OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 09 février 1959

 

Seconde mi-temps percutante des Marseillais

qui bousculent et battent St Etienne (4-1)

(Le match décrit par Louis DUPIC)

Une rencontre, qui devait se terminer dans l'euphorie, avait bien mal commencé pour l'O.M. puisque dès la première minute, Njolea glissait la balle entre les jambes de Bobik et aller jusqu'au but... pour échouer sur Tonda.

L'O.M. domine

Est l'O.M. avec une bonne volonté manifeste, allait envahir longuement le camp stéphanois. À la 3e minute, Vescovali, bien lancé par Leonetti, obtenait un but refusé pour hors-jeu ; puis un très dur shoot de Marcel était bien dévié par Philippe.

D'ailleurs cette domination ne devait se traduire que par des poussées dangereuses, inquiétantes pour la défense des visiteurs, assez mal assurée... tout comme celle de l'O.M.

Mais Saint-Étienne marque

En effet, cette défense olympienne ou Bobik jouait blessé, on se demande bien pourquoi, donnait des signes très nets de perméabilité.

À la 13e minute, Goujon lançait Peyroche qui seul, devant la cage tirait à côté. Le jeune Mitoraj l'imitait 8 minutes plus tard, mais il se rachetait à la 24e minute en récupérant une balle que Njoléa, bousculé par Molla, venait de perdre et battant Tonda de près.

Changement de vue...

Jusqu'à la mi-temps, rien de saillants ne se produisait. Aux fougueuses attaques olympiennes, Saint-Étienne répondait par des balles bien amenées.

Après le repos changement radical !

Non seulement l'O.M. domina de façon écrasante un adversaire débordé par sa fougue, puis paraissant résigné, mais jouait en attaque de façon presque irréprochable.

A la 49e minute, un centre de Vescovali était expédié de la tête par Toure, sur la transversale.

Deux minutes plus tard, le même Touré, lancé par Tillon résistait à Cassado et marquait en force.

À 60e minute, Tillon et Touré échappaient, en tandem, à la défense stéphanoise et Cassado, sur sa ligne, déviait la balle sur le montant !

Effondrement stéphanois

La défense stéphanoise, au sein de laquelle Cassado, claqué avait permuté avec Wicart, allait supporter, plutôt mal comme on le constatera, le poids du match... et les avants marseillais déchaînés.

À la 62e minute, Tillon était arrêté miraculeusement en deux temps par Philippe puis Tylinski ; l'infortuné gardien s'opposait ensuite à un très dur shoot de Touré, puis se lancer désespérément pour intercepter un centre de Tillon.

Le même Tillon effectuait à la 68e minute un centre parfait que Vescovali, à bout portant, envoyait de la tête au-dessus de la transversale.

Alauzun concrétise

A son 72e minute, Tillon échappait à Cassado vers le piquet de corner, centrait à Alauzun, avec beaucoup de sang-froid, battait Philippe d'un tir de 16 mètres en coin.

Tillon qui l'avait bien mérité, allait donner à ses couleurs un avantage définitif en reprenant de volée une balle sortant en chandelle d'un cafouillage et en expédiant sous la transversale.

Ceci 6 minutes plus tard.

Peu après, Cassado blessait Vescovali et on assistait à une brève mais violente altercation motivée par le vilain geste de l'arrière forézien.

Les choses faillirent bien se gâter lorsque Tylinski faucha Marcel, parvenu en face du but de Philippe. Ce penalty indiscutable (83e minute) fut transformé par Leonetti, Philippe déviant la balle sur un montant.

Le gardien stéphanois allait encore désespérément intervenir devant Touré, puis Tillon, avant que le ne se termine une rencontre que l'O.M. enlevait on ne peut plus nettement, et de façon tout à fait légitime.

----------------------------

DES JEUNES

qui réapprennent

l'espoir

POUR les coeurs olympiens, la "vague nouvelle" s'est terminée par un véritable raz-de-marée, venu, sans crier garde, submerger l'édifice des petites et grandes déceptions accumulées depuis des semaines et des mois.

On serait tenté d'écrire que les mauvais souvenirs sont maintenant noyés sous le flot du regain et de l'amour-propre. Ce que nous ne ferons pas, car après un raz-de-marée, quelle que soit sa violence, les eaux se retirent toujours. C'est alors que le spectacle plus désolant encore.

Mais ne noircissons pas le tableau.

Restons sur cette très belle impression que nous fit l'attaque olympienne revigorée, primesautière, dont le football cartésien, si nous osons dire rassurant et combla tout le monde, surtout et t compris Édouard Crut, donc on connaît la sévérité en la matière.

Ici, les ambitions et le moral ont fait davantage que le talent pur. N'est-il pas vrai que depuis des mois l'équipe marseillaise se débat dans l'aridité de la technique, sans un découvrir d'ailleurs les moindres recoins ?

Hier, elle a échappé à se complexe, qui lui faisait tout sacrifier à un football qui n'était pas le sien. En fait, c'est son audace, son ardeur au combat et, sa foi sans défaillance, qui lui ont permis de terrasser, on ne peut mieux, un onze stéphanois auquel il lui serait bien difficile d'en apprendre, et en théorie et en pratique.

Tout comme les autres sports collectifs, le football à cet avantage de laisser aux audacieux une part de réussite en face de techniciens.

Ceci dit, l'impératif rentrée de Jean-Louis Leonetti, de Ramon et de Vescovali ajoutée à la production d'Alauzun ont été les grands motifs de satisfaction de ce match. Il y a eu d'autres villes, bien sûr, que Tillon - l'unité de jeu - et la ferme adresse de Gransart.

Mais au risque de nous répéter, les jeunes sont, malgré leurs défauts, ceux de leur âge, les bases en quelque sorte sur lesquelles reposent de possibles résurrections. Le ferment de nouveau est en ceux.

Ils ont triomphé hier, de Saint-Étienne, et ils ont fait voler en éclats cette carapace d'inquiétude dans laquelle l'équipe était engoncée étouffée.

Ils ont brisé leur complexe. Du moins nous voulons le croire.

Les chiffres sont là cependant, pour prouver que l'avenir n'est peut-être pas plus rose.

Et si le vieil O.M. doit mourir, n'est-il pas préférable de le voir sombrer pavillon haut point ? Avec ces jeunes, ceux qui, hier, nous avons réappris l'espoir et ont encore assez de marge, de cran et de volonté, eux, pour détruire finalement les plus savantes probabilités.

----------------------------

Jean SNELLA : "Nous avons donné

un triste spectacle !"

Jean Snella, qui est un modèle de courtoisie et de fair-play était absolument navré de la mauvaise tenue générale de son équipe.

"Non seulement vous jouer mal, très mal, mais encore vous donnez un spectacle affligeant en pratiquant un jeu en marge des règles. Vous devriez avoir honte de votre attitude ! Avez-vous pensé au public qui paie très cher sa place ? Vous allez avoir de mes nouvelles Messieurs !"

Dans le vestiaire stéphanois, après ces paroles définitives, on aurait pu entendre voler une mouche ! Pour les visiteurs, la victoire était indiscutable.

Côté marseillais, attitudes évidemment bien différentes. Personne ne fanfaronnait, on doit le souligner, mais tout le monde était content. M. Zaraya et l'entraîneur Maurer commentait posément la victoire : "Nous avons eu raison de faire confiance à nos jeunes joueurs et de nous montrer révolutionnaires ! Mais encore une fois nous n'avons pas été avantagés par l'arbitrage. Au moment des incidents Cassado Vescovali, il est heureux que le score nous ait été favorable !"

Jean-Jacques Marcel se plaignait du jeu dur des stéphanois : "J'ai été descendu personnellement trois fois... Si nous avions fait cela chaque fois que nous étions dominés, qu'aurait-on dit de nous ?"

Georges Bobik, exhibait un énorme renflement à l'aine : "J'ai joué dans cet état Je ne pouvais pas courir ni sauter. J'ai fait ce que j'ai pu !

Leonetti lui, vanter les mérites de ses camarades alors qu'il avait été le meilleur marseillais.

"Vous avez vu ce but de Tillon ? Sensationnelle n'est-ce pas !"

Enfin, depuis longtemps on n'avait vu autant de sourires autour des maillots blancs !

----------------------------

L'O.M. MAITRE DU BALLON

FUT AUSSI MAITRE DU JEU

(Les commentaires de Maurice FABREGUETTES)

Pour jouer au ballon - comme le dirait M. de Lapalisse - il faut avoir un ballon.

C'est en vertu de cette vérité élémentaire que l'O.M., au cours du deuxième mi-temps qui réconcilia le public du Stade-Vélodrome avec son équipe, remonta, dépassa et finalement malmena l'A.S. de Saint-Étienne.

En attaquant énergiquement la balle les premiers, en se l'appropriant dans la proportion de deux fois sur trois, les hommes en blanc ne permirent pas aux hommes en vert de développer leur jeu.

Défendre en attaquant

On n'oublie trop souvent que la défensive, comme l'offensive, peut se jouer sur tous les points du terrain.

Touré, Tillon, Vescovali et Marcel en disputant inlassablement la possession de la balle aux Wicart, Tylinski, Cassado et Domingo ne permirent pas à ces derniers de pousser leur attaque.

Il en résulta un flottement certain dans le camp stéphanois, dans les Olympiens profitèrent largement pour multiplier les offensives.

La suite était inévitable, et, malgré quelques occasions ratées par excès de précipitation, Touré d'abord, Alauzun ensuite, finir par porter l'estocade.

Les deux autres buts ne furent que le supplément logique, le coup derrière l'oreille à la bête abattue.

Mais, en poussant ainsi l'A.S. de Saint-Étienne dans ses derniers retranchements, les avants et demi de l'O.M. avaient, aussi, soulagé leur propre défense, dont la faiblesse au centre était inquiétante.

Ce fut en définitive la victoire de l'engagement physique, du jeu direct, une victoire bien dans la tradition olympienne : et c'est sans doute pourquoi elle enchanta les supporters marseillais.

Bobik a joué claqué

Comment peut-on juger, en toute objectivité cette nouvelle équipe de l'O.M ?

Sur l'impression de cette rencontre victorieuse, elle paraît nettement améliorée en attaque, et sensiblement affaiblie en défense.

Sans doute Gransart a-t-il joué sa bonne partie habituelle et Ramon a-t-il très agréablement surpris, Mais Bobik, sur lequel Molla veilla comme une mère poule, se laissa très facilement passer par N'jo Lea.

Ajoutons que Bobik, claqué dés le coup d'envoi, ne disposait pas de tous ses moyens.

En demi, si Molla se dévoua pour tenter de soulager son l'arrière central défaillant, Leonetti, tant en attaque qu'en défense, fut un des meilleurs joueurs de la rencontre.

Tillon et Alauzun

Alauzun qui avec Leonetti, assura la plus grande partie du jeu au centre du terrain, démontra une remarquable maîtrise dans le contrôle du ballon, les dribbles et la précision des passes. Il joua le rôle de stabilisateur, confirmant ainsi que son stage à l'arrière n'avait pas été inutile.

Parmi les quatre avants de pointe, tous bons à des titres divers, nous accordons cependant le numéro un à Tillon qui fut justement récompensé par un but admirable.

Mais Touré, débordant d'activité. Le véloce mordant Vescovali et Marcel, dont les actions pour être intermittentes n'en furent pas moins tranchantes, méritent une excellente note.

À Saint-Étienne, un Saint-Étienne débordé en fin de partie, on ne remarquable que0N'Jo Léa, le populaire "Gegene" dont la classe ne saurait échapper qu'aux aveugles.

Une seule conclusion : nous avons retrouvé l'O.M., qu'il ne se reperde pas !

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.