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Résumé Le Provencal

du 25 novembre 1957

 

L'O.M. ET VALENCIENNES A EGALITE (1-1)

Les Marseillais doivent partager les points malgré

un match extrêmement courageux...

...et la piètre exhibition du gardien nordiste

Valenciennes, l'Athènes du Nord ?

On s'y serait cru, hier à 15 heures, quand M. Barberan, réferee de cette O.M. - VA en donna le coup d'envoi.

Un temps nordiste : Brouillard et fraîcheur humide, n'avaient pu décider plus de 6.774 spectateurs (recette de 2.051.130 francs) à acquitter le droit d'entrée au stade Vel.

Mis dans des conditions rappelant ainsi le rude climat nordiste, les visiteurs engagèrent, s'opposèrent à une offensive prompte comme l'éclair de l'aile de poche Tournier - Curyl et partirent résolument souhaiter le bonjour à Marcel Domingo.

Une large ouverture destinée à Baulu était exploitée sans retard par le minuscule ailier, le Hollandais Van Rhijn, qui se ruait vers le keeper phocéen et décochait un shoot terrible, qui allait faire mouche, quand on vit le grand corps du sombre gardien s'abattre : deux mains largement ouvertes parachevèrent l'oeuvre.

SCHAEFFER perd la tête

et la balle : but !

Emoustillé, comme mis en appétit par cet avertissement gratuit, Andersson s'empara (6') du ballon, profitant d'un coup franc accordé à la suite d'un accrochage Cauwelier - Curyl. L'avant-centre méridional prend son élan, frappe : le "cuir" s'envole, porté par l'espoir de supporters. Mais la barre et sur sa trajectoire impitoyable, elle renvoie.

Voici mieux : à la 17me minute, Andersson alerte Vescovali, qui, prestement, lui rend la politesse. Schaeffer intervient sur le tir, ne peut contrôler et Marcel, à deux reprises, tente sa chance.

Ce n'est pas tout : Cauwelier pressé, sollicite son goal. Andersson surgit, catapulté par les encouragements de la foule. Trop tard mais d'un rien, d'un crampon...

N'empêche que la défense des "rouges et blancs" est aux abois : à la 23me minute, Vescovali, appliqué et obstiné, centre. Schaeffer démarre, bondit main tendue, planche touche la balle sans la maîtriser complètement et Curyl, opportuniste, utilisent ce "cadeau" pour ouvrir le score.

Sang-froid de Van RHIJN

égalisation

Les Valenciennois s'inquiètent : c'est d'abord un plongeon horizontal avec essai de heading signé Fouillen (29') et ensuite une montée de Chiarelli (32').

Fouillen, en pleine course intercepte une balle aérienne la rabat dans les pieds de Van Rhijn lancé. Johansson hésite, Domingo sort. Rien n'y fait : la balle frappée calmement termine sa course dans le coin des filets. Il y a 33 minutes que le chrono de M. Barberan a été déclenché.

Avant la mi-temps, on assiste à un intermède de haute intensité émotionnelle : Scotti botte un coup franc, une main valenciennoise pare au danger et sur le centre d'Andersson, Curyl place une tête qui échoue sur la barre. Quand le jeu reprend (M. Barberan en regagnant les vestiaires sous les huées a permis de remarquer qu'il y a 'l'affaire de Grenoble' et 'conduite de Grenoble') Schaeffer se distingue en sortant vainqueur (mais oui) d'un paquet de joueurs... mais à quelques centimètres de la ligne.

Un temps mort (51') pour permettre à Andersson de se faire soigner à la suite d'un choc à la 56me minute, l'assistance se dresse plein d'espoir : un coup franc de Scotti met Marcel à contribution, mais le "demi-inter" rate la reprise du franc.

Furia marseillaise

Les Marseillais souffrent. Voyez plutôt les notes inscrites sur nos tablettes : 58' : Domingo sort pour dégager au pied devant Markiewiecz ; 65' : Chiarelli passe tout le monde, Domingo dévie seulement ; 71' : Domingo s'affale sans résultat et Van Rhijn rate l'interception d'un souffle.

Ils se reprennent pourtant et à la 76me minute, R. Foix supplée Schaeffer dont le dégagement a heurté Vescovali avancé ; à la 84me minute, c'est au tour de Puccar de sauvegarder le draw pour Valenciennes, sur tentative de la tête de Marcel.

Valenciennes comprend le danger est, à la minute 86, sans se faire voir l'arbitre, Markiewicz retient Andersson par le maillot, nettement, "proprement". Comme à un sprint d'arrivée du Tour de France !

La fin surviendra ainsi, sans que les locaux aient cueillis les fruits de leurs efforts généreux mais un peu désordonnés.

Georges LEOST

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R. DOMERGUE : "Si mes avants avaient osé..."

J. ROBIN : "Ah ! cette tête de Marcel..."

O.M. Valenciennes était un match entre deux équipes figurant au bas du tableau.

On le savait mais on souhaitait que les événements d'un jour aient l'air de démentir cet état de fait.

Il n'en a rien été et, pas plus dans le vestiaire des Nordistes que dans celui des Méridionaux, on ne cherchait à augmenter les mérites des uns ou à diminuer ceux des autres.

Robert Doumergue, entraîneur de "V.A." était satisfait d'un point gagné en déplacement. Satisfaction bien compréhensive mais dont l'ancien Cannois ne tirait nulle vite gloire excessive :

"Mes avants n'ont pas suffisamment cru en leurs possibilités. Ils furent souvent étonnés de se trouver en position de shoot et cet étonnement les paralysa au moment de la conclusion. C'était, dans leur esprit trop beau pour être vrai !..

Voilà résumé le point de vue valenciennois.

De l'autre côté de la cloison, on entendait, chose curieuse, un son de cloche à peu près identique.

Jean PALLUCH, le convalescent, me disait-il pas :

"Voilà un match que "nous" aurions pu aussi bien gagner que perdre..." ?

Le regret qui habitait le camp olympien était dû surtout au fait que le match s'était déroulé à Marseille, ce qui équivalait à une% perte d'un nouveau point.

M. ZARAYA analysait : "Curyl a encore fait la partie et Tournier a confirmé tout le bien que l'on pensait de lui.

"En plus de cela, Andersson s'est évertué à une activité intense et il a recherché les occasions de tirs d'une manière plus soutenue que d'habitude. Cela aurait pu nous valoir la Victoire, mais vraiment, nous sommes dans une période de non réussite..."

Pour Jean ROBIN, l'entraîneur, aucun doute n'était possible :

"La tête de Marcel réussie quatre minutes après le repos, aurait changé la face des choses... mais M. Barberan ne le voulut pas. Ce fut une des occasions les plus belles parmi celles qui furent données à notre attaque de prouver sa supériorité sur sa rivale nordiste..."

Mimi MESAS et Maurice GRANSART en voulaient au directeur de jeu de les avoir tenus à l'oeil.

"Lorsque nous opérons au dehors, tempêtaient-il, on pardonne tout ou presque à nos adversaires, même lorsqu'ils commettent les plus flagrantes irrégularités.

"Chez nous, c'est la même rengaine. Voilà une des raisons pour laquelle nous n'avons aucun avantage à jouer au Stade-Vélodrome.

Jean-Jacques Marcel était affirmatif : "Il y avait but lorsque Schaeffer s'empara de la balle sur mon coup de tête..."

La photo évidemment laisse place le haut doute et semble même infirmer les dires de l'international marseillais mais sa conviction était si sincère...

Laissons le mot de la fin à Marcel Domingo :

"Il faut croire que c'était écrit..."

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Combativité

retrouvée, mais...

De dimanche en dimanche, l'O.M. dilue son prestige. Chaque match écorche sa personnalité. Le voilà toujours au beau milieu de ce carrefour qui pourrait bien être celui de tout son avenir. Ses hésitations, ce tout petit but victorieux est rassurant qu'il n'arrache pas au crépuscule de chacun de ces matches lui impose un exercice de corde raide quand on peut dire, pour le moins, qui dure depuis trop longtemps.

Il manque toujours cette netteté, cette décision qui forcent les résultats. Et on continue toujours à lui opposer comme un irréfutable comparatif, le jeu supérieur en technique et en tactique de ses adversaires.

Ce qui est vrai.

Ce qui justifie une position dans le bas du tableau que personne ne songe à discuter.

Nous n'avons pourtant nulle envie de confondre le onze olympien par de fraîche critique. Sa combativité a réveillé hier les fidèles du stade, endormis depuis de longs mois, et qui avait déjà ouvert un oeil il y a quinze jours.

Ils ont goûté à des joies retrouvées quand leur équipe déboula enfin pendant quatre-vingt-dix minutes. Cet enthousiasme qui pouvait, qui devait leur permettre d'arracher la victoire a tout de même ému, puis conquis, ce public clairsemé venu se ranger dans le stade, à la manière du dernier carré.

Mais il aura regretté à travers cette amélioration d'ordre moral, les indigences techniques du jeu, le manque de promptitude des joueurs marseillais et ses fautes de balle qui suppriment toute méthode collective.

Oui, l'O.M., dominé en football pur, pouvait néanmoins gagner ce match. Schaeffer eu besoin de cette part de chance que tout goal patenté cache sous son chandail. Deux fois ou trois il connut tous les périls, sans en souffrir, en définitif.

Ses coéquipiers, quand le vent tourna, surent conserver toute leur lucidité et c'est davantage leur calme que leur talent qui permit aux défenseurs nordistes d'échapper à la furia finale des marseillais.

Quoiqu'il en soit, l'O.M. se retrouve aujourd'hui encore dans les dangereux parages de l'élimination, et Alès et Reims sont au prochain menu.

Sera-t-il un jour au bout de ses peines ?

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DOMINGO ET CURYL

LES MEILLEURS

De ce match, qui vit, en gros, les Nordistes manifester un meilleur équilibre collectif mais les Olympiens mettrons à leur actif les périodes de pointe les plus intenses, que peut-on dire des acteurs ?

Chez les locaux, la défense eut en bloc, un certain mérite à s'opposer à l'attaque valenciennoise, qui comprenait les meilleures individualités nordistes.

Domingo fut impeccable, comme à l'ordinaire, réussissant des interventions nettes et décisives. Sans faire un match exceptionnel, Gransart nous parut supérieur à Johansson, qui abusa des renvois en touche, et à Mesas, bien qu'on puisse formuler aucun grave grief contre ces derniers... Scotti n'approcha pas les sommets, tandis que Molla lui, confirmait ses progrès actuels.

La ligne d'avants ne parvint jamais à mettre hors de position rationnelle la défense adverse. Curyl fut l'élément le plus valeureux de ce compartiment, qui ne dut de scorer qu'à une erreur de Schaeffer. Cette attaque exerça des poussées parfois vives, mais désordonnées. Tournier travailla beaucoup, mais sans réussir de grandes chances.

Andersson fut très courageux, très actif, sans trouver la position adéquate. Jean-Jacques Marcel, très brillant dans le jeu de tête, ne se comporta pas comme un intérieur, tandis que Vescovali démontrait, sans démériter que le football "pro" c'est autre chose que la DH...

Du côté des visiteurs, Schaeffer était dans un off-day ! Balles lâchées, sorties hasardeuses, dégagements mauvais, tout y passa ! Foix fut meilleur que ses collègues Cauweller et Kryske, raides et lents.

Les deux demis Puccar et Chiarelli firent un bon match, le second subissait le handicap d'un douloureux torticolis ! Le junior Markiewicz et l'inépuisable Stako formèrent un bon tandem d'intérieur. Baulu, actif, rapide ; Fouillen, excellent de la tête, ne sont ne sont pas du niveau de l'artiste Van Rhijn, dont le but fut un modèle du genre, et qui est rapide (n'est-ce pas Gransart ?) insinuant, d'une adresse diabolique...

Terminant par un reproche : aux Olympiens de ne pas arriver à faire trois passes consécutives et aux Nordiste ne pas croire suffisamment à leurs possibilités offensives... On eut, en effet, parfois un curieux spectacle : un joueur au maillot rouge arriver à s'insinuer franchement dans la défense olympienne et paraître tout surpris de pareilles aubaines ! Et ses partenaires de sembler ébahis de voir l'un des leurs en position aussi avantageuse...

Mais que cela fait mal au coeur lorsqu'il s'agit d'un club comme l'O.M. d'avoir à ne louer, en fin de compte, que des vertus morales !

Louis DUPIC

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Un match de décembre

O.M. - Valenciennes a laissé le public sur une impression d'amertume.

On en voulait à M. Barberan, mais à la sortie, les fidèles supporters du maillot blanc apprirent que Béziers avait su vaincre Toulouse à Sauclières et que, si Metz s'était lui exprimé c'est parce que l'Olympiques Alésien avait su suffisamment conservé de réalisme pour battre à quatre reprises Corazza au Stade de la Prairie.

Aussi, malgré le temps gris, on regrettait... les neiges d'antan sur le boulevard Michelet. Assez curieux pour un match de décembre !

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DOMINGO : "SCHAEFFER

a eu froid"

Nous rencontrâmes Marcel Domingo alors qu'élégamment vêtu se pressait vers la sortie.

Après nous avoir dit : "Je ne suis pas entièrement satisfait, mais le nul est un... commencement", le gardien marseillais, qui venait de fournir encore une partie exempte de reproches, apprécia ainsi le comportement de son vis-à-vis le portier valenciennois Schaeffer.

"Schaeffer vaut beaucoup mieux que sa production de tout à l'heure. Sans doute a-t-il été, comme moi, gênée par le froid. Il a beaux avoir l'habitude d'opérer ailleurs que sous le soleil, je pense que la température a constitué pour lui un handicap. J'avais pris, quant à moi, la précaution de me munir de gants."

 

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