Résumé Le Provencal du 11 mars 1957 |
Andersson marque à la 46e minute, puis le F.C. de NANCY Malgré un rush désespéré, s'incline devant l'O.M. (0-1) (De notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND) |
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NANCY (par téléphone) - Contrairement à ce que l'on était en droit de croire, il ne pleut pas, aujourd'hui, dans la capitale de la Lorraine. En effet, depuis quelques jours, le ciel est clair, l'air est doux et la température idéale pour un match de football. Tous ces signes favorables ont bien entendu déplacé au stade de l'Université la grande foule nancéienne. Celle-ci est surtout venue assister à la réhabilitation de ses favoris. Elle sait d'ailleurs que tous les joueurs de Camille Cottin ont été, durant la semaine, sermonnés d'importance par les dirigeants du club et par les supporters. On peut donc s'attendre à une partie endiablée de leur part. Les Olympiens le savent et n'en sont pas plus émus que pour cela. Avant le coup d'envoi, d'ailleurs, M. Zaraya, l'animateur de la section pro, nous a dit d'un ton calme : Nous venons d'apprendre que les Nancéiens sont décidés à se battre jusqu'à l'extrême limite de leurs forces, pour nous faire toucher les épaules d'abord, et pour éviter la relégation ensuite. Cela ne nous effraie nullement, car nous aussi, nous abordons le combat dans un état d'esprit analogue. Cela promet donc car, rappelons-le en passant, l'an dernier à pareille époque, l'O.M. avait dominé Nancy sur cette même pelouse et, à cette occasion, de regrettables incidents s'étaient produits. Quoi qu'il en soit, ceux-ci semblent oublier puisque, lorsque l'équipe marseillaise se présente dans la formation annoncée, elle récolte des bravos nourris. Comme prévu, à Nancy, Piantoni joue les leaders d'attaque, tandis que le jeune Albert Vuillermin a été préféré aux Gallois Griffith au poste d'arrière central. Andersson rate d'un cheveu l'ouverture de la marque Nancy engage, Gransart coupe immédiatement une attaque Lorraine et donne à Rustichelli ; l'ailier droit crochète Aubert, passe à Andersson qui, en déséquilibre, rate son tir. Aubert revient et dégage in extremis, alors que tout le monde croyait au but (1re minute). La riposte de Nancy arrive par Piantoni qui, de 30 mètres, place un bolide que Domingo dégage en corner (4me minute). Piantoni se démène comme un beau diable et met Johansson en difficulté (13me minute). Le jeu est assez rapide et l'O.M. rend coup pour coup. À la 15me minute, l'arbitre, M. Bondon, arrête la partie pour changer de ballon. Nancy, maintenant, domine légèrement, sans pouvoir conclure toutefois. Scotti, absolument décontracté, capte la plupart des balles au milieu du terrain et tente d'organiser le jeu de ses coéquipiers. À la 25me minute, Nancy concède son second corner, que Nagy renvoi faiblement. Heureusement pour lui, Tazoppe dégage au nez et à la barbe de Curyl. Magnifique essai de Piantoni Soudain, à la 24me minute, Piantoni tire en force, suivant sa manière. La balle file en direction de la cage marseillaise, mais Domingo arrête en deux temps ce shoot vraiment exceptionnel. Dorsini, à son tour, échappe à Gransart (31me minute). L'arrière droit phocéen, pourtant se reprend en mettant en corner. |
Sur un mauvais dégagement de Johansson (35me minute), la balle échoue à Bottolier, qui la soulève un peu trop au lieu de la botter dans les filets marseillais, au grand dam public local. Mesas, à la 40me minute, est frappé d'un rappel à l'ordre sans rime ni raison. Sur une attaque menée par le même Mesas, Curyl tente sa chance ; il trouve Nagy à la parade (43me minute). Décidément, les attaques sont dans un mauvais jour car, malgré un shoot dangereux de Dorsini, la mi-temps survient sur un score nul de 0 à 0. Andersson marque Dès la reprise, Gransart sert Jensen. Le blond inter file le long de la touche, centre. Nagy sort, bloque très mal la balle ; Andersson la place de la tête, et Nagy renvoie. La balle ne fait qu'un mètre ou deux ; et Andersson - encore lui - surgit et marque, cette fois à bout portant. O.M. : 1 - Nancy : 0. Ce but, qui jette la consternation dans le stade ne fait pas perdre sa lucidité à Scotti. Effectivement, il est partout. Piantoni, cependant, lutte pour égaliser. À la 49me minute, il shoote en force, mais bien au-dessus des bois d'encadrement. Johansson arrête sur sa ligne Une combinaison Deladerriere - Piantoni, à la 75me minute, se termine par un tir violent de l'internationale. Domingo, qui était sorti, est battu, mais Johansson, qui a pris sa place, dégage juste sur la ligne blanche. L'O.M. a eu chaud et doit une fière chandelle à son arrière central. Domingo, deux minutes plus tard, capte en souplesse un centre-shoot de Deladerriere. L'Arlésien est vraiment impérial ! Domingo hypnotise Deladerriere Deladerriere, à la 66me minute, se trouve seul devant Domingo ; celui-ci sort et ferme l'angle de tir à l'inter lorrain. Résultat : la balle vient mourir dans ses bras. Le jeu est loin d'être de qualité ; les Marseillais forts de leur avance, se contente d'opérer en contre-attaques. Mesas évite un but Le jeu va d'un camp à l'autre. À la 75me minute, Deladerriere, très actif, shoote en force. Domingo, dont la sortie a été miraculeuse, manque la balle. Mesas a vu le danger. D'une tête qui le met d'ailleurs k.o., il évite légalisation que l'on croyait acquise. Les Lorrains, qui sentent venir le vent de la défaite, multiplient les essais. Les Marseillais sont pressés sur leurs 18 mètres, sans grand danger jusque-là. Baden, à la 80me minute, place un shoot en coin, que Domingo cueille du bout des doigts. Il ne reste plus que 5 minutes à jouer. Nancy, rageur et volontaire, tente de combler son léger retard. À cet effet, toute l'équipe se porte en avant. En pure perte, car l'arbitre siffle peu après la fin du de ce match, qui fut loin d'être un modèle du genre, répétons-le. |
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Le succès des Olympiens a été étriqué parmi les meilleurs : DOMINGO, SCOTTI, JOHANSSON, MARCEL et JENSEN |
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NANCY - Le succès des olympiens a été étriqué, mais il est absolument normal, empressons-nous de le dire. En effet devant une équipe opérant sans grande flamme et avec des moyens assez modestes, ils se sont montrés les meilleurs techniciens d'assez loin. Certes ils ne conclurent qu'une seule et unique fois, par Andersson à la 46me minute de la partie. Mais il faut cependant signaler que les Lorrains pratiquèrent pendant une bonne partie de la première mi-temps une défensive renforcée, axée sur la contre-attaque. La contre attaque par Piantoni fut d'ailleurs la seule arme redoutable de Nancy. Cette tactique aurait sans doute réussi si la défense marseillaise en général, et Domingo en particulier, ne s'étaient opposés avec bonheur aux entreprises du percutant et redoutable petit international lorrain. Effectivement, Piantoni donna maintes fois le frisson aux quelques rares Marseillais présents à la rencontre par ses tirs aussi la rencontre par ses tirs aussi puissants que précis. Malheureu- un Domingo vraiment transcendant et qui doit être classé parmi les tout meilleurs joueurs phocéens. Après Domingo, et sur un même plan, nous mettons Roger Scotti, Johansson et Palluch. Le premier apporta un large soutien à ses camarades de la défense. Le second ne lâcha pas d'une semelle Roger Piantoni et le troisième jugula le jeune mais timoré ailier droit Baden. Le grand Gunnar, après un léger flottement initial, se reprit magnifiquement et suivit son adversaire comme son nom. Entre autres choses, d'ailleurs, il arrêta juste sur sa ligne de but une balle qui aurait fait mouche dans son judicieux sang-froid. Quant à Scotti, plus flegmatiques que jamais, il intercepta à peu près tous les services destinés soit à Piantoni, soit à Deladerriere. |
Jean-Jacques Marcel Jensen et aussi mesas Dans l'ensemble nous l'avons déjà dit, le match ne fut pas d'une haute qualité technique car l'enjeu été trop important pour l'une et l'autre des équipes en présence. Néanmoins trois autres Marseillais à notre avis tirèrent encore leur épingle du jeu. Ce sont Jean-Jacques Marcel, Jensen et Mesas. Le Brignolais pour sa part perça maintes fois. En seconde mi-temps après qu'Andersson eut scoré, il se replia légèrement suivant en cela les consignes de son entraîneur. Il profita toutefois des quelques occasions offertes pour venir incursionner dangereusement dans la surface Lorraine. Jensen comme à l'accoutumée accomplit un gros labeur. Sa prestation moins brillante que les précédentes sans doute n'en a pas moins été honorable. Mesas également fit montre de ses belles qualités. Volontaire et bien en souffle, il ne laissa aucun répit à son vis-à-vis Deladerriere. De plus il sauve de la tête un but qui semblait acquis Quant aux autres joueurs, ils ne brillèrent que par intermittence. Andersson fut assez effacé malgré son but. Curyl effectua une seconde mi-temps, peut-être meilleure, mais n'a pas encore la grande cadence Rustichelli et Gransart eurent des hauts et des bas. Cependant il nous faut noter aussi que ces deux joueurs reviennent peu à peu en condition. D'ici quelque temps ils auront retrouvé - du moins nous le supposons - tous leurs moyens. |
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SCOTTI : "Nous pouvons espérer finir dans les trois premiers, à présent" |
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Dans les vestiaires olympiens on ne dansait pas de joie mais tout le monde était cependant satisfait par cette nouvelle victoire. M. Zaraya, qui avait rejoint ses joueurs dimanche matin seulement, nous disait aussitôt après le match : "Nancy n'a pas une équipe digne de ce nom. Piantoni et Deladerriere exceptés. Il n'y a plus personne. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas tellement satisfait. Car, devant une telle formation, nos joueurs auraient dû marquer plus d'un but. Enfin contentons-nous de ce maigre succès qui nous vaut deux points de plus et félicitons sans réserve la défense olympienne." Johansson : "Piantoni m'a épaté" Johansson, qui fut la pièce maîtresse de l'équipe, nous a déclaré à son tour : "Piantoni est vraiment extraordinaire ; avec lui, on ne sait jamais où la balle va aller. Je me suis donc efforcé de le marquer d'assez près, de façon à intercepter ses passes. Je pense avoir réussi en partie". Robin, l'entraîneur du onze olympien, tout en rangeant méthodiquement les maillots dans un immense sac, nous avouera : "Nancy a trop joué le béton pour gagner. D'ailleurs, dans l'ensemble nous méritons amplement notre victoire. Certes, Piantoni aurait pu, en deux ou trois occasions égaliser mais, je le répète, si mes hommes, au lieu d'essayer de percer par le centre, s'étaient efforcés d'aérer le jeu par les ailes, notre bilan final se serait soldé par un plus grand nombre de buts". Scotti, enfin, l'oeil vif, sans trace de fatigue apparente sur son visage, nous confia : "Ils (les lorrains) sont cuits. D'ailleurs, si nous avions réussi à marquer un second but, ils prenaient alors un "carton". Quoi qu'il en soit, nous sommes toujours dans le peloton de tête et nous pouvons maintenant espérer finir dans les trois premiers si nous battons, dimanche prochain, Saint-Étienne". O.M. - Saint-Étienne du 17 mars sera donc un choc qui fera du bruit. |
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Les Nancéens abattus |
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NANCY - Aussitôt après la défaite, les joueurs nancéiens regagnèrent les vestiaires sous les quolibets du public, ce qui fit dire à Domingo : "Il n5y a pas qu'à nous que cela arrive. Mais revenons aux Lorrains pour signaler que, dans leurs vestiaires, il régnait le plus grand silence. Pas de cris, ni de reproche mais seulement des visages inquiets. Camille Cottin, l'entraîneur était encore plus abattu que ses hommes. À notre question, il répondit : "Jamais nous n'aurions du perdre ce match, car nous avons eu des occasions sensationnelles, qui ont été gâché. À mon avis, c'est Domingo qui a sauvé Marseille par son inspiration et son sens du placement. "L'avenir est bien sombre pour nous ; cependant, tant qu'un espoir subsistera, il ne faudra pas abandonner. En attendant ces dernières paroles, Deladerriere nous dit alors brusquement : "Notre coach a raison. Tout n'est pas encore perdu. Et puis un joueur pro ne doit jamais désespérer ; au contraire, il lui faut serrer les dents". C'est exact, ami Deladerriere. Mais il aurait fallu commencer hier après-midi... |
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NANCY COPIEUSEMENT SIFFLE A SON ENTREE SUR LE TERRAIN |
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NANCY - Les incidents de l'an dernier entre joueurs marseillais et nancéiens ont été oubliés. En effet, pour bien prouver aux porteurs du maillot blanc qu'ils évolueraient dans une ambiance assez bonne, les supporters du stade du Pont d'Essey les applaudirent vigoureusement dès leur apparition. À l'inverse, le onze de Nancy fut copieusement sifflé et conspué. Car ce même public voulait ainsi marquer son indignation à l'élimination de la coupe de France de ces favoris. Mais, rassurez-vous, aussitôt que le match commença, les Nancéiens s'empressèrent de modifier cette attitude, et prenaient c'est normal, fait et cause pour leurs joueurs. |