Résumé Le Provencal du 05 mai 1958 |
UNE VICTOIRE "IN-EXTREMIS QUI SAUVERA PEUT ÊTRE L'EQUIPE MARSEILLAISE DE LA DESCENTE L'O.M. VOLONTAIRE, GAGNE A SOCHAUX (2-1) Après le premier but, marqué sur penalty Les olympiens jouèrent le forcing (De notre envoyé spécial : Jean PEYRACHE) |
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MONTBELIARD - Il fait un temps magnifique au stade Bonal lorsque les deux équipes, la Marseillaise d'abord, la Sochalienne ensuite, pénètrent sur le terrain. Il n'y a aucune passion dans les tribunes et sur les gradins des pourtours, assez dégarnis. M. Chabrier n'évaluait-t-il pas l'affluence à 4.000 personnes au maximum ? Comment pourrait-il en être autrement si l'on songe que l'équipe au maillot jonquille va opérer sans espoir ni crainte ? Ce matin M. Zaraya nous a annoncé que Bedelian jouerai... ailier droit ! Le reste des deux équipes est absolument sans changement. Le premier tir pour AMALFI Le jeu débute sur un rythme mineur et le premier tir (mou) au but est l'oeuvre d'Amalfi alors que les 60 secondes sont à peine écoulées. Réplique par Liron (3me minute) qui, lui, termine en 6 mètres. A la 6me minute Albertin enfui sur la gauche, est blessé par Marcel. Le coup franc est dégagé du poing par Predal. Un contrôle par Leonetti, un long service à Rustichelli et l'avant-centre, balle au pied, après avoir franchi une défense qui croyait au hors-jeu, ne sait pas profiter de la situation. Nous sommes à la 7me minute et rien ne laisse encore prévoir de grands événements. Dieu sait pourtant si l'on en attend dans le petit clan des Olympiens marseillais. La tête de CURYL Tout de suite (16me minute) assiste-t-on, sur coup franc accordé à Bedelian pour charge irrégulière de Mille, à un joli coup de pied placé d'Amalfi sur la tête de Curyl qui reprend au-dessus de la barre transversale. Un corner suit pour Sochaux sans plus de mal pour Predal. L'O.M., par Leonetti et Rustichelli, alimente Bertelmebs aux 22e et 23e minutes, mais les tirs partent de trop loin et, de plus, manquent la cage. Dans cette grisaille, à la 24me minute, Liron lance Stopyra en position d'inter droit. Sifflet hors-jeu, l'ancien Lensois n'en poursuit pas moins sa course et bat Predal. Voilà bien entendu, une mesure pour rien. C'est maigre pour les spectateurs qui, tout de même, ont encore faim de véritable football. Un corner obtenu par Rustichelli ne ranime pas la flamme à la 29e minute. Par contre, 10 minutes plus tard, Mille manque, à trois mètres, de battre son propre goal à la suite d'une furieuse descend de Curyl, suivie d'un court centre shoot. Décidément nous nous acheminons vers la mi-temps en même temps que vers un score nul et vierge. Et cependant la bonne volonté n'a pas manqué à Rustichelli et à Curyl, mais quelle insuffisance chez les attaquants sochaliens ! Penalty et but pour l'O.M. Voilà pourtant le coup de théâtre qui va marquer la fin de cette première mi-temps. Alors que M. Bois consulte son chrono, Amalfi lance Bedelian sur la droite. L'ailier hésite un moment car il est si étonné de se retrouver seul qu'il croit que Bertelmebs va s'élancer, mais il se reprend vite et poursuit sa course que Lubrano, venu du centre, tente de stopper. Bedelian passe l'arrière central sochalien et ce dernier, d'un magistral contre-pied, le fauche alors qu'il venait de pénétrer à l'intérieur de la surface de réparation. C'est le penalty que Rustichelli transforme. |
Ce but va-t-il sauver l'O.M. de la descente ? On a l'impression que Sochaux sera incapable de le réduire et le repos est sifflé avant même la remise en jeu. Les propos vont évidemment bon train et, à quelqu'un qui est près de nous et s'étonne de la faute de Lubrano, M. Chabrier répond avec une certaine nervosité : - Vous voyez donc de la combine partout ? L'atmosphère n'est pas devenue orageuse, certes, mais il fallait un incident de ce genre pour secouer la trompeur qui semblait vouloir régner en maître sur et autour de la pelouse du stade Bonal. 47' minute : BRODD égalise Au repos deux bruits caractéristiques : l'un laissant croire que Metz mène à Lens par 2 à 1, l'autre que s'est Lens qui possède cet avantage au score. Mais voici les équipes qui reviennent et deux minutes sont à peine écoulées depuis la reprise que servi par Raphaël Tellechea presque dans les mêmes conditions que tout à l'heure Bedelian par Amalfi, Brodd fonce et égalise. Tout est à refaire. Un éclair d'AMALFI Albertin est revenu, la cuisse droite pourvue d'un large emplâtre. Il boite. C'est la conséquence de son accrochage du début de partie avec Marcel... et Marcel poussait dans le dos par Luron un quart d'heure après la remise en jeu boîte à son tour. Justice immanente ? Le geste de Liron manque en tout cas d'élégance ! Cela n'empêche pas Amalfi de servir Jensen la minute suivante sur un plateau, mais Bertelmebs plonge dans les pieds du Danois qui s'est cru hors-jeu. De MARCEL le no2 Jean-Jacques Marcel a laisser sa place à Molla, Bedelian devient demi-gauche et Rustichelli un moment ailier droit. Nouveau coup de théâtre à la 64me minute : sur une attaque olympienne Raphaël Tellechea veut passer la balle à son goal mais ce dernier, avancé et surpris, ne peut que détourner en plongeant sur sa gauche. Jean-Jacques Marcel qui a suivi redonne l'avantage à l'O.M. La hargne de CYRYL Sochaux va-t-il renoncer ? Il obtient un corner (70e) mais Curyl porte à nouveau le jeu dans le camp doubiste. En deux occasions (76e) Bertelmebs est en grand danger d'être battu une troisième fois, mais c'est Jensen (80e) qui manque une occasion encore meilleure en passant, d'un centre court à ras de terre, la balle à Rustichelli au lieu de tenter sa chance. Masimann détourne au départ le shoot de l'avant-centre. Cette fin de match est plus animée. Elle est aussi nettement à l'avantage de l'O.M. En voulez-vous l'explication ? Sochaux, contre Angers, à jouer un match à la fois brillant et fatigant mercredi, en nocturne. De plus, la chaleur incommode ses joueurs. Cette rencontre historique pour l'O.M. comme le fut, dans des circonstances plus glorieuses, une autre même rencontre déjà vieille de 10 ans, se termine de façon aussi heureuse. Il le fallait certes, car en regagnant les vestiaires les joueurs apprennent le draw de Metz à Lens. |
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La dernière demi-heure aurait pu apporter un but de plus à l'O.M. |
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Il est temps que la saison finisse car le doute est maintenant ancré dans les esprits : le championnat 1957-58 se terminera-t-il de façon sincère ? Cette réflexion gagne les foules ; elle s'amplifie, elle prend corps à l'exposé des résultats surprenants qui marquent les dernières rencontres. Metz a-t-il fait régulièrement match nul à Lens ? La réponse, négative, fleurissait sur les lèvres des joueurs et dirigeants marseillais eux-mêmes. Nous imaginions que cette même question a aussi couru au Stade Bollaert au sujet du match de Sochaux et que la même réponse négative y a fait écho. Voilà pourquoi nous avons hâte d'en finir car, à vrai dire, du moment où l'honnêteté risque de disparaître de la scène sportive, on ne peut plus rien espérer de grand et de beau de la part des pratiquants, fussent-ils professionnels. Ce préambule était nécessaire pour expliquer ce que nous avons vu, de nos propres yeux vu, au stade Bonal. Nous n'avons pas du tout l'intention d'étaler des bruits de coulisses qui jamais ne nous ont intéressé et que, d'ailleurs, nous n'écoutons toujours d'une oreille distraite. Un très modeste F.C. de Sochaux Il n'en est pas moins vrai que le football club de Sochaux, que nous désirions apprécier en ce premier dimanche de mai, nous a défavorablement impressionné. Son attaque fut rarement en bonne position de shoot et le but de Brodd bénéficia d'un malheureux effet de surprise. La défense ne fut pas de tout repos et, entre le véritable tir qu'adressa à bout portant, Mille à son gardien (tir qui, la 35e minute, sortit en corner aura la transversale) et les dégagements intempestifs de Mazimann qui, après le repos surtout, ne fut aucunement dans son assiette, des situations dangereuses se créèrent, nombreuses, autour de Bartelmebs. L'O.M. auraient pu vaincre plus largement Si l'on décortique le score, le but de Brodd fut le plus classique, mais il est fort probable que si Bedelian n'avait pas été fauché par Lubrano, il aurait terminé victorieusement car il avait alors le champ libre. |
Le second but marseillais oeuvre de J.J. Marcel, fut au moins très remarqua d'opportunisme. Pour nous l'O.M. a mérité de vaincre et un but de plus dans la dernière demi-heure aurait plus exactement reflété sa supériorité. Ce but, Jensen aurait pu l'obtenir à la 61me minute, lorsque Amalfi le servit dans le trou à 20 mètres de Bartelmebs. Hélas pour l'O.M. le gardien sochalien bénéficia d'une fraction de seconde d'hésitation de l'inter danois qui se croyait en position irrégulière ; il en profita pour le souffler la balle dans les pieds. Le même Jensen aurait encore eu une chance de conclure lorsque à la 80me minute, il préféra passer en retrait à Rustichelli plutôt que de tenter sa chance. Faut-il rappeler qu'à la 75me minute Stan Curyl était bien partie lorsque Mazimann le "descendit" par terre au coin de la surface de réparation ? Le ciel aida l'O.M. parce que l'O.M. s'aida. Puisque les hommes au maillot blanc n'ont vaincu que de justesse un adversaire qui, jamais, étala une valeur au-dessus de la moyenne, on est tenté de penser à un succès sans mérite. Il nous semble bien que, cette fois, l'O.M. rechercha son statut dans sa volonté. À ce titre, Gransart, Molla, Jensen, Leonetti, Curyl et Rustichelli méritent une mention. Amalfi et Marcel furent suffisamment opportunistes, le premier pour donner à Jensen une balle qui lui parut trop belle pour être vraie, le second pour marquer bien que blessé, le but de la victoire. Une victoire qui vaudra sans doute plus de deux points ! |
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M. ZARAYA :"Je n'ai jamais autant souffert" |
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On ne riait pas aux éclats dans les vestiaires de l'O.M. On était heureux, certes, mais d'abord stupéfait du match nul de Metz à Lens. Gransart rappelait : "J'avais prédit que Lens concèderait le nul. Voilà pourquoi je sentais que notre victoire ici était indispensable. Voilà pourquoi aussi sans doute l'arrière droit fut un des meilleurs éléments de l'O.M. Jean-Jacques Marcel, blessé d'un coup de genou à la cuisse par Liron, expliquait : "Je ne pouvais pas me permettre de manquer ce but. Il vaut au moins cent millions. Mais je ne sais pas si je pourrais jouer mardi contre Reims pour le Jubilé Scotti". Rustichelli justifiait en ces termes la qualité pas souvent bonne du niveau du jeu : "Quand on est dernier, on ne peut pas faire du grand football..." Zilizzi qui nous avait dit avant de la rencontre : "Nous pouvons perdre ou gagner, car le ballon est rond pour tout le monde...", reconnaissait qu'il n'avait respiré qu'au coup de sifflet final. M. Zaraya était encore plus catégorique : "J'ai été 16 mois captif dans les camps allemands de la mort. Jamais je n'y ai souffert comme je souffre depuis cette année tous les dimanches pendant une heure et demie..." Inutile de préciser que nous avons fait répéter deux fois cette phrase au responsable des destinées olympiennes car nous avions l'impression qu'il "envoyait le bouchon un peu loin" ! |
Paul Martinelli nous fit judicieusement remarquer : "J'étais aussi comme joueur de l'expédition de 1948, mais ce jour-là un seul point nous fut nécessaire pour enlever le titre de champion, il nous en fallait aujourd'hui deux pour ne pas descendre. "Moi aussi j'avais hâte d'entendre le coup de sifflet final". * * * Chez les Sochaliens, M. Chabrier avait eu maille à partir avant même la rencontre, avec les techniciens de la Radiodiffusion qui, le plus tranquillement du monde, s'étaient installés à pied d'oeuvre, malgré l'interdiction de la Ligue Nationale. Il n'était pas, convenons-en, le moins du monde ému par la défaite de ses hommes et se contenta de nous dire : "Je vous en supplie ne croyez pas à un arrangement. "Avez-vous vu le but de Brodd qui remit tout en cause dès la reprise ? "Avez-vous vu lorsque l'O.M. menant mener par 2 à 0 Barthelmebs risqua la blessure en plongeant dans les pieds de Jensen ? "Et puis, n'avons-nous pas joué avec Albertin blessé pendant une heure." |
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Par qui la "gaffe" fut elle commise ? |
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Dimanche matin à Montbéliard, les esprits olympiens étaient échauffés. Le motif ? Un motif tout à fait... matériel cette fois-ci. Le correspondant marseillais d'un journal local avait annoncé la brouille survenue entre joueurs et dirigeants de l'O.M. au sujet d'une prime supérieure accordée à Amalfi. Une fois de plus la levée de bouclier fut générale contre la presse de notre ville. Le journaliste eut-il tort de dévoiler cette brouille à la veille d'un match crucial ? C'est possible. Pour nous, il est d'abord regrettable qu'elle ait pu survenir - et d'ailleurs le fait nous a été démenti par M. Zaraya. N'eut-il pas mieux valu alors éviter avant la rencontre d'attiser la colère d'Amalfi ? Cette colère au demeurant est-elle fondée, puisqu'il n'y avait officiellement pas eu d'accident. Heureusement que l'O.M. a vaincu au stade Bonal. Mais si le contraire était advenu, celui qui avait commis la "gaffe" de faire sortir Amalfi de ses gonds n'aurait-il pas dû le premier faire son "mea culpa" ? Or, cet homme-là se trouvait sûrement à la même table que le Brésilien pour le repas de dimanche à midi ! |