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Résumé Le Provencal

du 07 avril 1958

 

Réduit à dix, DOMINGO Blessé à la 33e minute,

et manquant de punch en attaque

L'O.M. s'incline à LILLE (1-3)

Les Marseillais n'ont pas su utiliser

Leur supériorité territoriale de la 1re mi-temps

(De notre correspondant particulier : Norbert DHINAUT)

LILLE (par téléphone) - Marseille a singulièrement compromis ses chances de se maintenir en Division Nationale, en venant perdre, à Lille, en ce jour de Pâques, le match qui n'avait pu se dérouler le 9 mars par suite du mauvais temps.

Les Phocéens ont une excuse a invoqué : la blessure de Domingo, qui se démit l'épaule à la 33me minute, en repoussant un shoot très sec de Devlaeminck, lequel fut d'ailleurs suivi d'une reprise victorieuse de Heutte. Le score passé ainsi à 2 à 0, Devlaeminck l'ayant ouvert à la 5me minute, et l'O.M. se trouvait réduit à dix.

C'est donc à double handicap qu'il avait à faire face, ce qui lui était presque toute possibilité de refaire le terrain perdu.

Il s'y attela courageusement, mais en vain. Tout d'abord par ce que Mesas fut placé dans les buts. Il y fit preuve de brio, certes, de bravoure même, réussissant même des parades sensationnelles qu'un gardien de métier n'eut pas désavouées. Mais son absence sur le champ de jeu, où il avait été un des plus actifs jusque-là, se fit lourdement sentir.

L'autre raison de la non réussite des Méridionaux fut leur trop grande application. On est presque tenté de dire que Marseille joua trop bien au ballon. Certes, les agréables combinaisons offensives, les dribbles ou arabesques d'un Amalfi furent très appréciées du public, qui, ceci dit entre parenthèse, pris fait et cause pour les visiteurs, les encourageant vivement, mais les passes furent souvent trop nombreuses dans une surface réduite et maintes fois interceptées par la défense locale, qui ne fit aucun cadeau à ces hommes.

Cette absence de jeu direct, dépouillé, de punch aussi (Jensen fut le seul à tenter sa chance, pas toujours avec inspiration), la trop grande recherche de la position de tir idéale, sont les causes essentielles de l'échec marseillais, qui a été vivement ressenti.

Dans l'ensemble de la première mi-temps, Marseille avait fait preuve d'une certaine supériorité territoriale. Celle-ci ne devait pas se démentir en seconde mi-temps, mais s'exerçait cependant de façon assez désordonnée.

Au cours du second time, il n'y eut plus du tout le sens de la place à occuper chez les Phocéens, les arrières passant à l'attaque et les attaquants en défense. Il s'ensuivit une certaine confusion et passablement de contres et de cafouillage. Ce fut alors une succession d'attaque et de contre-attaques, manquant de mordant et de pénétration, tant d'un côté que de l'autre, et de maintien du jeu au centre du terrain. Lille semblait baisser de pieds au fil des minutes et l'on se disait que si Marseille marquait, la situation pouvait rebondir.

Ce ne fut malheureusement pas le cas, au contraire. Sur une rapide contre-attaque, Bourgeois obtenait le troisième but, à cinq minutes de la fin. Marseille ne se résigna pas et si bien qu'à 30 secondes du coup de sifflet final, sur un tir de Leonetti repoussé par Duffuler, Palluch sauvait l'honneur d'un shoot à bout portant, ce qui était mérité.

On ne peut trouver le verdict anormal, mais il est évident que c'est dans la première partie du jeu que Marseille a peut-être gaspillé ses chances. En appuyant davantage ces actions, alors, il pouvait influencer tout autrement le déroulement des opérations.

Tant comme demi que comme goal, Mesas fut excellent. Leonetti, sobre et courageux, Jean-Jacques Marcel remarquable pivot est contre attaquant émérite, mais résigné en fin de partie. Gransart, Palluch et Molla, furent les meilleurs Marseillais. Mais il est difficile de ressortir un nom en attaque, exception faite pour Leonetti, qui opéra comme demi-aile pendant une heure.

À Lille, on doit citer Delepaut, Bieganski, Strappe et Heutte.

Bon arbitrage de M. Lequenne.

La partie

Tandis qu'à Lille Douis fait défaut, Delpaut jouant arrière gauche, Strappe et Bourgeois formant l'aile gauche.

À Marseille, c'est Alauzun qui est laissé sur la touche, ce qui nous donne l'équipe suivante :

Domingo, Gransart, Palluch, Mesas, Marcel, Molla, Rustichelli, Leonetti, Amalfi, Jensen, Curyl.

Le temps est gris et froid et l'assistance clairsemée. C'est Duffuler qui est le premier alerté sur un shoot à mi-hauteur des 25 mètres de Leonetti.

Sur leur lancée, les Marseillais dominent et l'on note un centre shoote de Rustichelli et un envoi de Molla à côté avant que Lille ne se dégage pour obtenir deux corners coup sur coup.

À une attaque de Rustichelli stoppait par Delepaut, en succède une autre de Lille que Molla brise nette.

Le jeu est agréable, mais manque de rythme.

Le premier exploit de la rencontre est signé par Jean-Jacques Marcel. L'international descend 40 mètres balle au pied et sert Leonetti, lequel lance Jensen. L'ex-Lillois tire très bien et en force mais sur Duffuler.

Cet assaut à quelque peu dégarni le camp marseillais et Lille en profite pour contre attaquer avec soudaineté.

De Heutte la balle passe à Viaene, qui centre. Et d'une tête plongeante Devlaeminck marque.

Il y a 5 minutes que l'on joue. Marseille ne paraît pas décourager. Il se rue à l'assaut du but lillois.

Les Nordistes font replier leurs inters et sont obligés d'accepter la domination adverse, laquelle n'est malheureusement pas ponctuée d'essais au but.

En voici pourtant deux de Jensen, l'un nettement au-dessus, l'autre aura du poteau. Mais Duffuler était à la parade sur ce dernier.

Lille ne se donne que rarement de l'air et quand il parvient il ne s'embarrasse pas de fioritures et utilise les longs coups de botte.

Sur une échappée lancée dans ce style, Devlaeminck adresse un boulet que Domingo repousse d'une manchette. Heutte surgie et marque (33me minute). Tandis que la balle et au fond des filets, Domingo demeure à terre. On le relève l'épaule droite démise et, après une interruption de trois minutes pour trouver un maillot Mesas prend place dans la cage.

Ce dernier va s'illustrer avant le repos en détournant superbement en corner un shoot de Strappe sous la barre.

À la reprise, Jensen joue ailier droit, Rustichelli avant-centre, Amalfi inter et Leonetti demi.

Ces dispositions vont être ensuite totalement bouleversées après une intervention, d'entrée de Duffuler dans les pieds de Jensen.

Mesas devient la grande attraction du match. Par un shoot de Heutte et met à son actif deux sorties opportunes pour dégager du pied au-delà des18 mètres.

La cadence du jeu se ralentit encore. Lille rate tous ses shoots et Marseille l'imite.

Duffuler n'est vraiment mis à contribution qu'à trois ou quatre reprises sur des tentatives de Rustichelli (50me minute), Marcel (62me), Jensen sur coup franc (64me). Tandis que Mesas se fait encore applaudir en concédant deux corners sur des shoots difficiles et appuyés.

On croit le verdict acquis lorsque, à la 85e minute, le valeureux Mesas est fusillé à bout portant par Bourgeois, alerté par Heutte.

Quelques instants auparavant Gransart, seul devant Duffuler, avait raté une belle occasion.

Palluch, à 30 secondes de la fin, ne l'imitera pas. De très près, il sauvera l'honneur pour son équipe, ramenant le score à de plus raisonnables proportions.

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MESAS :

"J'ai pris confiance

dès ma première

intervention"

LILLE (C.P.) - On eut presque entendu une mouche voler dans les vestiaires marseillais quelques instants après la rencontre, tant le calme régnait.

Appuyé contre un mur près de la douche M. Zaraya était de marbre.

À notre question : "Que pensez-vous de ce match ?" Il répondit :

"Je n'ai rien à dire"... pour finalement consentir à nous déclarer :

"Nous avons perdu la bataille en première mi-temps".

Assis sur la table de massage Jean-Jacques Marcel, tout en tirant quelques bouffées d'une cigarette explosa, après quelques minutes de silence, il ne fut pas tendre pour quelques-uns de ses partenaires.

Par contre, il ne tarissait pas d'éloges au sujet de Mesas qui lui, était bien entouré et se montrait très satisfait d'avoir si bien réussi intérim de Domingo.

"J'ai pris confiance dès la première intervention, dit-il. Après ce fut facile".

Les autres, ma foi ne disaient rien mais on sentait que le découragement les avait envahis.

Surtout le jeune Leonetti qui avait des larmes au bord des yeux. Mais le moral était franchement bar chez les Marseillais.

 

 

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