Résumé Le Provencal du 14 décembre 1959 |
Nouvelle déception marseillaise A Roubaix, l'O.M. domine dans tous les compartiments du jeu s'incline normalement par 4 buts à 1 (Reportage de notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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ROUBAIX (par téléphone) - Ce soleil que nous n'avions plus vu à Marseille depuis au moins huit jours, nous l'avons retrouvé à Roubaix. Mais pour cinq minutes seulement le temps d'une apparition, d'un petit bonjour à ses méridionaux, à travers une épaisse couche de brune. Par la suite, c'est dans un climat de décembre, typiquement nordiste, ciel très bas, température humide, pas un souffle de vent, que débute cette rencontre. Le terrain, de l'avis de Lucien Troupel qui l'a essayé, est en bon état, quoique assez lourd. But ou pas but ? Comme cela se produit presque toujours en pareil cas, c'est l'équipe locale qui appuie la première sur l'accélérateur ; mais il faut attendre la quinzième minute pour noter enfin un fait saillant. Sur corner, tiré pour Roubaix par Meynard, la balle est déviée par Lechantre vers Acosta, qui tire.. et des tribunes on a l'impression que le ballon a franchi la ligne. Mais l'arbitre de touche est d'un avis contraire et le jeu continue au milieu du charivari que l'on peut imaginer. Les Marseillais, qui avaient débuté on ne peut plus prudemment, commencent à s'éveiller, semble-t-il, et a trois reprises, Aygoui, qui est un des attaquants olympiens les plus précis, se trouve en position de tir. A LECHANTRE le premier but Cependant, Desrumeaux n'a nullement à se sur passer pour mettre un terme aux timides tentatives marseillaises ; et l'on s'achemine vers un 0 à 0 somme toute assez logique à la mi-temps quand, à la 42e minute le ballon échoie à Lechantre. Le capitaine entraîneur et vétéran roubaisien, qui se trouve à 20 mètres de la cage de l'O.M. bien de face, tire très tranquillement, comme à la parade... et l'on voit alors cette chose ahurissante ; Peri plonge vers sa gauche tandis que le ballon passe exactement à la place ou il se trouvait primitivement. Certes, le tir de Lechantre ne manquait pas d'effet, mais tout de même !... Et c'est la mi-temps, sur le résultat de 1 à 0 pour Roubaix. A la rentrée des équipes sur le terrain, on note un changement dans celle de Marseille Braizat devient ailier droit et Eschman, centre avant. De nouveau, Roubaix démarre en trompe et, de nouveau l'O.M. se ressaisit et par Aygoui et Eschman, principalement conduit, quelques assez bonnes attaques. Mais dès la douzième minute, comme un coup de tonnerre annonciateur de l'orage, une montée collective de Roubaix terminée par un tir très net d'Acosta, avait semé la panique dans la défense de l'O.M.. Un très bel arrêt de Peri avait heureusement limité les dégâts. Ce n'était, hélas, que partie remise. A la 62e minute, Meynard sert Acosta sur sa droite ; ce dernier centre vers l'extrême gauche... Lechantre recentre, sur sa droite cette fois, prenant toute la défense de l'O.M. à contre pied et Hertrich, qui arrive à toute vitesse, marque d'une magistrale reprise de volée. Un but admirable et fort admiré, ma foi. On vient à peine de rengager qu'Eschmann s'échappe sur la droite. Il centre ras de terre. Le ballon échappe aux mains de Desrumeaux et roule sur la ligne de buts. Aygoui surgit et plus prompt que Breistroff pousse la balle dans la cage. Ce but inespéré va-t-il rendre à l'O.M. tous ses moyens ? On a tout juste une minute pour y croire. En effet, soixante secondes plus tard exactement, le ballon arrive au premier bond à Acosta, qui se trouve inexplicablement démarqué, à quelques mètres à peine de Péri. Et c'est une fulgurante reprise, et le troisième but pour Roubaix. |
Il appartenait au même Acosta de porter le dernier coup à l'infortunée équipe de Marseille. L'affaire se passe à la 24e minute. Un centre de la gauche de Hertrich, très enlevé, une tête d'Acosta... et re-but. Par la suite, on nota bien, à la 32e minute de cette mi-temps le premier tir de la partie de Celestin Oliver, un tir d'Eschman, un peu plus tard, sur l'arête externe du poteau... Mais la victoire de Roubaix état alors on ne peut mieux assurée et c'est au petit trot que se termina cette rencontre, dont nous ne conserverons pas un souvenir impérissable. Lucien TROUPEL : "BRAIZAT meilleur à l'aile qu'au centre" L'entraîneur marseillais, une fois de plus, était visiblement catastrophé. "Vous avez vu, nous dit-il, nous traversons une très mauvaise période en défense ; on ne marque plus et nos attaquants ne sont pas encore sur le chemin de l'efficacité. J'ai noté cependant que Braizat était meilleur à l'aile qu'au centre et qu'Eschman avait retrouvé une partie de ses grands moyens. Ce retour en forme de Norbert est pour moi la seule note gaie de ce sombre dimanche. "Mais enfin, quelle idée a eu Peri de sauter à gauche avant même que le tir de Lechantre ne soit parti ? C'est complètement incompréhensible ! " Quant à M. Zaraya, qui faisait contre mauvaise fortune bon coeur, il nous dit : "Que voulez-vous, ce sont des choses qui arrivent. C'est une mauvaise période que nous traversons. Mais je pense que maintenant, nous allons disputer trois matches sur notre terrain et que nous pourrons (je l'espère) regagner quelques points et améliorer nettement notre position. "L'entraîneur roubaisien Lechantre était, on s'en doute, particulièrement ravi et de la victoire de son équipe et du bon match qu'il avait fait à l'aile gauche. Vous voyez, nous dit-il, les vieux se portent encore très bien et avec mon ami Bourry nous avons pu encore jouer quelque tours à ces jeunes gamins qui se trouvaient devant nous." Quant à Gianessi, très décontracté et à peine essoufflée, il nous dit : Ce que je ne comprends pas à l'O.M., qui pourtant possède une bonne équipe, c'est qu'il n'y ait jamais d'avant centre en position d'avant centre. En fait j'ai vu passer devant moi trois, quatre ou cinq joueurs, mais jamais le même et je ne crois pas que ce soit une bonne solution. "Mais ce n'ai pas à moi d'en juger." Les "croulants" roubaisiens Dans le public roubaisien, on appelle l'attaque du C.O.R.T., l'attaque des "croulants". Elle compte en effet deux joueurs : Lechantre et Boury, qui ont nettement dépassé la trentaine, le premier approchant même la quarantaine, plus deux autres joueurs : Acosta et Hertich, qui frisent la trentaine. En fait, dans cette attaque, il y a un seul jeune : Meynard qui, lui, a environ vingt ans. Et pourtant, cette attaque de vieux en a fait voir de toutes les couleurs, hors après midi, à Roubaix, à la jeune défense de l'O.M. |
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MALHEUREUSEMENT SANS HISTOIRE |
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Cette rencontre qui aurait du être celle de la réhabilitation marseillaise fut pour nous l'occasion d'une nouvelle et amère déception. Si nous n'étions pas tenus par la place, qui nous est pour une fois trop largement impartie, nous pourrions écrire : "L'O.M. a été normalement battu par une équipe qui lui était aujourd'hui supérieure dans toutes les lignes. Le résultat de 4 à 1 en faveur de Roubaix, reflète assez exactement la physionomie de la partie." C'est cela le plus grave, le plus inquiétant pour l'avenir de l'équipe de Lucien Troupel, c'est que ce fut un match absolument sans histoire. Dans les vestiaires, d'ailleurs, après la rencontre, les Roubaisiens ne savaient que dire : "Nous sommes heureux d'avoir gagné" et les Marseillais : " nous sommes désolés d'avoir perdu et bien perdu" Qu'auraient-ils pu dire de mieux, d'ailleurs, les uns et les autres, tellement l'affaire fut claire et prêtait peu à la controverse? Aucun des cinq buts marqués ne fut contesté, les incidents de jeu se comptent sur les doigts d'une seule main, l'arbitre n'eut que rarement à intervenir et il le fit chaque fois avec autorité ; le temps était celui que l'on peut souhaiter de meilleur dans le Nord pour jouer au football en cette saison... et le public roubaisien, n'encouragea que modérément son équipe. C'est donc à un simple match de football, dans sa sécheresse la plus banale, que nous avons assisté. Aucun à coté notable, rien de pittoresque, pas d'excuse à faire valoir... et, seul haut fait de la rencontre l'admirable reprise de volée d'Hertrich, qui valut à Roubaix son deuxième but. Faillite des attaquants de pointe de l'O.M. Mais l'O.M., nous demandera-t-on, comment s'est il comporté ? Eh bien ! un peu mieux que contre Cannes, sans doute, mais sans suffisamment d'unité en défense pour imposer sa loi aux avants roubaisiens, et surtout sans aucune efficacité en attaque. Nous insisterons là-dessus car ce fut une nouvelle foi l'absolue faillite des attaquants de pointe de Marseille. Faillite d'autant plus flagrante aujourd'hui que Celestin Oliver, craignant sans doute pour sa main blessée, ne fit qu'un match assez moyen pour lui. D'ailleurs son premier tir ne se situe-t-il pas à la 77me minute ? En 90 minutes de jeu, et sans que l'équipe marseillaise ait jamais été acculée sur ses buts, Desrumeaux eut, en tout et pour tout, deux ou trois tirs - assez mous au demeurant - à parer, plus cette belle balle centrée par Eschman qu'il laissa échapper contre toute logique. |
Ce qui revient à dire que Braizat et Moresco, n'ont nullement fait oublier Durand et Tillon, et que leur entrée dans l'équipe ne peut être considérée, au moins jusqu'à présent, comme un renfort. Tout au contraire, serions nous tentés d'écrire. ESCHMAN et AYGOUI les meilleurs attaquants Braizat, très pâle comme avant-centre, fut un peu meilleur à l'aile droite, mais quelle désespérante lenteur, et quelle mollesse dans l'attaque de la balle ! Quant à Moresco, c'est simple, il est complètement hors de forme... Et c'est le plus gentil que l'on puisse écrire à son sujet. Du pire, passons au meilleur, en soulignant le net retour en forme d'Eschman, qui fut excellent en deuxième mi-temps, où il joue en fait au poste d'inter. L'autre inter, Aygoui, à fait également une bonne rentrée ; ses services longs du gauche et ses renversements de jeu auraient mérité de trouver à la réception des partenaires plus nerveux. Un bon match de RAMON En demis, assez bon match de Peri et de Leonetti, ce dernier supérieur à ce qu'il avait été contre Cannes, mais loin cependant de sa forme de pointe. Chez les arrières, Ramon mérite le numéro un. Il fut, avec Eschman et Aygoui, un des trois meilleurs olympiens de ce jour. Assez bon match de Molla et partie courageuse de Tassone qui évidemment, souffrit beaucoup d'avoir devant lui l'habile et rusé Lechantre. Quant à Peri, le gardien, il pourrait être crédité d'un assez bon match, s'il n'y avait ce fâcheux premier but. A Roubaix, les "croulants" Lechantre, Boury, Gianessi, Acosta on fait la loi. On a noté aussi la facilité et la vitesse de l'ailier droit Meynard, que le public roubaisien semble avoir pris en grippe, et le bon travail, artisanal, mais sûr, des Buge, Cueff, Lemaitre et Breistroff. On ne saurait dire que le C.O.R.T. soit une grande équipe, mais il fait partie de ces quatorze ou quinze clubs de deuxième division qui, dans un bon jour, peuvent battre n'importe lequel de leurs adversaires.
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