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Résumé Le Provencal

du 25 novembre 1957

 

L'O.M. méconnaissable, s'incline à LENS

Les Marseillais ouvrent le score par Curyl mais Theo, Courtin

et Stievenard assurent finalement le net succès nordiste (3-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Georges LEOST)

LENS (Par téléphone) - Lens, alors que le train qui devait nous conduire à Lens, via Arras, trouait la brune patinée par un soleil timide, mais optimiste, nous pensâmes que le soleil qui nous avait boudé à notre départ de Marseille, allait, contre toute attente et malgré la gelée givrant l'herbe des prés, nous accueillir au stade Émile Bollaert. Il n'en fut rien, en réalité. Quand, en effet, les équipes du Racing club de Lens juniors et d'Avion (la première battant la seconde par 6 buts à 2) quittent le terrain à l'issue d'un match de lever de rideau attrayant, le stade Bollaert, encadré par une rangée d'arbres cachant tout ce que le paysage à l'industriel, a sombré dans la grisaille : un brouillard pénétrant tombe sur le stade rappelant aux rares Marseillais présents que la Canebière et à plus de 1.000 kilomètres.

LENS s'affirme

Au coup de sifflet de M. Bois, c'est Lens qui engage et attaque par Stievenart, suivi d'un essai de Théo, ne surprenant personne. Lens se fait pressant, et à la 3ème minute, Stievenart donne, sans succès, le premier corner, concédé par Scotti. Les équipes s'observent, et, prudentes, évitent de se livrer encore que Domingo, en ce début de match, ait plus de travail que son vis-à-vis, Sowinski. L'O.M. pourtant se méfie, et, à la 7me minute, Rustichelli, sur passe de Marcel, tente sa chance mais manque le but. Les visiteurs, cependant, sont obligés d'accepter la loi de leurs adversaires à la volonté plus franche et au football plus assuré. À la 14me minute, alors que la balle voyage devant Domingo, Stievenart place à l'improviste un shoot terrible mais sans résultat.

La carte de visite de DOMINGO

Il y a 17 minutes, que l'on joue et les Artésiens cherchent toujours la faille dans le mur provençal, quand de loin et avec précision Théo décoche un boulet. Domingo attentif et sur, s'envole dans le coin est stoppe, arrachant au public des cris admiratifs. Peu après, l'Arlésien stoppe avec opportunité un centre de Stievenart destiné à Courtin. Le spectateur apprécie et le montre.

CURYL marque

Sur le renvoi, à la 21me minute, Andersson sert Curyl. Sowienki sort au-devant de l'aile gauche méridionale, puis bien que poursuivi par 2 Lensois, déclenche, avec calme, un tir précis qui donne l'avantage aux "blanc".

O.M. : 1 - Lens : 0.

La foule, sportive, applaudi

THEO égalise.

À la 23me minute, les vivats se sont à peine tus que Wisnieski échappe au sprint, dans la Théo une balle en or. L'inter nordiste, de près, trompe Domingo, qui tend vainement le bras et rétablit l'équilibre.

O.M. : 1 - Lens : 1.

Tout aussitôt, sur le 3me corner concédé par les Provençaux, Théo met Domingo en fâcheuse posture au moment où l'on remarque Kowal est passé ailier droit ; Wisnieski inter, Zymzack devenant arrière central et Placzek demi. Les Méditerranéens passent un mauvais quart d'heure et, à la 31me minute, Kowal, met fin à une offensive des "sang et or" par un heading qui rate l'objectif.

LENS prend l'avantage

A la 35me minute, Wisnieski, au prix d'une feinte spectaculaire, laisse le cuir à Théo, qui, sans attendre, alerte Courtin dont le tir de près à raison de l'opposition de Domingo.

O.M. : 1 - Lens : 2.

Les Marseillais accusent le coup et les Lensois en profitent pour dominer outrageusement, obligeant Domingo à manifester toujours ses qualités.

STIEVENARD confirme

Incapables de desserrer l'étreinte, l'O.M. accepte la supériorité nordiste et c'est tout naturellement à la 43e minute que Théo de la gauche, centre sur le crâne de Stievenart un ballon qu'il est Domingo pantois.

Lens : 3 - O.M. : 1.

Le jeu reprend alors que Johansson s'est intégré au quintette offensif marseillais. À la 52me minute, Rustichelli descend de l'aile, attire Sowinski, centre devant la cage vide, mais Fiori dégage.

Les locaux accusent un net passage à vide : tour à tour Andersson (53me minute), et Curyl (54me minute) essaient vainement de réduire l'écart. À la 56e minute, Lens se reprend et Wisnieski, dans sa foulée, place un tir sur lequel Domingo se couche avec à-propos alors que l'on pouvait craindre le pire. À la 69e minute, Scotti, sur un coup franc, donne en direction de Marcel, oblige Sowinski à sortir imprudemment de ses buts. Raspoutnik sauve encore, ce qui n'empêche pas les poulains de Michlowski, de dominer. Le jeu n'a plus le même intérêt. Lens affirmant, en chaque mouvement, sa supériorité et l'O.M. son impuissance, à mettre Sowienski à contribution sérieusement.

Marseille en profite et après Andersson (73me minute), Rustichelli sollicite, sans résultat le keeper nordiste. À la 79me minute, Rustichelli astucieusement lancé, sprinte avec tant de maladresse qu'il s'abat sans avoir été chargé. La foule anxieuse, respire... 5 minutes plus tard, Curyl botte en force et rate la cage adverse. Tandis que le soir tombe sur le stade, le match sombre, Lens, vivant sur son avance tandis que Marseille combat sans conviction, et par des moyens visiblement réduits. On note encore un tir derrière les filets de Stievenart (86me minute) un autre de Wisnieski heurtant la barre (88me minute) et un bolide de Théo que Domingo ne peut que renvoyer (89me minute) et c'est la fin dans l'indifférence générale.

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UN MATCH QUI DURA

45 MINUTES

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean PEYRACHE)

Lorsqu'à la 21me minute du match, Stan Curyl, adroitement servi au centre par Andersson, s'enfuit dans un espace libre et parvient à shooter victorieusement avant que Sowinski, sorti à sa rencontre, plonge dans les pieds, on se prit à imaginer sérieusement que l'O.M. avait pénétré sur la pelouse du stade Bollaert avec l'idée claire et nette d'en repartir nanti de deux points supplémentaires.

À parler franc, le R.C. Lens avait, jusqu'à la, dominé. Cet ensemble, réputé pour sa lenteur s'était permis de prendre l'O.M. de vitesse et menait les débats à sa guise, sans résultat tangible, et cela parce que les hommes aux maillots blancs s'étaient, semble-t-il, juré de sauver Domingo pour, naturellement se sauver eux-mêmes.

Avant le but de Curyl, l'O.M. avait, sans le moindre dégât, susi un ascendant qui se voulait définitif et qui ne donna aucun résultat correct au tableau d'affichage.

La réussite du petit ailier olympien sema, en quelque sorte, la stupeur dans le camp nordiste. La stupeur, mais non la terreur, car, vraiment, les "gueules noires", vêtu de sang et or et commandée par Hassouna, ne pouvaient pas être battues par l'O.M., au jeu désordonné, fait d'actions individuelles, que Roger Scotti avait beaucoup de peine à rassembler pour leur donner une apparence cohérente mais qui, dès que la balle quittait les pieds du demi droit, retrouvaient un aspect touchant au primaire.

Stupeur, oui, et surprise presque amusée dans les tribunes, car on ne pouvait pas se faire à l'idée, autour du rectangle vert du stade Émile Bollaert, que ce serait là le résultat final ou pire, pour le onze artésiens, que notre Curyl serait capable d'aggraver la punition infligée à Sowinski.

Voilà pourquoi deux minutes suffirent à Théo, revenu à la réalité, pour égaliser. L'inter nordiste profita, pour ce faire, d'un centre court venu de Wisnieski ; l'ailier international du cru, après avoir débordé Mesas, parvint jusqu'à la ligne des six mètres pour parachever, par une très intelligente passe en retrait à ce Théo - qui ne veut pas dire son propre nom parce qu'il est trop compliqué - son oeuvre préparatrice.

La stupeur était passée. Tout était normalement remise en question. On accordait au R.C. Lens sois le crédit d'un poursuiteur cycliste qui, fortuitement décollé par son adversaire, venait avant (bien avant) de refaire le terrain perdu et, tout à coup de rappeler que des deux, c'était lui le plus frais, le plus en ligne, le plus apte à placer un autre décisif démarrage.

Le coup de grâce

dès la 35e minute.

Cet autre démarrage fut à la 35e minute, sous la forme d'un travail obstiné de Wisnieski, devenu inter, par la suite de la blessure de Kowal.

La balle partie donc de Wineski vers Théo qui, en profondeur, sollicita Courtin. L'avant-centre ne rata pas l'occasion, cette occasion qui remit les choses à leur place, parce que le R.C. Lensois était, au moins ligne par ligne, sinon hommes par hommes, supérieur à son adversaire.

Menant par 2-1, les hommes de Hassouna respirèrent car, malgré les apparences, on ne sait jamais en football, surtout avec un opposant traditionnellement fantasque et qui vient de battre Nice, après avoir fait match nul à Saint-Étienne.

L'O.M. aussi accusa le coup, parce qu'il avait, un moment, trop espéré et c'est justement parce que cette espérance fut rapidement détruite que le 2me but Lensois fit, déjà, l'effet d'un coup de grâce.

Le troisième but, qui suivit 8 minutes plus tard, ne pouvait pas être inscrite parce que l'action de Wisnieski vers Théo sur l'aile gauche et le centre de Théo sur la tête de Stievenard auteur de ce troisième but, avait fait suite à un long, trop long, va-et-vient de balle dans la surface de but de l'O.M.

Puis ce fut le repos.

Après ? Il n'y eut plus de match, l'O.M. repris la lutte dans une curieuse formation qu'il comprenait Curyl à droite, Rustichelli au centre, Andersson à gauche, Johansson assommait dès la 10me minute sur un coup franc tiré par Stievenard devenait inter.

Le R.C. Lensois ne fit rien pour remédier à la pauvreté du jeu qui sombra dans une désespérante médiocrité et le score en resta à 3 à 1.

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"Les Lensois sont sévères pour l'O.M."

On n'était pas absolument satisfait dans les vestiaires Lensois après le match, et l'entraîneur Michlowski nous dit avec une brutale franchise :

"Mettons les vingt-deux joueurs dans un même sac et n'en parlons plus. Je sais que l'O.M. risque la descente en Deuxième Division et si ses équipiers n'opèrent pas avec plus de conviction, je les vois dans de mauvais draps".

Hassouna, capitaine de l'équipe nordiste, ne s'explique pas les raisons d'une telle décadence :

"Est-il possible, nous demanda-t-il, que l'O.M. soit tombé aussi bas ? Aujourd'hui, si nous avons si mal joué en deuxième mi-temps, c'est en grande partie à nos adversaires que nous le devons".

Quant à M. Vital-Lerat, président du R.C. Lens, il nous dit presque triomphalement :

"Si comme l'a écrit la presse, le comble de la lenteur pour une équipe, c'est de se faire prendre de vitesse par la mienne, aujourd'hui, l'O.M. a connu cette infortune".

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La blessure de Kowal

favorisera LENS

LENS - On peut bien dire que Lens a vaincu l'O.M. au moment ou tout paraissait se liguer contre lui. Expliquons-nous. Nous étions à la 21e minute du match et, sans bruit, pour ne pas éveiller l'attention générale, l'arrière central Lensois Kowal s'exila à l'aile droite. Le motif ? Il venait de ressentir à la cuisse gauche une vive douleur consécutive à une élongation mal guérie.

Winieski, promu inter, se trouva, ô miracle, sans surveillance puisque Mesas hésita sans doute entre la défense de zone et le marquage strict de l'adversaire direct qui lui était dévolu au départ.

L'international lensois profitant dès lors de la liberté toute relative, bien sûr, qui lui fut laissé, et nous le trouvâmes à la base de tous les mouvements offensifs de son équipe.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'O.M. fut victime, au stade Bollaert, de la mise à l'index du garde de corps d'Andersson.

 

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TOURNIER, SCOTTI, CURYL et DOMINGO

parmi les meilleurs

Très peu de joueurs olympiens échapperont, aujourd'hui, à la guillotine de la critique, tellement sont rares ceux exempt de tout reproche.

Dans les buts marseillais, Domingo accompli de façon impeccable le travail, parfois délicats que lui imposèrent les avants lensois. Battu à trois reprises, il ne peut être tenu pour responsable de ses issues fatales.

Devant lui, Gransart, après un début quelque peu hésitant, se repris au fil des minutes, à mesure que l'étreinte nordiste se relâchait.

Johansson apporta sa contribution au rendement de l'équipe avec son courage légendaire, dont il eut grandement besoin à partir de la 10me minute, moment où Stievenard le mis proprement k.o. sur coup franc.

Scotti, blessé, ouvra avec clairvoyance mais sans parvenir à faire pencher le plateau de la balance.

Molla fut moyen, sans doute. On l'avait vu davantage ces derniers dimanches.

En attaque, fiasco complet. Rustichelli, hors de conditions, n'entreprit que le minimum et il rata tout. À la 79e minute, en particulier, lancé superbement et seul, il échoua lamentablement, trébuchant à l'instant de déclencher un shoot que l'on ne vit jamais.

Marcel, beaucoup moins en évidence que contre Nice, n'émergea jamais. Mal inspiré, hors de position, il n'eut aucune action déterminante. Au centre, Andersson plaça, en tout et pour tout, un seul et unique tir à la minute 53. Sowinski qui n'eut pratiquement rien à faire, le détourna facilement.

Tournier, fidèle finalement, afficha le plus de constance. Tour à tour offensif et défensif, il n'est pas le puncheurs et l'on ne peut pas lui demander d'assurer un résultat à lui tout seul.

Curyl fut un des rares satisfactions de cette explication mais il est aiment noyé...

À Lens, Sowinsky chôma littéralement. Fiori, Kowal et Hassouna eurent les coudées franches tout comme Zymzack et Raspotnik.

Le quintette offensif assura l'intérêt de la rencontre. Wisnieski, Théo écourtant se signalèrent particulièrement.

L'ensemble eut, pourtant le tort de vivre sur son avance en seconde mi-temps. C'est humain certes mais dangereux.

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DOMINGO :

"ON LAISSE JOUER"

Silence de circonstances, hier, dans les vestiaires olympiens. À l'entrée, fixant le sol, comme pour se recueillir ou tenter de chasser de son esprit un cauchemar, M. Zaraya nous dit :

"La décision est juste. Nous aurions pu cependant, égaliser en seconde mi-temps. Rustichelli n'a eu absolument aucune influence dans le comportement de l'attaque, il a été en dessous de tout. C'est inadmissible. Un amateur eut sûrement mieux fait que lui. Il ne jouera pas dimanche".

Domingo sortant de la douche et répondant à notre question, déclara véhément : "Qu'a affirmé dimanche M. Paul Nicolas ? Qu'il y a au moins six joueurs hors de conditions. C'est vrai. On ne va pas sur la balle, on l'attend, on est ainsi battu dans la lutte pour sa possession. Dans tous les chocs on est en état d'infériorité. Sans doute, aucune équipe française n'aurait résisté à Lens en première mi-temps, mais ce n'est qu'une consolation gratuite".

Mesas qui fit ce qu'il put, eut ces simples mots : "Les avants ne gardent aucune balle. Comment réussir dans ces conditions à s'en sortir".

Jean Robin, houspillant l'un et l'autre dans la crainte de manquer le train du retour, concéda : "On a mal joué après la pause, alors que Lens confiant, se désintéressait, petit à petit du match, fort de son avance de deux buts.

Andersson, premier habillé ; pour respecter une tradition solidement établie, avoua : "Je comprends que Stan Curyl qui, a l'aile gauche, en veut, arrive à se décourager. Il est trop seul dans cette ligne d'attaque. On est battu dans l'attaque du ballon voilà une chose sur laquelle on n'insiste pas assez et qui est pourtant capitale".

Peu prolixe, souffrant visiblement de la cheville, Scotti laisse tomber : "Ce fut un match difficile, mais nous jouons décidément trop mal pour espérer mieux".

(Recueilli par Georges LEOST)

 

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