques... Mais on se rassoit immédiatement. La balle s'est écrasée sur la transversale, alors que Pinat, très mal placé, était irrémédiablement battu.

nUe nouvelle alerte pour Rennes se termine par un dégagement in extremis de Poulain.

Rennes égalise

Au moment où va reprendre le jeu, on a la conviction que les Bretons ne pourront résister à l'équipe marseillaise. Cette dernière a été plus réaliste face à un adversaire imprécis dans ses conclusions et trop tatillon dans ses entreprises.

Le pronostic s'avère faux.

Au contraire, ce sont les Bretons qui s'imposent leur manière alors que les Olympiens, trop statiques, souvent empruntés, sont battus dans la possession du ballon.

Il y a deux minutes que l'on joue. On cherche encore sa place dans les tribunes que Mahl passe à Palluch et centre sur Cuissard. La balle ricoche sur ce dernier trompe Marcel et Gransart, qui la manque tous deux d'un cheveu, et va rouler dans les pieds de Lambert, l'ailier gauche breton qui, sans contrôler un, reprend de voler à dix mètres.

Domingo masqué, ne voit pas partir le shoot. Il est battu en coin.

O.M. 1 - Rennes 1.

Dès lors, Rennes, qui sent la victoire la portée, tente sa chance à chaque occasion. Ses avants harcèlent la défense phocéenne, d'où Johansson émerge souvent d'une façon remarquable.

À la 53ème minute, Andersson seul, échappe en position d'ailier gauche à la défense rennaise. C'est miracle que Pinat puisque arracher la balle des pieds.

Les essais au but des Rennais se multiplient Dombeck, Cuissard, Mahl, Meano, cherchent à surprendre de loin Domingo très bonne forme, et que rien ne trompe.

C'est un difficile quart d'heure que traverse l'O.M. Marcel, complètement replié, sauve à trois reprises avec Mesas, intraitable.

Un corner pour l'O.M. ne donne rien.

Jensen tire ensuite au but sans succès sur une ouverture de Scotti.

Jensen, qui se démène en fin de match réussit après une course audacieuse de servir Andersson face au but. Mais ce dernier ne peut reprendre.

Il est trop tard.

Rennes a sauvé la moitié de ses meubles.

Par contre l'O.M. aurait pu sauver son prestige d'une manière plus éloquente.

Décidément Reims a laissé des traces.

---------------------------

L'O.M. pouvait triompher

mais il a failli sombrer

devant la volonté des Rennais

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis RICHARD)

RENNES (par téléphone) - L'O.M. voulait se réhabiliter hier à Rennes. C'était son désir le plus ardent, le plus sincère. Il n'y est pas parvenu. Gardons-nous cependant, de l'accabler, de nous montrer trop sévère dans notre jugement. Il est des matches contre des équipes inférieures qui se perdent, celui d'hier au fond, aurait pu être l'un de ceux-ci si son adversaire avait réussi à concrétiser son net avantage territorial de la seconde mi-temps.

Fort heureusement, les avants bretons gâchèrent leurs occasions en tirant maladroitement au but la plupart du temps.

Ce match qui s'est joué sur un terrain très gras et extrêmement glissant, avait pourtant bien débuté pour l'O.M.

Il était à penser, après la performance de son adversaire à Sedan, dimanche dernier, qu'il serait difficile de le battre sur son herbe.

D'entrée, il en eut d'ailleurs la preuve, les Rennais s'étaient lancés dans la bagarre avec cette volonté propre aux gens de leurs rangs - le dernier du groupe - une volonté farouche, inébranlable.

Un bon O.M.

Dès la première descente, Mahl à l'aile, effectué un joli centre mais Palluch, de la tête, enrayait l'action et donnait à Scotti l'occasion de répondre par une contre attaque en lançant de très loin le jeune Vescovali. L'amateur du "onze" de Jean Robin l'attendait trop bien cette première balle chez les "pros" pour ne pas manquer son entrée.

Sur le sol glissant, il contrôla d'abord et après une jolie feinte servie à point Jensen qui fit suivra Andersson, lequel était stoppé in extremis par le demi-centre Moutet.

Cette seule action, qui venait de donner confiance au junior Vescovali déclenchait en même temps celle de ses camarades.

On vit alors le onze olympien se hisser au diapason de ce Stade Rennais déchaîné, jouer à sa manière, en se portant à la chute de la balle avec la même rapidité, le même désir de triompher dans sa dispute, tandis que Gunnar Johansson montée bonne garde enrayait intelligemment les attaques de Meano, de Dombeck et de Cuissard, devant, le jeu était organisé par Scotti dont la maîtrise surprise agréablement. Assez en retard de ses camarades, Roger ratissait des balles au passage avec l'habilité qui lui est familière et servait avec précision ses camarades.

L'O.M. avait l'allure, sinon des grands jours, du moins d'une équipe supérieure à celle du Stade Rennais, grâce à un meilleur jeu d'ensemble.

On dira par d'ailleurs, qu'il aurait dû traduire cette supériorité par un deuxième but sans la malchance dans fut l'objet le tir fulgurant de Jean-Jacques Marcel, peu avant le repos.

Plus grande volonté

chez les Rennais

Hélas, dès la 2me minute de la seconde mi-temps, le but égalisateur des Bretons brisait la belle harmonie du début.

Le Stade Rennais, encouragé par ses nombreux supporters, se fit de plus en plus pressant et bouscula l'O.M. souvent hors des règles devant les yeux de M. Fauquenberghe.

Dès lors, on pouvait craindre le pire pour les Marseillais, d'autant que les avants, chaque fois qu'ils pouvaient prendre possession de la balle, ne la conservaient pas.

Curyl et Andersson notamment abandonnaient souvent le combat, en tout cas, ils échouaient par trop de laisser aller. Si bien que Rennes domina manifestement, d'autant plus que Scotti, trop replié pour soutenir sa défense, ne pouvait plus organiser le jeu.

On vit dès lors, l'O.M. dominé par la volonté de son adversaire, de tenter que de rares choses et pratiquer un football qui était loin de nous rappeler l'O.M. du premier half, et ce n'est, en somme, à la hargne de Mesas, à la sûreté de Johansson, à l'activité de Jean-Jacques Marcel, bien retrouvé, au métier de Roger Scotti, à la belle partie de Domingo, avec le onze marseillais a pu sauver une partie de son prestige devant le Stade Rennais

---------------------------

M. l'arbitre a deux listes :

les joueurs sincères et les tricheurs

M. Fauquemberghe, l'arbitre de ce match Rennes - O.M., a eu tout au long de la rencontre, des décisions pour le moins curieuses. C'est dans ses habitudes. Le système de compensation des appréciations derrière lequel tout arbitre a le droit de se retrancher, M. Fauquemberghe s'est fort bien s'en servir.

Il lui est arrivé hier, par exemple, de refuser un corner que son juge de touche lui désigné sans hésitation.

Il a sifflé des coups-francs à contre-sens, des hors-jeu imaginaires, et tout à l'avenant.

Mais, dans ses propos d'avant match, il a fait une déclaration dont la valeur n'échappera à personne. Elle avait trait à l'incident Gonzales-Andersson lors du match de Nice :

"Je connais bien les footballeurs. Il y en a qui ne triche pas lorsqu'ils reçoivent un coup : ils restent à terre ils sont réellement atteints. Andersson est de ceux-là.

"Puis il y a ceux qui "font du cinéma", les faux blessés tels que Curyl.

"Je tiens compte de cela avant de sanctionner".

Nous comprenons maintenant pourquoi Curyl "balancé" à trois reprises par son arrière, n'a même pas eu la consolation d'un coup de sifflet.

---------------------------

VESCOVALI :"J'ai eu confiance dès le début

RENNES - Timide et réservé jusqu'au match, Mario Vescovali a tout de même laissé libre cours à sa généreuse nature à la fin de la rencontre.

Ce but - le seul but marseillais - qu'il marqua en première mi-temps, avait en quelque sorte délié de cette loi du silence dans laquelle se confinent tous les débutants.

"Ah, si je suis content ! Un but pour mon premier match, vous imaginez ? Ma joie est cependant ternie. Nous aurions pu gagner. J'ai eu confiance des premières balles. Je savais, je sentais que je tromperai mon arrière qui avait les genoux durs".

M. Zaraya est satisfait des débuts de son jeune ailier. Par contre, il est assez déçu du résultat final : "Nous ne méritions pas un autre score, et nous de méritions pas de gagner. Néanmoins c'est un but bien bête que nous avons encaissé. Je pense, par ailleurs, que Scotti a besoin de repos et que Johansson, Domingo, Mesas et Vescovali (toutes proportions gardées car c'étaient ses débuts), ont été, à mon avis, les meilleurs".

Pour Johansson, pas de longs discours. Le grand Gunnar est tout net : "Nous avons laissé jouer. Nous avons eu tort. Il n'était pourtant pas terrible ses Rennais !"

En même temps qu'il noue sa cravate, Domingo vitupère : "Je n'ai pas vu partir le shoot. Ce but a été marqué à la suite d'une série de coïncidences heureuses".

"Ce n'était pas dur, conclut Jean-Jacques Marcel. Ah, si mon tir avait fait mouche, il n'y aurait plus eu de match !"

Pour Curyl, cette rencontre, les Olympiens devaient la gagner : "J'ai mieux joué en première mi-temps quand seconde mi-temps".

Palluch fait, lui, l'éloge de Mesas : "Ah, vous l'avez vu notre technicien ! Il est là, toujours là.

Enfin Robin, lui, se réserve le droit de commenter ce match mardi matin à l'entraînement.

"Ils étaient statiques, c'est tout ce que qu'il veut dire".

Lucien D'APO

  ---------------------------

JOHANSSON et MESAS

les meilleurs du lot

RENNES - Sur la partie d'hier on peut dire que l'O.M. a retrouvé son Gunnar Andersson de la meilleure époque.

Le suédois fut en effet l'âme de la défense durant toute la rencontre, et plus particulière dans les instants les plus critiques pour son équipe.

C'est à lui que l'O.M. doit de ne pas avoir connu la défaite sur le terrain de Parc des Sports de Rennes.

Toujours vigilant à toutes les attaques, Johansson se trouva là chaque fois que Meano, Cuissard ou Dombeck tentaient d'effectuer des incursions dangereuses.

Avec lui, il convient de citer en premier lieu Mesas, dont l'activité fut sans bornes : le demi marseillais travailla sans relâche et fut à l'origine des nombreux services dont bénéficièrent les avants en première mi-temps.

Lorsque son équipe fut motivée il s'avéra encore un défenseur intraitable.

Viennent ensuite dans l'ordre des mérites, Jean-Jacques Marcel et Roger Scotti.

Le premier se montra dans l'un de ses meilleurs jours en réalisant de belles interventions et en poussant son attaque, dans laquelle il s'immisça souvent avec bonheur. Son tir de la première mi-temps méritait, nous l'avons dit, un meilleur sort.

Scotti, l'inter replié, fut le régulateur du onze ; il est à l'origine des plus belles phases du jeu.

Domingo joua un bon match. Mais il lâcha trois balles, glissantes, il est vrai dont une aurait pu terminer sa course dans les filets sans l'intervention de Johansson. Palluch et Gransart firent une partie simplement honnête devant de rapides ailiers.

En avants, Jensen fut un inter infatigable, mais ses actions n'étaient pas aussi nettes que d'habitude.

Le meilleur fut Vescovali, dont les débuts sont prometteurs. Rapide, jouant bien des deux pieds, il prit souvent le dessus sur l'arrière Cueff. Le jeune Corse paraît avoir - et ceci a son importance - la tête sur les épaules. Son jeu et direct, ses passes et ses services rapides et bien ajustés, et son shoot très appréciable.

Il eut le mérite de marquer le but de son équipe en plaçant une balle presque morte hors de portée de Pinat, pris à contre-pied.

Quant à Curyl et Andersson, après une première mi-temps acceptable, ils furent très effacés par la suite.

Louis RICHARD

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.