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Résumé Le Provencal

du 03 novembre 1958

 

L'O.M. une fois de plus k.o.

L'efficacité monégasque a précipité sa 9e défaite

Il y eut des murmures, hier, au Stade Vélodrome lorsque "Tonton" Gascard l'inamovible speaker de service donna la composition des équipes.

On s'attendait un peu à voir les deux marseillais Bodini et Biancheri dans celle de Monaco. L'étonnement général ne vint pas de là, mais bien de la présence d'Amalfi dans le camp d'en face.

Fallait-il deviner en cette présence un de ses chocs psychologiques dont l'O.M. a tant besoin depuis quelque temps ? Pas le moindre du monde !

Plus simplement, Molla blessé à Mostaganem, avait été mis au repos et Jean-Jacques Marcel s'était vu confiait le poste d'arrière central.

Tillon donnait le coup d'envoi, mais 60 secondes après, Biancheri adressait hors de l'encadrement des filets de Péri le premier tir de la partie.

Nous notions à la 2e minute une intervention de Garofalo devant Tillon puis, la limite suivante le même Tillon s'affalait à proximité du gardien monégasque sous la charge conjuguée de Kaelbel et de Novak.

Ca promettait... mais les olympiens étaient prévenus de la rugosité la défense azuréenne.

HEDIART : un but pour rien !

Stojaspal répliquait (7e minute) par un tir vicieux à ras de terre, bloqué par Péri, mais Hédiart ouvrait le score en position d'inter droit mais il était hors-jeu de même d'ailleurs que Vescovali.

L'O.M. obtenait son premier corner mais Stojaspal omni-présent au milieu du terrain, semait parfois le désarroi dans le rideau défensif marseillais.

Alors qu'on imaginait le Viennois tirant savamment les ficelles de son attaque à partir d'une position en retrait choisie par avance, il était tantôt à droite, tantôt au centre, tantôt à gauche.

Stojaspal ouvre le score

D'ailleurs sa vivacité d'action, alliée à celle de Michel hidalgo allait valoir aux Azuréens vêtus de rouge et blanc leur premier but dès la 11e minute.

En effet, sur une sortie en de touche, l'ailier effectuait rapidement la remise en jeu en direction de l'inter qui tout aussi rapidement franchissait la surface de réparation et battait Péri d'un tir tendu en hauteur et sur la gauche du gardien marseillais.

Monaco venait de prendre une option sur la victoire...

Moreel secouait les énergies en partant sur la droite et en effectuant un long centre shoot (13e), que Garofalo bloquait au prix d'un spectaculaire plongeon devant Tillon mais (15e), Vescovali manquait à deux mètres des filets monégasques une balle prolongée vers lui par une tête de Tillon sur un coup franc tiré de la gauche par Oliver et (20e) sur un autre coup franc shooté par Leonetti, Garofalo plongeait et bloquait la reprise du gauche, oeuvra, à dix mètres du même Tillon.

Courtin (22e) obligé Péri à plonger deux fois pour se rendre maître de la balle sur le même shoot.

Blessé dans une chute (23e), Leonetti se faisait soigner l'espace de deux minutes et rentrait en se tenant l'épaule droite.

Puis vient le temps des escarmouches. Stojaspal faisait toujours la loi au milieu du terrain ce qui n'empêchait pas Kaelbel de créer pour Garofalo (30e) une situation dangereuse avant de concéder à Tillon un corner (35e).

Un penalty tombait du ciel...

Quatre nouvelles minutes s'étaient à peine écoulées que Kaelbel bloquait net une balle dans les pieds d'Eschman qui s'écroulait à proximité de Garofalo.

M. Bois accordait un penalty difficile, lorsque capitaine Oliver expédia sur le montant le coup de pied de réparation.

Malgré ce cadeau tombé du ciel, le Dieu du football ne voulait décidément et paradoxalement pas venir au secours des Marseillais...

Un exploit de GAROFALO

Dès la remise en jeu, Bodini et Oliver sautaient et se heurtaient de la tête. Le Monégasque était transporté sur la touche mais rentrait bientôt.

Nous assistions, à la 48e minute à une remarquable parade de Garofalo.

Sur une montée en force de Marcel, Eschman servi en position d'ailier droit, se rabattait légèrement vers le centre et tirait au but. Dans une détente féline dont il a le secret, Garofalo plongeait et détournait en corner.

Ce devrait être un des rares tirs valables de l'attaque marseillaise et certainement un tournant du match.

OLIVER et le poteau (bis)

A la 64e minute, M. Bois accordé, à 20 mètres des buts, un coup franc que Célestin Oliver donnait en force. Le cuir trouvait le mur rouge et blanc et s'écrasait une nouvelle fois sur le montant.

Le camp marseillais était navré. Il voyait là ainsi un autre signe d'impuissance...

Fin de match animée

Nous pensions quant à nous que l'O.M. allait s'incliner par 1 but à 0. Nous nous trompions.

À la 76e minute, Gransart remontait Courtin qui s'était échappé et le descendait. M. Bois se précipitait vers le lieu de l'action, le sifflet à la bouche mais aucun n'en sortez !

À la 80e minute, la même phase de jeu se reproduisait avec pour acteurs, Hidalgo et Alauzun mais, semblait-il légèrement en dehors de la ligne fatidique.

Qu'importe... M. Bois sifflait cette fois le penalty avec un esprit très net de compensation et Stojaspal en profitait pour octroyer le second but.

C'était fini. Un coup franc contre Marcel, pour réflexion que l'arbitre jugea déplacée (83e), une percée et un tir au-dessus de Courtin (86e) et l'O.M. une nouvelle fois, regagnait définitivement les vestiaires tête basse...

Jean PEYRACHE

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ON NE LAISSE

PAS STOJASPAL SEUL !

Que l'O.M. se soit assuré les meilleures occasions de marquer par des coups de pied de réparation, voilà qui suffirait à faire le procès de son talent offensif.

En dehors de ces trois phases de jeu, ce ne furent que longs coups de pied aériens qui atterrissaient sur les têtes des "grands" Kaelbel et Nowak, ou des petites passes si molles et imprécises qu'elles étaient dès le départ vouées à l'interception.

Ce n'était pas en opérant de la sorte que les timides avants olympiens pouvaient espérer prendre en défaut le solide bastion défensif des visiteurs, dont les "guerriers" arrivaient toujours en avance de 10 centimètres ou d'un dixième de seconde. De plus, les Monégasques savent au besoin employer la manière forte dans le sens propre du terme.

Kaelbel et Biancheri sortaient presque à chaque fois de la mêlée balle au pied pour servir un partenaire le plus souvent bien démarqué.

L'O.M. pêcha donc à la fois par l'étroitesse de vues dans son ensemble, par manque de décision, de vitesse, de rigueur, et aussi par l'incertitude de son marquage.

Beaucoup de choses à la fois beaucoup trop pour qu'on assiste à une résurrection.

Ce marquage défectueux causa à lui seul la perte de nos représentants ! Sur une touche jouée rapidement Stojaspal eut toute liberté d'aller battre Péri. Ensuite et tour à tour, Thomas, Ludo, Courtin se trouvèrent seuls devant Péri et échouèrent par excès de temporisation... ou de précipitation.

À la 75me minute, Gransart fauchait nettement Courtin à l'intérieur de la surface sans réaction. Mais M. Bois, cinq minutes plus tard, sanctionné Alauzun d'un penalty pour une faute commise à la limite. C'était la défaite.

On voit que les ultimes défenseurs de l'O.M. furent souvent laissés dans des conditions difficiles par leurs partenaires massés improductivement à l'avant.

Aussi, ne jetterons-nous pas la pierre à Péri, Gransart, Marcel et Alauzun.

L'attaque - si l'on peut dire - faillit scorer à trois reprises à la suite de tirs, balle arrêtée de Célestin Oliver. Mais ce dernier eut l'infortune de tirer un penalty et un coup franc sur le même montant de la droite du très bon Garofalo.

À 14me minute, un de ses coups franc fut bien dévié de la tête, par Tillon, mais Vescovali à deux mètres du but, rata la balle et l'occasion d'égaliser.

Des attaquants, seul Tillon par la lutte incessante qu'il livra mérite la citation.

Un pied gauche qui vaut

de l'or !

Le fameux pied gauche du vieux Stojaspal vaut bien cinq millions. Non seulement, signa les deux buts, mais encore il procura la majorité des occasions ratées par ses partenaires. Laissé constamment libre, il en profita au maximum... et avec élégance.

Avec lui, Courtin, très remuant, très solide, seconda habilement ainsi que le jeune Marseillais Bodini, très utile avance sa blessure dans son rôle d'ailier en retrait.

Toute la défense, commandé de la voie et du geste par Kaelbel fit bloc autour de lui et l'excellent Garofalo, aussi à l'aise sur les balles hautes que sur les balles à terre.

Mais on peut dire que Biancheri en particulier, fut très habile et clairvoyant.

On est toujours gêné lorsqu'on en arrive aux Marseillais. Nous avons parlé de ceux qui furent à notre sens les plus de valable. Encore est-ce bien discutable.

Leonetti subit le handicap d'une blessure.

Amalfi et Eschman manoeuvrèrent obscurément.

Hédiard et Vescovali cherchèrent désespérément leur pied droit...

Mais tout cela joua sans envergure, piétinant, se gênant, hésitant, tergiversant.

L'O.M. aurait peut-être pu gagner ce match, mais il le perdit voilà toute la leçon de l'histoire...

Louis DUPIC

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ILS TOUCHENT LE FOND

En somme pour nous, retour d'une longue absence, la surprise est de taille. Nous n'avions pas encore vu jouer l'O.M. de la saison. Notre impression est d'être entrée dans le vif du drame en 120 minutes : les 90 de la rencontre et les trente que nous avons vécues dans les vestiaires.

Pour tout vous dire, cet O.M. 1958 vient de nous assommer, il lui manque tant de choses !

Et en particulier les méthodes, mieux, une conception du jeu. On se demande où se situe celle dont l'équipe olympienne pourrait faire état, si toutefois elle poussait la coquetterie jusqu'à croire qu'elle en possède une.

Bien sûr, cette indiscutable bonne volonté que la plupart des joueurs marseillais manifestèrent jusqu'à l'estocade de Stojaspal pourrait inviter des critiques sensibles à dire : "Oui, mais ils ont fait ce qu'ils ont pu, la chance n'a pas été avec eux ! "

Avouons ne plus avoir d'illusions, ni espoir pour cet ensemble invertébré dont les actions ne sont que les séquelles d'un mauvais football.

Il ignore l'étalon, l'unité, le nombre. Il court en sens inverse du classicisme et compose un jeu qui s'éparpille et se disperse comme feuille au vent.

Il serait présomptueux et vain d'explorer entièrement tous les aspects du problème, il est net, en définitive, que tout est à refaire, à repenser, à reprendre.

Après la recherche des faits, il s'agira de les placer comme sous un microscope, c'est-à-dire d'en faire la critique interne et externe et surtout de ne plus écarter la vérité.

Quand le désastre est là, tous les moyens sont bons.

Nous sont donc énormément déçus. Les remarques tendues propres au public marseillais sont cette fois pleinement justifiée. Ce public d'or est touché au coeur, il ne pardonne plus et c'est si vrai qu'il a perdu la voix, il ne conspue plus ses joueurs, il ne vocifère plus à la sortie des vaincus, il est déprimé, abasourdi. Les malheurs de son équipe qui s'amoncellent depuis dix ans, l'ont plongé dans une sorte de léthargie.

Voilà ce qui est grave. Joueurs et spectateurs touchent le fond. Seront-ils assez courageux, retrouveront-ils assez de force et de fol pour s'extraire des profondeurs ?

Il est permis d'en douter.

Et pourtant, ce sauvetage, c'est ensemble qu'ils doivent l'entreprendre.

Il reste si peu de temps "pour sauver la baraque".

Lucien D'APO

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RIEN NE NOUS REUSSIT

Tandis que les Monégasques entonnaient derrière leur porte fermée un champ victorieux et un triple hurrah en faveur de Stojaspal nous trouvions une fois de plus dans le vestiaire de l'O.M., les visages consternés dont nous avons pris l'habitude.

Louis MAURER : "Après un match comme cela qu'elle déclaration voulez-vous que je fasse ? Mes propos seraient déformés par l'amertume".

TILLON : "Ils vont être déçus à Mostaganem !"

OLIVER : "Si les poteaux de buts avaient été ronds, peut-être l'un de mes tirs aurait-il fait mouche".

M. ZARAYA (plus abattu que jamais) : "On joue mal et l'on est malheureux. Comment peut-on vaincre dans de telles conditions !"

Quelques mètres à côté dans le couloir, Jean-Jacques MARCEL niait avoir eu l'intention d'ironiser à l'égard de l'arbitre M. Bois : "Je ne lui ai rien dit de méchant. Vais-je être sanctionné d'un avertissement ?"

Dans le vestiaire des visiteurs, Stojaspal étais très entouré et faisait un petit cours de tactique.

Le jeune BODINI était entouré des frères GAIROARD, les footballeurs bien connus de l'U.S.M. Saint-Loup qui est son club d'origine et dans l'un n'est autre que son beau-père.

"Je suis évidemment très heureux de cette victoire acquise devant beaucoup de mes amis. J'espère ne pas les avoir déçu.

Henri BIANCHERI est comme toujours partagé entre l'amour de ses couleurs et celui de sa ville natale :

"Il y a pourtant de bons joueurs dans cette équipe. Mais ce n'est pas en jouant de la sorte qu'ils peuvent réussir des merveilles".

Ce sera le mot de la fin...

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