OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 29 avril 1957

  

LENS inscrit un but dans chaque mi-temps et bat l'O.M.

son égal dans tous les domaines sauf dans celui de l'efficacité (2-0)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice GOIRAND)

LENS - Si dimanche dernier, à Strasbourg, l'O.M., avait bénéficié du maximum des conditions atmosphériques, il n'en a pas été de même à Lens.

En effet, au chaud et printanier soleil alsacien avait succédé un pénétrant et froid crachin nordiste.

Certes, il ne pleut pas à verse lorsque les deux formations font leur entrée sur la pelouse du stade Bollaert ; néanmoins, il bruine assez fortement et cette bruine rend le terrain extrêmement glissant.

L'O.M., comme prévu, aligne exactement les onze vainqueurs de Strasbourg. Lens, à l'inverse, fait, contre toute attente, opérer Wisnieski à l'aile droite, tandis que Stievenard et au centre et Jonsson à l'aile.

Templin, par la force des choses, est donc rester sur la touche, ainsi d'ailleurs que l'arrière latéral Flori remplacé par Polak.

Le stade est comble. Après-midi de silence observée à la mémoire des victimes des camps de concentration nazis, le coup d'envoi est donné.

Mais les Marseillais sont tout de suite en action par Jensen qui sert Andersson légèrement en retrait. Gunnar shoote une fraction de seconde trop tard et la balle sort (1re minute).

Puis c'est au tour de Scotti de lancer Marcel vainement.

Les Lensois n'en reviennent pas de ce départ ultra-rapide. Néanmoins, ils se reprennent fort bien après deux alertes et Wisnieski oblige Palluch à concéder le premier corner de la partie (3me minute).

Boury réceptionne le coup de pied de coin, passe à Jonsson qui tire en force.

Domingo, au prix d'un bel effort, détourne le cuir à nouveau en corner (5me minute).

Le jeu est rapide, clair, et se déplace d'un camp à l'autre. Marcel construit de belles attaques. Sur l'une d'elle, Curyl shoote légèrement au-dessus de l'encadrement Lensois (10me minute).

La réplique arrive. Jonson, du centre du terrain, met dans les pieds de Stievenard. Le shoot fuse ; Domingo le bloque parfaitement (11me minute).

C'est au tour de Lens d'être mis à l'épreuve sur un corner qui ne donne aucun résultat (12me minute).

Jensen malheureux

L'O.M. pratique une défense de zone efficace et Scotti accomplit un lourd labeur. Puis il intercepte une descente de Boury et passe à Marcel. Le Brignolais file, sert Jensen qui place un bolide.

Sowinski est à la parade mais lâche la balle. Jensen la reprend, très mal d'ailleurs, puisqu'elle sort à la droite du portier lensois. Le Danois, donc vite, vient de manquer une belle occasion en faveur de l'O.M.

Le jeu est toujours aussi agréable. Lens réplique par Jonsson. Le "pétard" de l'ailier nordiste est renvoyé du poing par Domingo qui, dans un réflexe étonnant, s'est couché pour dégager son camp (19me minute).

Lens, à présent, se livre à fond. L'O.M. se défend énergiquement.

C'est au tour de Zymzack de venir inquiéter Domingo. L'essai de l'actif demi-aile, toutefois, est trop mal dirigé pour tromper le portier marseillais (24me minute).

Sur un centre de Wiesnieski, Jonsson, décidément partout, tire sans résultat (32me minute).

Jonsson marque

de la tête

A la 32me minute, ce même Zymzack lance Wiesnieski en profondeur. Le rapide ailier nordiste file, redonne à Jonsson qui lobe Domingo un peu trop avancé, nous a-t-il semblé, d'un heading magistral.

C'est le premier but de Lens obtenu un peu chanceusement, du moins à notre avis.

Quoi qu'il en soit, les hommes de Michlowsky sont maintenant décontractés. Ils acculent leurs adversaires dans leurs 17 mètres.

Il faut toute la maîtrise de Domingo et le sang-froid de Scotti pour enrayer les mouvements offensifs de grande envergure des Lensois et la mi-temps arrive alors que Marcel tente de prendre en défaut Sowinski en plaçant une tête sur un service de Jensen.

Les Marseillais regagnent donc les vestiaires avec un seul but de retard.

L'O.M. joue crânement

sa chance...

Les hostilités reprennent toujours aussi serrées. Louis se fait conspuer en exécutant une toile magistrale près des buts de Domingo (55me minute).

Menés à la marque, les Olympiens - c'est normal - ont abandonné leur système précédent de jeu pour se livrer franchement à l'offensive.

Sous l'impulsion de Scotti omniprésent, le jeu s'oriente sur les ailes et Rustichelli, qui trompa souvent Hassouna n'est, par contre, pas heureux dans ses conclusions.

L'O.M. domine manifestement et obtient coup sur coup deux corners (61me et 63me minutes), mais chaque fois Sowinski est à la parade.

Il y a 25 minutes que la partie est commencée et si le score est toujours de 1 à 0 en faveur des Lensois, l'O.M. a fait subir à ces derniers une pression sérieuse. Cette pression ne c'est d'ailleurs pas matérialisait car les avants marseillais ne prennent pas - ou peu -de responsabilités.

Les Lensois subissent donc la loi adverse et ils ne se dégagent que sur contre-attaque.

Domingo d'ailleurs pare un tir de Jonsson (72me minute). Puis, sur une attaque des blancs, Louis donne le frisson à ses supporters en adressant un tir puissant à son gardien de but.

...mais succombe

définitivement

Après cette tentative, Lens riposte ; Jonsson, en effet, réceptionne un service de Zymzack. Il déplace la balle sur Théo. De l'extérieur du pied droit, le petit inter marque imparablement le deuxième but de Lens (74me minute).

Et cette fois, l'O.M. ne semble plus avoir aucune chance, les Olympiens sont toujours aussi volontaires.

Louis sauve sur sa ligne

A la 76me minute, nouveau corner en faveur de l'O.M. La balle navigue devant la cage de Sowinski.

Scotti plaça un shoot au milieu d'une forêt de jambes. On croit au but lorsque Louis, qui s'est substitué à son défenseur, dégage juste sur la ligne blanche.

Les joueurs marseillais font des efforts surhumains pour sauver l'honneur. Il manque, hélas, visiblement de réalisateurs.

Incident

Palluch - Wisnieski

Sur une balle lancée en profondeur, Palluch et Wisnieski qui se la dispute, se bousculent mutuellement. L'arrière marseillais malmène quelque peu son rival direct. L'arbitre, alors, le rappel à l'ordre et le public le siffle copieusement.

Cette algarade met de l'électricité dans le stade.

Scotti continue à abattre un gros travail. Il est partout à la fois. Hélas, il n'est pas récompensé de ses généreux efforts.

Pourtant, il s'efforce, envers et contre tout, de réduire le score mais la fin est proche.

Rustichelli, à la 87me minute, déboule un tir en force dans les bras de Sowinski.

Cette fois, c'est bien fini et, malgré deux nouveaux rushs des Lensois, stoppés par Domingo, l'arbitre renvoie les deux équipes aux vestiaires sur la victoire logique du Racing Club de Lens.

---------------------------

Sous le crachin nordiste, la poudre

olympienne ne sécha jamais

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean PEYRACHE)

LENS - Le match avait débuté sous cette pluie fine, presque invisible, que l'on appelle communément le "crachin nordiste".

Le tableau d'affichage portait un double zéro bordé d'ampoules lumineuses, comme pour bien nous rappeler, si besoin était, que le temps ne paraissait pas du tout disposé à abandonner son humeur maussade.

Les astuces lensoises

Wisnieski ne devait pas jouer... il joua. Jonsson était prévu comme avant-centre et c'est Stievenard qui pénétra sur la pelouse revêtu du maillot portant le numéro 9. Stievenard avant-centre ne dura guère plus que l'espace du coup d'envoi et les premières escarmouches puis, bien vide, se retira sur l'aile, laissant le poste de leader d'attaque à Johnson.

Les astuces s'effacèrent alors pour une explication franche, avec une place pour chaque homme et chaque homme à sa place. Aux attaques vives et alertes de l'O.M. à l'origine desquelles nous trouvions souvent Marcel, Jensen, le R.C. Lens répondait par des assauts plus massifs, plus groupés, sous l'impulsion des inters Boury et Théo, plus souvent appuyés par leurs demi-ailes est surtout par Louis.

Le premier but lensois :

un logique dénouement

Extrêmement combatif, le onze olympien recherchait toutes les occasions propices pour solliciter Rustichelli, Andersson et Curyl, mais Lens "en voulait terriblement" et reformait ses batteries dès que les velléités marseillaises étaient enrayées.

Inlassablement et avec panache, un panache qui s'ajoutait à son habitude puissance, la division offensive des "sang et or" cherchait à prendre en défaut la défense olympienne, prudemment renforcée par Roger Scotti.

Disons-le sans détour : la première demi-heure du match fut de très bonne qualité et l'O.M. eut raison - tout en cherchant la contre-offensive chaque fois que l'occasion s'en présentait - de se méfier au plus haut point de l'avant de l'attaque nordiste.

Le deuxième quart d'heure vit cette attaque multiplier ses efforts pour déjouer les plans défensifs marseillais. On crut au but lorsque, à la 19me minute, Jonsson vit Domingo (un Domingo excellent, comme à ses plus beaux jours), plonger à son devant et repousser du poing une balle qui tarda, jusqu'à la 32me minute, à aller mourir dans les filets marseillais.

On peut dire que ce but, oeuvre du même Jonsson qui, d'un précieux coup de tête en cloche battit Domingo en reprenant un centre de Wisnieski, qu'avait lancé Zimzak, représenta un logique dénouement : Candidats Champion de France 1957, les mineurs avaient exactement opéré comme ils devaient le faire pour mettre à la raison un onze marseillais en passe, avec des moyens différents de confirmer qu'à Strasbourg, à Montluçon plus à Rouen il n'avait pas vaincu par hasard.

Des phases de grande classe

Ce but donna-t-il encore des ailes aux coéquipiers de Xerces Louis ? Toujours est-il que leur troisième quart d'heure d'avant le repos fut émaillé de phases offensives de grande classe.

À la pause, le public pouvait s'estimer satisfait de ses favoris, auquel J.J. Marcel et ses hommes avaient donné une excellente réplique et, lorsque le haut-parleur annonça qu'à Saint-Étienne, Sedan était à égalité (2 à 2) avec son adversaire stéphanois, l'espoir d'une fin de saison glorieuse pour le R.C. Lens grandit autour des touches du stade Bollaert, mais l'O.M. demeurait, de l'avis unanime, un "dangereux client" qui n'avait, jusque-là, que le tort de ne pas shooter plus fréquemment.

L'espoir s'évanouit au

5me quart d'heure

Après le repos, le décor changea et l'on comprit tout de suite pourquoi mené au score, l'O.M. n'avait plus aucune raison de se montrer prudent. Il est toujours vrai qu'il vaut mieux essayer de tout tenter pour gagner, que de perdre par 1 but à 0. Nous insistons sur le fait qu'à notre sens, ce n'est pas à dessein que Roger Scotti pensa à souvenir soutenir son arrière garde. Cette tactique fut imposée, avant le repos par la très entreprenante ligne d'avant lensois qui dicta sa manière et qui parce qu'elle s'était elle-même aidée, reçut une aide du ciel, le but de Jonsson ayant bénéficié d'une demie faute (la seule) de Domingo, trop avancé sur le coup de tête du Suédois.

La structure de l'O.M. valait celle de Lens. C'est pourquoi, un dès la reprise, Scotti prit la place de Louis. Entendez par là que le demi-aile marseillais joua, dans l'offensive, le même rôle prépondérant que Louis avait tenu pour Lens dans les premières 45 minutes de jeu. On peut dire de Scotti qu'il fut le maître du terrain en deuxième mi-temps.

Pourquoi donc, dans ces conditions, les avants de l'O.M., supérieurement drivés, n'arrivèrent-t-ils pas à triompher de Sowinsky ? On serait tenté de dire que le zéro final au tableau d'affichage est explicable, de la part d'une ligne dont les hommes, pris individuellement, de Curyl à Rustichelli, en passant par Marcel, Andersson Jensen, ne déméritèrent pas. Il faut plus simplement admettre que la défense nordiste fit tout simplement sa partie habituelle, même en tenant compte de l'absence de Fiori remplacé par Polak qui tient à rappeler qu'il fut, il n'y a pas très longtemps (alors qu'il sortait à peine de la catégorie "junior"), un arrière central de fort bonne qualité.

Mais nous venons de vous dire que l'O.M. "en voulait". Nous reconnaissons un Roger Scotti, ce défenseur génial, le grand mérite d'avoir compris, pensait est mis à exécution, le projet d'assaut vers la citadelle lensoise. Ce projet prit corps dès la remise en jeu. L'O.M. vécut alors une demi-heure d'intense espoir. Sur le terrain, nous retrouvions le vainqueur de Strasbourg et non pas le vaincu du R.C. Paris.

Nous assistons volontiers sur cette nuance et nous nous posions la question de savoir si les hommes au maillot blanc étaient venus jusque dans l'antre artésien ôter aux "sang et or" leur dernière chance dans la course au titre national.

Les éléments retrouvèrent leur corps normal (car tout de même le R.C. Lens, deuxième jouait chez lui contre l'O.M. 6me) à la 74me minute, lorsque Zimzak trouva Jonsson sur la gauche pour lui adresser une balle qui de Johnson, alla vers le centre sur Théo, lequel reprit, de l'extérieur du pied droit, et sonna, en battant Domingo pour la deuxième fois, le glas des espérances marseillaises. Il ne restait plus qu'un quart d'heure à jouer et Lens ne pouvait plus être remonté au score et encore moins s'incliner.

La fin du match fut confuse, comme le jour qui tombait d'autant plus rapidement que le ciel n'avait jamais voulu sécher ses larmes.

L'O.M., excellent au milieu du terrain et égal du R.C. Lens dans tous les domaines, sauf dans celui de l'efficacité, succomba en définitive, en estimant que, la chance aidant, il aurait très bien pu partager les points.

Mais, répétons-le, Lens appela cette chance avec beaucoup plus de conviction...

---------------------------

"La bombe Wisnieski

éclata dimanche matin"

Blessé le jeune ailier droit international du R.C. Lens Wisnieski n'était pas prévu dans l'équipe qui devait affronter l'O.M. Cette défection s'ajoutait à celle de l'arrière droit Fiori remplacé par Polak.

Nous nous attendions donc à voir comme prévu l'ancien Rémois Templin endosser le maillot frappé du No7 lorsque dimanche matin, la bombe éclata : Wismeski jouera.

Le bruit se répandit comme une traînée de poudre dans la cité minière dont les habitants tous attachés à leur Racing espéraient (ils l'espèrent plus encore aujourd'hui) lui voir enlever le titre national... 13 ans après Lens-Artois.

    

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.