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Résumé Le Provencal

du 15 décembre 1958

 

L'O.M. a enfin remporté une victoire (2-0), mais la qualité de son football n'a pas convaincu

A LA REPRISE, L'ANXIETE CHANGEA DE CAMP

ET LIMOGES FUT BATTU

Le temps est clair et un vent léger, un tout petit mistralet, balaie le Stade Vélodrome, bien entendu dans le sens Nord-Sud lorsque Tillon donne le coup d'envoi.

Pas de fièvre sur le terrain ni autour.

Les premières minutes font penser un bon petit match des familles.

Limoges évolue avec facilité mais l'O.M. obtient un corner à la 5me minute.

Déjà on s'aperçoit que l'ailier gauche Eschman, cherche le bon pied et que l'ailier droit Touré se demande pourquoi on ne l'a pas mis exactement dans l'axe des buts adverses.

L'O.M. domine légèrement, trop légèrement pour obliger Abad à s'employer à fond.

Cueillir les balles pour un gardien sous-entend très souvent un effort. Rien de cela pour le gardien de Limoges qui se penche à droite, à gauche, qui s'élève légèrement et qui, toujours se rend maître de la situation avec une facilité déconcertante.

Limoges joue mieux au milieu du terrain, mais à peine moins mal à l'approche des filets de Fischbach.

Deux corners aux 15me et 17me minutes sont la récompense des visiteurs, mais pas plus Sauvage que Cicci ou Kuphnaffel ne parviennent à prendre en défaut le portier lorrain de l'Olympique de Marseille.

Le spectacle n'est pas sur le terrain, pourrait-on dire.

Il n'est pas non plus dans les tribunes, car rien après 30 minutes de jeu n'a réussi à enflammer l'atmosphère, pas même un tir tendu de Guix le "bleu" qui, à peine la demi-heure passée, frôle l'horizontale.

Un corner pour TILLON

Il faut attendre la 39me minute pour assister à un véritable double exploit simultané d'attaquants et de goal.

Tillon tire des 25 mètres, mais Abad plonge sur la droite, et complètement à ras de terre, détourne en corner.

Le match s'anime (il est temps). Cicci s'enfuit car le corner lamentablement tiré au dehors par Leonetti a permis à Abad de contre-attaquer immédiatement.

Mais Cicci, poursuivi par Guix abandonne tout à coup la balle, car il vient d'être victime d'un claquage à la cuisse. On l'emporte sur une civière.

Au repos qui survint après, il n'y a pas eu de but est très peu de football !

LIMOGES reprend à dix

Peut-on raisonnablement espérer mieux pour les 45 minutes suivantes ?

Cicci ne revient pas. Limoges joue donc à 10 mais, dès la 49me minutes, on voit Hatchi bénéficie d'un coup franc pour faute de Marcel à la limite de la surface marseillaise.

À dix, Limoges attaque donc. Ce devrait être un encouragement pour l'O.M. car, ce faisant, les visiteurs sont dans l'obligation de se découvrir.

Premier but pour TOURE

Une première offensive Guix - Eschman est vouée à l'échec car le Suisse, en position d'ailier droit voit son tir assez faible stoppé par Abad, mais à la 55e minute, Leonetti mis en possession du cuir par Guix, sert en avant Molla qui tente sa chance. La balle revient mais Touré se trouve à point nommé et, à bout portant, ouvre la marque.

Est-ce le but libérateur ? Peut-être, car, trois minutes sont à peine écoulées que le poteau sauve Fischbach sur un tir de Delcampe qui avait fait suite à un premier essai de Sauvage, repoussé on ne sait exactement par qui. La chance et du côté de l'O.M...

Un départ de Tillon sur la gauche voit le Breton de l'O.M. se débarrasser de Kowal et centrer sur Touré.

Abad est sorti au devant de Tillon, la cage est donc vide ? Non car Kowal s'est replié sur sa ligne et repousse de la tête le tir de l'ailier droit marseillais !

74me : OLIVER...

Ce n'est que partie remise car à la 74me minute, Eschman servi sur l'aile gauche par Célestin Oliver, centre court après une brève course. Le même Célestin Oliver est à la réception et, pour la deuxième fois bois bat Abad.

Ce second but finit de "libérer" l'O.M. et l'on voit Eschman, Leonetti, Oliver, tirer des shots à tour de pied vers la cage d'Abad.

Limoges obtient sans résultat tangible son quatrième corner à la 80me minute, mais juste avant la fin, c'est Gransart qui, se souvenant qu'il fut un ailier droit oblige Abad à un arrêt acrobatique.

Jean PEYRACHE

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LIMOGES A POSE DES BANDERILLES

L'O.M. A PORTE L'ESTOCADE

Le moins que l'on puisse dire est que ce fut laborieux.

Tellement laborieux, que l'erreur à ne pas commettre serait de vouloir appliquer dimanche prochain le classique : "On ne change pas une équipe qui gagne".

Car la vérité - cette vérité que l'on doit à ses amis - nous oblige à ajouter que jamais cette équipe de l'O.M., pourtant victorieuse à Limoges, ne nous produisit une impression de pouvoir remonter le lourd handicap qui l sépare des avant-derniers.

En première mi-temps, plus particulièrement, le jeu fut du niveau de la moyenne deuxième division. Tout juste. Limoges posait, avec une élégance certaine, de multiples banderilles, mais ne passer jamais à l'estocade : l'O.M. faisait ce qu'il pouvait dans un style on ne peut plus désordonné.

Chez les marseillais, ce qu'il est convenu d'appeler le "carré magique" était pratiquement inexistant.

Bref, le moteur olympien se trouvait grippé ; et le public, confondant l'effet et la cause, s'en prenait à l'infortuné Touré qui avait au moins le mérite de tenter quelque chose.

À la mi-temps en avait noté un tir de Cicci d'un côté et un de Tillon de l'autre.

Quant aux deux gardiens, Abad et Fisbach, ils avaient été après les arbitres de touche, les deux spectateurs les mieux placés de la rencontre.

Amélioration en seconde

mi-temps

En deuxième mi-temps, Cicci étant resté aux vestiaires, Limoges ne joua plus qu'à 10 ; et l'on vit l'O.M. s'améliorer au fil des minutes.

En fin de rencontre, alors que la victoire était assurée, l'attaque olympienne se permit même quelques attaques d'assez belle facture.

Au bénéfice, sans doute, de la décontraction.

Deux points de plus et une troisième victoire précieuse - ô ! combien ! - mais qui ne devraient pas masquer aux responsables marseillais la faiblesse inquiétante de leur équipe.

L'expérience Leonetti

a échoué

On comptait beaucoup sur la présence de Leonetti au poste inter, pour donner un coup de fouet à l'attaque.

Cette expérience, comme on pouvait s'attendre, a complètement échoué.

C'est là énième fois, dans l'histoire du football, qu'un bon demi s'avère incapable de briller à l'échelon supérieur.

De demi à inter, le jeu n'est pas du tout le même.

Une seule solution : rendre Leonetti sa véritable place.

Le 7ème expérience : Eschman ailier gauche, n'a pas été assez poussé pour qu'on puisse la juger.

Nécessité faisant loi Eschman à jouer, assez bien d'ailleurs, à tous les postes de l'attaque.

Quant au jeune Guix, très timide au début, bien meilleur à la fin, il mérite d'être revu.

Pour le reste, si l'on veut faire une juste moyenne, il faut accorder le N1 à Gransart, le N2 à Marcel, la mention honorable à Fisbach et Alauzun, le prix de la combativité à Tillon et Touré... et féliciter Oliver pour son excellente reprise de volée.

De Limoges, équipe qui sait préparer mais qui ne conclut guère, on retiendra la classe de Sauvage un peu trop il isolait à l'aile gauche, l'aisance d'Hatchi, la couverture de balle de l'avant-centre Delcampe... et la science de jeu de l'ensemble malheureusement inefficace

Maurice FABREGUETTES

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Ils ont dit "HUE"

Puis ils ont dit "OUF"

En début d'après-midi, ils ont dit : "Hue !" Puis, après 45 minutes d'attente fébrile, ils ont dit : "Ouf !". À l'heure du thé, ils susurraient : "Ah !"

Et c'est ainsi que douze mille spectateurs ont assisté hier à une victoire - mais oui, à une victoire - de l'O.M. C'est à la fois rassurant pour nos footballeurs, qui peuvent encore passer à de plus belles aurores, et pour nos spectateurs marseillais qui, d'un dimanche à l'autre, étaient soumis à des secousses cardiaques dont on ne connaissait jamais l'issue.

Ce bulletin médico-sportif était bienheureusement meilleur que les précédents en ce 14 décembre.

Revenons néanmoins à grands pas dans le domaine de la réalité. Pour y trouver quelques motifs de satisfaction qui sont toujours les mêmes - il s'agit de la solide défense phocéenne - et aussi, hélas, la confirmation de l'indigence d'un bloc d'avants qui doublent de redouble le cours élémentaire, Pierre Tillon mis à part.

Cette première mi-temps, dont, fut encore la démonstration des faiblesses coutumières des hommes de pointe. L'imprécision et leur loi, et Dieu sait pourtant qu'il se donne, luttent et affirment dans leurs stériles entreprises la plus solide des convictions.

En commença donc à huées les qui marseillaise. Puis quand Molla donna à Touré ce but préfabriqué, il y eut dans le stade une sorte de soulagement, de détente. On pouvait commencer à y croire. Par la même, moins inquiets, plus audacieux et jouant contre dix hommes après la blessure de Cicci, les élèves de Louis Maurer améliorèrent dans une large mesure leur rendement. C'était déjà beaucoup mieux. Un travail de fouille, de restauration et la tactique si l'on peut dire, s'accomplissait grâce à la tranquillité d'esprit et à la volonté toute simple d'y voir clair.

Marcel, Alauzun, Gransart se chargèrent de laisser opérer les hommes de devant dans la quiétude. Et ce qui devait arriver arriva. Oliver, à point nommé, d'un coup de patte, reprit un centre "pensé" d'Eschman. C'était le deuxième but..., et deux points pour escarcelle.

Vous nous direz : eux points, c'est peu. Il en manque encore. Mais c'est un commencement.

En faisant quelques économies, en récupérant par-ci par-là, on pourrait peut-être constater à la fin de l'hiver que "certains morts ont la vie dure".

Lucien D'APO

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MAURER : "Ah ! cette peur bleue"

"Ah ! Cette peur bleue !... Oui ! Cette peur bleue de mal faire devant leurs supporters... Telle est l'opinion de Louis Maurer, qui commença par nous déclarer tout de suite : "J'aurais mauvaise grâce de faire la fine bouche puisque nous avons gagné. Et nous avons gagné en jouant très mal !..."

Il enchaîna en nous rappelant que l'O.M. améliora la qualité de ses offensifs des que le premier but lui donna cette confiance qui lui manquait.

L'entraîneur est persuadé que les Olympiens jouent beaucoup mieux à l'extérieur.

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GRANSART comme FERRY

Meilleur joueur de l'O.M. à Reims, Gransart, une nouvelle fois, vient de mériter le n 1 de son équipe.

Sans discussion possible.

À Reims, le blond olympien avait comme adversaire Vincent ; au stade vélodrome, il manquait Sauvage.

Après le titulaire du poste d'ailier gauche dans l'équipe de France, un des plus sûrs espoirs du football français.

Or, la valeur de l'adversaire donne une plus grande valeur à sa performance.

Dans ces deux cas, Gransart joua de la même façon : avec autorité et puissance.

On a noté aussi, non sans l'intérêt du nette amélioration de l'arrière marseillais dans deux domaines : ceux de la contre-attaque et de la précision des passes.

Sur la forme actuelle, Gransart que l'on avait sans doute un peu trop vite condamné a repris sa place dans le lot des meilleurs arrières droits français.

Il lui reste à étudier le jeu de position des défenseurs, principalement sur les touches, pour mériter à nouveau une sélection.

S'il en tient compte du fait que les défenseurs se révèlent généralement plus tard que les attaquants, on peut encore considérer Gransart comme un espoir.

Sa progression fait penser à celle de ferry, "autre tête blonde et folle" devenu défenseur sur et précieux à 25 ans passés.

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Pierre FLAMION :

L'O.M. m'a profondément déçu !

Sous sa casquette de joueurs de golf, Pierre Flamion avait le regard d'un homme hébété. Était-il désolé de l'échec ? Nous le sorti de sa torpeur.

Que pensez-vous de l'O.M. ?

Il fit une moue significative avant que d'enchaîner :

"Les Olympiens m'ont déçu ! Ne parlons pas des défenseurs. Comme pour toutes les équipes, le problème actuel est celui des attaques. Si Tillon m'a plu, par sa combativité, je n'ai pas eu l'impression de voir évoluer des gens qui sont menacés de descend en deuxième division. Mes attaquants leur ont donné une leçon de jeu et de cohésion en première mi-temps. Bien sur, les Marseillais ont fait illusion durant les vingt dernières minutes. Mais ça été tiré par les cheveux ! Nous n'étions que dix depuis un bon bout de temps !... Nous avons craqué, ce qui est normal".

En division inférieure ?

"Ce n'est jamais "marrant" pour les dirigeants et tes supporters d'assister à des matches de qualité inférieure à ceux de la grande division ! Mais le mal est moins important pour nous que pour l'O.M. Quelle suite s'il arrivait pareilles choses aux Marseillais !"

Avez-vous eu une opinion

identique sur l'O.M.

lors du match allait ?

"Non ! C'était la première rencontre de la saison. L'O.M. avait fané avec plus d'enthousiasme qu'aujourd'hui. J'avais l'impression que mon ancienne équipe n'occuperait pas cette place en queue de peloton. Aujourd'hui je m'explique beaucoup mieux sa position..."

André HATCHONDO

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