Résumé Le Provencal du 14 janvier 1957 |
LES MARSEILALIS ONT FAILLI ETRE VICTIMES DE LEUR EXCES DE CONFIANCE C'est d'extrême justesse que l'O.M. a éliminé les amateurs de Fontainebleau (2-1) (De notre correspondant particulier : Pierre CHARVOT) |
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C'est d'extrême justesse, et dans les toutes dernières minutes du match, que l'Olympique de Marseille est parvenu à imposer sa loi aux modestes amateurs du F.C. Fontainebleau, qui lui donnait la réplique en Coupe de France, hier après-midi, au stade de l'Aube. Les Bellifontains faillirent donc créer la surprise de la journée, et qui menaient à la marque depuis la 25me minute et qui défendaient farouchement cet avantage inespéré. Sur la physionomie de la rencontre, la supériorité des Marseillais ne fit évidemment aucun doute, les Phocéens prirent, en effet, l'initiative des opérations dès le coup d'envoi et, grâce à leur technique infiniment plus poussée que celle de leurs adversaires, ils s'installèrent dans le camp adverse qu'ils ne devaient pratiquement plus quitter durant toute la durée de l'explication. Mais, en dépit de cette domination territoriale, Marseille, qui se montrait irrésistible au centre du terrain, ne parvenait pas à concrétiser sa forte à l'approche des buts de Fontainebleau, où, dès le départ une masse important de joueurs fougueux au maillot jaune s'était rassemblée. On prit tout d'abord à la légère cette incapacité de marquer dans laquelle apparaissaient les avants marseillais, malgré le flot d'occasions favorables qui se présentait à eux, car on pensait logiquement que cette situation, en ne faisant apparaître qu'une seule équipe sur le terrain, de pouvait se prolonger éternellement et que, d'autre part, les professionnels allaient prendre au tableau d'affichage une avance qui ne se ferait immanquablement que s'amplifier au fil des minutes. Fontainebleau marque. Or, à la 25me minute de jeu Fontainebleau, qui jusqu'à là ne s'étaient pas départi d'une défense extrêmement serrée, contre-attaqua par l'intermédiaire de son ailier droit. Celui-ci réussit à centrer au terme d'une longue course, et ce centre fut maladroitement intercepté par Johansson, qui contrôla le ballon avec le bras : c'était le penalty, difficilement contestable que l'avant-centre Delediec transforma sans coup férir. Du coup, la situation était complètement renversée. Marseille, le meneur de jeu, était bel et bien mené à la marque. On se trouvait alors en présence d'une physionomie de jeu qui n'a rien d'inédit en cette circonstance et qui aboutit à ce que le plus faible sur le stade parvienne au prix d'un courage qui frise l'héroïsme, et aussi, il faut en convenir, d'une part indéniable de chance, à tenir tête à celui qui normalement, ne devrait faire qu'une bouchée de lui. Ainsi vit-on par la suite Fontainebleau resserrer de plus en plus sa défense et Marseille piétiner voir s'énerver dès qu'il approchait de la cage ou le jeune gardien Lefebvre montait une garde vigilante. L'O.M. change tactique Ceci devenait d'autant plus sérieux qu'après avoir conservé son avantage jusqu'au repos, ce qui constituait déjà pour lui une très brillante performance, Fontainebleau résistait avec une farouche énergie à tous les coups de butoir qui lui portait son rival. |
Les minutes s'écoulaient, Marseille changeait constamment de tactique afin de prendre adversaire en défaut. Johansson passait à l'attaque en désespoir de cause et cependant Fontainebleau conserver toujours intacte son avance à la marque. Mesas marque L'entraîneur marseillais Robin commençait à désespérer lorsque Jensen, qui s'avéra, hier, comme l'un des meilleurs avant marseillais, effectua un rapide débordement sur la droite, le long renversement de jeu qu'il fit ainsi fut récupéré par Curyl, à l'autre aile, lequel centra aussitôt au milieu d'un paquet de joueurs et sur un terrain rendu très mauvais par une pluie persistante, Mesas au prix d'une belle détente, parvenait à reprendre la balle et le goal de Fontainebleau devait enfin s'incliner. Nous en étions alors à la 84me minute de jeu, Marseille avait eu chaud. Il ne faisait, en effet, aucun doute qu'après avoir réussi ce but égalisateur les Marseillais n'auraient plus beaucoup de peine à s'imposer. Le penalty Andersson Effectivement, Fontainebleau fut désespéré par ce point qui faisait s'envoler ses plus beaux rêves. Deux minutes plus tard, une situation critique au plus haut point se déroulait devant ses buts : l'arrière central Sorel se voyant battu de trouvait d'autres ressources que de ceinturé Curyl, c'était une fois encore un penalty indiscutable qu'Andersson transforma. Marseille avait enfin gagné ce match qu'en d'autres circonstances il eut enlevé par une marge très importante. Mais il avait eu bien chaud. Chez les Marseillais on ne peut trouver personne qui n'ait abattu sa besogne sans conscience mais néanmoins toute l'équipe sembla habitée par un excès de confiance initiale qui faillit leur être fatal. Jensen, Curyl et Chicha en attaque, bien que le dernier nommé fut diminué par une blessure subie en première mi-temps, et Mesas, chez les demis, ainsi que Johansson, en défense, furent les plus en vue de la formation marseillaise. À Fontainebleau, où l'arrière central Sorel et le gardien Lefebvre accomplir de véritable miracle, aucune individualité n'est à ressortir, mais toute l'équipe se battit avec un cran admirable et l'on sait qu'il s'en fallut de très peu pour que cette façon de se défendre ne se traduise par une performance inespérée. |
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A quatre minutes de la fin Andersson marque sur penalty |
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Les installations du stade de l'Aube sont assez clairsemées lorsque débute le match, cependant on remarque dans la tribune la présence d'une centaine de supporters de Fontainebleau qui ont apporté avec eux les traditionnels accessoires d'encouragement : trompettes, cloches, haut-parleurs, etc... Les équipes se présentent dans les formations suivantes : O.M. : Predal, Gransart, Palluch, Molla, Johansson, Mesas, Jensen, Chicha, Andersson, Mercurio et Curyl. Fontainebleau : Lefebvre, Couanault, Houvre, Ranzoni, Sorel, Mellières, Mateblen, Fautre, Deledick, Roux, Gallivran. Marseille attaque dès le coup d'envoi et à la 2me minute un tir de Chicha est détourné en corner. On enregistre aussitôt un tir plongeant de Mercurio puis, une minute plus tard, un centre de Jensen se traduit par un nouveau corner à l'actif des Marseillais. Sur celui-ci la situation est fort confuse pour les amateurs et le goal bellifontain doit concéder un autre corner. En foulées rapides, Mercurio échappe à la garde de son adversaire direct et tire en force. La balle passe de très peu au-dessus de la transversale. Sur une belle action de Chicha, Curyl botte dans sa foulée et le goal Lefebvre doit à nouveau détourner en corner. À la 25me minute, Fontainebleau, qui jusque-là n'a pratiquement pas dépassé le centre du terrain, s'échappe par l'intermédiaire de son ailier droit Mateblen ; celui-ci centre à mi-hauteur et voulant intercepter le ballon Johansson le touche involontairement de la main. C'est un penalty qui est transformé brillamment par Deleciq. Surpris par ce but les Marseillais redoublent leurs efforts et leur domination est plus que jamais flagrante. Mesas, qui se portent souvent à l'attaque, tente le but de la tête sur centre de Jensen. Puis c'est au tour de Molla de shooter vers les bois. On note aussitôt un beau centre-tir de Curyl qui est détourné en corner : puis Andersson sans grande conviction tire au-dessus. |
Le repos survient après que Chicha ait été assez sérieusement touché et sans que Marseille, en dépit d'un forcing de plus en plus accéléré ne parvienne à égaliser. Le second acte est reflété, dès les premiers échanges de balle, par une défense de plus en plus groupée de Fontainebleau qui tient à tout prix à conserver son avantage, et par des efforts incessants marseillais qui se livre à corps perdu afin de renverser la situation. Mesas redouble d'activité et l'une de ses percées permet à Jensen de tirer fortement. Puis, c'est un centre tir de Molla qui demeure sans effet. Curyl s'échappe à son tour et cela se solde par un nouveau corner à l'actif de l'O.M. À noter que pour sa part, Fontainebleau mène des raids très dangereux et, à ce propos, le gardien marseillais Predal doit effectuer d'audacieuses sorties pour parer au danger. Gransart, l'arrière phocéen vient à la rescousse prêter main-forte à ses collègues de l'attaque, mais deux de ses shoots demeurent sans effet. Sur la réplique marseillaise doit concéder deux corners, ce qui montre bien que les amateurs ne s'avouent pas vaincus. En commence à envisager une défaite des Marseillais, bien que les tirs de Curyl, de Mercurio, de Jensen et de Andersson aient donné le frisson aux supporters de Fontainebleau lorsque Jensen réussit une magnifique percée qui se traduit par un centre vers Curyl, lequel ouvre aussitôt au centre ou se trouve posté Mesas. De la tête, le demi-gauche marseillais obtient l'égalisation. Fontainebleau ne se fait plus d'illusions à partir de cet instant et deux minutes plus tard, Andersson sur penalty justifié par une faute de l'arrière central Sorel sur Curyl marque le but vainqueur. La recette s'est élevé à 577.095 francs pour 2.196 spectateurs. |
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PROPOS DES VESTIAIRES |
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Jean Robin... a tremblé |
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Dans les vestiaires, les Marseillais portent les traits des efforts auxquels ils ont dû se livrer pour obtenir la victoire, et l'on discerne également sur le visage l'angoisse de la défaite qui les a étreints jusqu'à la 84me minute de ce match, dont ils se souviendront certes longtemps. Entraîneur Robin avoue sincèrement que son équipe a eu chaud et qu'elle était à deux doigts de l'élimination. "Cela va beaucoup mieux qu'il y a dix minutes, disait-il au journaliste qui l'entourait. J'en tremble encore, et je ne serai pas dire c'est le froid ou bien la peur qui en sont la cause. "Évidemment sur l'ensemble du match nous méritions à mon avis de gagner haut la main. Mais nos joueurs qui furent excellents à la construction, ont fait preuve d'une invraisemblable faiblesse à l'approche des buts adverses. "Fontainebleau à jouer le match de sa vie. Certains de ces éléments sont excellents, et je n'aurais jamais pensé que cette équipe nous eut donné" autant de fil à retordre". Éric Jensen, cet ex-Troyen qui fut l'un des meilleurs joueurs sur le stade, était pour sa part très entourée. Pour lui la difficulté rencontrée par son équipe devant un adversaire aux références aussi modestes, provenait surtout du mauvais état du terrain, qui, il faut en convenir, était tout juste jouable en raison de la pluie qui ne cessa pratiquement de tomber durant le match. |