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Résumé Le Provencal

du 30 septembre 1957

  

Quatre points en sept matches !

la "série noire"

prend des proportions inquiétantes (seizième place)

Nouvelle défaite de l'O.M.

SOCHAUX TRIOMPHE NETTEMENT (3-0) EN OFFRANT

UNE LECON de JEU COLLECTIF

L'O.M. débuta énergiquement manqua sa chance

puis fut mis k.o. par MILLE (39e et 48e minutes)

On attendait beaucoup de monde, hier au Stade-Vélodrome, à l'occasion de la venue du Football Club de Sochaux. Beaucoup plus, en tout cas que les 13.706 personnes qui assurèrent à la rencontre une recette de 3.609.780 Fr.

Partagée entre le désir de profiter de ses fins extra footballistique une véritable journée d'été et celui de suivre la lutte homérique que livrent les olympiens pour se sortir de l'ornière, les Marseillais n'ont finalement pas répondu à l'appel du trésorier de la place Félix Barek.

SOCHAUX en difficulté

La partie vient de commencer quand Jean-Jacques Marcel, mis à contribution, se trouve à point nommé pour dégager une balle ratée par Gransart.

L'O.M. débute pourtant de façon prometteuse : Curyl s'infiltre dans la défense doubiste, oblige Bertelsmebs à sortir pour capter son centre (2'). Puis Rustichelli manque (4') une reprise du gauche avant de placer (7') un centre que Vescovali ne peut reprendre.

Si à la 9me minute Albertin tente sa chance, il est fait de loin et avec précipitation et à la 11me minute R. Tellechea n'a d'autre ressource que de fauché l'avant-centre phocéen.

Tandis que le publique réclame le penalty, M. Becret donne coup franc à la limite.

Scotti le botte superbement, Marcel reprend mais le goal doubiste renvoie sur Mercurio dont le shoot court sur la barre.

Sochaux à trembler !

Les locaux se font pressants et pour un essai manqué d'un rien par Stopyra (Johansson éloigne à la 19me minute une balle qui roule sur la ligne) on note successivement une belle ouverture de Rustichelli sur Vescovali (16') une action dangereuse de Jensen (21') une reprise à côté de Mercurio (22'), un tir de Rustichelli, imprécis (25').

Coup franc de MILLE : but

A la 28me minute, on assiste à la 1re montée offensive de Marcel. Mercurio "double" immédiatement le Brignolais. Stopyra en profitent pour contre attaquer. Mais son shoot laisse Domingo en paix.

Sochaux, au fil des minutes, desserre l'étreinte : c'est d'abord Brodd qui échoue de peu (36'), puis Albertin (38').

À la 39me, Johansson se rend coupable d'une faute sur Gardien.

Mille, des 22 mètres, prend son élan, frappe la balle avec violence. Elle passe au-dessus du mur et surprend Domingo masqué.

Sochaux : 1 - O.M. : 0.

Et la mi-temps survient après deux tentatives de Brodd et d'Albertin.

Domingo encore surpris

Le jeu reprend de façon catastrophique pour les "blancs" qui, acculés dans leurs derniers retranchements, ne parviennent pas à se donner du champ.

À la 48me minute, alors que la défense marseillaise et sur les boulets, Mille, de loin, déclencha un bolide. La balle heurte le haut du poteau et bat Domingo, surpris par la trajectoire.

Sochaux : 2 - O.M. : 0.

Libéré, les visiteurs font alors la démonstration, celle-ci étant tout juste contrariée par une deuxième montée offensive de Marcel (65') et la présence Scotti dans la ligne d'attaque.

L'O.M. est en plein désarroi et à la 72me minute, par exemple, Stopyra en position de shoot a Vescovali (lui aussi ailier droit) pour adversaire direct.

BOURDONCLE ferme le score

Pris de vitesse, figés, découragés, les Méditerranéens hésitent à attaquer leurs adversaires quand ceux-ci sont maîtres d'eux et du ballon.

À la 74me minute, Bourdoncle, de 30 mètres, déclencha un tir croisé qui laisse Domingo sans défense malgré un plongeon.

Sochaux : 3 - O.M. : 0.

La cause est entendue et si un tir de Jensen (89') repoussé par le poteau, donne lieu à une scène épique devant Barthelmebs, les choses en restent là : Marseille comme on s'y attendait, a perdu un match qu'il fallait gagner.

Georges LEOST

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Et pourtant, les Boutons d'Or

n'étaient pas éclos !

LES mots sont plus profonds que nous l'avions tout d'abord cru. Il semble ne plus y avoir de médecine valable pour arracher ce onze moribonds à son destin. Le cas parait davantage relever de cette bonne vieille chirurgie dont les arguments, sous la forme de bistouris, ont des pouvoirs souverains.

Nous ne sommes pas excessif, mais il est impensable d'envisager un redressement de cette équipe olympienne dans l'immédiat. Elle n'a ni les moyens techniques, ni les moyens physiques, ni le punch, ni l'audace, pour parvenir à sortir d'une impasse qui ressemble déjà à un chemin de croix.

Des excuses ? L'entraîneur et ses joueurs n'en cherchent plus. D'ailleurs il n'y en a point. Des explications ? Il n'y en a pas trop. Et la plus grave nous paraît tenir dans ce coupable renoncement, dicté peut-être par l'impuissance, mais qui prouve que l'ensemble olympien est gangrené. Il n'a jamais été dans les traditions de cette équipe, de ce club, d'abandonner la lutte dès le premier point. Nous n'avons jamais vu, ici, le onze marseillais accepter le sort dans ce climat de résignation, sans se cabrer, ne serait-ce que pour la frime.

Les mots sont plus profonds, disons-nous, car l'équipe est sévèrement atteinte, aussi bien dans ses muscles que dans son âme. Il semble qu'un mauvais berger ait réussi, malgré la présence des apôtres, à porter la néfaste parole et atteint le coeur même de cette équipe, désormais sans foi.

Les résultats importent peut quand, négatifs, ils sont le fait de la malchance ou d'un manque de réussite. Leurs conséquences deviennent dramatiques pour l'avenir, quand à travers la défaite se profilent le spectre du désintéressement et les fantômes de l'incapacité.

La punition que le F.C. de Sochaux a infligé hier à l'O.M. avait d'autres destinataires que les onze gars qui matérialisaient hier sur la pelouse, la raison sociale du club. Un club dont la claire devise est aujourd'hui bafouée par le jeu des luttes intestines qui occupent ses dirigeants. L'ensemble vient d'en haut.

Or donc, les Sochaliens ont profité hier d'une situation dont on ne voit pas encore le bout. Ce qu'on fait les Doubistes n'avait rien d'exceptionnel, ils ont cependant joué un football d'autant plus agréable et bien conduit qu'en regard l'adversaire ne les occupa que d'une manière légère et peu appliquée.

La différence était toutefois sensible. Mais Sochaux, par exemple, ne nous a pas fait autant l'impression que Lyon. On peut écrire que les "boutons d'or" n'étaient pas tout à fait éclos !

A l'O.M., on a remarqué la prudente position de Marcel, mais en vérité, un seul homme peut laisser partir le convoi des critiques sans y accrocher. C'est Stan Curyl, dont les notions footballistique restent intactes au milieu de cette classe où les recalés sont nombreux.

"Nous ne gagnerons plus un match", avons-nous entendu dans les vestiaires.

Pour voilà qui est rassurant.

C'est une manière comme une autre de préparer ce que l'on appela un temps : "Les lendemains qui chantent".

Lucien D'APO

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WARTEL : "Une équipe marseillaise inconsistante"

RUSTICHELLI : "Vivement le retour de GUNNAR"

À notre connaissance, c'est bien la première fois que nous entendons l'entraîneur d'une équipe qui joue et gagne à l'extérieur sermonner d'importance ses onze poulains.

En effet, hier après-midi, le coach de Sochaux, Gaby Dormoy au lieu de féliciter ses boys à leur entrée aux vestiaires s'empressa au contraire, de les tancer vertement.

"Comment, leur dit-il vous d'ordinaire si rapides, avez-vous pu ralentir votre jeu au cours de la seconde mi-temps ? Je ne m'explique nullement cette façon d'opérer à "l'économie". D'ailleurs devant une équipe plus forte que celle de Marseille (ce n'est pas gentil mais mérité pour l'O.M.) vous risquiez d'être battu par des contre-attaques".

Puis il ajouta pour clore cette semonce :

"J'ai beaucoup plus prisé votre manière directe face, dimanche dernier à Saint-Étienne, qu'aujourd'hui devant l'O.M.".

On peut se demander après cela ce qu'il devait advenir de l'O.M. si Sochaux avait été aussi fort au Stade Vélodrome que précédemment au Stade Guichard...

Quoi qu'il en soit, le directeur sportif des Doubistes, Wartel, en concurrence, partageait entièrement le point de vue de l'entraîneur :

"On a gagné facilement, avouait-il, mais ils (les joueurs) ont trop monopolisé la balle. En somme, ils ont évolué comme à l'entraînement (sic).

"Quant à l'équipe de l'O.M. poursuivit Wartel, ex-entraîneur des Olympiens, rappelons-le en passant, elle est vraiment inconsistante.

"L'attaque perd trop souvent la balle, je n'ai pas vu les avants blancs faire trois passes de suite et cela met en difficulté, non seulement la ligne médiane mais encore la défense".

Le jugement de Dormois et de Wartel, on le voit, sont sévères.

Cependant, on ne peut pas dire qu'ils ne reflètent pas l'expression de la vérité.

L'O.M. accablé...

Si les vestiaires Sochaliens étaient, somme toute, assez calme, malgré la victoire, ceux de l'O.M. eux, reflétaient l'abattement le plus complet.

Des dirigeants à l'entraîneur en passant, bien entendu par les joueurs, tous, disons-nous, ne s'expliquaient pas encore ce cuisant revers.

Pour Robin, Sochaux avait bénéficié du maximum de réussite. "Ah ! nous déclara-t-il, si Rustichelli marque au début tout pouvait changer. Mais voilà il a été victime d'un croc-en-jambe et ce croc-en-jambe ne nous a rien apporter à l'inverse de celui de Johansson sur Gardien.

"De plus, les trois buts de nos adversaires ont été assez chanceux. Néanmoins je reconnais loyalement que Sochaux, hier, était le plus fort.

... et Rustichelli

n'est pas à l'aise au centre !

Mais le plus ému encore était Rustichelli. Le leader de l'attaque phocéenne effectivement ne comprenait pas du tout ce qu'il lui arrivait.

Il y a cinq ans que je n'ai plus opéré d'une manière continue au poste d'avant-centre. J'ai évidemment perdu le rythme. D'ailleurs, je préfère de beaucoup jouer à l'aile.

"Aussi, j'espère que la rentrée d'Andersson est proche".

Rustichelli ne se trompe pas beaucoup, sur ce point particulier, puisque Gunnar, on pourra le lire dans les colonnes, compte reprendre du service d'ici peu.

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STAN CURYL

seul olympien sans reproche

En dehors d'un forcing des plus méritoires qui dura toute la première demi-heure de la rencontre, l'O.M. a subi la loi des Sochaliens qui résistèrent avec calme à l'orage puis prirent délibérément la direction des opérations.

Certaines périodes donnèrent même une impression de malaise aux spectateurs, tant les Sochaliens semblaient se jouer de leurs adversaires, se passant la balle de l'un à l'autre sans que les locaux puissent même effleurer...

Donc victoire collective avant tout, mais aussi supériorité technique individuelle.

Dans ces conditions l'O.M. ne pouvait gagner ce match quand réussissant un k.o. au cours de la première demi-heure.

Si l'on juge les Marseillais on n'accordera le satisfecit qu'à Stan Curyl, l'élément le plus dangereux le plus constant de l'équipe souvent délaissé et dont la foule scandait le nom pour inciter ses coéquipiers à jouer sur lui. Mais ses efforts étaient trop mal soutenus pour qu'ils aboutissent

Marcel Domingo n'était pas dans un bon jour, et il ne fut pas heureux non plus. Il commit une erreur d'appréciation sur le tir lointain de Mille qu'il crut dehors, et fut surpris, trop avancé par le shoot de Bourdoncle qui fut le troisième but. Un off-day !

Gransart, Johansson et Mesas furent souvent mis hors de position par les rapides et remuants attaquants sochaliens. De plus leurs renvois furent souvent dirigés en touche... ou sur des adversaires.

Marcel, nous l'écrivons par ailleurs, joua blessé et ne se départit pas d'un rôle strictement défensif, ne se permettant que deux montées offensives qui faillirent aboutir. Scotti participa à la flambée olympienne du début mais ne joua pas son rôle habituel sans doute en raison de la précision des passes Doubistes. Il essaya vainement de s'intégrer à l'attaque en fin de match.

Jensen, lui aussi eut un début prometteur, mais il s'éteignit par la suite et on ne le vit pratiquement pas en deuxième mi-temps, malgré un tir sur le poteau en fin de match.

Mercurio, à son habitude, travailla beaucoup, réussi en début de match de bonnes passes en profondeur, sans parvenir à dominer le débat.

Le petit Mario Vescovali ne réussit jamais à percer franchement la défense adverse, ne parvenant qu'à centrer. La tâche d'un jeune est ingrate dans une équipe où rien ne va !

Enfin, Rustichelli alterna le meilleur et le pire. À côté de départs emballants, que de passes à l'adversaires ! Il passa une fois Tellechea, mais fut fauché par celui-ci.

On voit qu'en dehors d'une première demi-heure où chacun "mit le paquet" les actions olympiennes furent spasmodiques comme si les équipiers avaient jeté toutes leurs ressources dans cet effort initial...

Rien de pareil à Sochaux où l'on sut résister à l'orage, puis prendre progressivement le meilleur...

Le gardien Barthelmels fut le héros de la première période où il réussit de très bons arrêts. Il ne commit pratiquement aucune faute.

L'internationale Jo Tellechea fut évidemment l'animateur de la défense, mais c'est deux jeunes coéquipiers Maziman et Lubrano sont de beaux défenseurs, déterminés, adroits, bien inspirés.

Raphaël Tellechea, fut le demi régulier et précieux que nous connaissons depuis longtemps, tandis que Mille, son compère, déclenchait de plus un extraordinaire tir sur coup franc à la limite, puis connaissait une surprenante réussite technique en obtenant un second but, de trente mètres dans la lucarne.

La ligne d'avants contrairement à celle de l'O.M., confectionna un excellent football de mouvements, rapide et précis. L'avant-centre Bourdoncle souvent en retrait ; Brodd, grand pourvoyeur, malheureuse dans ses tirs ; Gardien, intérieur de pointe ; Albertin rapide, incisif, et la flèche Stopyra donnèrent aux olympiens une leçon de football moderne...

Donc victoire du jeu collectif sur les efforts individuels souvent désordonnés, victoire du football de déviation sur le jeu statique et sans doute victoire indéniable de la jeunesse et de... la vitesse d'exécution...

Louis DUPIC

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J.J. MARCEL : "Nous étions les moins forts"

Jean-Jacques Marcel, remontait le dernier du tunnel, un pied chaussé et l'autre nu, marchant avec difficulté, soutenu par Jean Ravel.

Après qu'il ait prit la douche, il devait nous parler en termes désabusés...

"Il n'y a pas de crise à l'O.M., il n'y a pas de clan... C'est à n'y rien comprendre. Rien ne nous réussit plus. On ne marque pas alors qu'on devrait scorer, et on prend des buts impossibles... Je crois, qu'en réalité nous sommes moins forts que nos adversaires, voilà tout. Les anciens n'ont plus le coup de rein... Nos efforts sont individuels et spasmodiques. Nous n'arrivons pas à nous trouver sur le terrain et à réussir quelque chose de lié. Tous les clubs font des progrès, il y a maintenant beaucoup de bonnes équipes, pratiquant un bon jeu collectif. Je ne pense pas que nous soyons individuellement inférieurs à nos adversaires, mais c'est bien cela, nous n'arrivons pas à former une équipe qui tourne..."

Répondant à une question posée au sujet de sa tenue personnelle, l'ex-capitaine olympien nous répondit :

"Maintenant après toutes les critiques qui ont plu sur moi, je fais mon travail est uniquement au travail, puisque mes efforts sont, semble-t-il improductif ! J'ai conscience de n'avoir pas commis de faute malgré "une jambe de bois", mais je ne comprends pas pourquoi ce qui est bon pour l'équipe de France est mauvais pour mon club... On verra bien ce qu'il est préférable !"

Il est évident que Jean-Jacques ne confina dans un rôle défensif, ne me ne se permettant que deux montées offensives qui d'ailleurs faillirent aboutir !

 

 

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