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Résumé Le Provencal

du 12 janvier 1959

 

UNE FOIS ENCORE LE PRESTIGE DU ONZE MARSEILLAIS A ETE GRAVEMENT ENTAILLE DANS L'EPREUVE REINE

L'O.M. éliminé, sans détail, par PERPIGNAN

après un match d'une insigne pauvreté (2-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

CARCASSONNE (par téléphone) - Sur ce même banc, où il y a dix ans nous avions vu Jean Duhau pleurer de joie à la fin de cette héroïque finale du championnat de France de Rugby, il y avait hier un autre entraîneur marseillais, mais celui-là, désemparé, comme abruti par la nouvelle déroute de son équipe.

Il y avait aussi M. Zaraya écroulé, effondré, les yeux mi-clos, atteint encore plus profondément.

Les deux hommes s'étaient levés sans un mot pour rejoindre les joueurs dans les vestiaires. Mais dans ses vestiaires, où il faisait chaud les coeurs restaient glacés, silence total.

Puis quelques mots, déchirèrent ce silence. M. Zaraya main dans les poches, adossé au mur, se ressaisit un court instant : "J'ai honte. J'ai surtout honte pour eux !" Puis il reprit cet état de prostration dans lequel il s'était plongé depuis la fin du match.

Que s'est-il passé ?

Rien que de très normal. Avec pouvoir jouer les "Seigneurs" quand on n'est pas titré, à vouloir considérer certains adversaires comme des victimes désignées, en éprouve quelquefois de douloureuses déconvenues. Les Marseillais qui n'ont peut-être pas tout à fait conscience de la précarité de leurs talents s'étaient donc présenté en face de l'humble équipe catalane avec une confiance injustifiée. La réponse du faible a été cinglante, impitoyable, terrible et c'est par deux buts - on ne peut plus mérités - à un, que l'O.M. a été admis à faire valoir immédiatement ses droits à la coupe Drago.

On joue mieux

dans les patronages

Cette première mi-temps avait été démonstration de football négatif, décousu, sans âme et sans vertu. On joue beaucoup mieux le jeudi après-midi dans la cour des patronages.

Déjà affaiblis par une indolence hors-mesure, nos Olympiens réussissaient la plus impressionnante cacophonie footballistique.

En face, les Catalans ne faisaient guère mieux, et c'est précisément ce qui nous autorisa à n'accorder aucune circonstance atténuante aux hommes de Maurer, responsables de ne pas avoir assurer leur avenir en Coupe durant ces quarante-cinq premières minutes, et alors même que la plus élémentaire tactique devait leur procurer cette assurance.

Responsables aussi de n'avoir pas su trouver, au moins pendant quelques minutes, la toute petite inspiration qui gèle l'enthousiasme du challengeur, et rend l'équilibre à celui qui se considère comme le plus fort.

Responsables enfin et d'une manière générale, de n'avoir point compris tout le drame et les conséquences psychologiques qu'ils devaient trouver dans une nouvelle défaite au premier tour de la Coupe.

Le lievre, la tortue

Et c'est ainsi que les Catalans dont la fierté persiste à travers les déboires du championnat réussirent à grands coups de courage, à obtenir le premier but après 59 minutes de jeu. L'O.M. dès lors engagea la lutte à la manière du lièvre et la tortue, car cinq minutes après, Mercurio catalane, personnifiée par Cuenca préparait à Ipepet, l'avant-centre noir des Perpignannais, le second but, point décisif et que toute la foule car carcassonnaise salua comme une punition méritée et salvatrice.

Jean-Jacques Marcel se porta alors en attaque. Tillon, crinière au vent, furieux, rageur se jeta à corps perdu dans la bataille ; Oliver et Molla "poussèrent" eux aussi avec une conviction tardive. Certes, Oliver, après un bon travail de Farmanian réduisit la marque ; il échoua même d'un rien dans sa tentative d'égalisation, à deux minutes de la fin, en reprenant de volée un coup de pied de coin tiré par Eschemann.

Mais ce n'étaient là que les réactions coléreuses d'une équipe qui en seconde mi-temps, avait appris la leçon, et avait vu son prestige entaillé une fois encore.

Et c'est ainsi que l'O.M., s'est "débarrassé des soucis de la Coupe" comme on le dit depuis quelques années.

En fait, les Catalans ont su saisir leur chance en seconde mi-temps comme ils l'avaient fait il y a deux saisons à Sète. Ce sont eux qui ont imposé leur loi, construit l'essentiel du match et "promené" avec constance, onze joueurs marseillais, inquiets, hésitants, incapables de s'organiser et moins encore de comprendre. Huit passe sur dix allaient à l'adversaire. Huit offensives sur dix étaient étouffées dans l'oeuf.

Aujourd'hui, personne ne parlera de malchance, de mauvais terrain, ou d'arbitrage à sens unique.

Pour aujourd'hui, pour ce match la discussion ne saurait s'ouvrir. Les Catalans, avec un panache tout ibérique, se sont chargés d'y mettre un point final.

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Maurice GRANSART :" La Coupe ne sourit qu'à ceux qui s'accrochent"

CARCASSONNE - Chambre mortuaire ? Non, les vestiaires de l'O.M. Il y a là sur une table, les maillots boueux, mêlés à des culottes de même aspect. Il y a tout autour, des footballeurs qui se rhabillaient silencieusement paupières baissées, et que le silence écrasant gênes visiblement. Puis il y a dans un autre coin, M. Zaraya qui jette sa deuxième phrase de l'après-midi : "Il y en a qui vont se promener sur le terrain ! "

Chaque joueur risque un oeil vers le patron. Mais bien vite, on fuit son regard courroucé, plus noir que jamais.

Pour Maurer, pas de discours : "Ils ont joué comme à l'entraînement,. Il n'y a pas d'excuse".

Marcel est le premier à parler au bout d'un quart d'heure : "En première mi-temps c'était faible. En seconde mi-temps ils ont joué comme il fallait. Nous n'avons rien compris".

Maurice Gransart, qui s'est battu autant que faire se peut, et beaucoup plus net : "La Coupe et la Coupe. Elle sourit à ceux qui luttent pour elle. Quand on ne s'accroche pas, il ne faut s'étonner de rien".

Pour Tillon, cette défaite est d'autant plus catastrophique qu'elle vient de la part de la lanterne rouge de la seconde division.

Plus de gaieté, bien sûr, dans le camp catalan, Pierre Sinibaldi, entraîneur, avait bien besoin de redorer son blason. Comme il y a deux ans, l'O.M. lui a donné l'occasion : "Je ne pensais pas tout de même rencontrer une équipe marseillaise aussi faible".

C'est aussi l'avis de tous les joueurs qui, pour une fois, finissent heureusement un dimanche.

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Deux buts en cinq minutes...

...la cause était entendue

(D'un de nos envoyés spéciaux : André HATCHONKO)

CARCASSONNE - Décidément l'O.M. poursuit avec une inconscience affligeante, son flirte avec la défaite.

Que n'y a-t-il une thérapeutique miracle, dans les bagages entraîneur Maurer, susceptible de rendre les Marseillais plus hargneux et mieux inspirés !

Car, durant toute la rencontre, si la faiblesse technique de certains éléments étonna un public, formé en majorité de Carcassonnais attachés au rugby, plus encore le manque de combativité déçut les spectateurs habituels aux rudes chocs de gladiateurs.

Consultons notre carnet de bord, les meilleures initiatives la plupart ayant à l'origine un sens poussé de l'anticipation appartinrent aux Catalans. Voici d'ailleurs ce que nous relèvent nos notes :

Dès les premières minutes. Le noir Ipepet est à la pointe du combat et Petitfils se démène, déjà comme un diable dans un bénitier.

Nous sommes pleins d'indulgence pour les Marseillais amorphes, qui jouent au petit trot situation provisoire (pensons-nous).

Plus volontaires, les Catalans n'en rejoignent pas moins, durant le premier quart d'heure, les Marseillais sur un même plan : la médiocrité de leur jeu.

La première alerte sérieuse et l'oeuvre d'Oliver, servi par Tillon. L'Olympien décoche un shoot, Pages, le goal de Perpignan concède un corner (17me).

Ramon inquiète la défense de l'O.M. (20e).

Tillon et Farmanian (24e) menacent encore Pages. Pellegrin dégage en corner.

Ipepet (26e et 28e) affole les défenseurs marseillais.

La fin de la première mi-temps est à l'avantage de l'O.M., qui ne parvient pas à concrétiser cette supériorité (Tillon 29e, Leonetti 31e, Touré 33e et Oliver 35e).

Mais ces actions ne sont pas menées tambour battant, comme l'exige cette compétition si spéciale de la Coupe de France.

Nous sommes persuadés que le l'O.M. réagira dès le coup de sifflet annonçant la reprise des opérations. Patatras il évolue toujours au petit trot.

Cuenca, Petitfils et Ipepet se jouent de sa défense avec une facilité dérisoire. Farmanian, sur une offensive de ses coéquipiers trouvent le moyen d'expédier (51e), la balle vers le centre du terrain, tout comme s'il se substituait à un défenseur catalan.

Bien sûr, le contraste est frappant entre l'ardeur des joueurs de Deuxième Division et la léthargie de leur adversaire. Au fil des minutes, David prend le pas sur Goliath ou, si vous le préférez, le pot de terre inflige une correction inattendue au pot de fer.

L'inévitable se produit : sur une attaque catalane (59e), le pied d'un défenseur marseillais expédie la balle en hauteur et Petitfils surgit à temps pour la glisser hors de portée de Fischbach (1 à 0).

Ipepet obligea encore le goal de l'O.M. à se surpasser (60e) sur un tir à ras de terre et le même Ipepet, avec la complicité de Cuenca, voit ses efforts récompensés (64e), il brûle la politesse à ses gardes du corps pour se trouver nez à nez avec Fischbach, lequel est irrémédiablement battu (2 à 0).

La fureur catalane fait merveille. Gransart arrête délibérément la balle avec la main (72e). Ipepet éternel "feu follet" dont l'apparition constitue chaque fois un danger, effraie les défenseurs adverses (74e), visiblement débordés.

La contre-attaque marseillaise se dessine enfin ! Oliver hérite du ballon centré par Farmanian (75e), la reprise de volée et impressionnante de puissance, des filets sont secoués énergiquement (2 à 1).

Une deuxième chance et offerte aux Olympiens, Eschman tire un corner mais le capitaine de l'O.M. expédie le ballon au-dessus de la barre horizontale.

Piazza ne veut plus que le match se termine sur cette fausse note, son action surprend Fischbach qui repousse la balle, du poing en corner.

La fin et siffler, l'O.M. est bien battu,. Justice est faite !...

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