Résumé Le Provencal du 23 janvier 1959 |
L'O.M. BETONNE A LILLE et arrache le "nul" (2-2) avec MARCEL demi-centre et GRANSART arrière baladeur |
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LILLE (C.P.) - On croyait avoir la berlue. Lille plus que Marseille paraissait mal en point et si l'O.M. a commis ces temps derniers des fautes impardonnables, il a su à Lille effacer toutes ses erreurs. Il avait fallu de longues discussions pour mettre au point l'équipe marseillaise. C'est jeudi à midi qu'elle fut définitivement arrêtée avec le concours des joueurs phocéens qui participèrent adroitement au choix de la tactique. Et pour la première fois, les Marseillais bétonnèrent avec Gransart comme arrière baladeur et Marcel arrière central. On trouvait Ramon et Alauzun de chaque côté des lignes arrières et Guix était demi droit. L'attaque était ainsi formée, de gauche à droite : Eschman, Farmanian, Tillon, Oliver, Touré. Malgré l'échelonnement défensif, l'ailier droit lillois dès les premières minutes de jeu, parvint à s'infiltrer au coeur de la défense sudiste et aller seul au but, lorsque Alauzun lui fit un superbe croche-pied. M. Devillers ignora cette faute caractérisée contre Walzack et voulut, sans doute ne pas être le fossoyeur de l'O.M. au début de ce match. Ainsi placée sous la protection de la Bonne Mère, l'équipe marseillaise ne pouvait plus rien craindre. Pourtant ce ne sont pas les occasions qui manquèrent à Lille. Le L.O.S.C. domina autant que faire se peut négligea même les deux avants marseillais Touré et Tillon qui demeuraient seuls en pointe durant toute la première mi-temps. Fischbach eut beaucoup de travail mais son audace parfois inconsciente lui valut deux blessures en huit minutes. Ramon le doubla à la 13me minute et sauva la balle sur ce la ligne alors que Fischbach était k.o. à la suite d'un plongeon dans les jambes de Heutte. Trois minutes plus tard le même Heutte, décidément mal inspiré, ratait le but de façon incroyable. Après avoir dribblé le goal marseillais, l'inter-gauche lillois ne parvint pas à redresser sa course et avant que la balle ne sorte, tenta de l'envoyer dans la cage vide. Elle passa devant le but, frôla le poteau droit et sortit en touche. Fischbach eut encore une chance insolente lorsque Fatoux, devant le but, tira dans les mains du gardien marseillais. Les avants lillois faisaient tout pour faciliter la tâche de l'O.M. et se faisaient copieusement siffler par leur public. Tout de même, à la 32me minute, Heutte parvint à déborder sur la gauche de façon classique et glissa la balle latéralement à Devlaeminck, démarqué devant la cage. Dans ce cas, l'avant-centre nordiste ne fait jamais de cadeau et il n'eut aucune peine à ouvrir le score. On pensait que Lille allait exploiter à fond son avantage et tailler en pièces une formation marseillaise qui ne s'était guère manifestée puisqu'aucun tir n'avait été d'adresser à Duffuler. Il est vrai qu'Oliver était peu en train, ratait presque toutes ses passes et que les avants de pointe marseillais, privés de tout appui de leur demi-aile qui ne quittait pas les lignes arrières n'arrivaient pas à bâtir une attaque correcte. À tel point que la première offensive de l'O.M. se pointe à la 42me minute, grâce à Tillon et Touré. Premier shoot pour l'O.M. Dès la reprise, les Phocéens parurent plus nerveux et plus ardents. Tillon d'entrée, tenta une percée qui termina par un shoot rachitique. Puis Eschman qui ne cessa de porter la balle pendant tout le match, amorcera à son tour une offensive. Il alla vers le centre droit du but, mais Biéganski lui barra la route irrégulièrement, et M. Devillers siffla le coup franc. |
Célestin Oliver plaça la balle et prit son élan. Duffuler commit une faute. Il était encore en train de mettre en place le "mur" lillois et le Marseillais tira brusquement vers le coin gauche. Il surprit ainsi Duffuler qui plongea de façon désespérée, toucha le ballon de la paume et l'envoya dans le coin droit ou il franchit la ligne. C'était, depuis le début du match, le premier tir marseillais qui trouvait le rectangle du but (48me minute). On imagine la joie des Marseillais. Elle ne dura guère. En effet, trois minutes plus tard un centre shoot anodin de Walzack parti de l'aile droite et nullement dangereux, fut mal arrêté par Fischbach qui envoya lui-même la balle dans le but en la faisant glisser entre ses mains. L'O.M. se bat C'est à partir de ce moment que l'on ne que l'on admira l'O.M. Cette insigne malchance aurait dû décourager les Marseillais et leur faire baisser les bras. Au contraire, ils puisèrent dans l'adversité une foie nouvelle, bandèrent leur énergie et sans perdre l'esprit de revanche, repartirent de plus belle à l'attaque. On peut même dire qu'il eurent meilleure allure qu'en première mi-temps. On les sentait fatigués, mais remplis d'ardeur et de vaillance. À tel point que ce sont les Lillois qui perdirent pied et furent dominés à leur tour. Il n'y eut qu'une modification dans l'équipe sudiste : Oliver devint arrière central et Marcel dans son style des plus beaux jours, passa à l'offensive. Touré, très difficile à surveiller, et Tillon devinrent beaucoup plus menaçant parce qu'ils trouvaient dans les passes de Marcel, des occasions superbes de prouver leur agressivité. Et si Eschman avait été moins personnel, l'O.M. eut trouvé davantage d'occasions de buts. On sentait l'égalisation dans l'air. Marcel, à la 71me minute manqua une volée devant le but sur passe en retrait d'Eschman. Véritablement Marcel donnait le ton et animait une attaque maintenant méconnaissable et redoutable. À la 80me minute, international déborda à droite, puis donna en retrait devant la cage. Personne n'était là pour reprendre et marquer dans le but vite. Ensuite, Farmanian de droite à gauche, fit une bonne transversale, Touré, démarqué, reprit de volée et aurait troué les filets tant son tir était puissance. Malheureusement il shoota en direction des nues. On arrivait à la fin et on commençait à plaindre ces pauvres Marseillais qui ne trouvaient pas la juste récompense de leurs efforts lorsque Touré à ce moment ailier droit, fit un très bon centre. L'arrière droit Pazur loupa superbement son dégagement de volée et Jean-Jacques Marcel hérita de la balle démarqué dans des conditions idéales. Avec une technique impeccable Jean-Jacques Marcel fit mouche presque à bout portant et arrachait le match nul qui rendait l'espoir aux Marseillais. À jouer de cette façon, le vieux club marseillais ne risque qu'une chose : sortir de l'ornière où il s'était lentement enfoncé. Jean CHANTRY |
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MARTINELLI : "Ouf ! nous revenons de loin" |
LILLE (C.P.) - Marcel, rouge comme homard cuit, plongea à peine rentrée aux vestiaires dans un bain chaud et n'en bougea plus pendant un quart d'heure. L'international était exténué par les abondants efforts qu'il avait fournis en cette seconde mi-temps. "Ce but, disait-il, je le sentais venir. Il vaut cher celui-là !" L'entraîneur Maurer était heureux et à la fois désemparé. "C'est en ordonnant à mes hommes une tactique qui est contrainte à des principes que nous commençons à récolter des satisfactions. Je ne me pas le béton, disait-il mais c'est sans doute cela qui nous sauvera. Enfin, cette semi victoire, met beaucoup de baume dans le coeur." M. Martinelli, dirigeant, qui accompagnait l'O.M. n'avait pas retrouvé sans émotion ce terrain ou en 1947, Lechantre fut dans lui ouvrit l'arcade sourcilière à un coup de tête. "Nous avons eu chaud, très chaud disait-il. Nous revenons de bien loin. Ah ! ce Marcel comme il m'a donné des satisfactions seconde mi-temps !" Alauzun, qui a fait un très bon match avouait : "J'ai eu peur à la première minute après avoir fauché Walzak il y avait bel et bien penalty. C'était un réflexe. Mais nous avons eu de la chance ; M. Devillers n'a pas osé siffler un penalty aussitôt le début du match." Gransart, qui est blessé à la jambe gauche et ne pourra peut-être pas jouer dimanche à Sedan, était ravi du rôle qui lui avait été confié : "Jouer sans contrainte en doublant l'arrière central, ce n'est pas déplaisant. Et puis, ça nous permet de gagner un point à l'extérieur, ce qui n'est pas fréquent chez nous !" |
NOTA : La rencontre initiale devait avoir lieu le 07 décembre. Elle fut remise à cause du brouillard |