Résumé Le Provencal du 21 octobre 1957 |
APRES DEUX MOIS DE COMPETITION, LE ONZE MARSEILLAIS N'A PAS ENCORE REUSSI A GAGNE UN MATCH SUR SON TERRAIN 3 buts à 1 NIMES A NETTEMENT BATTU L'O.M. |
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L'AVENIR n'est pas rose... |
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Voici donc l'O.M. rejoint au classement (16e place) par... le F.C. Metz, et avec un seul club plus mal loti : l'A.S. Béziers ! Espérant que les malades mettront à profit la trêve instituée par le match Belgique - France de dimanche, souhaitant que tout continuera à être fait pour permettre d'enregistrer un redressement devenu indispensable. Mais constatons que le 1er novembre, il faudra se rendre à Monaco, et le 3 recevoir Béziers, qui ne s'incline jamais sans combattre, et que le 10 Saint-Étienne accueillera les Phocéens. Ajoutuez à cela la réception de Nice (17 novembre), puis le dur périple de Lens (huit jours plus tard) et vous aurez un aperçu de la tâche imposer ax Olympiens. D'autant que, de contre-performance en contre-performance, les "blancs" ont pris conscience de leur modeste valeur. Sans doute avaient-ils hier des circonstances atténuantes. Mais on ne décèle aucun remède, et ce c'est là que la chose devient grave. |
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L'O.M. part en trombe, ouvre la marque mais, rejoint, s'écroule et s'incline |
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Bien que compréhensif (il savait que mal avait eu Jean Robin à grouper onze joueurs) le public marseillais accueillit avec des "mouvements divers" la composition du team olympien : Predal ; Gransart et Ramon ; Marcel, Johansson et Bruneton ; Vescovali, Scotti, Mesas, Alauzun et Mercurio. VESCOVALI mystifie ROZAK. C'est Nîmes (culottes rouges et maillots blancs, l'O.M. opérant en bleu) qui engage et Lafont descend pour donner à Rahis une balle qui reste sans danger pour Marseille. Mais les locaux, conscients du handicap qu'ils ont à surmonter, avec grippés et convalescents, jettent toutes leurs forces dans la bagarre et Bruneton, mis en confiance par deux ou trois interventions réussies, manifeste son talent pour la plus grande joie des présents. À la 7e minute, Salaber tire le premier corner de la partie, mais sans surprendre Predal, qui cueille facilement la balle. L'O.M. se dépense sans compter et à la 8e minute, Rozak a besoin de toute sa grande taille (ce n'est pas un vain mot) pour faire échec à un heading du néo-phocéen Alunzun. À la 10e minute, Mesas, de sa position d'avant-centre alerte sur la droite, Vescovali. Le jeune Corse se lance dans l'espace libre, prend Venturi de vitesse et attire Rozac. Le goal gardois plonge mais d'un maître shoot, Vescovali glisse la balle sous le ventre de l'immense ardennais, ouvrant la marque. O.M. 1 - Nîmes 0. RAHIS rétablit l'équilibre Stimulé par cet exploit, les poulains de Robin redoublent d'ardeur et à la 12e minute on note une spectaculaire combinaison Marcel - Scotti terminée par une sortie en touche. Nîmes sent pourtant le danger. Rahis shoot trop haut (13e minute), puis Mazzouz rate la reprise d'un centre de Venturi (18e) et Skiba loupe également l'objectif (23e) à la suite d'une erreur de Johansson. À la 27e minute, alors que la défense locale n'a pas eu le temps de se regrouper à l'issue d'une attaque collective, Akesbi lance astucieusement Rahis qui part à toute allure et égalise malgré une sortie de Predal. O.M. 1 - Nîmes 1. |
Sur la remise en jeu, Vescovali dévale et botte dans sa foulée, la balle prend la direction du but, mais Rozak se détend et détourné in extremis en corner. Les Nîmois, remis en selle prennent petit à petit la direction des opérations : à la 31e minute, Barlaguet dribble deux adversaires... et shoote à côté ; à la 37e, Rabih voit le ballon renvoyé.. par la jambe de Marcel ; à la 43e le même Rahis paraît devoir s'emparer de la balle mais il la laisse sortir... On relève bien une percée de Scotti (41e) et un shoot à côté d'Alauzun mais visiblement les Phocéens commencent à peiner. Deux buts en une minute En seconde mi-temps c'est impression prend plus de signification au fil des minutes. Schwagner manque d'abord de précision (48e minute), puis Akesbi oblige Predal à se coucher sur une balle décochée de 30 mètres (52e). Mais si Rozak doit intervenir sur coup franc de Vescovali (55e) il le fait en toute quiétude. À la 56e minute, l'O.M. concède deux corners consécutifs ; à la 66e minute, Marcel dégage à l'ultime instant un centre de Salaber échappé au sprint. C'est ainsi qu'à la 68e minute Mazzouz tente sa chance et glisse le ballon hors de portée de Predal. O.M. 1 - Nîmes 2. Une minute plus tard, Skiba de la tête, prolongea trajectoire de la balle jusqu'à Akesbi, qui obtient un nouveau but : O.M. 1 - Nîmes 3. En 60 secondes les Marseillais ont perdu le bénéfice d'une défense héroïque et Nîmes manque de peu d'aggraver la note : Mazzouz place un bolide à côté 80e puis une reprise au-dessus (82e) ; Akesbi échoue d'un rien devant Marcel (83e), Rihis décoche une tête... sur le poteau (84e) et Salaber est dépossédé du ballon par un audacieux plongeon de Predal (89e). Le match est fini : la conclusion est logique. Douloureusement logique pour les locaux... Georges LEOST |
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ON CONTINUE... |
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À Angers on s'était pris à croire en un avenir plus rassurant. Dans la lanterne des espoirs de l'O.M., la flamme était redevenue plus haute. Le souffle nîmois, huit jours après, vient de la raccourcir. Les parfums de victoire, décidément, ne circulent pas dans les courants d'air du Stade-Vélodrome. La première mi-temps avait pourtant quelques charmes. Les Nîmois, dans l'expectative, cachant leur jeu, limitaient leurs entreprises face au vent. Les Marseillais, dont le jeu sombrait quelquefois dans les lieux communs du petit football de championnat, opposaient néanmoins à leurs adversaires la vaillance des gens qui luttent pour ne pas mourir. Nous étions parvenus. Cette équipe marseillaise, déjà si fragile à son état naturel, s'alignait dans une curieuse mais fatale formation. De plus ses plus solides piliers avaient eu dans le courant de la semaine les inquiétantes révélations du thermomètre, exercice peu recommandable à des sportifs en mal de succès. Si bien qu'à la mi-temps, l'ensemble avait tout donné, à peu près, de ce qu'il possédait comme capital forces. Par une curieuse coïncidence, le onze nîmois, plus chaud, plus habile, prenait délibérément initiative des opérations, et ce qui devait arriver arriva. L'O.M. écopa de deux buts décisifs aussi bien construits que réalisés. La seconde mi-temps ne vit donc qu'une équipe sur le terrain. Les Nîmois, vifs, meilleurs footballeurs, purifiaient de leur mieux un jeu qui, pour être plaisant, n'avait pas été jusque-là très académique. Devant la léthargie dans laquelle le team phocéen était plongé, en regard de son impuissance caractérisée, il était tout naturel que Nîmes créât alors une nouvelle formule de jeu. Ces attaques se déclenchèrent toutes droites, l'ensemble poussant l'adversaire dans une zone très rapprochée du but. Bloqués dans leurs dix-huit mètres, les Marseillais durent alors subirent l'emprise d'une ligne d'attaque qui se débarrassa de sa discrétion du début. Et c'est ainsi que Mazzouz et Akesbi vinrent compléter la marque nîmoise que Rahis avait ouverte de maîtresse manière. Un but "adroit" de Vescovali avait été l'unique réplique. Le football cohérent des "Crocodiles" nous a plu. Rien de très académique, nous l'avons dit, mais du travail raisonnable, une certaine sûreté, et surtout la continuité dans l'effort. Avec Laffont, qui eut la partie facile, Rahis a probablement été le joueur le plus efficace et le plus entreprenant. La surpuissance de cet ailier de feu est une arme qu'à vrai dire ses coéquipiers n'utilisent pas à plein. Akesbi fit quelques jolies choses, Skiba retarda les mouvements qui auraient pu avoir une meilleure fin. Schwager, Salaber, Barlaguet mérite une mention. Betttache, plus sage, améliore sa technique. Mazzouz a été touché, Venturi et Rosak ne se sont pas mis en évidence... et pour cause. BRUNETON... enfin un ! Le goût nous manque de critiquer l'équipe marseillaise. Le stade de la critique sportif nous semble dépassé. Elle inspire maintenant plus de pitié que de dépit ou de colère. Elle est ballottée au milieu d'un océan de désillusions, de faiblesses et de déconvenues. Mais néanmoins, on se demande, non sans effroi, ce qu'il va advenir d'une équipe dont les tares ne sont pas de celles qui disparaissent du jour au lendemain... Quand Scotti dit "Nous sommes à notre place, nous ne valons pas mieux que la place de 16me que nous occupons". Il établit un dramatique diagnostic. C'est exact. Le talent est absent : les moyens sont extrêmement limités. ... Et Alauzun n'a pas été le baume dont cette équipe avait besoin pour apaiser ses maux. On veut espérer qu'il ne s'améliorera. Par contre, il y en a au moins un qui, dans cette revue d'effectifs, a conquis d'emblée tout le monde. Car Bruneton s'est remarquablement comporté. Sa manière et directe, sa clairvoyance et son sens du jeu surprenant pour un gars de 18 ans. On pouvait penser au Scotti des débuts. Un footballeur de race. Il ne dérangera pas. Lucien D'APO |